Les démocradures

Deux articles trouvés sur le site belge « legrandsoir.be »

Qu’ont de commun le Brésilien Lula, l’Équatorien Rafael Correa, l’Argentine Cristina Kirchner, le Mauritanien Biram Dah Abeid, l’Egyptien Massoum Marzoukle, le Camerounais Maurice Kamto, le Gabonais Bertrand Zibi, le Français Jean-Luc Mélenchon, le Russe Serguei Oudaltsov, le Cambodgien Kem Sokha, la Philippine Leila de Lima ?

Pour le savoir et pour en savoir plus encore sur une arme redoutable, plus efficace qu’un tir de snipper, le poison Novitchok, la pointe d’un parapluie bulgare, une intervention nocturne de la CIA, un assaut d’un commando du Mossad ou une compétition électorale non truquée, ouvrez cette tribune.

Après quoi, vous y ajouterez votre signature et vous ne vous serez pas culpabilisé en lisant le poème écrit à Dachau par le Pasteur Martin Niemöller.

Théophraste R. Internationaliste porteur du tatouage : « La presse vous dénonce, la police vous défonce, la justice vous enfonce ».

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Le temps des procès politiques doit cesser – Pour en finir avec le lawfare

 « Non, la justice ne doit pas servir d’arme de persécution politique. Pourtant c’est devenu le cas aujourd’hui presque partout dans le monde. Déjà, avec la criminalisation des lanceurs d’alerte, des syndicalistes, des militants écologistes et des participants aux manifestations interpellés arbitrairement, les droits des citoyens ont beaucoup reculé. Le maintien de l’ordre libéral coûte cher à la démocratie. À présent, un seuil est en train d’être franchi. C’est ce que l’on appelle la tactique du « ­lawfare ». Il s’agit de l’instrumentalisation de la justice pour éliminer les concurrents politiques.

Le lawfare commence avec des dénonciations sans preuves, se prolonge dans d’obsédantes campagnes de dénigrement médiatique et oblige ses cibles à d’interminables justifications sans objet. Puis c’est la prison et les amendes. Le lawfare enferme les débats politiques dans les cours de justice. Pour finir, il fausse le déroulement des élections qui ne sont plus vraiment libres. Les exemples sont nombreux. Citons, en Amérique du Sud, le Brésilien Lula, condamné sans preuve et empêché de se présenter à l’élection présidentielle. Son « juge », Sergio Moro, est devenu depuis ministre de la Justice du président d’extrême droite Jaer Bolsonaro. Mais aussi l’Équatorien Rafael Correa et l’Argentine Cristina Kirchner, persécutés sans trêve.

Citons, en Afrique, le Mauritanien Biram Dah Abeid, emprisonné sur une dénonciation sans preuve retirée au bout de plusieurs mois de détention. Et encore l’avocat égyptien Massoum Marzouk, opposant au régime de Sissi emprisonné sur le prétexte fallacieux de charges antiterroristes. Il y aussi le cas de Maurice Kamto, arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle au Cameroun et emprisonné depuis janvier dernier, ou l’ancien député gabonais Bertrand Zibi, condamné à six ans de prison.

Nous ­appelons à la coopération mondiale des résistances juridiques

Citons, en Europe, le Français Jean-Luc Mélenchon, poursuivi sans preuve et jugé pour rébellion, ou le Russe Serguei Oudaltsov, dirigeant du Front de gauche, condamné à quatre ans et demi de prison pour avoir organisé des manifestations contre le pouvoir. Citons, en Asie, le Cambodgien Kem Sokha, principal leader de l’opposition emprisonné à la veille des élections législatives de 2017. Ou l’acharnement judiciaire aux Philippines contre la sénatrice Leila de Lima, figure de l’opposition.

De nombreuses voix se sont élevées dans le monde pour dénoncer cette situation : des groupements de juristes, des autorités religieuses comme le pape ­François, des figures de la défense des droits de l’homme, des dirigeants syndicalistes ou politiques. Notre déclaration commune salue ces protestations. Nous invitons à la vigilance pour défendre les victimes de ce type d’opération quelle que soit leur appartenance politique. Nous ­appelons à la coopération ­mondiale des résistances juridiques. Nous demandons que soient dénoncés devant l’opinion publique les gouvernements et les magistrats comme le juge Sérgio Moro, au Brésil, qui acceptent de jouer ce rôle néfaste aux libertés individuelles et politiques. »

https://lawfare.fr/