Sous les cendres, colères et braises

« Certains désastres précipitent le salut, l’or du lendemain accoure sitôt les désolations, elles en deviennent soleils » écrivait Gide, vieillissant.

Nous sommes dans la désolation et viennent des désastres.

Mathématiquement, l’union des électeurs des gauches menait un candidat antilibéral à l’Élysée. Prosaïquement, les droits au travail eussent été renforcés, l’impôt rendu redistributif, les services publics, à présent empêchés d’aider, eurent permis plus d’égalités, les lois sécuritaires, la criminalisation des manifestants, étaient abrogées, les salaires augmentés, les droits réels des femmes garantis, la sortie du nucléaire programmée, etc…Dynamiquement, les milieux populaires, gagnant enfin après une élection, gagnant des droits, un avenir, du respect, ne déserteraient plus les urnes et certains ne voteraient pas Le Pen, dans cette guerre des pauvres contre de plus pauvres qu’eux que le libéralisme organise. Faute du sacrifice à cet intérêt supérieur des milieux populaires et par soucis partisans étriqués, quel résultat ? Qui va souffrir ?

Face aux malheurs intimes qui briseront tant de salariés, de précaires, de jeunes, licenciés à merci, corvéables jusqu’à l’os, interdits de futur, immobilisés dans l’incertain, qui peut se satisfaire d’entrer sous les dorures tocs des palais d’une République qui légalise l’exploitation, la légalisera davantage, qui discrimine et discriminera plus encore.

Certes, ont été balayés ceux qui, ces dernières années, multiplièrent les chèques en blanc au Medef, bref firent carrière à droite en croyant durer. Certes, n’ont pas été épargnés les godillots, tout suffisants d’eux-mêmes, qui à l’Assemblée, autorisaient cette trahison.

Mais cela servira peu si sont reconduites demain, à gauche, d’identiques façons de faire. Avec des partis caporalisés, des vassalités en cascade, le même monopole des paroles publiques autorisées, et ce ton insupportable qui prétend, à la place du peuple, dire ce que soi-disant pensent les milieux populaires.

Viennent cinq années de plomb. Nous les changerons en or peut-être. Si de nouveau, des luttes sociales, mille luttes sociales partout empêchent l’insécurité économique « en marche », l’insécurité écologique « en marche », l’insécurité sécuritaire « en marche », l’insécurité juridique « en marche ». Des luttes sociales qui repolitiseront en masse, d’abord des générations nouvelles, insoumises vraiment, insoumises d’abord aux structures verticales d’où qu’elles viennent, dans les partis, les entreprises, à l’école faite entreprise, dans les services publics managés sur le modèle du privé et par là détruits, etc…Cinq années salutaires peut-être, si dans une bataille de proximité contre l’audience du « patriotique » comme boussole, contre le bleu-blanc-rouge à la place du « rouge et noir » du mouvement ouvrier, l’identité de classe, l’égalité entre femmes et hommes, les combats contre tous les racismes (y compris le mépris de classe et certains vestiges coloniaux) refondent « la gauche » comme communauté. Cinq années salutaires, si celles et ceux que l’ordre politique réduit à n’être que représentés et « votants », bousculent enfin cet ordre, et cassent ces vieux mécanismes de la délégation politique, qui les dépossèdent du droit de directement se dire et de s’auto-gouverner (en toutes institutions).

« Nous n’avons pas besoin de maîtres, ni dans l’entreprise ni dans les partis ». Ce cri collectif sera l’or de demain, si s’élèvent des désastres qui s’annoncent, des résistances qui vont jusqu’au bout.

Willy Pelletier, sociologue, coordinateur général de la Fondation Copernic

fondation-copernic.org/index.php/2017/06/26/sous-les-cendres-coleres-et-braises/

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Le point de vue d’EP

out le monde ne peut plus faire grève comme en Mai 68

car soit pas de taff, soit stage ou intérim ou bref CDD

et aussi les usines ont fermé et parties en Chine

Restent :

blocage

occupation

boycott

ne plus consommer mais se partager la bouffe et autre en échanges solidaires autogérés

boycotter leurs centres de loisirs, leurs banques pourries

soutenir les rares salariés à pouvoir encore faire grève par caisses de grève et pickets extérieurs

éteindre BFM TV, descendre dans la rue et y rester

fuir ce monde et créer nos zones libres

résister comme sous l’Occupation car nous sommes occupés, toute notre vie l’est

apprendre la clandestinité ou au moins la confidentialité ; nous sommes tous sous surveillance

vider les prisons de tous ceux qui n’ont rien à y faire

et y mettre tous ceux qui nous dirigent et nous exploitent en nous menant droit à la cata, car de la survie de nos mômes ils s’en tapent

créer nos propres milices citoyennes et autogérer nos vies

Réponse de Camille

oui EP, faisons TOUT nous mêmes, en réinventant TOUT au passage 

et puis mettons nous d’accord sur le monde que nous voulons, et ses lois

prendre le pouvoir sans s’être entraîné à le partager AVANT ne servirait à rien 

d’où ma persévérance dans l’axe constituant – l’assemblée (pré)Constituante va reprendre en septembre sur la place de la République, chaque samedi 17h

convergence

Re commentaire d’EP

Oui, on avance

seule objection sur un point mais important cher Camille

attention, on a payé pour le savoir

tous ces leaders charismatiques  avant d’arriver au pouvoir

qui se transforment en dictateurs une fois arrivés avec ce pouvoir

ou en lavettes qui se couchent sous les pieds de l’Europe de la finance comme Tsiprassous ne voulons plus « PRENDRE LE POUVOIR »

il nous faut le partager avec difficultés, ténacité, recherche d’arrangements (Cf les splendides pages 24 et 25 du petit livre « Défendre la ZAD » paru le 9 janvier 2016, par le Collectif Mauvaise Troupe, sur la ZAD de notre dame des landes.

« Mois après mois, le mouvement s’attache à acquérir un art acéré de la composition, capable de transcender nos différences et nos différends, sans aplanir pour autant les enjeux éthiques et les tensions fertiles. […] C’est ainsi qu’au fil des conflits, dont nul ne peut nier la dureté, une certaine intelligence collective se dégage de la confrontation entre nos différentes sensibilités »).

et créer une PUISSANCE COLLECTIVE APTE A AUTOGERER NOS BIENS COMMUNS

et ceci sachant que nous ne serons jamais totalement d’accord sur ce que nous voulons

car ça n’existe pas et n’est même pas souhaitable, nous ne sommes pas des clones.