Contre Toxicalia

Un rassemblement a eu lieu, ce samedi 22 mai à Lille, pour s’opposer à cette serre géante de 22 000 m2 dans la région de Berck

Le 24 mai 2021, jour 69 de l’an de disgrâce 02

Intervention des organisateurs de ce rassemblement : le collectif CONTRE TROPICALIA LILLE

Nous sommes d’une génération qui n’aura connu que la promesse d’une fin du monde terrible, inévitable, catastrophique. Depuis notre enfance plane autour de nous ces images de glaciers fondant, ces photographies d’incendies spectaculaires, le nom d’espèces animales disparues. À cela s’ajoute le spectre démocratique qui nous promet que tout changera pour qu’au fond, rien ne bouge.

Nous avons marché et nous avons fait la grève pour le climat. De là nous avons comprit une chose : le pouvoir en place, quoiqu’il soit (Vert, rose ou bleu), perpétuera la logique mortifère qui fait notre monde. Nous avons aussi compris qu’en réalité, la catastrophe n’est pas à venir, mais qu’elle est déjà là. Et cela, depuis un long moment. Elle peut porter plusieurs noms (Modernité, Capitalisme, Économie) mais répond d’une même tendance : celle de la guerre au vivant, à tout ce qui ne fait pas sens pour la logique économique d’accaparement, à tout ce qui lui est contraire. L’Économie et le monde qu’elle traîne ne s’arrêteront pas d’eux-même dans leur volonté maladive de réduire les êtres et le vivant à de simples matières premières.

Aujourd’hui, avec ce premier temps, nous souhaitons croiser les luttes qui existent autour de chez nous. Les croiser car elles répondent de la même logique : elles se dressent face à l’aménagement du vivant. Ce sont des piscines olympiques, des entrepôts gigantesques, des parcs touristiques aux accents tropicales, des méthaniseurs et fermes-usines, des poulaillers géants, des antennes 5G, des usines à frites surgelés. Ce sont ces projets là qui font perdurer le désastre déjà bien entamé.

À l’aménagement du territoire nous répondons anéantissement du vivant.

Ces projets stupides, imposés et destructeurs osent nous présenter leur plus beau verni écologique. Mais ils témoignent tous d’un mépris évident pour tout ce qui fait vie, tout ce qui fait joie. La transition écologique que l’on nous vend ne nous apparaît que comme dispositif technique opportun servant à pacifier les conflits réels autour de la question écologique, à camoufler la catastrophe en cours.

L’écologie est devenue un terme fourre-tout, vide et dépolitisé. À nous de le vêtir d’une connotation puissante et audacieuse. Une véritable défense du vivant ne se fera qu’à travers la mise en place d’une écologie de rupture. Pour cela il faut désigner les coupables, désigner ceux qui ont allumés l’incendie qui ravage nos mondes et ceux qui le font perdurer. Il s’agit de tracer des lignes de conflits claires, de prendre acte et de défendre nos milieux tout en prenant soin de nos proches, et de ces mêmes milieux que nous tentons d’habiter.

Ce que nous souhaitons, aujourd’hui, c’est se tenir ensemble, d’abord pour défaire l’impuissance organisée, ensuite pour tenter d’imaginer des possibles dans ce monde catastrophé. Nous voulons affirmer qu’ensemble, il est possible de faire advenir une autre fin du monde. Nous voulons prendre le pari que nos amitiés, nos amours, nos désirs les plus fous, puissent se rencontrer et faire émerger de nouveaux espoirs.

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Le collectif ACCAD  a eu droit d’intervenir. Voici ce qui a été dit.

Pourquoi intervenir dans le cadre d’une action contre toxicalia ?

Parce qu’il y a un lien entre les problèmes environnementaux –avec ses pollutions-, les projets qu’on veut nous imposer dans l’avenir, l’agriculture industrielle voire numérique et la marche forcée de notre société vers la numérisation.

Nous avons vu ce qui s’est passé à Drucat (80) à propos de la ferme des 1000 vaches. Nous voyons ce qui se passe ou se prépare à Heuringhem (62) et Pitgam (59) avec des élevages industriels. Nous sommes aussi au courant de ce projet de méthanisation dans la région de Bailleul (59), de cet entrepôt de logistique (mot à la mode) destiné à des entreprises de commerce en ligne (mot très en vogue) près d’Illies (59), de ce projet d’usine à frites près de Dunkerque  par un industriel belge  et du projet de construction dans le Boulonnais d’un élevage intensif de saumons par la société Pure Salmon.
Nous voyons ce qui va nous tomber sur la tête –si on ne se bat pas- avec le projet toxicalia.

Puisque l’époque nous pousse à regrouper les luttes environnementales, sociales et sociétales, je voudrais mettre l’accent sur la pollution électromagnétique.

On le constate avec ce renforcement de la ligne THT entre Gavrelle (près d’Arras) et Avelin (près de Lille) : c’est un projet pour lequel la majorité des personnes concernées s’est opposée ; c’est un projet inutile, nuisible, imposé, couteux et presque terminé.

On trouve cette pollution électromagnétique depuis quelques années  avec l’installation de compteurs communicants (Linky, gazpar, eau).

Mais le plus grand danger actuel est la mise en place de la 5G.

Ce choix sociétal du tout numérique s’inscrit dans la destruction du vivant- humain et animal- et du végétal.

Il ne sera pas possible d’échapper aux rayonnements polluants avec les conséquences dans le domaine de la santé : EHS, mutations génétiques, pathologies oculaires, chute de la fertilité masculine, troubles neurologiques de toutes sortes, fausses couches, pertes de mémoire, difficultés d’apprentissage, problèmes de peau, etc. D’autant qu’une antenne 5G rayonne 3 fois plus que les antennes 4G, et que son rayonnement s’ajoute à celles de la 2, 3 et 4G et qu’un smartphone 5G aura une puissance 10 fois supérieure aux smartphones actuels.

La 5G menace nos libertés. Elle permet de recueillir des milliards de données personnelles sur nous, facilitant ainsi la surveillance –déjà considérable– de chaque individu et de chaque manifestation. Il n’y aura plus de séparation entre vie publique et privée. À terme, plus d’intimité possible mais à l’opposé la « transparence » absolue de nos vies, pour notre plus grand malheur quand l’État choisira d’intervenir au moment propice. Ce qui importe est d’installer une société de contrôle, là encore au détriment des humains : dès maintenant 70% du trafic de données de la 5G y est consacré, et la surveillance automatisée s’installe au cœur de nos communes. On en voit de nombreux exemples ; par exemple à Lille qui a signé un accord avec les opérateurs.

Il faudra aussi détruire la totalité des appareils mobiles existants devenus obsolètes et produire des milliards de nouveaux appareils, en plus des dizaines de millions d’antennes ; bonjour le gâchis.

Par ailleurs, les implantations d’antennes téléphoniques se multiplient, grâce à cet état d’urgence qui facilite les choses pour les opérateurs depuis mars 2020.

Tout cela entraînera donc inévitablement une augmentation de la production et de la consommation.

Sommés de « télétravailler » toujours plus, salariés et élèves seront de plus en plus privés des relations sociales dont les humains se nourrissent pour construire leurs personnalités. Les collectifs de travail seront définitivement brisés, à la plus grande satisfaction des patrons.

Ce qui importe avec l’installation de la 5G est de robotiser encore plus, et de remplacer le travail humain par des traitements automatisés (la mal nommée « intelligence artificielle »).

En niant tous les dangers pourtant constatés par nombre de scientifiques, le pouvoir politique comme les lobbies économiques veulent accélérer l’installation de la 5G, sans consultation de la population. C’est déjà bien commencé.

Les défenseurs de la 5G nous rebattent les oreilles avec « les immenses progrès » qu’elle permettra d’accomplir. Mais quels progrès ? Une meilleure réactivité des voitures autonomes ? La télémédecine ? Un gain de minutes pour télécharger les séries fabriquées à la chaîne ? Tant qu’on sera accro aux réseaux sociaux et aux nombreuses activités du numérique, l’humanité courra à sa perte sous l’effet conjugué du recul de la démocratie, du bouleversement global des grands équilibres écologiques, des pandémies à répétition et des énormes inégalités sociales, économiques et culturelles qui la fracturent…

Que faire ?

Se battre pour empêcher cet écocide électromagnétique qui peut devenir un génocide. Agir déjà localement pour empêcher notamment la mise en service d’antennes 5G : il y en a déjà beaucoup qui ont été installées dans notre région durant les confinements (grâce aux lois d’états d’urgence) … et cela continue.

Boycotter les téléphones portables en 5G dont les métaux rares nécessaires à leur fabrication proviennent de mines exploitées sauvagement, avec la complicité passive des fabricants de smartphones. Par exemple, Amnesty International alerte depuis plusieurs années sur l’exploitation des hommes et des enfants parfois âgés d’à peine 7 ans au Congo.

S’opposer à cette société consommatrice, formatée et mortifère : notre combat doit être le vôtre ; votre combat est le nôtre. Il est très important de regrouper les luttes. C’est le sens de ce rassemblement. Ce n’est qu’un début, continuons à agir ensemble.