COP 23

Chacun se souvient un peu de la COP 21 qui a eu lieu à Paris en 2015 … peu de temps après le début de l’état d’urgence !

Chacun croit se souvenir que cet accord avait été applaudi parce qu’il prônait –entre autres- l’objectif  de ne pas dépasser 2°C d’augmentation de la température d’ici la fin du siècle.

Points essentiels

L’accord de Paris est un pont jeté entre les politiques actuelles et l’objectif de neutralité climatique fixé pour la fin du siècle.

Atténuer le changement climatique: réduire les émissions polluantes

Les pays ont convenu:

  • sur le long terme, de contenir l’élévation de la température de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels;
  • de poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C, ce qui permettrait de réduire largement les risques et les conséquences du changement climatique;
  • de viser un pic des émissions mondiales dès que possible, en reconnaissant que cette évolution sera plus lente dans les pays en développement ;
  • de parvenir ensuite à une diminution rapide des émissions, en s’appuyant sur les meilleures données scientifiques disponibles.
  • L’article 2 fait aussi référence au désinvestissement des énergies fossiles : « Le présent Accord […] vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques, […] notamment en […] Rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques. ».
  • L’objectif d’atteindre la neutralité carbone est affirmé à l’article 4 : « les Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais, (…) et à opérer des réductions rapidement par la suite (…) de façon à parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle ». C’est ce qu’on appelle le « zéro émission net » : diminuer nos émissions de GES pour que, dans la deuxième partie du siècle, elles soient compensées par les puits de carbone (forêts, océans, techniques de capture et stockage du carbone).

Avant et durant la conférence de Paris, les pays ont présenté des plans d’action nationaux sur le climat (CPDN – Contributions prévues déterminées au niveau national). Ceux-ci ne sont pas encore suffisants pour maintenir le réchauffement planétaire sous les 2° C, mais l’accord trace la voie pour y parvenir.

Transparence et bilan global

Les pays ont convenu:

  • de se réunir tous les 5 ans pour fixer des objectifs plus ambitieux, fondés sur les connaissances scientifiques;
  • de s’informer mutuellement et d’informer le public des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs;
  • de surveiller la progression vers l’objectif à long terme au moyen d’un système solide de transparence et de responsabilisation.

Adaptation

Les pays ont convenu:

  • de renforcer leur capacité à faire face aux conséquences du changement climatique;
  • d’apporter un soutien international continu et renforcé aux efforts d’adaptation des pays en développement.

Pertes et dommages

L’accord:

  • reconnaît l’importance de prévenir, limiter et traiter les pertes et les dommages associés aux effets du changement climatique;
  • reconnaît la nécessité de coopérer et de renforcer la compréhension, l’action et le soutien dans différents domaines, tels que les systèmes d’alerte précoce, la préparation aux situations d’urgence et les dispositifs d’assurance contre les risques climatiques.

Soutien

  • L’UE et d’autres pays développés continueront à soutenir les initiatives mises en œuvre dans les pays en développement pour réduire les émissions et renforcer la résilience face aux conséquences du changement climatique.
  • Les autres pays sont encouragés à apporter leur soutien, ou à continuer à le faire, sur une base volontaire.
  • Les pays développés entendent poursuivre leur objectif collectif de mobiliser 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020, puis jusqu’en 2025. Un nouvel objectif, plus ambitieux, sera fixé après cette période.

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Qu’en est-il au moment où démarre la COP 23 ?

Cette COP 23 est organisée par les Iles Fidji et aura lieu à Bonn (Allemagne) du 6 au 17 novembre. Elle doit mettre en place les accords de Paris. Vaste programme quand on lit le titre du journal Le Monde : « la bataille des 2°C est presque perdue ».

Une publication de l’étude du PNUE, et de nombreux commentaires laissent aussi à penser qu’il faut enterrer l’objectif des 2°C, à la veille de la COP23.

Un commentaire de M. Combes

https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/031117/urgence-climatique-faut-il-enterrer-lobjectif-des-2-c

Extraits

Urgence climatique : faut-il enterrer l’objectif des 2°C ?

A l’enthousiasme exagéré autour de l’Accord de Paris va-t-il se substituer un pessimisme généralisé sur l’impossibilité de maintenir le réchauffement climatique en deçà des 2°C ? Faut-il enterrer l’objectif des 2°C ou bien les nombreuses décisions politiques et économiques des Etats et des entreprises qui ne sont pas à la hauteur du défi climatique ?

« La bataille des 2°C est presque perdue » titre Le Monde. « Limiter à 2°C le réchauffement climatique est extrêmement improbable » surenchérit France Info. Tandis qu’Europe 1 ou Libération reprennent l’adjectif de « catastrophique » utilisé par l’ONU pour caractériser l’écart entre les engagements que les Etats ont mis sur la table et ce qu’il faudrait faire pour rester en deçà des 2°C. Reconnaissons que le huitième Emission Gap Report du Programme des Nations-Unies pour l’environnement, présenté ce 31 octobre à Genève, n’est pas passé inaperçu, notamment en raison des termes alarmistes utilisés par son directeur Erik Solheim.

A juste titre

Rien de neuf pourtant : on connaît les données du problème depuis longtemps, dès avant la COP21

Que s’est-il passé lors de la COP21 ? Depuis ?

Alors faut-il enterrer l’objectif des 2°C ?

C’est le manque d’ambition climatique des Etats qu’il faut enterrer

Disons-le autrement : ce n’est pas l’objectif des 2°C qu’il faut enterrer mais les décisions politiques et économiques qui ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Voici quelques exemples d’une liste non exhaustive de décisions récentes qui n’auraient jamais dû être prises :

  • quand une commission d’experts conclut que le CETA n’est pas climato-compatible, il est « inacceptable » qu’Emmanuel Macron et le gouvernement entérinent sa mise en application provisoire ;
  • quand on annonce vouloir mettre fin à l’exploration et l’exploitation des énergies fossiles sur le territoire national comme le prétend Nicolas Hulot avec sa loi sur les hydrocarbures, il est « inacceptable » de multiplier les exemptions pour préserver les intérêts des industriels et de refuser de limiter les importations d’énergies fossiles ;
  • quand on affirme que les dérèglements climatiques sont une priorité gouvernementale, il est « inacceptable » de supprimer le Fonds Vert français qui doit soutenir les efforts de la Polynésie et de la Nouvelle Calédonie, à peine un mois après Irma et seulement quelques jours avant la COP23 ;
  • quand on prétend assumer un rôle moteur dans la lutte contre le réchauffement climatique, il est « inacceptable » de revoir ses ambitions à la baisse comme vient de le faire l’Union européenne, avec la bénédiction du gouvernement français ;

Alors, oui, il est temps d’enterrer des politiques et des réflexes du siècle passé qui conduisent à un réchauffement climatique insupportable. Mais n’enterrons pas le seul article de l’Accord de Paris qui lui donnait un peu d’ambition : la barre des 2°C doit rester l’horizon indépassable des objectifs de politique climatique nationale et internationale. Demain, et c’est une bataille que nous devons mener aujourd’hui, les Etats, les multinationales et autres acteurs économiques qui contreviennent à cet objectif doivent même pouvoir être sanctionnés pour cela. L’Accord de Paris ne le permet pas. Trouvons d’autres moyens pour qu’il en soit ainsi. Ce devrait être un des enjeux de la COP23 : si les politiques menées par les Etats sont actuellement « inacceptables » comme l’affirme le PNUE, alors elles doivent pouvoir être sanctionnées.

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Un commentaire

Il peut être pertinent, pour des raisons tactiques, de ne pas abandonner l’objectif des 2 degrés. Ceci parce que c’est un engagement des Etats dans l’accord de Paris contredit par la réalité des politiques menées par ces mêmes Etats. Appuyer là où ça fait mal, sur les contradictions, peut être utile pour dénoncer leur duplicité, l’effet d’affichage.

Il me semble – et l’article de Maxime l’aborde de manière différente – qu’il ne faut surtout pas renoncer à accuser publiquement celles et ceux qui, de fait, l’enterrent, et de continuer à dénoncer la duplicité des dirigeants politiques.

J’accuse Macron, Nicolas Hulot, l’UE … d’enterrer l’objectif de 2 degrés de l’Accord de Paris.

Une information : d’après ce que j’ai entendu à la radio, le bassin méditerranéen constitue un amplificateur du réchauffement climatique. Là, on parle plutôt de 4 à 5 degrés ! Je crois que c’est le climatologue Philippe Dobrinsky qui disait ça.

Source de l’info sur la Méditerranée (Emission France inter et Reporterre) :

https://www.franceinter.fr/emissions/la-une-de-la-science/la-une-de-la-science-30-octobre-2017

Commentaire à ce commentaire

Je suis tout à fait d’accord avec cette position car nous sommes face à une véritable duplicité (discours / action), d’une incompétence crasse et d’un enfumage médiatique qui serait risible si la question n’était pas tragique. Qu’il s’agisse des questions environnementales ou climatiques, nous sommes en présence de politiques qui bafouent l’intérêt général et traduisent une forme de complicité écocidaire.