IDY, aide cuisinier

Je suis Sénégalais de la Région de Tambacounda au sud-est de Dakar.


A 15 ans, en 2012, j’ai quitté mon petit village dans la brousse pour pouvoir continuer l’école. J’ai traversé le Mali, le Burkina, le Niger l’Algérie, le Maroc et l’Espagne. J’ai travaillé en cours de route pour payer les passeurs. Tout d’abord au Niger, à Agadès comme conducteur dans une société de motos taxis. A Tamanrasset, dans une entreprise de bâtiment et dans un restaurant. Enfin comme convoyeur de troupeaux d’ânes qui transportaient du gas-oil d’Algérie au Maroc.

Nous avons traversé la mer à neuf sur un petit zodiac. La mer était mauvaise. Heureusement, un bateau de la Croix Rouge nous a recueillis. Je suis arrivé en France en 2014.

Je suis resté cinq mois à Paris dans le quartier de la Chapelle, couchant sous des tentes sous les ponts du métro. Avec des amis Somaliens, je suis venu au foyer ADOMA d’Elancourt où je pouvais dormir dans la mosquée puis dans la cuisine collective.

Un Sénégalais qui ne parlait pas français m’a demandé de l’accompagner à la Croix Rouge Française comme traducteur. Il voulait se faire domicilier. Les gens de la Croix Rouge m’ont interrogé aussi. Ils m’ont proposé de m’accompagner à l’ASE de Versailles. La personne de l’ASE a refusé de me prendre en charge car j’étais accompagné par la Croix Rouge, que j’avais un toit et que je n’étais pas en danger. La Croix Rouge m’a aidé à faire appel auprès du président du département des Yvelines. Nouveau refus de l’ASE puisque j’étais « en capacité de mobiliser différentes ressources pour vivre sur le territoire depuis un an ».

Avec la Croix-Rouge, je suis allé au CIO d’Elancourt pour des tests scolaires. Mon niveau d’études a été jugé insuffisant pour 17 ans. Je n’ai pas pu être scolarisé.

Alors, j’ai fait du bénévolat à la Croix-Rouge, au magasin alimentaire et je me suis inscrit au cours de français de l’association Alpha Plus d’Elancourt.

A mes dix-huit ans, j’ai fait ma demande de titre de séjour. J’ai obtenu un récépissé mais sans droit de travailler le 30 novembre 2016. J’ai participé à une manifestation, de RESF devant le Conseil Régional en décembre 2016. J’ai été parrainé par Benoit Hamon. Le 1er juin 2017, j’ai obtenu le droit de travailler.

J’ai été recommandé par un ami à un restaurateur de Rambouillet. Dès que j’ai obtenu le permis de travailler, celui-ci m’a embauché en CDI. Je suis aide-cuisinier dans ce restaurant qui peut accueillir cinquante couverts en semaine et plus de cent le vendredi et le samedi. Je prépare des entrées, comme des salades composées, salades périgourdines, salades niçoises et quelques desserts, mousse au chocolat. En ce moment, j’apprends à faire des plats comme la souris d’agneau, confit de canard, dorade aux légumes.

Je cherche un logement autour de Rambouillet avec un loyer pas trop cher de l’ordre de 500 €. En attendant, j’habite chez un ami.

Même si je n’ai pas pu réaliser mon objectif de poursuivre l’école en arrivant ici, je ne regrette qu’une chose, d’avoir laissé ma mère seule. Les changements du climat rendent l’élevage des vaches de plus en plus difficile et je n’aurais pas eu de travail. Ici j’en ai et qui me plait.

http://www.resf78.ouvaton.org/spip.php?article295