Le monde d’après

Dès le confinement, l’indignation et les réactions ont été fortes.

Le 21 Mars, soit 4 jours après le confinement, une tribune- Clic – ici – intitulée « À  l’union nationale,  nous préférons l’entraide générale. » est signée par 230 citoyens venant de tous les horizons – médecins, chercheurs, paysans, syndicalistes, journalistes ….

Ces derniers appellent la société civile à s’auto organiser et de faire en sorte que l’onde de choc mondiale du Covid-19 soit la « crise » de trop et marque un coup d’arrêt au régime actuel d’exploitation et de destruction des conditions d’existence sur Terre.

Conséquence première, un réseau de solidarité est créé : Covid – Entraide France.

En même temps sur les réseaux sociaux de nombreuses réactions d’indignation sont publiées, provenant de médecins, infirmiers en colère, simples citoyens, personnalités diverses  …Toutes prônent une rupture avec ce monde d’aujourd’hui insoutenable et responsable de cette crise mondiale et majeure.

Fin Mai, un plan de sortie de crise réalisé par 20 organisations Françaises diverses est publié, Voir article : de la CGT à Greenpeace, un plan de sortie de crise sociale et écologique qui revendique un changement profond du fonctionnement de notre monde, appuyé de revendications précises et fortes.

Pour lire ce plan de sortie :

https://www.agri-mutuel.com/politique-economie/20-organisatio

         A signaler également la naissance d’un mouvement  contre la ré-intoxication du monde.

https://reporterre.net/Le-17-juin-agissons-contre-la-

qui à partir d’une conviction forte : « Rien ne les fera bifurquer, si on ne les y contraint pas maintenant » propose des rassemblements, occupations, blocages.

         Dans un manifeste intitulé « Ce qui dépend de nous», l’association Attac, des militants et des chercheurs plaident pour une relocalisation écologique et solidaire, pour empêcher le « retour à l’anormal » et construire un « monde d’après » solidaire et désirable.

         De même nous assistons à la création d’un Conseil National pour une Nouvelle Résistance,

https://www.facebook.com/ConseilNationalDeLaNouvelleResistance/

qui nous rappelle le 1er CNR créé lors de la seconde guerre mondiale et destiné à reconstruire la France sur des bases progressistes, de justice sociale.

         Il est impossible de citer tous les appels et propositions à la construction d’un autre monde, plus solidaire, respectueux de la nature, du vivant, de l’humain … tant elles sont nombreuses.

         Il est clair que de plus en plus de personnes ont désormais intégré le niveau d’extrême gravité de notre situation environnementale.

         La survenue des canicules, sécheresses, et autres événements consécutifs au réchauffement climatique est bien sûr responsable de cette prise de conscience,  mais aussi l’effondrement du vivant, de 60% des vertébrés, et de 80% des insectes.

         Ce combat pour un autre monde dépasse les organisations traditionnelles, et est également porté depuis plusieurs années par différents mouvements de contestation et de désobéissance civile : Gilets jaunes,  Alternatiba, ANV-COP21, Extinction-Rébellion, Attac et bien d’autres encore …

         La survenue de cette crise sanitaire mondiale du Coronavirus a encore fait monter d’un cran cette indignation et exigence d’un autre monde, radicalement différent. Il s’agit là tant chez nous qu’ailleurs dans le monde d’un élément fort que les décideurs politiques ne peuvent plus ignorer tant ces aspirations, exigences sont aujourd’hui portées par une grande partie de leur population.

Je vous ai compris !

Tel est le discours officiel de nos dirigeants qui déclarent nous avoir entendus, avoir commis des erreurs, et tout faire pour corriger le tir, pas seulement en matière de santé, mais aussi face aux attentes fortes de transition écologique et lutte contre le changement climatique.

         A cette fin, différentes concertations ont eu lieu : et notamment la tenue d’une convention citoyenne climat et d’un Ségur de la santé.

Du discours aux actes, il y a un fossé !

         Afin de relancer l’économie, des sommes considérables ont été allouées à de nombreux secteurs d’activité : agriculture, tourisme …. (déjà évoqué dans le dossier N°6)

         20 Milliards ont été donnés aux entreprises dites stratégiques – Automobile, transport aérien –  sans aucune contrepartie environnementale, et cela malgré de nombreuses voix exigeant des mesures s’inscrivant dans la transition écologique et sociale.

         Lors de ce projet de relance économique, l’ONG Transparency International (T.I) a interpellé (sans réponse) le gouvernement afin qu’il communique tous les contacts pris avec les lobbyistes.  T.I estime qu’en démocratie, en temps normal, la transparence est cruciale ; aussi en temps de crise, devient-elle indispensable.

Voir leur tribune :

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/08/marc-andre-

         Afin d’avoir un aperçu de la situation des dossiers les plus importants, il convient de citer un document bien intéressant de Greenpeace qui fait là une synthèse  des promesses, discours avec en face la réalité des faits,

https://www.greenpeace.fr/ecologie-et-climat-le-bilan-catastr

         S’agissant de l’action du gouvernement en faveur du climat, là encore le compte n’y est pas où les ambitions sont inférieures à  l’accord de Paris de 2015.

         Les suites de la  convention Citoyenne sur le Climat l’attestent : pas moins de 7 propositions ont été retoquées, et pas des moindres.

Voir le communiqué de presse du RAC :

https://reseauactionclimat.org/convention-citoyenne-pour-le-cl

         La politique du gouvernement a même été taclée par le Haut Conseil pour le Climat qui qualifie son action d’insuffisante, marginale,

https://reporterre.net/Insuffisante-marginale-La-politique-du-go

         S’agissant de la santé, secteur oh combien délabré, et sensible en cette période de Coronavirus, le calme est loin d’être revenu où la colère persiste :

https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/30/segur-de-la-s

 

       Plus largement, au niveau du monde, la situation n’est guère plus brillante. Des multinationales s’apprêtent à porter plainte contre un certain nombre d’états ayant pris des mesures de protection de leur population lors de la pandémie du Coronavirus,  et cela au nom de la libre concurrence et des accords de l’OMC – Organisation Mondiale du Commerce- .

https://www.amisdelaterre.org/covid-19-ne-laissons-pas-les-multin

 

Ce monde d’après est loin d’être gagné !

       Alors que cette crise du coronavirus a créé un véritable séisme planétaire, mais aussi une attente, exigence d’un autre monde, jamais le fossé n’a été aussi grand entre les dirigeants de ce monde et nous,  peuples, citoyens.

         Rien n’a changé. Au delà du bla bla continuel destiné à nous endormir, la machine à produire et faire du fric continue à fonctionner à toute allure, quelque puissent être les dégâts pour le vivant et les humains.

         Oxfam dans son rapport 2020 Clic – ici nous révèle qu’au niveau mondial les 2153 milliardaires possèdent plus que 60% de cette même population. mondiale. En France, 7 milliardaires possèdent à eux seuls plus que les 30% les plus pauvres.

         La crise du coronavirus n’a provoqué chez nos dirigeants aucun sursaut, ni virage. Au contraire, la fuite en avant s’accélère. Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. En lieu et place de dialogue, le gouvernement utilise de plus en plus souvent la violence policière.

         Lors des manifestations  pour la défense de la santé et de l’hôpital public, une infirmière s’est même fait tabasser par les flics

https://la-bas.org/la-bas-magazine/au-fil-de-la-bas/petiti

, alors que quelques semaines auparavant le gouvernement n’arrêtait pas de les encenser pour leur courage, dévouement, mise en danger lors de cette pandémie.

         Le nouveau gouvernement Macron n’a pas pour but de changer de politique, mais de remplacer une équipe usée dont la côte de popularité est bien basse, et cela en vue de gagner les élections de 2022.

         Ce monde d’après est loin d’être gagné. Plus que jamais il est nécessaire de nous mobiliser, agir pour nous faire entendre, et exiger un changement radical de politique.

         Avec le plan de sortie de crise porté par 20 assos et organisations, et décliné en 34 mesures, nous ouvrons le champ des possibles et créons une dynamique pour construire un autre monde. A nous de nous en emparer, de poursuivre ce travail ensemble avec d’autres acteurs, et d’agir pour l’imposer  à nos dirigeants.

         Quand nos capitaines foncent sur les récifs, et refusent de changer de cap, il est vital et de notre devoir moral de nous mutiner, sous peine de faire naufrage et périr.

La maltraitance de la nature et de la vie ne sont possibles que parce que nous les laissons faire.

Et pourtant, nous sommes 1000 fois plus nombreux qu’eux.

Alain Vandevoorde, militant pour la défense du vivant et de l’humain