La puce dans le vaccin

Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap.

Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur.

C’est une citation de Kevin Warwick, cybernéticien pucé

C’était dans les années 2000. La publication de nos enquêtes sur les nanotechnologies et sur les puces RFID (puces d’identification à radiofréquences) avait provoqué une nano-épidémie de paranoïa chez des lecteurs hyper-sensibles. Dans nos réunions-causeries, il s’en trouvait toujours un pour alerter l’auditoire sur ce funeste projet des gouvernants : « ils prévoient de nous pucer à notre insu quand on se fait vacciner ». A chaque fois, nous expliquions, tels des « fact checkeurs » d’avant-garde, que rien de tel n’était envisagé, pas même dans la loi américaine dite « Obama Care », et qu’il y avait suffisamment de motifs réels d’indignation ou de contestation pour s’épargner la peine d’en inventer. Nous en avons déçu quelques-uns qui nous en voulaient.

Certes, on puçait les animaux – et nous étions aux côtés des éleveurs refusant les moutons électroniques. On puçait çà et là des humains volontaires. La société Applied Digital Solutions commercialisait VeriChip, puce de la taille d’un grain de riz, injectée par simple piqûre et lisible par scanner, pour délivrer un « code d’identification » donnant accès aux données personnelles du pucé (identité, dossier médical, professionnel, etc). Les modèles équipés de GPS intéressaient les millionnaires sud-américains et les parents de Floride craignant les enlèvements. VeriChip était testée à Los Angeles sur les prisonniers en liberté conditionnelle (bracelet électronique 2.0), et aux États-Unis sur des malades d’Alzheimer.

Le puçage sous-cutané d’employés était signalé en Australie (dans une banque), en Suède (chez Epicenter) ou en Belgique (chez New Fusion à Malines), pour remplacer les badges d’accès et échanger ses cartes de visite virtuelles. Les supporters argentins du club de Tigre se faisaient injecter leur abonnement (le « Ticket Passion ») ; les boîtes branchées de Barcelone testaient la puce porte-monnaie, pour payer ses consommations en scannant son bras. Le cybernéticien anglais Kevin Warwick s’injectait des puces pour communiquer avec son épouse et son ordinateur.

Autant d’exemples que nous citions pour alerter sur l’avènement de l’homme-machine, en insistant sur le caractère volontaire et non dissimulé du puçage. Non, les gouvernements ne puçaient pas les gens à leur insu en les vaccinant.

Ce jeudi 14 octobre 2021, la radio d’État (France Info) nous informe que le gouvernement prolonge l’obligation de « passe sanitaire » jusqu’à la fin juillet 2022, après les élections présidentielles. La journaliste politique Nathalie Saint-Cric assure qu’il n’y a « pas de problème démocratique, car on s’y est habitués ». L’évidence nous saute à l’esprit : la puce dans le vaccin, nous y voilà.

« Au pré avec sa mère, le poulain de trois jours tangue sur ses pattes. La seringue pénètre sous la peau du cou. Injection rapide et indolore. Le vétérinaire vérifie son lecteur portable : le numéro d’identification X0723A s’inscrit à l’écran, la puce est opérationnelle. Grâce à l’interface sans fil Bluetooth, le lecteur transmet directement

à l’ordinateur les données concernant X0723A : date de naissance, sexe, numéro des géniteurs, vaccinations, allaitement, etc. Il sera désormais simple, en consultant les bases de données, d’assurer un suivi sanitaire rigoureux, de vérifier qui est le propriétaire, et, en le scannant avec un lecteur portable, d’identifier à tout moment

X0723A. L’animal est entré dans le système, il a le droit d’exister. »

En France depuis le mois d’août 2021, c’est pareil pour les humains : une injection rapide et indolore, répétée à quelques semaines d’intervalle. Vérification sur votre lecteur portable : votre QR code est opérationnel. Grâce aux applis téléchargées par les tenanciers de bistrots, de restaurants, de lieux culturels et sportifs, de transports publics, votre smartphone transmet directement les données vous concernant. « Si la personne a un test ou une attestation de convalescence du Covid ou si elle vaccinée, ça apparaît en vert, et on a le nom et l’âge de la personne », explique Laurent Duc, président de la branche hôtellerie de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. Vous êtes entré dans le système, vous avez le droit d’exister.

Ce qu’on fait aux animaux, on le fait aux humains. Avec leur vaccins puceurs, nos auditeurs paranoïaques nous proposaient une métaphore et une hyperbole. Parfois les fous ont obscurément raison.

Le QR code des vaccinés n’est pas encore sous-cutané. Mais bien des gérants de bars et leurs clients trouveraient plus pratique d’éviter de sortir le smartphone pour boire un coup. Une puce bien placée ne ferait pas une grande différence, maintenant qu’on est habitués à être scannés comme des colis. Comme dit ce client en terrasse interrogé par la radio : « Au début c’est un peu gênant, mais on finit par s’habituer à tout ».

Rendez-vous à la prochaine crise. Cela nous coûte de le dire, mais en ces temps d’emballement techno-totalitaire, il n’est pas exclu que les paranoïaques soient juste en avance.

 

Pièces et main d’œuvre ; Grenopolis, le 14 octobre 2021

 

A lire : Pièces et main d’oeuvre, Le Règne machinal (La crise sanitaire et au-delà) Service compris, septembre 2021 (19 €, 248 p.)