Pour une amélioration de la qualité de l’eau distribuée

La pulvérisation continue et généralisée de pesticides sur d’immenses surfaces provoque à une vitesse effroyable une destruction massive du Vivant

Pire que pire est une amère réalité ! Pire que le réchauffement cimatique, l’extinction massive et extrêmement rapide des espèces et des êtres vivants est une catastrophe systémique foudroyante dont le terme « biodiversité » peine à démontrer l’ampleur. Nous sommes bien loin des confuses et ridicules techno-solutions que proposent les adeptes de la croissance et du progrès. Le système productiviste agro-industriel apparaît comme la cause majeure de ce désastre par son emploi continu et généralisé de produits tueurs de la Vie, les pesticides.

Comment en est-on arrivé là ?

L’agriculture a été inventée il y a 10.000 ans environ. Son but fût de s’affranchir de la cueillette de plantes sauvages ainsi que de la chasse aux gibiers. Des plantes furent sélectionnées et des animaux furent apprivoisés et domestiqués Cette agriculture fût essentiellement vivrière mais elle a été à l’origine de systèmes politiques et religieux initiés par des hommes épris de puissance et de domination, à l’origine des guerres et du terrible système patriarcal.

L’agriculture paysanne était encore très présente dans les campagnes au cours des années 1950/60. Le travail au champ et à l’étable était rude mais les paysannes et paysans étaient joyeux et se réunissaient à l’époque des récoltes pour s’entraider et fêter la fin des moissons.

Tout est devenu différent, triste et dévastateur, avec le passage d’une agriculture familiale à un système industriel ! C’est au début des années 1960 que le Centre National des Jeunes agriculteurs (CNJA) a demandé des mesures qui permettraient aux exploitations petites ou moyennes mais potentiellement viables de se moderniser. La France s’est alors dotée d’outils législatifs puissants, la Loi d’Orientation Agricole de 1960 puis la Loi complémentaire de 1962 (dite Loi Pisani), qui ont enclenché la « modernisation » de l’agriculture. A l’échelle européenne en outre, la Politique Agricole Commune (PAC), rédigée à l’occasion du Traité de Rome de 1957 et entrée en vigueur le 30 juillet 1962, s’est avérée résolument productiviste. Seules, les structures agricoles de taille moyenne de 30/50ha, disposant d’outils modernes et mobilisant des pratiques agronomiques intensives, ont été favorisées. De très zélés Ingénieurs du Génie Rural, des Eaux et Forêts (IGREF) ont mis en œuvre cette politique. Le remembrement agricole a été l’outil technocratique majeur pour agrandir les parcelles et bouleverser le parcellaire. Les paysages ont été massacrés. Les champs ont été agrandis entraînant la disparition de 835.000 kilomètres de talus et de haies et engendrant un cortège d’effets négatifs sur l’environnement : destruction d’habitats écologiques et de zones humides, chute de la biodiversité, ruissellement des eaux, érosion des sols. La France qui comptait 2,3 millions d’exploitations agricoles en 1955 n’en a plus que 416.436 en 2020.


L’agriculture s’est de plus en plus industrialisée pour devenir un « système agro-industriel » sous la dépendance de plus en plus étroite des entreprises agro-chimiques qui ont favorisé l’introduction de semences présélectionnées et prétraitées, de monocultures sur de grandes parcelles, de traitements chimiques systématiques. Les résultats sont terrifiants : les sols sont morts, les populations d’insectes se sont effondrées, le nombre d’oiseaux et de chauves-souris a fortement diminué, tous empoisonnés. Les eaux souterraines et superficielles sont polluées.

Des solutions existent-elles ?

Contrairement aux récriminations permanentes de la FNSEA qui prétend qu’il n’existe pas d’alternatives crédibles et efficaces aux pesticides, d’autres façons de cultiver existent mais elles exigent un retournement complet des mentalités. Il existe actuellement des mesurettes bien sympathiques comme les Cultures Intermédiaires Pièges À Nitrates (CIPAN) mais bien insuffisantes pour restaurer la qualité des eaux. Il est indispensable de retrouver la vitalité des sols pour espérer retrouver des eaux de bonne qualité. Et en plus, des sols vivants captent les gaz à effet de serres (GES) et constituent d’immenses pièges à carbone autrement plus efficaces que ces piètres pièges industriels que prônent les amateurs de solutions techniques.


Les apports organiques réguliers et un travail du sol, limité ou nul, réduisent l’oxydation du sol et favorisent son activité biologique (microorganismes, faune), rendant les plantes moins vulnérables aux bioagresseurs souterrains et aériens. Cela favorise les mycorhizes, champignons filamenteux vivant en symbiose avec la plupart des plantes, qui améliorent l’acquisition de ressources rares (phosphore, eau…) et renforcent la résistance des plantes aux stress biotiques et abiotiques (sécheresse, froid…). Il s’agit de reconstituer le microbiote des sols, ce que mettent en œuvre, par exemple, l’agriculture biologique et la permaculture.

Attention ! D’autres concepts posent question telle celle que soulèvent des agronomes de l’INRAE : « L’agriculture régénératrice : summum de l’agroécologie ou greenwashing ? » Un DEFI est donc lancé, immense, que relèvent déjà de nombreuses structures associatives mais qui peut être accaparé par des pseudo-écologistes, des lobbies qui œuvrent en sous-main des industries agrochimiques pour continuer de promouvoir les produits pesticides.


La tâche est rude ! Les Agences de l’eau doivent absolument mobiliser en symbiose leurs ingénieurs hydrogéologues et agronomes pour comprendre le fonctionnement complexe des Sols et rétablir des Sols Vivants qui seront le garant de la restauration de la qualité des eaux.

 Collectif Nous sommes l’Eau