Symptômes d’un suicide programmé

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Extraits

INTRODUCTION

 Yves Paccalet, un ancien de l’équipe Cousteau avait écrit en 2006 un essai d’humour noir à la fois provocateur et désespéré dans un livre intitulé : « l’humanité disparaitra, bon débarras ! »

« Telle qu’elle est, notre espèce est condamnée » était sa conclusion.

Hélas, la trajectoire suivie par notre société, telle qu’elle se poursuit aujourd’hui, semble donner raison à Yves Paccalet.  Le combat pour l’environnement peut en effet paraitre vain tant le comportement de notre société, guidée par ses   « Elites » (!!) se situe dans la perspective du progrès illimité, conditionné par la sacro-sainte croissance qui aboutit en fait à l’épuisement de la planète.

La Terre n’est plus qu’un vaste chantier, défigurée par les cicatrices de l’exploitation minière et des énergies fossiles.

Une planète à bout de souffle qui vomit ses gaz à effet de serre aux conséquences incalculables pour la survie des espèces vivantes menacées par l’emballement du climat, à défaut d’un embrasement nucléaire apocalyptique.

               Or nous ne percevons aucun changement de cap de ces mercenaires qui détiennent les rênes de nos destins.

Seule, une révolution culturelle radicale brandie par une majorité de nos concitoyens peut encore inverser la situation.

Peu probable mais cela ne nous empêche pas de persévérer dans notre combat.

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        Il existe chez l’homme plusieurs formes de suicides : le suicide pratiqué délibérément et, beaucoup plus fréquemment, le suicide programmé, constaté chez nombre de nos concitoyens qui finissent par ruiner leur santé par l’abus d’alcool, de tabac, de drogues, et d’addictions les plus variées, mortelles à échéance.

        Cette fois, nous allons traiter d’une forme de suicide beaucoup plus générale, puisqu’elle concerne une civilisation, la notre qui, au fil du temps  et sans s’en rendre compte, court lentement à sa ruine, éblouie par le mirage de son intelligence technique illimitée et par sa capacité à abuser des ressources de la planète qui ne sont pas illimitées. C’est une forme d’addiction.

        L’humanité se comporte comme une secte qui, envoutée par des gourous maléfiques, se prépare sereinement au sacrifice suprême sur l’autel du culte du veau d’or.

Origine et comportement de l’homme

L’homme primitif vivait de la cueillette et de la chasse, se déplaçant en nomade pour trouver sa nourriture au rythme des saisons.

Très vulnérable dans un milieu de prédateurs, il acquit plus de sécurité en découvrant les avantages de l’agriculture et de l’élevage, ce qui lui permettait de se sédentariser et de s’isoler des dangers extérieurs.

Pour la première fois, l’homme avait découvert la possibilité de domestiquer la nature.

Il voyait la manifestation de la divinité dans tous les phénomènes naturels qui l’entouraient, habités par des esprits bienveillants ou non, dans la moindre source, l’eau de la rivière, la pluie, les éclairs, le tonnerre, ainsi que dans la fertilité de la terre. Le soleil, les étoiles et les astres étaient également des divinités liées au destin des hommes. Les esprits des morts et des ancêtres continuaient à vivre dans cet univers magique, et ils leur vouaient un culte fait de rites, les enterrant couverts de dons, parfois dans une position fœtale, symbole d’une renaissance dans une nouvelle vie.

Ils avaient un respect infini de la terre et de la nature. Comment ne pas voir dans ces manifestations comme un début de religiosité de forme polythéiste ?

Ils vivaient en tribus dirigées par un patriarche et ces tribus rivales entr’elles étaient susceptibles d’entrer en conflits et de s’entretuer à la moindre violation de leur espace de vie.

Ainsi se dessine l’une des caractéristiques élémentaires de l’homme, l’esprit de pouvoir, de domination, de possession, le patriarche ne tolérant aucune atteinte à son pré carré et, au contraire, cherchant à l’étendre, sa parole faisant force de loi.

Cet esprit de domination menait à des guerres d’extension de plus en plus fréquentes, donnant naissance à des empires.

L’un des plus célèbres de ces empires, l’Egypte était dirigée par un pharaon, disposant d’un pouvoir absolu et s’imposant par la force à des fellahs vivant de la fertilité des terres  renouvelées par les alluvions  du Nil.

Les pharaons étaient l’incarnation du Dieu sur terre, considérés comme tel par ses sujets qui lui devaient une obéissance absolue. Ils se firent construire des palais, des sculptures monumentales, des tombeaux, les plus imposants d’entr’eux étant ces pyramides protégeant les défunts pharaons de toute profanation de leur sépulture. Ils étaient embaumés, momifiés, couverts d’offrandes et de richesses censées les accompagner dans l’au-delà. Pour la construction de ces édifices monumentaux, ils recrutaient une main d’œuvre surexploitée, soumise à un travail de forçat, leur mort éventuelle étant considérée comme un sacrifice aux Dieux.

Il faut reconnaitre que, plus près de nous, Louis XIV n’eut guère beaucoup plus d’égard lors de la construction du Château de Versailles pour une main d’œuvre travaillant jour et nuit pour respecter des délais infernaux, beaucoup de ces malheureux devaient y laisser leur vie.

C’est une forme d’esclavage, l’esclavage étant depuis longtemps la norme reconnue dans tous ces empires et royautés ; il fallut attendre 1848 pour en voir l’abolition officielle, mettant fin à l’odieux trafic des esclaves (commerce triangulaire Europe, Afrique, Antilles), après avoir fait la fortune de certaines villes portuaires.

La religiosité des hommes primitifs avait évolué vers le polythéisme, mais le sentiment religieux n’avait guère atténué la violence des rapports humains.

Le Judaïsme fut l’une des premières manifestations du monothéisme à partir de 587 avant JC chez divers peuplades du Proche-Orient abandonnant le polythéisme pour Yahvé un Dieu unique plus ouvert au salut personnel de chacun après la mort.

Les trois grandes religions monothéistes sont issues de la même souche, le Judaïsme, et se réfèrent à la même tradition originelle, celle d’Abraham, le Patriarche biblique. Et le Judaïsme voit éclore en son sein le Christianisme puis plus tardivement au VIIème siècle l’Islam.

En dépit de cette paternité commune, ces religions se caractérisent par l’intolérance et le sectarisme, ayant donné lieu au cours des siècles passés à d’incessantes persécutions  et même à des guerres de religion dont nous percevons encore aujourd’hui les effets désastreux.

L’humanité a subi cette empreinte religieuse profonde, qui au cours des siècles a façonné son comportement et dont la réminiscence est, consciemment ou non, latente dans nos esprits, que l’on soit croyant ou athée.

En outre, ces trois religions ont en commun la même conception soumettant l’univers au destin de l’homme : c’est ce qui s’appelle l’anthropocentrisme. Ce principe donnera lieu à toutes les interprétations justifiant notamment les abus de la conquête de l’espace naturel.

LE ROLE CORRUPTEUR DE L’ARGENT ET DES BANQUES

La pratique ancestrale du troc a été remplacée par  les premières pièces de monnaie jusqu’à notre système bancaire actuel  fondé sur le papier-monnaie et régi par les banques.

Au Moyen Age, les premiers banquiers furent les juifs qui acceptaient le prêt à intérêt, principe rejeté puis toléré par l’Eglise. Mais le principal banquier de l’époque fut l’ordre des Templiers, qui implanté dans toute l’Europe et à Malte récolte les fonds de la Chrétienté afin de financer les croisades. Mais bientôt, hors de toute finalité religieuse, les Templiers deviennent les banquiers des souverains et des commerçants. Ils accumulent une richesse colossale qui attire la convoitise du Roi Philippe le Bel, dénommé le Roi faux-monnayeur, qui au terme d’un procès tronqué détruira l’ordre des Templiers pour s’emparer de leur richesse et refaire sa trésorerie. Après la disparition des Templiers, les banquiers lombards viendront rapidement récupérer la place délaissée.

Les banques joueront un rôle primordial dans l’essor de l’économie. Normalement, elles accompagnent l’économie, garantissant un équilibre entre le financement des activités et la capacité fiduciaire réelle de répondre à ces besoins de financement.

Dans la première partie de l’ère industrielle (XVIII et XIXème siècle), cet équilibre était garanti par l’étalon or, la quantité d’or détenu par un Etat répondant des liquidités en circulation, sous le contrôle de cet Etat.

Cet équilibre fut rompu au XXème siècle après la deuxième guerre mondiale, l’étalon dollar émis en quantités non contrôlables se substituant à l’étalon or dans une économie  débridée  échappant au contrôle des Etats. Cette défaillance des Etats permit à tous les requins de la finance de s’adonner à la spéculation en dépit des crises, voir des crashs qu’une telle situation pouvait engendrer.

La finance et la banque devinrent le terrain sur lequel pouvait s’épanouir tous les profiteurs d’un système, avides de pouvoir et d’argent facile.

LA  RENAISSANCE

La Renaissance, grâce à l’afflux  d’or et d’argent venant  de l’Amérique découverte par Christophe Colomb en 1492, voit s’accroitre la prospérité des banques.

Parallèlement, sous l’impulsion des nouvelles connaissances acquises, et grâce à des mécènes généreux se produisait à partir de l’Italie, un essor prodigieux  et un renouvellement des conceptions  de la vie artistique et intellectuelle.

Le rôle des banques est primordial dans ce développement dominé par des princes tyranniques, avides de richesses, d’œuvres d’art, qui n’ont pas beaucoup de considération pour la vie de leurs sujets. Les Papes eux-mêmes, qui n’étaient pas tous des modèles de vertu, participaient activement à ce mécénat transformant l’art religieux. Leur autorité morale sur ces princes et monarques était alors contestée et peu respectée malgré l’onction de droit divin reçue pour beaucoup d’entr’eux  de la Papauté elle-même. La richesse du Vatican est également énorme, alimentée par les « indulgences », résurgence du financement des croisades ces indulgences étant devenues vénales pour racheter les pêchés de tous les fidèles. Cette richesse ostentatoire fut l’une des causes de la naissance du protestantisme, en réaction à tous ces abus.

LE  DEBUT  DE  L’EPOQUE  MODERNE

Le XVIIIème siècle, siècle des lumières est venu tempérer  la toute-puissance de ces monarques de droit divin mais n’a pas sensiblement modifié leur comportement violemment hostile à la diffusion des idées nouvelles.

L’ère des lumières si elle annonce l’esprit  de la proclamation des « Droits de l’homme et du citoyen » a également donné naissance aux grandes découvertes des temps modernes, la raison et la science prévalant sur les croyances antérieures souvent assimilées à des superstitions. C’est ainsi qu’après les philosophes, apparait une génération de savants qui découvrent toutes les bases de la science inconnues  jusqu’ alors, telles les lois de la physique, de la chimie, de la dynamique, de l’électricité. Citons parmi les plus célèbres de ces savants : Lavoisier, Euler, Volta, Newton, Ampère, Watt, Montgolfier et bien d’autres.

Ces découvertes donnent naissance à la mécanique et à la thermodynamique, ce qui permet à Denis Papin en 1690  de mettre au point un prototype de machine à vapeur, qui permet de décupler les capacités de l’énergie humaine.

Ce n’est qu’en 1840, avec l’exploitation  des premières mines de charbon dans le Nord-Pas de Calais, en Belgique et en Grande Bretagne, que la machine à vapeur put prendre tout son essor, le charbon étant l’énergie, le maillon manquant pour promouvoir la grande industrie. Après l’apparition des premières compagnies minières, on assiste à un foisonnement d’industries nouvelles : la sidérurgie, l’industrie chimique, les tissages, les premiers pas de l’électricité  et la construction des premiers chemins de fer. La main d’œuvre nécessaire à cette mutation est recrutée dans les villes, mettant fin à la prédominance des corporations et également dans les campagnes ou s’installent les nouvelles industries. Les capitaines d’industrie, pas plus que les monarques, empereurs, et en général l’aristocratie, n’ont d’égards pour cette main d’œuvre sous-payée, astreinte à des horaires démentiels, y compris pour les enfants, et vivant dans des logements sommaires construits en série (les corons dans le Nord-Pas de Calais).

Ces conditions de vie seront dénoncées par Emile Zola dans Germinal et s’amélioreront par la suite, sous l’influence  des Syndicats et des grèves à répétition.

Ce développement industriel s’accompagne d’un sentiment de supériorité, de domination sur les forces de la nature, la science devenue toute puissante étant vouée à l’émancipation de l’humanité. Ce comportement n’était pas nouveau et s’était déjà manifestée à moindre échelle lorsque l’homme primitif vivant de la chasse et de la cueillette s’était sédentarisé, accédant à l’agriculture et à la domestication des animaux. Ce mode de vie a perduré pendant des siècles et jusqu’à une époque récente (l’avant-guerre 39/45), 60% de la population française étaient encore des ruraux, exploitant des petites ou moyennes fermes, pourvoyant à l’alimentation des villes.

Ces conditions de vie étaient la norme dans la plupart des pays du monde où les habitants vivaient pratiquement en autarcie, vivant de leur propre production, ce qui n’empêchait pas le développement parallèle du commerce international.

La période coloniale est venue bouleverser dans bien des pays cet ordre ancestral, par une exploitation inconsidérée de leurs ressources, déstructurant le mode de vie de ces populations, dont nous percevons encore aujourd’hui les effets pervers.

LA  SECONDE  REVOLUTION  INDUSTRIELLE