Complotismes 

Et si c’était de la colère…

Les médias dominants sont occupés à allumer des contre-feux face à la montée de leur mise en cause par tous ceux qui n’acceptent pas leur soumission aux mots d’ordre versatiles et souvent contestables des dirigeants durant la crise due au Covid-19. Avec des analyses pseudo-sociologiques, en général méprisantes, ils essaient de se justifier en traitant de « complotistes » tou∙te∙s celles et ceux qui osent contester leur manque d’esprit critique. Et si c’était eux, les « bien-pensants », qui se trompaient sur les causes des contestations qui émanent d’une part croissante de la population.

Certes, on lit de temps en temps une carte blanche qui ne hurle pas avec les loups de  la pensée unique. Bien sûr, en page 7, on devine entre les lignes d’un journaliste un peu plus audacieux, un écart par rapport à la ligne de « devoir d’obéissance » qui émane des articles des éditorialistes en chef. Évidemment, il reste les radios et télés de service public qui offrent des contenus un peu plus équilibrés (mais rarement aux heures de grande écoute). Mais, la plupart du temps, si on n’a pas le temps d’aller chercher ailleurs des données contradictoires, on ressort de la lecture (ou de l’écoute) des infos avec un sentiment d’angoisse profonde et de culpabilité puisque, sauf à être un hyper-anxieux terré chez soi, on ne respecte guère des consignes impossibles à tenir.

Soyons de bon compte, après un certain délai, les erreurs, voire les mensonges des autorités sont dénoncés, mais pour ce qui est du présent et de l’avenir le mot d’ordre reste constant : suivez scrupuleusement les conseils venus d’en haut, n’essayez pas d’interpréter les directives selon ce que les circonstances particulières et le bon sens vous inciteraient logiquement à faire et priez, matin et soir, pour l’arrivée rapide du (ou des) sauveurs : le(s) vaccins(s).

La parole formatée des médias mainstream

Et voilà que, malgré cette domination d’une parole calquée sur ce que souhaitent les gouvernants, de plus en plus de citoyens se mettent à douter, voire à contester, parfois radicalement, ce qu’ils lisent et entendent. Alors que ces contestations sont fort diverses, allant du plus fou au plus raisonnable, de plus intuitif au plus rigoureusement argumenté, les médias mis en cause fourrent toutes ces critiques dans un même sac. Sceptiques du coronavirus, platistes, anticonformistes, QAnon, détracteurs de la vaccination, opposants à Bill Gates, tous seraient victime de la même folie et se voient dès lors coller une étiquette censée être infâmante de « complotistes ». But de la manœuvre ? Non pas diviser pour régner, mais amalgamer pour dénigrer.

On peut comprendre que ceux qui sont parfois très proches du petit monde des « décideurs » se sentent une certaine responsabilité. Ils pensent prudent de relayer la doxa officielle, face à cette menace aux dimensions encore inconnues que fait peser sur la société l’irruption du coronavirus. Ils partagent ainsi les pratiques des responsables politiques qui sont « aux manettes » et qui font tout (beaucoup ?, trop ?) pour protéger la population. Ils semblent ne pas réaliser que leurs discours sont anxiogènes et que voulant trop bien faire, ils n’osent pas traiter en adultes ceux vers lesquels ils envoient leurs messages. Ils ne réalisent pas non plus que beaucoup de citoyens ressentent cette infantilisation et vont chercher ailleurs (réseaux « sociaux » principalement) des informations moins « cadrées » et qui mettent en cause la logique dominante.

Alors qu’ils plaident, en paroles, pour une société apaisée et dénoncent les logiques conflictuelles qui fragilisent les démocraties parlementaires vieillissantes, la manière dont beaucoup de médias analysent les critiques qui se multiplient est paradoxalement très manichéenne. On est bien d’accord qu’il n’existe pas d’humains reptiliens, mais est-ce que cela exclut la possibilité d’instrumentalisation de la pandémie. Nos éditorialistes n’ont-ils pas connaissance de La stratégie du choc de Naomi Klein[1] ou sont-ils naïfs au point de ne pas savoir que les gouvernements comptent dans leurs rangs bon nombre de fieffés gredins prêt à beaucoup pour faire avancer leur projet de gouvernement mondial dirigé par les multinationales ? Ce n’est pas parce qu’un archevêque dérangé fait appel à Trump pour sauver le monde d’un complot pédo-sataniste[2] que le Great Reset proposé par le fondateur et président du Forum économique mondial de Davos à l’occasion de la crise du Covid-19[3] ne serait pas un reboot (sic) du système, une relance de la mondialisation qui donnerait plein pouvoir aux grandes entreprises au détriment des États.

Les raisons de la colère

En risquant d’être quelque peu caricatural, on pourrait classer en deux grands groupes ceux dont on voit monter la colère.

Il y a d’abord la bonne part de nos concitoyens qui ne suivent pas de près les évolutions de l’économie, mais qui sentent bien que, depuis 2 ou 3 décennies, ils font partie des 80% qui sont les perdants des évolutions sociales. Cela donne des révoltes de Gilets jaunes ou autres mobilisations contre les mesures d’austérité dont ils voient bien qu’ils seront les premières victimes (voir notre article sur la solidarité à sens unique).

Il y a ensuite les militants, récents ou anciens, plutôt conscients de ce qui se trame, qui se battent depuis 50 ans ou depuis 2 ou 3 ans contre des menaces sociales, écologiques ou démocratiques. Et ils constatent que malgré tous les efforts, malgré les discours lénifiants et les promesses des gouvernants, les choses vont de plus en plus mal.

À des degrés divers, ces deux groupes en ont de plus en plus marre, ne savent pas comment faire pour inverser des tendances qui vont dans le mauvais sens. Alors, la crise sanitaire et les messages fluctuants, incohérents, contradictoires et souvent inutilement contraignants, c’est la goutte qui fait déborde le vase. Hélas, il n’y a pas de mouvement social derrière lequel ils pourraient se rassembler et qui leur donnerait un peu d’espoir. Alors, ils font preuve de mauvaise humeur et tels des enfants empêchés de vivre par des parents abusifs, ils traînent les pieds comme ils peuvent et organisent dans le désordre leurs petites « désobéissances civiles » personnelles. Ils refusent de croire encore tout ce qu’on leur raconte, ils relaient sur les réseaux sociaux les informations en rupture avec la doxa ministérielle, ils ne suivent que très imparfaitement les règles qu’on veut leur imposer sans leur demander leur avis, sans leur expliquer les raisons (peu défendables) des éminences. Je connais même des gens plutôt raisonnables qui, devant les arnaques des multinationales du Big Pharma, se disent qu’ils ne vont pas se faire vacciner (« Plutôt crever que d’engraisser les actionnaires de ces multinationales »). Tous ceux-là, contrairement à ce que croient, un peu méprisants, les « raisonnables » bien adaptés au système[4], n’ont pas peur : ils sont en colère !

Biais cognitif

Ce que je reproche ici aux communicants officiels, c’est ce qu’on appelle le biais cognitif : vivant dans un certain milieu, ils reproduisent un discours qui n’est que celui d’une minorité, mais ils croient que c’est celui de la majorité, comme le prouve le comportement de leurs semblables, proches ou alliés.

Mais peut-être est-ce moi qui suis dans le biais cognitif. À POUR, nous fréquentons surtout des révoltés, des militants et des intellos conscients. Alors, peut-être suis-je victime de l’influence du petit monde d’une autre forme d’« entre-soi »[5]. Mais, fort heureusement, au moment où je me posais ces questions, la mutuelle Solidaris publiait son « Baromètre confiance et bien-être 2020 ». Cet indicateur par lequel la mutuelle pose à des milliers de personnes les mêmes questions depuis 2015 est une véritable boussole sur laquelle devraient s’appuyer des décideurs responsables. Je ne peux m’empêcher de reprendre ici comment ils résument dans leur communiqué l’évolution des sentiments des Belges entre mai 2020 et septembre 2020 :

Le sentiment principal ressenti reste celui de la lassitude, cette fois-ci par près de 2/3 des Belges (+15 points). La colère et la peur qui étaient aux coude-à-coude en mai avec 45%, n’évoluent pas dans le même sens : la peur perd 5 points alors que la colère en gagne 9 pour concerner plus d’une personne sur 2. Entre les deux, l’épuisement, qui concerne 50% de la population, connaît une évolution de 10 points. L’espoir ressenti par 60% des personnes en mai passe à 50% aussi. Une évolution des sentiments interpellante mais compréhensible au regard de la période vécue par l’ensemble des Belges.

 Ces infos sont détaillées dans les deux graphiques reproduits ci-dessous.

Ainsi donc, nous ne nous trompions pas : la peur baisse et la colère monte. Sans doute à cause de la mauvaise gestion de la crise sanitaire par nos autorités, mais aussi suite à la dégradation globale du bien-être des Belges et surtout de celui des plus défavorisés :

L’indice global de bien-être est en recul sur ces 5 dernières années (soit une baisse de 5,3% en 5 ans). (…) Cette tendance cache des écarts préoccupants : le Baromètre révèle à nouveau que les inégalités sociales se creusent notamment entre les personnes les plus aisées (au plus haut avec 61,6) et celles les plus précarisées (au plus bas avec 47,4), mais montre aussi que la chute (près de 20% en 5 ans) est surtout importante pour les classes intermédiaires.

Lassitude et colère en hausse, peur en baisse : voilà qui devrait orienter les décisions des autorités quant à la manière de faire passer leurs messages. Ceux-ci ne devraient-ils pas être de prudence responsable et non pas de contraintes souvent incohérentes. Hélas, mois après mois, les gouvernements et les médias, qui les relaient sans esprit critique, persistent à aligner des mesures comme si à chaque fois ils détenaient des certitudes absolues. Ils trouvent dès lors face à leur pensée qui se veut unique, des réactions comme le corona-scepticisme, le rassurisme ou le complotisme. Ce sont certes des réponses erronées, mais c’est tout ce que mérite leur entêtement à traiter les citoyens comme des enfants qu’il faudrait dompter.

Alain Adriaens ; pour.press

Notes

[1] Naomi Klein, La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre, Léméac/Actes Sud, 2008, 668 pp., version poche à 13,70€ ; analyse sur

 https://journals.openedition.org/developpementdurable/7533.

[2] « Ce Great Reset, (…)rouleau compresseur inhumain du projet mondialiste, va misérablement se briser face à l’opposition ferme et courageuse des enfants de la Lumière. L’ennemi a Satan à ses côtés, celui qui ne connaît que la haine. Mais à nos côtés, nous avons le Seigneur Tout-Puissant, le Seigneur des Armées, arrangées pour la bataille, et la très Sainte Vierge Marie qui écrasera la tête de l’antique Serpent. » : extrait de l’’appel de Monsignore Vigano à Donald Trump –

 http://uclf.org/mgr-vigano-denonce-a-donald-trump-le-great-reset-mondialiste-en-cours/:

[3] https://lecourrierdesstrateges.fr/2020/12/02/le-great-reset-est-un-regional-socialisme/

[4] « Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade. », Jiddu Krishnamurti.

[5] Mais au moins, je mets en doute mes convictions.

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Et merci pour ce texte que je vais partager car il est temps que les gens se réveillent, ils sont comme hypnotisés par les paroles de ceux qui sont en train de nous conduire dans une situation catastrophique, autant pour nous les vieux que les jeunes qui vont mal car plus de travail, plus d’études, des consignes stupides. Bref aurait-on pensé un jour vivre pareille situation après s’être tant battu avec l’espoir de changer cette société ?

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Pour ce qui est du conflit médiatique complotisme-anticomplotisme, il est a mes yeux les deux visages du triomphe de la désinformation et surtout le symptôme qu’il n’y a plus sur le plan politique pratique aucune force sociale capable d’incarner une opposition structurée au capitalisme. Entre complotistes et anticomplotistes il y a un jeu de rôle pour monopoliser tout l’espace médiatique.

Pour l’épidémie de Covid 19, la question essentielle qui doit être tranchée c’est de savoir si oui ou non la souche virale responsable est un virus trafiqué sorti accidentellement du laboratoire P4 de Wuhan.

La désinformation princeps pour brouiller les pistes sur le sujet est le fait des scientifiques avec l’hypothèse du pangolin et du marché de Wuhan. La Presse française a suivi avec deux articles dans Le Monde et Libération affirmant sans aucune enquête approfondie « qu’il n’y a aucune preuve que le virus soit sorti du laboratoire P4 de Wuhan ». Cette affirmation fondée sur les seules affirmations de la directrice du laboratoire, donc sans investigation technique et scientifique, est hautement suspecte.

Un article du site Pièce et Main d’Œuvre fait le point sur le sujet :

http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/un_virus_scientifreak.pdf

Par la suite, ils ont publié d’autres articles montrant l’embarras des scientifiques sur l’origine du virus pandémique.

Aujourd’hui tout le monde est d’accord pour dire que la piste du pangolin est erronée. Pourtant elle a bien été créée par des scientifiques avec article dans la revue Nature. Ainsi ce sont bien de respectables savants reconnus internationalement qui ont menti et pas des complotistes. Inutile de poser la question de savoir pourquoi cet énorme mensonge de la part de scientifiques ?

Sur le plan historique, avec la piste du virus « scientifreak » selon le mot de Pièce et Main d’Œuvre, on est face à une première mondiale. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une pandémie ayant fait en moins d’un an un million de mort aura été le fait de chercheurs scientifiques. Ceux qui prétendent, la main sur le cœur, faire des recherches pour produire des vaccins protecteurs contre les maladies infectieuses ont été responsables directement d’une catastrophe sanitaire d’ampleur planétaire. Bien évidemment on sait depuis la Guerre Froide que la recherche microbiologique de pointe sur les agents pathogènes est hautement stratégique pour les complexes militaro-industriels. Les vaccins sont le pavage de bonnes intensions vers l’enfer du meurtre de masse…

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​Les « détenteurs de la vérité officielle » …à France info…!!!!!! Journalistes du « service public  ??!!!

https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/franceinfo/vrai-ou-fake-l-emission/vrai-ou-fake-l-emission-du-jeudi-10-decembre-2020_4214855.html