Macron et ses annonces sur le nucléaire

EDF est (bien heureusement) incapable de construire des réacteurs nucléaires

Mardi 9 novembre 2021, M. Macron a annoncé le projet de relancer la construction de réacteurs nucléaires en France.

Or, incapable de construire un seul réacteur – le fameux EPR de Flamanville – EDF ne saurait en faire plusieurs !

Lancés respectivement en 2005 par Areva et en 2008 par EDF, les EPR de Finlande et de Flamanville devaient entrer en service en 2009 et 2012. Nous sommes bientôt en 2022 et ces réacteurs ne sont toujours pas terminés. Mieux (si l’on peut dire) : ils présentent l’un comme l’autre de graves malfaçons qui peuvent empêcher leur mise en service ou amener par la suite à un accident nucléaire.

Mais, soutenu par des irresponsables comme MM Macron, Zemmour ou Bertrand, le lobby de l’atome vit dans un déni total de cette réalité et croit pouvoir revivre un âge d’or (ou plutôt d’uranium) comme au siècle dernier, quand une soixantaine de réacteurs ont été construits en quelques années.
Or, à l’époque, l’argent coulait à flot, EDF était encore un service public puissant et avait (hélas) les compétences nécessaires pour un tel programme. Aujourd’hui, Areva a fait faillite et EDF est dans une situation financière catastrophique.

Les EPR devait être construits en 4 ans et demi pour un coût unitaire de 2,8 milliards (et non 3,3 comme écrit ici où là) or, après 15 à 17 ans de chantier, il sont loin d’être terminé et coûtent pratiquement 20 milliards chacun selon la Cour des comptes.
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Aussi, il est parfaitement dérisoire et ridicule de voir que de prétendus « responsables » préconisent la construction par EDF de plusieurs EPR (jusqu’à 10 pour le plaisantin Xavier Bertrand).
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Non seulement EDF est bien incapable de construire et de financer des EPR mais elle n’est pas non plus en capacité de financer la rénovation des réacteurs actuels qui, inévitablement, vont devoir être fermés les uns après les autres dans les années à venir (en espérant que ce soit avant une catastrophe et non du fait d’une catastrophe comme au Japon en 2011).
Au final, sachant qu’il empêche délibérément le développement de toute alternative au nucléaire, lequel est néanmoins est amené à disparaître, le lobby de l’atome condamne la France à l’impasse énergétique et au désastre financier. Et ce sont bien sûr les habitants de France, à commencer par les plus modestes, qui vont être les principales victimes de cette folie…

lobservatoiredunucleaire.org

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Mardi 9 novembre 2021, lors d’une de ses innombrables et martiales déclarations télévisées, Emmanuel Macron a déclaré « Nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays« . Immédiatement après, la direction d’EDF a signalé que le premier site choisi était celui de Penly (Seine-Maritime).

Il faut d’abord noter que l’emploi du « nous » est extrêmement suspect : c’est probablement de lui-même que M. Macron parle au pluriel tant il est vrai que, pour faire cette annonce, il n’a consulté personne : évidement pas la population française, mais pas même les députés pourtant parfaitement godillots de LREM.

Notons aussi qu’une telle déclaration ne relève absolument pas des annonces faites lors de la campagne présidentielle de 2017 : il est une fois de plus démontré que le nucléaire, comme le macronisme, n’a strictement rien à voir avec la démocratie.

Cependant, contrairement à M. Macron et à de nombreux médias qui semblent couvrir l’actualité comme des poulets sans tête, et donc sans mémoire, l’Observatoire du nucléaire a des archives bien tenues qui lui permettent de rappeler que, en juillet 2008 et janvier 2009, le Président de la République de l’époque, M. Sarkozy, avait déjà annoncé la construction d’un second EPR – en plus de celui de Flamanville, dont le chantier venait tout juste d’être lancé – et annoncé que le site choisi était celui de Penly.

Treize ans plus tard, ce qui ne constitue d’ailleurs pas « des décennies », M. Macron et ses séides en sont donc au même point. Il faut dire que les belles paroles ne font pas pousser les réacteurs nucléaires et, surtout, ne les financent pas. Il va de fait être très intéressant dans les semaines et mois à venir de voir si M. « Quoi qu’il en coûte »  va pouvoir encore une fois dépouiller les français pour offrir à EDF les dizaines de milliards destinés à être gaspillés dans un nouveau fiasco nucléaire.

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Un titre bizarre ; un article intéressant

Gros con causer & le retour du nucléaire

https://www.partage-le.com/2021/11/15/gros-con-causer-l

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Relancer le nucléaire, c’est suicidaire ! (Inventaire des dangers négligés)

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/rela

Avec Fukushima, Tchernobyl, Kychtym et Three Mile Island, trois des quatre pays les plus nucléarisés au monde ont connu au moins un accident nucléaire majeur. Mais rassurez-vous, la France (pays qui compte le plus de réacteurs nucléaires par million d’habitants) ne court aucun risque… sauf si l’on se met à écouter certains scientifiques pour qui « on serait statistiquement sûr de connaître un accident [nucléaire] majeur dans l’Union européenne au cours de la vie du parc actuel » avec une « probabilité de 50% de le voir se produire en France. » Peu importe : pour Emmanuel Macron, tout ce qui compte, c’est de sauver EDF.

Le 9 novembre 2021, le président de la République a déclaré que de nouveaux réacteurs nucléaires allaient être construits en France. Avant d’être élu, Emmanuel Macron avait pourtant promis de réduire « notre dépendance à l’énergie nucléaire, avec l’objectif de 50% d’énergie nucléaire à l’horizon 2025 ». En prenant la décision de construire de nouveaux réacteurs, Emmanuel Macron trahit la démocratie, et aggrave la crise de confiance des Français envers leurs institutions politiques.

Pour l’anecdote, 192 pays sur 195 ont une part d’électricité produite par le nucléaire déjà inférieure à 50%, et la France, avec ses 76%, est, de très loin, en tête de ce classement ; première place qu’aucun dirigeant ne cherche à lui disputer. À l’instar de l’Italie ou de l’Allemagne, nombreux sont les pays à avoir renoncé au nucléaire civil après les accidents de Tchernobyl ou de Fukushima.

Sur un coup de tête, Emmanuel Macron expose chacun d’entre nous et chacun de nos enfants à des dangers colossaux, que nous sommes en droit de refuser. Un nuage radioactif ne s’arrêtant pas à une frontière, Emmanuel Macron met également en danger une part importante de la population mondiale, à commencer par nos voisins européens. Et n’oublions pas que les conséquences d’un accident nucléaire ne se bornent pas à l’espèce humaine : la radioactivité peut engendrer mutations et cancers sur toutes les formes de vies (et ce, même si les biopsies sur les cadavres d’animaux sauvages sont assez rares).

En prenant seul une décision aussi lourde de conséquences (une décision contraire au programme pour lequel il a été élu), Emmanuel Macron doit être conscient qu’en cas d’accident nucléaire, le peuple et les peuples voisins auront le droit de le considérer comme premier responsable, et de le juger pour mise en danger de la vie de millions de personnes (et ce, en connaissance de cause).

En 2019, la France comptait 58 réacteurs nucléaires pour 67 millions d’habitants, soit 0,865 réacteur par million d’habitants. Mais ce record mondial ne suffit pas à Emmanuel Macron ! Si tous les pays comptaient autant de réacteur par tête, nous passerions de 449 réacteurs à 6700 réacteurs nucléaires à la surface de la Terre. Le risque de survenue d’un accident nucléaire sur notre planète serait alors multiplié par 15. Si tous les pays du monde étaient aussi nucléarisés que la France (et sachant que 4 réacteurs nucléaires ont connu des accidents majeurs en l’espace de 37 ans), on pourrait s’attendre, en moyenne, à plus d’un Tchernobyl par an sur Terre ! En somme, si tous les dirigeants étaient aussi irresponsables qu’Emmanuel Macron, notre planète deviendrait vite inhabitable.

 Tchernobyl : des sols français encore très radioactifs

Obnubilé par le sauvetage d’EDF, Emmanuel Macron oublie d’évoquer la question des risques relatifs aux énergies nucléaires. Son excès de confiance rappelle celui du Général de Gaulle, qui jugeait improbable la survenue d’un accident nucléaire. Mais, contrairement à De Gaulle, Macron a à sa disposition le recul de l’Histoire. Comment peut-il nous parler de nucléaire en faisant abstraction de Fukushima, de Tchernobyl ou de Three Mile Island ? En occultant ces catastrophes – parmi les plus importantes de l’histoire humaine –, Emmanuel Macron essaie de les enfouir dans un passé lointain et révolu. Mais, en réalité, les effets de Tchernobyl et de Fukushima sont toujours d’actualité, et continueront de nous toucher durant plusieurs siècles. La demi-vie du césium 137 est de 30 ans (c’est-dire que la radioactivité de cet élément est divisée par deux en 30 ans), celle du plutonium 240 de 6500 ans et celle du plutonium 239 de 24400 ans. Et ce n’est pas un beau discours, fût-il prononcé par un énarque, qui changera ces réalités.

N’en déplaise aux journaux télévisés, le nuage radioactif de Tchernobyl a bel et bien traversé nos frontières. Pire, il s’est attardé plusieurs jours sur une grande partie du territoire français. Des épisodes pluvieux ont, par ailleurs, accru la fixation au sol des atomes radioactifs composant ces nuages. Ainsi, en 2015 (soit 29 ans après l’accident de Tchernobyl), l’activité en césium 137 mesuré à Vassieux-en-Vercors (village situé à plus de 2000 km de Tchernobyl) dépassait les 14000 Bq/m2. Près du col de la Bonette, « les niveaux de radiation au contact du sol dépassent toujours, sur les zones d’accumulation, des valeurs plusieurs dizaines de fois voire plus de 100 fois supérieures au niveau naturel ». Soulignant au passage les risques liés au fait de bivouaquer dans ces zones, la CRIIRAD considère que certains prélèvements de sol du Mercantour sont des déchets radioactifs (alors qu’au début du vingtième siècle, ces sols étaient dépourvus de césium 137). Outre le Mercantour, la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité) a mesuré de forts taux de radioactivité au césium 137 en Alsace, dans le Jura ou encore dans le Vercors. Sur ces territoires paissent des troupeaux de vaches et de moutons, dont la viande et le lait sont ensuite consommés.

Pour la CRIIRAD, outre le risque lié à la radioactivité des sols, « il faut garder à l’esprit le fait que l’exposition interne [notamment par ingestion de denrées alimentaires contaminées] peut constituer la part la plus importante [du risque radioactif pour l’humain] ». Toujours selon la CRIIRAD : « Concernant l’impact spécifique de Tchernobyl, on ne peut que déplorer que la réglementation en vigueur au niveau européen, plus de 30 ans après la catastrophe, ne porte que sur les produits importés, avec des limites d’activité massique inchangées depuis 1986 […]. La réglementation aurait dû être étendue aux productions et cueillettes issues des Etats membres de l’Union européenne dont certains ont été fortement impactés par les retombées de Tchernobyl et les niveaux de contamination admissible auraient dû être notablement abaissés […] compte tenu de l’évolution des connaissances sur les effets sanitaires d’une contamination interne chronique. »

Si la France préfère ignorer le risque radioactif post-Tchernobyl lié à sa production alimentaire, d’autres pays font preuve de plus de rigueur. Ainsi, en Norvège, plusieurs décennies après l’accident de Tchernobyl, des rennes d’élevage sont encore jugés impropres à la consommation, suite à des contrôles de radioactivité réalisés sur la viande ou sur le lait.

Cancers et accident nucléaire

Les risques radioactifs sont insidieux. Un cancer commence par un « accident » génétique à l’intérieur d’une cellule ; cellule qui va se mettre à proliférer de façon anarchique… Au moment de l’accident génétique, aucun biologiste ne se trouve dans l’organisme de la personne avec son microscope pour observer la cause de la cassure d’ADN ; cassure qui peut être provoquée par une molécule de pesticide, un atome de césium 137, un atome de plutonium, une molécule issue de la fumée d’une cigarette… Si bien que lorsqu’un patient cherche à connaître l’origine de son cancer, il se heurte à des médecins qui ne savent pas ou qui émettent des hypothèses (il faut également tenir compte du fait qu’un cancer est parfois diagnostiqué après plusieurs années d’évolution silencieuse).

À la vue des mesures de radioactivité effectués sur le sol français, il est vraisemblable qu’une part relativement importante des cancers diagnostiqués en France soit la conséquence des retombées radioactives de Tchernobyl (ce que tous les promoteurs de l’énergie nucléaire s’évertuent à nous faire oublier, comme l’on fait avant eux les industriels du tabac ou des pesticides). L’avantage des partisans du nucléaire est que leur pollution est invisible, qu’elle se fait oublier et que seuls quelques « hurluberlus » cherchent à la mesurer.

Quelle est la part des cancers imputables à Tchernobyl ? À ce jour, aucun scientifique n’est en mesure de le dire. Mais sachant qu’en France, des centaines de milliers de cancers sont diagnostiqués chaque année et que les cancers tuent chaque année environ cent cinquante mille Français, il n’est pas exclu que l’accident de Tchernobyl (bien que géographiquement lointain) ait fait, en France, plus de morts que le Covid-19. Il est à noter que dans notre pays, « le taux d’incidence du cancer, toutes localisations confondues » a fortement progressé entre 1986 et 2012. On ne peut pas démontrer que cela soit fortement corrélé à l’accident de Tchernobyl, mais cette croissance du nombre de cancers ne fait que renforcer une suspicion fondée sur des arguments scientifiques.

Beaucoup d’incertitudes… Toutefois, en laboratoire, tentez d’exposer des cellules humaines à de fortes doses de radionucléides, le résultat sera sans appel…  « Si des particules de plutonium sont inhalées ou ingérées, elles irradient directement les organes où elles sont déposées (le poumon dans le cas d’une inhalation). Une fraction du plutonium inhalé ou ingéré passe dans le sang et se dépose notamment dans le foie et les surfaces osseuses. […] Une quantité de l’ordre d’une dizaine de milligrammes est susceptible d’être à l’origine du décès d’une personne ayant inhalé, en une seule fois, des oxydes de plutonium. »

Tchernobyl a provoqué une explosion du nombre de cancers de la thyroïde en Ukraine, Biélorussie et Russie, en particulier chez les enfants. Un lien avec les leucémies a également été mis en évidence, notamment chez les jeunes enfants. Suite à l’accident nucléaire de Kychtym (accident « moins grave » que celui de Tchernobyl et de Fukushima), il a été observé, à 30 kilomètres de ce réacteur, un nombre de cancers 3,6 fois plus élevé et un nombre d’anomalies génétiques 25 fois plus élevé que dans le reste de la Russie.

Simulation d’accident nucléaire en France : jusqu’à 324 000 morts

Si Emmanuel Macron évite ces sujets, les assureurs, eux, s’y intéressent de près. Ainsi, en 2014, un courtier d’assurance modélisait « une explosion majeure à la centrale nucléaire de Saint-Alban située à 50 kilomètres de Lyon et 30 kilomètres de Saint-Etienne ». Modèle qui « permettait de déterminer les conséquences immédiates de la catastrophe et ses effets tardifs ». « Selon que des mesures de protection de la population sont prises ou non, le nombre de victimes évolue entre 104 178 et 324 384, dont une surmortalité à long terme de 100 000 pour des cancers ». Selon l’IRSN, « un accident grave comme Tchernobyl ou Fukushima [coûterait environ] 600 à 1000 milliards d’euros. » Frais que bien évidemment, aucune assurance ne couvre… S’il fallait assurer chaque réacteur à hauteur de 1000 milliards d’euros, le prix du mégawattheure exploserait, ce qui enterrerait définitivement la filière nucléaire.

Accident nucléaire en Europe : « une certitude statistique »

En 2011, Bernard Laponche, physicien nucléaire, et Benjamin Dessus, ingénieur et président de Global Chance, estimaient que « sur la base du constat des accidents majeurs survenus ces trente dernières années, la probabilité d’occurrence d’un accident majeur sur [le parc de réacteurs nucléaires] serait […] de 50% pour la France et de plus de 100% pour l’Union européenne. Autrement dit, on serait statistiquement sûr de connaître un accident majeur dans l’Union européenne au cours de la vie du parc actuel et il y aurait une probabilité de 50% de le voir se produire en France. On est donc très loin de l’accident très improbable. Et cela sans prendre en compte les piscines de stockage des combustibles irradiés, les usines de production et d’utilisation du plutonium, les transports et stockages des déchets radioactifs. […] La réalité, c’est que le risque d’accident majeur en Europe n’est pas très improbable, mais au contraire une certitude statistique. » Et ces calculs font abstraction du risque terroriste, et ce à une époque où certains sont capables de détourner des avions pour les envoyer sur des buildings…

L’EPR, la rançon de l’échec

Pour sauver EDF, Emmanuel Macron joue avec le feu, d’un côté, en prolongeant des centrales nucléaires qui ont dépassé leur date de péremption, de l’autre, en initiant la construction de nouveaux réacteurs, basés soit sur une technologie d’apprenti sorcier (le SMR) soit sur une technologie pour le moins douteuse (l’EPR). Certains évoquent la construction de six, dix, voire quatorze EPR, alors que la France n’est pas capable de terminer son premier EPR. L’EPR de Flamanville (qui devait initialement coûter 3,3 milliards d’euros) devrait finalement coûter au moins 19 milliards d’euros. L’EPR de Flamanville devait être construit en moins de 5 ans, mais ne sera toujours pas terminé après plus de 15 ans. Face à ce succès tonitruant, pas d’autres choix, pour le brillant énarque Emmanuel Macron, que de se lancer dans la construction de nouveaux EPR… Si l’EPR est un gouffre pour les finances publiques, c’est aussi un moyen pour d’autres de gagner « un pognon de dingue » (expression empruntée à notre président qui se plaignait, en 2018, de ce que coûte « les pauvres » à l’État).

Franchement, comment peut-on accepter de laisser à nos descendants la charge d’une collection d’épaves nucléaires que nous ne savons même pas démanteler ? Il suffit que l’une d’elles « explose » pour qu’une région devienne inhabitable, pour que, selon les caprices du vent, des particules radioactives imprègnent nos sols durant des siècles, créant ainsi de forts risques de cancers. Doit-on accepter qu’un homme seul, fût-il président de la République, se permette de jouer avec la vie de millions de personnes, et ce sur plusieurs générations ?

Mines d’uranium, déchets nucléaires et politique de dissimulation

Venons-en aux mines d’uranium. Pour Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la CRIIRAD, « les mineurs de l’uranium sont exposés en permanence [au rayonnement gamma] dont on ne peut pas se protéger, car même des vêtements en plomb n’arrêterait pas ces radiations. Alors si ces matériaux sont répandus pour faire des pistes et des routes ou encore pire dans des maisons [comme cela fut révélé à Arlit par des ONG il y a plusieurs années], cela veut dire que les habitants de ces lieux vont être exposés à ces radiations invisibles. […] Le suivi des travailleurs de l’uranium français montre un taux de décès par cancer du poumon 40% au-dessus de la normale et un taux de décès par cancer du rein 90% au-dessus de la normale. C’est pour cela que le suivi des mineurs du Niger est un enjeu très important, parce que les pathologies apparaissent souvent au bout de quelques années et parfois après quelques décennies. » Pour l’anecdote, l’uranium a une demi-vie de 4,5 milliards d’années (ce qui correspond à l’estimation de l’âge de la Terre). Lorsque de l’uranium est extrait, sont remontées à la surface des matières radioactives qui vont polluer l’air, l’eau, les sols et la chaîne alimentaire sur le très long terme… Et c’est ainsi que l’humain souille pour des milliers d’années de vastes espaces sauvages en Asie, en Afrique, au Canada, en Australie ou encore au Groenland.

Il y a aussi l’insoluble problème des déchets nucléaires, dont la durée de vie peut être de plusieurs centaines de milliers d’années, dont personne ne veut et dont certains finissent dans les mers. Plusieurs dizaines de tonnes de plutonium sont provisoirement entreposés à La Hague, alors que l’inhalation d’un dixième de milligramme de plutonium suffit à provoquer le décès d’une personne ! Mieux vaut éviter d’aborder l’hypothèse d’une attaque terroriste sur de tels sites de stockage… Faisons l’autruche, nous dormirons mieux.

Les arguments sont trop nombreux… Oublions le lien entre nucléaire civil et nucléaire militaire, et surtout oublions tous ces dictateurs sanguinaires qui, en moins d’un siècle, sont arrivés au pouvoir… L’humain est à la fois trop peu sage et trop faillible pour utiliser une énergie aussi dévastatrice que le nucléaire. Une grande majorité de pays se désengagent du nucléaire civil ou refusent de s’y lancer. La France est la seule à autant s’obstiner dans cette voie suicidaire.

Notons que, malgré l’assurance de notre président, certains ont essayé de passer sous silence, en France, deux accidents nucléaires de niveau 4 sur une échelle de 7 (7 étant le niveau de Tchernobyl et de Fukushima). L’un de ces accidents aurait même conduit au déversement de plutonium directement dans la Loire… Mais pas de souci, ayons confiance ! En 2021, « un cadre de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), qui sollicite le statut de lanceur d’alerte, a déposé plainte […], accusant sa hiérarchie de l’avoir placardisé pour avoir dénoncé une « politique de dissimulation » d’incidents de sûreté »… Mais pas de souci, ayons confiance !

 Le nucléaire peut sauver EDF, mais pas notre planète

Aujourd’hui, nous vivons une sixième extinction de masse. Le rythme de disparition des espèces est 100 à 1000 fois supérieur au rythme naturel d’extinction. Cette sixième extinction est liée à cinq phénomènes majeurs : 1°) la destruction et la fragmentation des milieux naturels, 2°) la surexploitation d’espèces, 3°) la pollution de l’eau, de l’air, des sols, 4°) l’introduction d’espèces invasives et 5°) le réchauffement climatique. La bataille doit se mener sur ces cinq fronts, et pas uniquement sur le climat.

Soit dit en passant, la vie a déjà résisté à d’importantes variations climatiques et atmosphériques. La vie serait même apparue dans une atmosphère très riche en gaz carbonique et quasi dépourvue de dioxygène.  Le réchauffement climatique qui se profile est grave et va entraîner de gros bouleversements, mais ce réchauffement, à lui seul, n’a pas un caractère apocalyptique (au sens où il ne va pas conduire, à lui seul, à une disparition de la vie sur Terre). Après avoir résisté aux météorites, aux périodes glaciaires, aux périodes volcaniques, la nature devrait réussir, bon an mal an, à surmonter un réchauffement climatique de quelques degrés (mais pas sans blessures graves).

Par contre, ce qui peut avoir un caractère apocalyptique est une combinaison de phénomènes qui ne cessent de s’emballer : ce réchauffement climatique fulgurant, mais aussi les dégâts radioactifs humains, la bétonisation des sols, la surpêche, la déforestation, l’utilisation massive de pesticides, la disparition des insectes pollinisateurs, l’épuisement des ressources, la pollution du plastique, la réduction des zones de tranquillité pour les animaux… C’est tout cet ensemble qui menace, à terme, l’équilibre de la vie sur Terre.

Pour promouvoir le nucléaire, fleuron de notre pays, beaucoup de grands médias français (loin d’être financièrement indépendants) ont tendance à ne parler que du réchauffement climatique et à occulter tous les autres problèmes, ce qui arrange bien les industriels français qui cherchent à vendre leurs centrales nucléaires décarbonées et leurs voitures électriques. Mais cette énergie nucléaire (qui n’a bonne presse qu’en France) est une dangereuse hérésie. Quant aux voitures électriques (pour lesquelles, en gros, ces nouvelles centrales seraient construites), leur fabrication nécessite l’extraction très polluante de nombreux métaux rares et l’émission de quantités faramineuses de CO2. Ainsi, en 2020, pouvait-on lire dans Le Monde, des cocasseries du type : « une voiture électrique produite et circulant en Chine, dotée d’une batterie fabriquée sur place, devra parcourir 180 000 km avant de commencer à compenser les émissions de CO2 qui ont été nécessaires à sa fabrication », et ce alors que la durée de vie d’un véhicule électrique est estimé à 195 000 km ! Arrêtons l’hypocrisie : acheter une voiture électrique, ce n’est pas sauver la planète, c’est continuer à la détruire. Sous prétexte de sauver le monde, Macron veut simplement sauver EDF et l’industrie automobile française.

Le combat contre le réchauffement climatique d’origine humaine est perdu depuis plusieurs décennies. C’est trop tard, nous ne faisons que péniblement limiter la casse. Construire des centrales nucléaires dans la précipitation (sur un coup de tête et sans référendum) ne fait qu’ajouter des problèmes insolubles aux problèmes déjà existants. Construisez quinze fois plus de réacteurs nucléaires dans le monde, vous obtiendrez quinze fois plus d’accidents et quinze fois plus de déchets… Non, ce qu’il faut, ce n’est pas renforcer le modèle actuel, beaucoup trop destructeur, mais changer de modèle, construire une société beaucoup plus sobre, afin d’essayer de créer une symbiose durable entre notre environnement et huit milliards d’êtres humains. Symbiose vers laquelle nous pourrions tendre en ayant recours aux énergies solaire, éolienne, hydraulique, mais aussi et surtout en faisant le choix de la sobriété.