Les métaux rares et Pitron

Guillaume Pitron est venu à Douai

Il voulait « vendre » son livre « guerre aux métaux rares »

Voilà ce que j’en avais pensé avant la conférence

Ce soir, je vais écouter à Douai Guillaume Pitron qui fait une conférence sur la guerre des métaux rares. En fonction de ce qu’il dira, j’interviendrai ; mais je ne peux pas laisser passer ces deux extraits d’articles :

– l’un sur novethic :

Selon le CNRS, il faudra plus de métaux dans les 30 prochaines années que ce qu’ont consommé les 500 générations précédentes. « Pour répondre à ces besoins exponentiels, il faudra effectivement améliorer le recyclage, mieux éco-concevoir les produits, développer des stratégies de substitution, lutter contre l’obsolescence programmée, mais aussi ouvrir des mines tous azimuts, conclut Guillaume Pitron. Ici et ailleurs. »

– l’autre dans libé 1er février

Question de libé : Pour susciter une prise de conscience, vous plaidez pour la réouverture des mines françaises…

Je ne le propose pas de gaieté de cœur mais c’est indispensable. Si les Français ont sous leur fenêtre la tonne de minerais qui a servi à la construction de leur voiture électrique, ils seront obligés d’ouvrir les yeux. Je plaide pour ce choc visuel, psychologique et physique. Nous sortirons peut-être de cette transition au rabais et rationaliserons notre utilisation de métaux rares. Nous devons partager le fardeau écologique de la transition énergétique. En France, nous avons la chance d’avoir de bonnes réglementations environnementales, la transition serait un peu moins sale.

Je suis conscient que la réouverture des mines nécessite un immense courage politique et beaucoup de pédagogie. La transition énergétique a besoin de sauts de conscience et pas seulement de sauts technologiques. Nous nous sommes enfermés dans l’idée qu’avec quelques technologies de plus nous allons tout résoudre.

Je vais canarder sur le retour à l’ouverture des mines. Au nom, notamment, de la lutte contre le réchauffement climatique

Je vais aussi intervenir sur cette fameuse guerre des métaux et cet entêtement à la course à la croissance exponentielle.

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Voilà ce que j’en ai pensé après la conférence

Guillaume Pitron est conscient de sa valeur. Il aimé bien que l’on lui vante ses différents titres de gloire. Quand ce n’est pas complet (un détail a manqué dans l’énumération), il en fait la remarque.
Son exposé est très brillant. Il explique bien comment la Chine a récupéré, grâce à son sol, un certain nombre de métaux rares ; et comment ce pays va jusqu’au bout de cette exploitation en sacrifiant des territoires immenses et en allant jusqu’au bout de l’affinage de ce trésor pour que d’autres pays soient obligés d’agenouiller pour acheter ces purs produits de la technologie post-industrielle. Jusque là pas de problème.
La conclusion est : pour échapper à l’emprise de la Chine, il faut recommencer à exploiter les mines … Pour récupérer sur notre territoire ces fameux métaux rares. Ceci se fera au détriment du sol ; ce n’est pas grave puisque ce sera au nom de l’intérêt français.

Bien entendu, il n’est pas question de trouver une autre solution ! C’est navrant.
Par ailleurs, il a quelques connaissances un peu faibles à propos de la fabrication des panneaux solaires. Mais son bagout fait que tout ce qu’il dit est pris très souvent pour argent comptant.
Enfin, dernière remarque : il a osé dire « il n’y a pas de progrès technologique sans progrès humain ». C’est un vaste contresens quand on voit comme la technologie évolue très –trop- vite en ce moment alors qu’on assiste à un retour des conditions de travail des plus déplorables … voire un retour à l’esclavagisme !

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Commentaire reçu sur la pensée de G. Pitron

il démontre les conséquences catastrophiques de cette nouvelle extractivité  et « en même temps »  reprenant le langage abscons du moment ! il dit qu’il faut y aller … d’accord pour les mines en France, sous les mers, d’accord avec les américains qui ont ouvert une brèche juridique pour aller les chercher sur les astéroïdes, … sur Mars … Bref ! une course à l’échalote qui va finir par tout faire imploser !

Interview en fin du lien ci dessous :

https://usbeketrica.com/article/des-quantites-quasi-infinie-de-terres-

et le lien sur un article du point assez bien documenté  sur les conséquences

http://www.lepoint.fr/technologie/terres-rares-la-bombe-a-retardement

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Comentaire reçu

Passons par l’abattoir, passons par les mines

Exploitons la terre, la mer, l’espace

Orpailleurs de l’espace : sur les astéroïdes

La meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas

C’est toujours la course aux énergies !!!

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Autre commentaire

Guillaume Pitron est rôdé à l’exercice et maîtrise éminemment son sujet. Je pense qu’il entretien l’ambiguïté afin de susciter l’intérêt, voire la polémique et donc… vendre ! C’est son activité professionnelle : il vit des recettes de ses produits journalistiques. Après, qu’il soit en service commandé par le CNRS etc… c’est possible, et pas nouveau. Néanmoins son dernier livre est édité par LLL pas un éditeur connu pour ses collusions avec la grosse industrie ; l’ambiguïté s’épaissit !

Il aurait pu distiller les mêmes infos avec une approche militante et n’aurait alors pas eu la même écoute… Voir les ventes de l’excellentissime « Extractivisme » d’AnnaB.

Dès 2011 nous avons « pioché » des infos sur les sites des frackers et des pétroliers. Ensuite hormis la pétition initiale « Gaz de schiste : non merci ! » qui a dépassé sur presque deux ans 120 000 signatures, nos autres actions en ont péniblement atteint 5 000 car nous n’avons pas recherché des plateformes de type « change.org » mais des « militantes ». Sur change… beurk des actions sur des faits sociétaux voire fascisants dépassent régulièrement 500 000 en une semaine ! D’ailleurs depuis deux ans afin de ne pas être ridicules tous les collectifs ou presque s’abstiennent.

Pitron lui, a fait le constat que TOUT LE MONDE ou presque, consomme individuellement ou collectivement (équipements urbains, routiers, ferroviaires, (aéro)portuaires, satellitaires, militaires, etc…) avidement, frénétiquement ? des objets électroniques forts gourmands en « métaux rares » et que le « green tech » s’est bien installé… incontournable ? Les énergéticiens ont bien compris qu’APRES les hydrocarbures viendra le temps des énergies intermittentes bien loin d’être « vertes ». Nous sommes, je pense, dans la phase intermédiaire.

Militer c’est communiquer en interne et en externe, « nous » n’échappons bien sur pas à l’utilisation d’@dresses, d’ordinateurs, de réseaux (d’as)sociaux, de fournisseurs d’accès, d’opérateurs de téléphonie, d’énergéticiens… détenus notamment par des multinationales très troubles.

Hélas l’histoire nous montre qu’aucune civilisation, aucune nation ayant dépassé une masse critique (Rome…) ou contrainte par l’exiguïté de son territoire (Rapa Nui ; ile de Pâques) n’a tiré à temps les conclusions des forces internes conduisant à leur dilution ou effondrement.

Aujourd’hui le consumérisme est massivement incontournable, les initiatives locales permettent ici et là d’échapper quelque peu à ses conséquences délétères mais à l’échelle du territoire voire de l’Etat, les impacts de la politique de l’offre sont désastreuses et lourdement impactantes pour l’avenir. Il me semble que c’est le constat de Pitron. En effet, il fait le choix de médiatiser ce qu’il considère la meilleure façon d’ « accompagner » ce consumérisme ; de l’assumer, ici et maintenant, et non pas hypocritement ailleurs, en en tirant que les effets trompeusement « agréables » sans les externalités très lourdes.

Après, mon sentiment froidement réaliste : sortir de l’extraction minière ainsi que de la consommation de ses produits et dérivés, sera d’un point de vue géostratégique, pour la première nation qui s’y engagera un suicide collectif. L’équilibre mondial tient par un ensemble de passerelles et de murs. Baisser la garde ? Rien n’est simple ! Individuellement hors ma tour, mon portable et l’utilisation de Google, je résiste ; mes deux vieux téléphones ne sont connectés qu’à du GSM, et 0 photos, trop content quand les copains m’en adressent ou en postent de bonnes !

Voir les positions apocalyptiques, d’Yves Cochet : Momentum, Médiapart, Youtube, Reporterre, le contre pied de Pitron ! Entre les deux il y a… Hulot ! Où sommes nous ?

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En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle des métaux rares. Ils sont devenus indispensables au développement de la nouvelle société écologique (éoliennes, panneaux solaires, etc.) et numérique (ils se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autres objets connectés de notre quotidien). Or, les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance seront pires encore que ceux de notre société industrielle actuelle. Guillaume Pitron nous livre sur ce sujet une enquête édifiante.

Terres rares, graphite, chrome, germanium, platinoïdes, tungstène, antimoine, béryllium, fluorine, rhénium… et bien sûr le prométhium. Ils sont « le prochain pétrole » tant ils sont appelés à remplacer l’or noir. Mais où et comment allons-nous nous procurer ces ressources ? Y aura-t- il des vainqueurs et des vaincus sur le nouvel échiquier des métaux rares ? Quel prix pour nos économies, les hommes et l’environnement ?

Pour cette enquête, Guillaume Pitron a côtoyer les replis des mines d’Asie tropicale, survoler les déserts de Californie en bimoteur, s’incliner devant la reine d’une tribu oubliée d’Afrique ou dépoussiérer des vieux parchemins remisés dans de vénérables institutions londoniennes.

Sur quatre continents, une toile d’hommes et de femmes agissant dans le monde trouble, discret des métaux rares a révélé un récit beaucoup plus sombre de la transition énergétique. À les entendre, l’irruption de ces nouvelles matières n’a pas rendu à l’homme et à la planète le service que promettait l’éclosion d’un monde plus vert– loin de là. Car après les magistères britanniques et américains sur le charbon et le pétrole, c’est la Chine qui est en train d’asseoir sa domination sur le 21ème siècle grâce au commerce des métaux rares.

Le capitalisme, dont la résilience repose dorénavant sur l’avènement des technologies vertes et numériques, va devenir de moins en moins inféodé aux carburants des deux précédentes révolutions industrielles en même temps qu’il va se trouver de plus en plus assujetti aux métaux rares de la transition qui vient.

.anneetarnaud.com