Bilan climatique de l’été 2018

Un article d’Alain Vandevoorde, militant pour la défense et le respect du vivant et de l’humain

1- Les évènements

Canicule et nombreux événements extrêmes partout dans le monde

A ce sujet, l’OMM – Organisation Mondiale de la Météorologie, rattachée à l’ONU- déclare : « Ces conditions, qui ont eu des répercussions à grande échelle sur la santé humaine, l’agriculture, les écosystèmes et les infrastructures, sont à l’origine d’incendies de forêt dévastateurs ».

Nombre de records de chaleur ont été battus dans le monde, et approchent en certains endroits des limites du supportable pour l’humain.

Voir l’article de Reporterre

La canicule a également entraîné des situations inhabituelles et préoccupantes, telles des problèmes de refroidissement des centrales nucléaires ou obligeant les rennes à se réfugier dans les tunnels pour se protéger de la chaleur. Voir 10 conséquences inattendues sur futura sciences

En Europe du Nord, et du fait de hautes pressions persistantes bloquées sur la Scandinavie, phénomène déjà présent au printemps, nous avons connu des situations jamais rencontrées.

En Juillet, les 30° ont été dépassés en maints endroits au-delà du cercle polaire (soit 15° au-dessus des normales) ; et dans la nuit du 18 au 19 Juillet, la température  n’est pas descendue sous 25,2 °C au phare de Makkaur ( latitude de 70.7 °N, soit 7° au delà du cercle polaire) sur la côte nord du Finnmark. Du jamais vu en Arctique !

La Suède a connu un nombre record d’incendies de forêt qui ont détruit près de 300,000 Ha, les pires qu’elle n’ait jamais eu. De même en Sibérie des incendies se sont produit qui ont affecté des zones de friche, tourbières, et dont les fumées s’étalaient sur 2000 Km.

L’Europe du sud n’a pas non plus été épargnée. L’Espagne et le Portugal ont connu des températures dépassant allégrement les  40° et le 4 Août le thermomètre est monté jusqu’à 46,8° au Portugal. Ce sont là encore des températures que nous ne connaissions pas de ce côté de la méditerranée. La Grèce a fait l’objet de nombreux incendies non maîtrisés dans lesquels ont péri nombre de personnes.

 Situation en France

En Juillet, une grande partie de la France a connu des épisodes orageux, parfois accompagnés de chutes de grêle.

Du 24 Juillet au 8 Août, nous avons connu une canicule persistante, dont la particularité était que la température montait crescendo pour flirter avec les 37°, y compris dans le Nord où Lille avec 37,6° a battu le 27 Juillet le record national en métropole. De même Perpignan avec une température nocturne de 30.3°C le 4 août. Le 8 Août, nous avons même atteint les 40° en maintes villes de l’Aquitaine et du Sud.

Le 03 Août, pas moins de 67 départements étaient en vigilance orange.

Cet été 2018 est tout simplement le 2e plus chaud jamais observé en métropole depuis le début des relevés (1900), avec 2° de plus que les moyennes.

Côté précipitations, si l’été a été déficitaire en moyenne de 10%, ce chiffre cache en réalité d’énormes contrastes, puisque des régions ont été particulièrement arrosées, et même inondées, alors que d’autres tiraient la langue, et notamment tout le Nord et l’Est de la France.

En Nord/Pas-de-Calais, les déficits ont atteint les 63% – pire qu’en 1976- où Météo France nous dit qu’en 2 mois il est tombé 21,5 mm à Lesquin et 24 mm à Dunkerque.

Pour ma part, j’ai relevé chez moi – au pied du mont Cassel- 52 jours consécutifs sans la moindre goutte d’eau.

2- conséquences et commentaires

 La canicule tue

Oui, la canicule tue, surtout si elle dure  voir-article-de-presse

Si en France, la canicule de 2003 et ses 15000 décès semblent loin ; le bilan  officiel de 2017 fait état de 474 morts – soit 5% de plus que la normale-, et selon le ministère de la santé, la canicule 2018 aurait provoqué 1500 décès supplémentaires.

Cette année, la canicule que nous avons subie est particulière. « C’est une canicule assez lente, qui est en train d’épuiser doucement les organismes », précise Patrick Pelloux, médecin urgentiste qui avait sonné l’alarme en 2003. Du coup la température intérieure des logements a atteint progressivement des valeurs élevées, et même très élevées dans trop de logements -qu’ils soient privés ou collectifs/locatifs- mal isolés et mal conçus face à ces problèmes.

Du fait du rejet de toujours plus de Gaz à Effet de Serre, les prévisions à venir sont tout simplement effrayantes.

Jean Jouzel, climatologue Français et membre du GIEC nous prédit des températures estivales supérieures à  50° dans l’est de la France vers 2050, soit des températures qu’on trouve habituellement dans les déserts les plus chauds.

 la sécheresse et la canicule créent de nombreux problèmes

 En matière agricole La production Européenne de céréales  a baissé de 12% en 2018 pour atteindre 273 Mt, et de 9% en matière d’oléagineux.

Là encore les situations peuvent être très différentes, à la fois entre régions d’un même pays, mais aussi entre pays Européens. Si en France la production de céréales a peu baissé, et même été bonne en orge, d’autres pays ont connu des sécheresses sévères, tels le Royaume-Uni, mais aussi nos voisins Allemands, la Pologne, Suède, Roumanie … En certains pays la baisse est allée  jusque 40% !

En matière d’élevage, On assiste à un manque important voire dramatique de production d’herbe. Cette situation met en difficultés nombre d’éleveurs, et cela d’autant que les outils destinés à les aider à faire face aux aléas climatiques sont quasi inexistants.

Les écosystèmes sont également touchés en particulier les milieux aquatiques et cours d’eaux qui ont connu une température anormalement élevée de l’eau, ainsi que des niveaux bas extrêmes, voire ont été asséchés. Cela n’est pas sans conséquences sur la faune, où nombre d’espèces, de poissons, amphibiens… voient leur effectifs s’effondrer par mortalité.

Voir article de Reporterre : Pour les paysans et la nature, la sécheresse n’en finit plus

L’arctique « élément régulateur majeur du climat » continue de se dégrader 

         Pour la première fois, en février et août de cette année, la banquise « pérenne » s’est fracturée.

Voir article de presse

Cela est particulièrement grave et inquiétant, car cette banquise située au nord du Groenland est la plus ancienne et épaisse, et les scientifiques la considéraient comme la plus solide et donc la plus résistante au réchauffement climatique.

En clair cela signifie que les phénomènes climatiques en yoyo et extrêmes deviendront plus fréquents dans tout l’hémisphère nord, en partie à cause de la modification du Jet stream – qui avait provoqué en 2010 une canicule et des incendies jamais vus en Russie.

Ce qui s’est passé cet été est conforme à cette situation ; et le régime des vents continue d’être fortement perturbé et modifié. Si au Printemps j’ai comptabilisé pas moins de 85 jours où le vent était au Nord (du N.O au N.E), cela s’est reproduit cet été pendant plus de 45 jours.

Le GIEC publie des rapports… et nos dirigeants regardent ailleurs !

C’est là une bien triste réalité, qui est malheureusement à l’oeuvre depuis l’existence du GIEC. Lors de la sortie des rapports du GIEC, nos dirigeants disent que nous ne pouvons pas continuer ainsi, et nous assurent faire le maximum. En réalité, il n’y a pas de volonté de changement, et les avancées sont insignifiantes.

Nous nous trouvons dans la situation d’un bateau qui possède une grande voie d’eau et menace de sombrer, alors que nous écopons à la petite cuiller !

Le dernier rapport du GIEC en date du 8 Octobre, déclare une fois de plus l’extrême gravité de la situation et l’urgence à agir : «  Pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5° C, il faudrait modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société ».

Rappelons encore que le sommet mondial sur le climat tenu du 12 au 14 Septembre soit 4 jours après la marche mondiale où des manifestations ont été organisées dans 80 pays s’est terminée comme d’habitude sans aucune décision ni consensus.

La mobilisation citoyenne est indispensable et urgente

Seule, la création d’un rapport de force en direction de nos dirigeants les obligera à cesser de regarder ailleurs et à agir de manière radicale sans faux semblant.

Aussi, est-il important de participer aux actions de lutte pour le climat et la défense de la vie.

  • Vient de démarrer la campagne « Nous voulons des coquelicots » destinée à sortir de l’empoisonnement par les pesticides. Fait oh combien intéressant, cette action se déroulera pendant deux ans, tous les premiers Vendredi de chaque mois où chacun est invité à se réunir devant la mairie de sa propre commune, c’est à dire là où il vit.
  • Cette initiative est bien sûr transposable à d’autres problématiques majeures, telles le climat et l’effondrement de la vie. Ce dernier sujet reste hélas tabou. Et si la peur n’écarte pas le danger, nous sommes pourtant 1000 fois plus nombreux que ceux qui nous dirigent et manipulent. Notre force potentielle est considérable, à condition de l’utiliser.