Une épidémie hélas prévisible

Passage du coronavirus de l’animal à l’homme

   Les 1ers cas de maladie provoqués par le coronavirus Covid-19 sont apparus en Chine, dans la province de Wuhan fin 2019. Ce n’est qu’en Janvier 2020,  que l’OMS – Organisation mondiale de la Santé- en a été informée.

         Ce virus serait passé du règne animal à l’humain – phénomène appelé zoonose- lors de la tenue des marchés locaux où à côté de la vente de légumes, viande, œufs, préparation de repas…, se vendent également pour l’alimentation humaine des animaux sauvages ou leur viande. Tels le pandolin- qu’on s’est empressé d’accuser-, des serpents et autres animaux exotiques.

         Ce n’est pas la 1ère fois que des zoonoses nous viennent d’Extrême Orient. Rappelons pour mémoire la grippe aviaire (plusieurs épisodes),  le MERS (Middle East Respiratory Syndrome Coronavirus), la grippe porcine mais aussi le SRAS – Syndrome Respiratoire Aigu Sévère- appartenant lui aussi à la famille des coronavirus.

         Cette situation propice aux zoonoses existe en d’autres endroits du monde. C’est le cas en Afrique centrale, et où est survenue l’épidémie particulièrement virulente Ebola, consécutive à la vente de « viande de brousse » provenant  d’animaux sauvages vendus sur les marchés.

Autres risques et facteurs aggravant

Les élevages industriels

         Il ne faut pas croire que le danger viendrait uniquement de pays lointains. Nous aussi, pays riches, qui faisons la leçon aux autres, et nous qualifions d’exemple à suivre, le tout sous couvert de technologie, haute maîtrise des processus, hygiène contrôlée…. construisons des bombes qui exploseront demain.

         Nous assistons depuis les années 1980 à la montée en puissance des élevages industriels. Des centaines voire milliers d’animaux (ferme des 1000 vaches, 100.000 poules …), vivent hors sol, confinés dans des hangars où ils ne sortent plus jamais, alors que leur mode de vie normal est à l’extérieur, au grand air.

         Jusqu’en 2006 l’Union Européenne a autorisé l’emploi systématique des antibiotiques dans l’alimentation animale comme activateurs de croissance des animaux. Par la suite ils n’ont été autorisés que lors de la survenue des maladies. Et quand des animaux vivent confinés par milliers, c’est bien évidemment tout le cheptel qui est traité via les aliments ou l’eau de boisson.

         De fait, ces univers concentrationnaires, confinés sont de véritable creusets fabricant des virus et bactéries multi-résistantes qui pour certaines vont s’hybrider avec d’autres.

         Cela affecte grandement ces élevages, mais peut aussi toucher l’humain.

         Concernant la grippe aviaire, il faut savoir que ce sont les élevages de porcs qui vont permettre à cette dernière de migrer chez l’humain, idem du  staphylocoque doré qui est devenu particulièrement virulent.

         Dès 2011 l’OMS s’est inquiétée de cette situation où nous humains nous accoutumons à ces antibiotiques qui pénètrent dans nos corps via la consommation de viande industrielle.

         Aussi a-t-elle sonné l’alarme : Nous ne sommes plus à l’abri d’épidémies graves et étendues, et cela d’autant que nombre d’agents pathogènes sont devenus résistants à quasiment tous les antibiotiques.

         Du coup,  nous devons faire usage des antibiotiques de dernier recours, qui sont hélas très peu nombreux. Voir à ce sujet la dernière déclaration de l’OMS, en lien avec le Coronavirus.

https://www.crashdebug.fr/international/6710-coronavirus-antibiotiques-l-inquieta

La mondialisation

         Du fait  du fort accroissement de la mondialisation  au cours des années 1990, on assiste à des trafics record de marchandises et de passagers qui touchent tous les continents, y compris des pays autrefois très repliés sur eux-mêmes.

         Conséquence : avec ces trafics, se développent des échanges incontrôlés et à notre insu d’éléments vivants venus d’ailleurs auxquels la nature et l’humain n’ont pas de défense (car pas exposés à ces situations auparavant) : insectes, plantes, graines, mais aussi d’éléments pathogènes : virus, bactéries, maladies …

         Pour mémoire, la 1ère grande épidémie mondiale fut la peste noire qui tua près du 1/3 des habitants Européens. Cette dernière était provoquée par des rats montés à bord des bateaux faisant le commerce entre l’Extrême Orient et nos contrées. Ces rats n’étaient que le vecteur, c’est à dire l’élément transportant les éléments pathogènes, à savoir ici des puces porteuses de la peste.

         Il est clair que dans cette épidémie de Coronavirus, le trafic aérien a agi comme une traînée de poudre. La Chine étant à moins de 24h d’avion !

Le réchauffement climatique

         Plus la température moyenne augmente, plus l’activité virale et bactériologique s’intensifie. Nous savons tous cela, où nous sommes priés de mettre la viande au frigo pour qu’elle reste saine.

         Une autre menace vient de la fonte du pergélisol (le sol gelé en permanence) qui libère des agents pathogènes jusque-là inactifs. A citer en 2016 : la mort d’un enfant ainsi qu’une forte mortalité des rennes.

https://www.politis.fr/articles/2018/12/la-fonte-du-permafrost-libere

L’affaiblissement et le recul de la biodiversité

        Plus la nature et le vivant sont riches en nombre d’espèces, et en diversité génétique, plus le système est stable et résistant.

         La perte et le recul important des forêts, espaces naturels, espèces, qu’elles soient végétales, animales, insectes, oiseaux … affecte cet équilibre. Aussi  assistons-nous à la montée anormale d’éléments pathogènes, maladies, du fait de la disparition, d’auxiliaires, prédateurs jouant des rôles fondamentaux.
Voir article de presse relatant nos responsabilités.

https://dailygeekshow.com/destruction-biodiversite-epidemie/

         Cela est vrai dans nos jardins, où l’insuffisance d’oiseaux, coccinelles, hérissons … favoriseront les pucerons et autres problèmes. C’est exactement la même chose qui se passe à d’autres niveaux. S’agissant de la maladie de Lyme, voir article « les renards, une arme efficace contre la maladie de Lyme » :

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/les-renards-une-arme-eff

Des politiques de santé pas à la hauteur de la situation

       Je développerai ce point ultérieurement dans un autre dossier

D’autres épidémies graves  se produiront

         Depuis les années 2000, on assiste à un développement des maladies émergentes, définition précise arrêtée en 2006 par l’OMS. Ce sont près d’une vingtaine de maladies qui sont ainsi apparues :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_%C3%A9mergente#Exemples_de_

         Du fait du réchauffement climatique, un certain nombre de maladies ou parasites ont franchi la méditerranée : arrivée d’insectes piqueurs provoquant la maladie de la langue bleue chez le bétail, arrivée du moustique Tigre, du virus du Nil, etc.

         S’agissant du paludisme, son aire d’extension ne cesse de croître, qui touchera à terme l’Europe.

Le prochain dossier traitera de la crise sanitaire 

Par Alain Vandevoorde, militant pour la défense du vivant et de l’humain ; le 6 Avril 2020