Expulsions à Hénin et Noyelles Godault

Les camps de Ste Henriette Hénin et du terril à Noyelles Godault ont été expulsés le 26 septembre. L’expulsion était annoncée depuis plusieurs jours. Certaines ont pu emporter leur caravane, d’autres non.

« Ce matin, deux campements sauvages ont été détruits ; à Hénin-Beaumont, grâce à la détermination de la municipalité. La loi a été respectée. »
Ainsi parle S. Briois, maire d’Hénin-Beaumont. On voit transparaître toute son humanité !

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Double évacuation de camps de Roms et de Monténégrins ce mardi 26, près de Sainte-Henriette

Ce mardi, deux campements proches du terril Sainte-Henriette et rue Jules-Verne ont été évacués lors d’une double opération programmée de longue date et coordonnée par la préfecture. Quelques-uns de ces nomades trouveront asile à l’hôtel, la grande majorité d’entre eux débute une nouvelle errance.

Les Roms attendaient hier après-midi des véhicules pour tracter leurs caravanes avant de trouver refuge sur un nouveau camp. Rue Jules-Verne, la démolition se poursuit toute la semaine.

La première de ces opérations visait le camp occupé au pied du terril Sainte-Henriette par des Roms (beaucoup d’entre eux venaient de la friche Bidermann entre Hénin et Montigny évacuée en 2016).

D’importantes forces de police de la circonscription ont pris position ainsi que des membres de la Police de l’air et des frontières, en présence du sous-préfet de Béthune. Les opérations qui avaient été annoncées se sont plutôt bien passées. «  Ceux avec qui ça pouvait poser problème étaient déjà repartis  », commente un policier.

Les forces de l’ordre étaient encore mobilisées en début d’après-midi : installées près de la ligne de chemin de fer qui mène à Dourges, les nomades devaient trouver des véhicules pour tracter leurs caravanes. Et toutes n’étaient pas en état de rouler.

Aucune association humanitaire n’était présente. Seule une Lensoise était venue porter assistance à une mère et ses quatre enfants de 6, 5, 3 et 1 ans : «  Je vais les faire dormir chez des amis en attendant. Ce qui se passe est inimaginable. Il n’y a pas d’assistance sociale sur place, pas d’aide, rien !  »

Des deux opérations, celle visant le camp de la rue Jules-Verne était la plus simple. Vers 7 heures, les engins de démolition ont fait leur apparition sur la friche occupée depuis plusieurs années par 24 personnes originaires du Monténégro.

Apatride

Depuis l’avis d’expulsion qui leur avait été signifié par huissier cet été, … la plupart des Monténégrins étaient presque toutes partis, certaines dans d’autres campements de fortune des alentours.

Seules restaient 6 personnes (deux grands-parents, leurs enfants et deux petits-neveux). Elles ont quitté les lieux.

Ce soir, elles dormiront à l’hôtel à Bully-les-Mines et «  demain à Hénin-Beaumont, pour deux ou trois semaines  », indique Jessica Ahmetovic. Les nuitées sont prises en charge par l’État qui a repris la main sur ce dossier. Il était important pour les Monténégrins de rester à Hénin-Beaumont où les plus jeunes des enfants sont scolarisés. Ensuite ? C’est plus flou. «  Les services de l’État essaient de voir comment débloquer des places d’hébergement, ils les accompagnent dans leurs démarches administratives  », rapporte Christophe Piteux, directeur de cabinet du président de la CAHC.

Des camps situés trop près des chantiers

L’expulsion des Monténégrins de la rue Jules-Verne relève d’une action commune portée par la CAHC, la municipalité d’Hénin-Beaumont, un propriétaire privé et l’aménageur Territoires 62. Pourquoi? En raison de travaux d’aménagement du nouveau réseau de bus débutés en juin rue Jules-Verne et situés juste avant le camp (voiries, espaces publics). Après une interruption en août, le chantier a repris ce mois-ci. Mais l’emprise du camp n’est pour le moment pas concernée par les travaux.

La démolition de la dizaine de baraquements devrait prendre la semaine. L’entreprise de traitement des déchets Theys est à la manœuvre. Les débris seront ramenés au centre de tri de Cuincy.

Nettoyage

Le camp de Roms de Sainte-Henriette se situait sur une emprise CAHC. L’expulsion avait été envisagée dès leur installation en 2016 puisque les travaux d’aménagement de la zone d’activité Sainte-Henriette faisaient courir un risque à la sécurité des personnes, selon la communauté d’agglomération. Des camions faisaient la jonction avec le chantier de construction depuis l’entrée de la zone, rue Emile-Zola à Dourges.

Depuis lundi, celle-ci a été interdite à la circulation par le creusement d’une grande tranchée afin d’éviter tout retour de caravanes…

L’entreprise Colas a été chargée par la CAHC de faire place nette. Il y en aura pour plusieurs semaines, l’endroit ayant servi de déchetterie à ciel ouvert. Chaque année, la CAHC dépense un million d’euros pour nettoyer les aires d’accueil sauvages.

Réactions

«  Soucieuse de rétablir la tranquillité des habitants et la salubrité publique la municipalité a initié, en avril, une rencontre entre les propriétaires impactés par la situation et a engagé une longue procédure administrative aboutissant à l’expulsion de ce mardi  », commente sur sa page Facebook, Steeve Briois. Le maire d’Hénin-Beaumont salue « la mobilisation de l’équipe municipale et des services aura permis, une nouvelle fois, de mettre fin à une situation intolérable et de faire appliquer la loi ».

http://www.lavoixdunord.fr/

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Message au Président de la République

Monsieur le Président,

Pour la quatrième fois depuis 4 ans , des familles rroms vivant en caravane sur un camp bidonville à proximité de Hénin-Beaumont viennent d’être expulsées . Parmi ces familles  des femmes seules avec plusieurs enfants dont certains de moins de un an . Elles vivaient avec le minimum de protection , le toit de leur caravane, elles n’ont plus rien pour certaines d’entre elles.

D’autres , qui vivaient depuis 7 ans sur un terrain dépendant de la communauté d’agglomération, se retrouvent aujourd’hui expulsées de ce lieu sans qu’aucune alternative ne leur soit proposée.

Pourquoi ces familles sont elles là? Parce que aucune autre solution ne leur a jamais été proposée. Ce n’est pas faute d’avoir entendu des promesses , celles notamment de votre prédécesseur à l’Élysée , ceci en 2012 alors en campagne électorale dans la région. Ses promesses étaient relayées par les élus communautaires souhaitant lui faire plaisir. Et puis rien , rien que des ordonnances d’expulsion et des terrains sauvages de plus en plus infâmes pour se poser un peu .

Pendant votre campagne aux élections présidentielles, vous avez déclaré ne plus vouloir faire le constat de personnes qui dorment à la rue . Aujourd’hui, la police de France sur ordre de la justice de France continue de jeter à la rue des personnes qui sont déjà pauvres parmi les pauvres .
Certes , elles sont de nationalité étrangère. Certes , elles sont venues chez nous parce que leurs pays d’origine avaient à leur encontre des conduites discriminantes.
Certes, elles sont en situation irrégulière car sans revenu suffisant pour prétendre à un titre de séjour mais la France n’ a t-elle pas une histoire et des moyens qui permettraient d’offrir à ces quelques personnes ( une pour mille habitants dans le secteur concerné ) un lieu, même temporaire, pour s’installer sans crainte d’être chassé?

Votre promesse , je la garde précieusement. Je veux avoir le faible espoir que, dans 4 ans, elle ne soit pas devenue à l’identique de celle du précédent président de notre pays.

Avec d’autres, je continuerai à apporter bénévolement  de l’aide à ces enfants, à ces femmes,  à ces hommes qui ont faim, qui ont froid, qui ont besoin de soin , qui ont besoin de considération. Je crains que , pendant encore longtemps, nous ne puissions pas  compter beaucoup sur les aides officielles . Accompagner ces personnes  coûterait pourtant moins cher à l’État que de les surveiller, les réprimer, que réparer les désordres occasionnés par l’abandon dans lequel on les contraint.

Liberté, Égalité Fraternité ?
Veuillez agréer mes salutations distinguées
J. Quentin

Une lettre presqu’identique a été envoyée au Président de la CAHC, JP Corbisez.

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Dernières nouvelles

Les nomades ont repris la route… sous surveillance de la police

Expulsées de leurs camps d’Hénin-Beaumont, les familles roms et monténégrines se sont mises à la recherche de nouveaux terrains d’accueil. Les forces de l’ordre ont pour consignes d’éviter toute réinstallation.

Installées à proximité du terril Sainte-Henriette, une quarantaine de Roms, Monténégrins et Bosniaques s’est retrouvée mardi sur les routes ( lire notre édition d’hier ). Ces familles, en quête de nouveaux terrains, engagent bien malgré elles un jeu du chat et de la souris avec la police, d’autant que, comme le confirment les services de la préfecture, «  il n’y a pas d’autorisation à se réinstaller sur des terrains d’accueil autres que ceux autorisés (dans la CAHC il n’y en a pas, ndlr). S’ils s’installent ailleurs, ils s’exposent à un démantèlement de leur camp  ».

Mercredi matin, une quinzaine de Monténégrins et de Bosniaques, dont de nombreux enfants, a trouvé refuge à l’arrière du magasin Stockomani.

Ceux-là n’étaient pas partis au cours des opérations d’expulsion.

«  En fait il y avait un troisième camp mais le terrain est tellement grand que les policiers ne l’avaient pas vu, rapporte une jeune femme. C’est quand ils ont vu un hélicoptère qu’ils ont décidé de partir et déménagé leurs caravanes la nuit.  »

« Rien ne se fait »

Très tôt, la Police nationale est intervenue leur ordonnant de quitter cette aire de fortune. Ce face-à-face tendu s’est finalement dénoué vers midi. Les caravanes ont été tractées jusqu’à un terrain près de la mosquée. Dix adultes et autant d’enfants y seraient installés.

Le Secours populaire d’Hénin-Beaumont, alerté par une bénévole de Médecins du monde, leur a apporté des vivres. Mais le provisoire est reparti pour durer constate amèrement cette dernière : «  Cela fait des années qu’on n’avance pas. Rien ne se fait, on ne peut pas se projeter, on déploie notre énergie à faire des démarches, des réunions, à répondre à des convocations. Et finalement, on arrive à l’expulsion.  »

Commentaires à cet article de Vdn 

1) Les Rroms ne sont nomades que contraints. C’est un peuple de sédentaires. Le scandale est que les différentes communautés -notamment européennes– font tout pour les expulser. Donc, à la longue, les Rroms deviennent souvent des nomades … forcés.

2) Pas de commentaire connu du maire d’Hénin. On peut supposer qu’il navigue entre deux eaux : il est content que les forces de police empêche toute réinstallation des Rroms ; par ailleurs, il ne doit pas être content que ces mêmes forces ne soient pas utilisées pour d’autres missions de répression ! C’est dur d’être maire et de faire respecter la loi !

3) Mais que fait la CAHC pour trouver, avec les associations, un point de stabilisation pour les Rroms ?