L’État bourgeois, sa police et « nous »

La répression des mobilisations contre la réforme des retraites révèle la violence avec laquelle la bourgeoisie mène sa lutte des classes contre les travailleurs et travailleuses.

Face à l’Etat, qui, en tant qu’instrument de domination de classe mobilise les dispositifs les plus agressifs du maintien de l’ordre, luttons pour partir à l’assaut du ciel et conquérir l’émancipation qui nous appelle !

Sommaire

  1. L’assassinat social de la bourgeoisie
  2. « L’État a le monopole de la violence légitime »
  3. La violence policière contre la classe ouvrière
  4. Nos pratiques militantes à re-travailler ?
  5. Travailleurs et travailleuses, l’émancipation nous appelle !

L’assassinat social de la bourgeoisie

Contrairement aux ayatollahs néolibéraux et de l’économie classique jusqu’aux idéalistes de gauche qui se vantent de cette étiquette politique seulement lorsque leur propriété et leur trajectoire sociale ne sont pas remises en cause, la destruction méthodique et progressive de notre Régime Général de la Sécurité Sociale est l’un des phénomènes les plus révélateurs de la lutte des classes entre la bourgeoisie – et la petite-bourgeoisie -, contre la classe ouvrière – entendu dans son sens le plus large (ouvriers et employés de l’industriel et du tertiaire, on peut également discuter des professions intermédiaires). Au risque d’être accusé de m’inscrire dans une orthodoxie marxiste dans lequel je ne me reconnais pas, le moteur de l’histoire est bel et bien la lutte des classes. Depuis maintenant 5 années, après une certaine accalmie politique, on ne peut que constater que la classe ouvrière est en train de mener une lutte admirable contre les classes dominantes, qui, depuis longtemps, n’avaient pas connu de dynamique populaire aussi forte : manifestations contre la loi El-Khomri, loi travail XXL, les Gilets-Jaunes, aujourd’hui la réforme des retraites, sans oublier les multiples luttes écologistes contre les projets divers de déstabilisation environnementale (barrage de Sivens, les ZAD, les méga-bassines à Sainte-Soline etc.)

Pour autant, malgré les millions de travailleurs et de travailleuses dans la rue, l’Etat bourgeois ne cède pas. Contrairement au capitalisme fordien dans lequel le développement social s’équilibrait, en partie seulement, avec le développement économique, le capitalisme néolibéral n’accorde plus aucune forme de compromis. Sa force désirante est si grande qu’il tente de reprendre l’ensemble des conquêtes sociales ouvrières gagnées au siècle dernier, et plus loin  encore. Le gouvernement d’Elisabeth Borne, composé à 44 % de millionnaires (19 sur 43) faisant de lui le plus riche gouvernement de l’histoire de la 5ème République, œuvre à cette reprise en main du totalitarisme bourgeois. Depuis plusieurs mois, il use de mensonges et d’arguments libéraux pour justifier la réforme des retraites : système déficitaire, remboursement de la dette, augmentation de l’âge de la retraite pour augmenter les rentrées de cotisations sociales, loi féministe etc.

Tous ces arguments fallacieux doivent répondre au fameux « trou de la sécu », un mythe construit politiquement pour éviter d’assumer le besoin de financement de notre Régime Général. L’expression « besoin de financement » change la logique : quels moyens devons-nous mettre en œuvre afin de répondre aux besoins sociaux de la population ? Si le système de retraite est en difficulté, la raison est inhérente au mode de production capitaliste néolibérale qui désire une accumulation sans limite du capital avec la déréglementation internationale des marchés des capitaux, la financiarisation de l’économie, l’application d’une concurrence accrue sur les marchés internationaux, le libre-échange etc. Dans le cas de la France, notre Sécurité Sociale est fondée à partir du travail, grâce à la socialisation d’une partie de la valeur produite par les travailleurs et les travailleuses. Cette socialisation se réalise par les cotisations sociales pour ensuite redistribuer le salaire socialisé (retraite, allocations familiales, chômage, santé etc.). Or, le capitalisme néolibéralisme, par la précarisation du marché du travail, le chômage de masse, la compression des salaires, les délocalisations, les mesures d’austérité, l’arrêt de l’augmentation du niveau de cotisations salariales et leurs exonérations, bloque la croissance des ressources et engendre une impossibilité de répondre aux besoins sociaux de la population. Le fameux “trou de la sécu” est donc une construction historique et politique provenant d’une volonté de la bourgeoisie de revenir sur les conquêtes du mouvement ouvrier (Duval, 2020).

Si il y a plus de 170 ans, Friedrich Engels (1845) accusait la bourgeoisie anglaise de meurtre social contre la classe ouvrière, cette incrimination reste pertinente pour notre période : la bourgeoisie procède d’un véritable assassinat social contre le prolétariat – terme que je préfère puisque l’ensemble des actions antisociales menées par les classes dominantes sont préméditées. Certains me diront que les ravages de l’industrialisation du 19e et du début du 20e siècle ne sont pas comparables aux conditions du travail actuel. Certes. Cependant, le procès d’exploitation n’a pas disparu, il a seulement évolué dans ses formes tout en restant en accord dans son fondement par la présence de la propriété privée et du rapport salarial, véritable système totalitaire. En effet, par un retournement de sens dont le capitalisme a le secret, la liberté est définie comme le droit pour une poignée de gens de détenir et d’exploiter les gens, d’utiliser leurs forces de travail, leurs corps, leur esprit, et de s’approprier le tiers de leurs vies à des fins de profits personnels.

Ce qui change avec le capitalisme, en comparaison des autres modes de production, c’est qu’il a intégré la mort au sein du travail. Tous les jours, l’exploitation mutile les corps : le nombre de déclaration en 2019 (accidents du travail et de trajet ; maladies professionnelles) est estimé à un peu plus d’1,5 million pour 65 millions de jours d’incapacité temporaire (IT) ; que dire également des 1200 décès annuels de l’activité professionnelle faisant de la France la première nation européenne des accidents mortels et non-mortels ; les centaines de suicidés du travail ; les 16 000 travailleurs qui contractent annuellement un cancer en raison de l’absorption d’agents cancérigènes ; les 10 000 morts du chômage par an ; les immolés devant Pôle Emploi ; les 135 000 ouvriers qui seront morts d’ici 2025 à cause de l’amiante ; l’écart de 7 ans d’espérance de vie entre les ouvriers et les cadres, un chiffre qui monte à 13 ans pour les 5 % les plus pauvres.

« L’État a le monopole de la violence légitime »

L’histoire nous enseigne que les conditions matérielles délétères des classes populaires poussent ces dernières à s’organiser et à se mobiliser contre la domination sociale qu’elles subissent collectivement. Or, la grande majorité du temps, la seule réponse de l’Etat est la violence de la force armée et juridique. A chaque grève, à chaque manifestation, le moindre « débordement » d’un manifestant est qualifié comme une atteinte à la République. La seule violence illégitime est celle des travailleurs et des travailleuses, non celles de l’exploitation capitaliste et de la police. Ainsi, lorsque le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, déplore la « radicalisation du mouvement social », ce propos sert à justifier la violence policière. Ce principe de justification est réalisé également par la manipulation de concepts sociologiques que Gérard Darmanin méconnaît grandement, comme « le monopole de la violence légitime » de l’Etat, concept de Max Weber qui ne sert pas, contrairement à ce qu’affirme le ministre, à justifier l’action de la police, mais à révéler et constater un rapport de pouvoir entre l’Etat et les citoyens.

Ce rapport de pouvoir se matérialise par l’envoi de la force armée afin de réprimer les manifestations quelle que soit leur forme (mobilisation, sit-in) ainsi que les grèves (arrêt du travail et blocage). Au risque de paraître pour un marxiste orthodoxe, si on doit réduire l’Etat à son entité la plus petite, ce sur-quoi il tient, c’est la force armée. Et le pourquoi de la présence de la force armée, c’est le rôle de l’Etat lui-même. C’est un instrument de domination de classe, une machine froide qui permet légalement de mener l’exploitation des classes opprimées. Pour revenir sur la police, au-delà d’actions et de missions utiles à la population, elle fait partie de l’appareil répressif de l’Etat. Louis Althusser nomme « appareil d’Etat » les instruments répressifs (armée, police, lois juridiques, prison) au service des classes dominantes que ces derniers mettent en œuvre dans la lutte des classes contre le prolétariat. L’appareil d’Etat, c’est donc l’appareil répressif de l’Etat bourgeois, aidé par les appareils idéologiques (système de l’information médiatique, système politique, système culturel etc.) que l’Etat utilise pour se justifier d’exister comme il existe.

La violence policière contre la classe ouvrière

Dans des articles précédents, j’ai montré comment la violence et le racisme sont incorporés au sein même du système policier, et que les pratiques de répression se sont aussi constituées sous le capitalisme colonial. La violence policière est un phénomène structurel et quotidien. On ne compte plus les témoignages de victimes, les lanceurs d’alertes au sein même de la police ou encore les rapports d’ONG (Amnesty international 2011, bis, 2020 ; ACAT, 2016), qui démontrent la brutalité de la police : propos racistes, sexistes et homophobes, verbalisation excessive de personnes non-blanches, usages illégitimes de la force pendant les interpellations – notamment sur des personnes au sol ou inoffensive – et pendant les gardes à vue (fractures, ecchymoses), apologie du terrorisme, privation de nourriture et d’eau, refus de soin médical, décès pendant les interpellations et au commissariat. Les rapports notent également des faits contre les enfants : contrôle au faciès et humiliations sur des enfants de moins de 13 ans (Défenseur des Droits, 2017 ; HRW, 2016, 2020) dont l’État fut condamné par la justice en 2017 ; violences aggravées principalement sur des enfants racisés (coma, perte d’oeil etc.). J’ai réalisé un recueil plus complet dans deux articles antérieurs (Marcuss, 06/20 ; Marcuss, 12/20).

Ces transgressions à la déontologie policière sont d’un niveau élevé, en particulier dans les quartiers populaires à l’encontre de ses habitants et habitantes. Mais la violence policière, si elle est restée confinée quelque temps dans ces territoires ségrégués, a resurgi de manière accrue depuis 5 ans. Si on peut citer les manifestants contre la loi El-Khomri, c’est surtout la répression du mouvement des Gilets-Jaunes qui a visibilisé à nouveau la finalité de la police et de la justice. Avec le décès de Zineb Redouane causé par une grenade lacrymogène lancé par un C.R.S, on comptabilise des centaines de blessés dont 24 éborgnés, 5 mains arrachées, 315 blessés à la tête, plus de 10 000 gardes à vue et 3 000 condamnations dont un tiers pour de la prison ferme (Libération, 2019) ! L’appareil répressif de l’Etat s’est mis en marche : répression policière et justice de classe.

Depuis le début des manifestations et des grèves contre la réforme des retraites en janvier 2023, l’Etat a mis en place quasiment tous les moyens répressifs pour maintenir la paix sociale, c’est-à-dire le maintien de l’ordre social bourgeois. L’ONG Amnesty International, le Conseil de l’Europe ou encore du Syndicat de la magistrature ont fait part de leur inquiétude à la suite des violences policières, mais aussi des gardes à vue abusives à Paris dont on constate que les personnes interpellées n’ont souvent rien à se reprocher. Pour maintenir l’ordre, la préfecture a investi le 20 mars 2022 les BAC (brigade anti-criminalité) et les Brav-M, qui, comme l’exprime Sébastian Roché, docteur en sciences politiques spécialisé en criminologie, « sont les outils les plus agressifs du maintien de l’ordre qui existent ».

Si les Bac et les CRS sont plus connus, la Brigade de répression de l’action violente motorisée (Brav-m) est un nouvel outil de l’Etat. Crée en 2019 par le préfet de police de Paris Michel Delpuech afin de réprimer les mouvements de Gilets Jaunes, son successeur Didier Lallement, autre chantre de la mutilation ouvrière, généralise ce dispositif à l’ensemble des manifestations. La violence de ces policiers casqués et motorisés est quasi sans limites comme on le constate depuis plusieurs semaines : propos humiliants, menaçants et intimidants, propos racistes et antisémites, violences physiques, agression sexuelle, menaces de crime (vidéo ici, ici, ici). Je dis bien presque sans-limites puisque le meurtre n’est pas encore à l’ordre du jour, mais il est important de se souvenir que les brav-m sont la résurgence des PMV (pelotons de voltigeurs motorisés) qui ont existé entre 1969 à 1986 avant leur dissolution après le meurtre, par cette brigade, de l’étudiant Malik Oussekine. Pour autant, le nouveau patron de l’appareil répressif étatique parisien, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, affirme que le démantèlement des Brav-m n’est « évidemment pas à l’ordre du jour ». Si les unités mobiles, comme les BAC ou les Brav-m sont très prisées par les préfets pour leur autonomie d’action, elles sont critiquées par les C.R.S pour leur « brutalité » et leur « manque de professionnalisme » !

Pour finir, le ministre de l’intérieur et le préfet de police de Paris opèrent une nouvelle stratégie pour le maintien de l’ordre. S’ils continuent d’utiliser les nasses (encerclement des manifestants par un cordon policier), ils associent l’usage des gaz. Or, comme l’explique Sébastian Roché, l’association des nasses et des gaz relève d’une absurdité stratégique puisque la première est faite pour enfermer des individus et les gaz pour les disperser. En réalité, on voit bien la réelle stratégie gouvernementale : faire peur et réprimer les travailleurs et les travailleuses.

Nos pratiques militantes à retravailler ?

Pour lutter contre la domination sociale de l’Etat, nous devons questionner nos modes d’action. Ce qui doit nous interroger, c’est le fait qu’on utilise, nous, travailleurs et travailleuses, les mêmes formes de mobilisation que le siècle dernier alors que les données sur le terrain ont changé. Ainsi, on manifeste, on fait grève, on se fait réprimer par l’Etat policier, la réforme et/ou la loi passe, et on recommence. Comme l’exprime Geoffroy de Lagasnerie (2020), on a l’impression que « faire l’expérience de la politique (…) c’est faire l’expérience de l’impuissance ». Comme l’exprime le philosophe libertaire, il faut questionner nos modes d’agir (la grève, la manifestation, le sit-in, le boycott, la pétition etc.) pour être le plus efficace possible dans nos luttes. Par exemple, la grève reste une forme d’action privilégiée par les syndicats. Par sa grandeur historique, elle n’est pas une forme de lutte questionnée. Or, si au 20e siècle, le syndicalisme était en capacité de mobiliser plusieurs millions d’ouvriers pendant des jours voire des semaines entières avec notamment des prises de possession des usines, ceci n’est plus possible aujourd’hui. Elle est moins efficace globalement car elle a besoin d’être massive, longue et dans des secteurs stratégiques : raffinerie, transport, éducation nationale etc.

Qu’on soit clair, je ne suis pas contre la grève, j’estime beaucoup cette modalité, je pose simplement le problème qu’elle n’est pas assez questionnée dans son efficacité aujourd’hui, et qu’elle n’est peut-être pas, dans certaines situations, la meilleure possibilité. Ceci doit nous amener à réfléchir, découvrir et/ou transformer des modes d’action, autant au local comme au national, afin de lutter collectivement contre la domination sociale. Par exemple, l’action directe engagée par les manifestants à travers des mobilisations non-déclarées est intéressante. Par cette forme improvisée on impose notre présence à l’État, on déstabilise les formes consensuelles des marches « République à Nation » dont le chemin est accepté par la préfecture et contrôlé par la police. Ce n’est pas pour rien si Gérard Darmanin diabolise ce mode d’action en inventant des lois pour d’une part interdire ces rassemblements impromptus et d’autre part pour justifier leur répression. Ce n’est pas sans un certain plaisir de constater que le ministre est remis en place par le Conseil d’Etat sur la prétendue illégalité de ces rassemblements.

Dans nos modes d’action, la question de la violence militante et de l’illégalité est importante. Pour seuls le capitalisme et l’Etat auraient le droit de les utiliser ? La bourgeoisie opprime les travailleurs et les travailleuses, la classe politique détruit nos droits sociaux et politiques, la police réprime, mutile, contrôle au faciès. Pour ne prendre qu’un exemple, le haut fonctionnaire Michel Cadot a été condamné 135 fois d’affilée pour entrave au droit d’asile en une semaine lorsqu’il était préfet de police de Paris sans aucune répercussion sur sa carrière politique. Il a fallu qu’il tombe tout seul à vélo pour qu’il soit remplacé de son poste ! Il faut donc questionner la violence parce qu’elle est un fait anthropologique de nos sociétés : la violence ne peut qu’exister dans un monde social fait de contradictions. Il faut aussi questionner la violence face à cette réalité historique : les seuls grands changements politiques et les conquêtes sociales sont le fruit d’une violence populaire répondant à la violence socio-économique que subissent les travailleurs et les travailleuses et le mépris politique qui l’accompagne. Comme l’explique Frédéric Lordon, c’est toujours l’Etat qui fixe le niveau de violence dans une société.

Ceci n’est pas un plaidoyer pour la violence. Je suis absolument contre la violence physique et l’atteinte à l’intégrité d’autrui, mais la question du sabotage sans mise en danger d’autrui, de la reprise collective d’institution, de l’atteinte aux biens capitalistes, sont des exemples à questionner.

Pour finir, je reprends un constat de Bernard Friot qui pointe que nous luttons toujours sur une base défensive. On se bat en réaction à l’action gouvernementale, contre une réforme ou une loi antisociale mais jamais pour revendiquer quelque chose. Pire encore, nous considérons comme une victoire le simple retrait d’une loi/réforme alors que nous ne gagnons rien, seulement un retour à un état initial, le maintien du statu-quo. En réalité, notre seuil désirant est trop faible. Pourquoi ne sommes-nous plus capables de nous mobiliser pour revendiquer une sixième semaine de congés payés ? Une revalorisation du SMIC ? Une augmentation des cotisations sociales ? Une meilleure taxation du capital ? Un salaire à vie ? Or, l’histoire nous montre qu’une classe sociale qui reste sur la défensive dans la dynamique de lutte des classes perd progressivement. Ainsi, le seul moyen de ne pas perdre ses droits sociaux et politiques, c’est de les dépasser en arrachant toujours plus de conquêtes aux classes dominantes.

Travailleurs et travailleuses, l’émancipation nous appelle !

Si la lutte sociale contre la réforme des retraites est difficile, la nouvelle loi travail le sera d’autant plus dans quelques mois. La férocité menée par la bourgeoisie dans la lutte des classes est sans limite et leur abnégation serait presque admirable si elle n’était pas menée contre nous. Mais aurons-nous encore assez de force pour lutter contre une nouvelle lutte défensive ? Rien n’est moins sûr, même si, depuis 5 ans, on observe un regain de lutte sociale chez les travailleurs et les travailleuses. Malheureusement, la prochaine loi antisociale sur l’immigration passera sans beaucoup d’opposition notamment à cause de la prégnance du racisme d’Etat qui divise et oppose la classe ouvrière. Le racisme d’Etat est un opportunisme bourgeois permettant de reproduire les conditions des rapports de production capitaliste en se protégeant de l’unité de la classe ouvrière. Il diffuse un racisme d’En Haut, c’est-à-dire construit historiquement par les classes dominantes pendant les périodes coloniales.

Il est aujourd’hui, plus que nécessaire, autrement dit de l’ordre de l’indispensabilité, de retrouver une identité commune au-delà de nos contradictions de genre ou ethno-raciaux – ce qui ne revient pas à nier ou euphémiser leurs enjeux. Face à une bourgeoisie dévorante et vampirisante, nous devons travailler, à l’échelle du local comme au national, à renouer des liens plus forts entre les travailleurs et les travailleuses, à se rassembler sous une appartenance commune de classe dont la période actuelle est propice à y travailler. La classe ouvrière doit conquérir son émancipation sociale, comme dirait Marx, en partant à l’assaut du ciel !

Bibliographie

  • Duval, J. (2020). Le mythe du « trou de la sécu ». Raisons d’Agir.
  • Engels, F. (2021). « La situation de la classe laborieuse en Angleterre ». Les Editions Sociales.
  • de Lagasnerie, G. (2020). Sortir de notre impuissance politique. Fayard.

Marcuss, abonné à Mediapart