Lyon Turin

Un projet qui hante notre Région depuis près de 30 ans

Si l’idée a émergé en 1991, ce n’est qu’en 2011 que le tracé côté français a été officiellement dévoilé au grand public. Et depuis la résistance s’est organisée des deux côtés de la frontière (les NO TAV côté italien). Nous sommes en 2021 et si nous faisions le point ?

Les travaux ont débuté, pas encore ceux du tunnel en lui-même censé passer sous les Alpes. Pour le moment, il s’agit des forages et de la création des descenderies, les accès de sécurité qui permettront d’accéder au tunnel en cas de problème. Les travaux ne font que débuter, pourtant les dégâts sont déjà immenses. J’ai eu l’opportunité, le 16 septembre, de le constater par moi-même. Des militants et des militantes m’ont accueillie en tant qu’élue régionale, et m’ont montré les conséquences de ce projet hors-norme en Maurienne.

Les ravages se font déjà sentir, aussi bien sur la nature que sur les habitants de la Maurienne, qui subissent de plein fouet les contrecoups de cette décision sans queue-ni-tête. C’est à Max et à sa scierie que je pense ; il a été obligé de la déplacer alors que les travaux auraient pu être décalés aux environs de 2030. C’est Chantal et André que j’ai croisés ce jour-là et qui se battent depuis des années aux côtés de Daniel contre le projet de « la Transalpine, la liaison européenne Lyon-Turin ». C’est sûr, le nom en jette, ça fait bien, imaginez-vous « un tunnel qui rapproche les hommes et les territoires » comme le dit la promo.

Un tunnel pour mettre des camions sur des trains en plus ! En ces temps où la nature moribonde nous rappelle sans cesse l’impact néfaste de l’activité humaine sur la terre, c’est pas mal non ? Il y aura moins de camions sur les routes et donc moins de pollution… C’est sûr ça fait rêver, moins de camions, des distances raccourcies, du temps gagné, et le temps… c’est de l’argent. Et si finalement le véritable argument n’était pas écologique mais financier ? Un projet de plus pour faire tourner des grandes entreprises complètement déconnectées des besoins réels des gens.

Un grand projet inutile qui brise les hommes et les femmes qui habitent et travaillent sur le tracé ou à proximité, qui détruit la montagne aussi bien de l’intérieur qu’à l’extérieur. Des tonnes et des tonnes de déblais à excaver, on va les mettre où ? Bah, on en fait des remblais qu’on pose sur la montagne. Ils ont commencé à faire des monticules ; après, ils iront boucher des trous à droite, à gauche, dans l’Ain ou dans le Rhône. La région est grande et il y a tant de trous à boucher ! Les mauvaises langues diront que c’est de la roche, que rien ne pousse dessus, que les paysages s’en trouvent modifiés tout comme la nature du terrain, que la faune et la flore en pâtiront… Mais il faut bien creuser pour faire aboutir ce grand projet, non ? Et puis sous la montagne, il y a aussi une ressource essentielle à la vie, l’eau. Les travaux du tunnel principal n’ont pas encore commencé, et pourtant il a suffi de ceux des forages et des descenderies pour que des sources commencent à se tarir ou que leur débit baisse. Jusqu’où ira leur folie ? Gaspiller un bien commun, le dilapider sous couvert d’un chantier à but écologique, rien ne nous aura été épargné !

Mais une colère sourde gronde en Maurienne. Je l’ai entendue dans la voix de Chantal et elle m’a touchée droit au cœur. C’est cette colère saine et légitime dont je veux me faire la porte-voix. Il nous faut entendre, écouter et relayer la révolte de tous les opposants et opposantes à ce projet de ce côté-ci de la frontière et de l’autre. Malgré la résignation qui a gagné la plupart des habitants, la lutte se poursuit et elle ne se fera pas sans nous. Il nous faut nous saisir de ce dossier national et européen et avoir le courage politique d’y faire face.

À celles et ceux qui soutiendront qu’il s’agit d’un projet écologique répondant à une nécessité environnementale, je leur répondrai que non, que bien au contraire c’est un projet écocide.

À celles et ceux qui maintiendront qu’il s’agit d’un projet indispensable pour le développement économique du coin, je leur rétorquerai que non et qu’ils tuent à petit feu depuis 30 ans les habitants et les habitantes de la Maurienne.

À celles et ceux qui affirmeront qu’on n’a pas le choix puisque les travaux ont commencé, je leur dirai que si, nous avons toujours le choix en matière de décision politique. Il suffit d’en avoir la volonté.

Dernier arrêt avant le mur, tout le monde descend du train fantôme !

https://magaliromaggi.wordpress.com/2021/09/19/le-lyon-turin-un-projet-qui-hante-notre-region-depuis-pres-de-30-ans/