La technique gouverne

… pendant que les politiques regardent ailleurs !

Les politiques sont technophiles, qu’ils soient de droite ou de gauche !

Ex : Jordan Bardella : « « L’homme va avoir entre ses mains dans l’économie de la connaissance le pouvoir des dieux : coloniser le cosmos, faire de la sélection embryonnaire, encadrer la génétique ». Il sympathise avec Laurent Alexandre, le transhumaniste adepte de l’immortalité de l’humain.

Gabriel Attal, quand il était ministre de l’éducation, a constaté que le niveau baissait, a estimé que c’était certainement dû aux portables ; il a pensé trouver la solution en commençant à mettre en place des logiciels utilisant l’intelligence artificielle !

« D’abord développer, ensuite réfléchir » ; Mounir Mahjoubi, nommé par François Hollande président du Conseil national du numérique ; secrétaire d’État chargé du numérique en 2017.

L’IA s’impose comme la fable de la grenouille : on prétend que ce n’est pas encore au point – alors que ça l’est ; on préfère y aller par petits pas – c’est fortement conseillé lors de rencontres d’adeptes de l’IA. On montre dans les médias des start-up qui utilisent ces techniques de façon à ce que les spectateurs ou auditeurs trouvent que le progrès a du bon et qu’on ne peut pas faire autrement.

En peu de temps, on est passé d’une religion à une autre – beaucoup plus autoritaire et résistante.

On est en train d’abandonner l’intelligence humaine :  l’IA a pour effet de substituer la machine à l’humain partout où c’est possible et donc de le remplacer partout.

Le terme IA est une appellation utilisée à des fins très marketing. C’est un oxymore !

IA vient de l’anglais ; en anglais Intelligence veut dire intelligence, mais aussi renseignement, espionnage …

Un exemple tout récent de la surveillance : le fisc va traquer les vérandas et abris non déclarés grâce à l’IA.

Un autre : on va profiter des JO pour perfectionner l’utilisation des caméras à reconnaissance faciale et des drones ; technique beaucoup utilisée par des entreprises israéliennes ; caméras qui resteront évidemment après les JO et seront développées, voire améliorées ailleurs.

Quant aux drones et autres robots tueurs, après avoir terrorisé les populations de Syrie, ils sévissent aujourd’hui en Ukraine et aussi en Palestine (Gaza et Rafah servent de laboratoire et de vitrine pour la destruction par l’IA) ; cela figurera encore au menu des prochaines guerres sous des formes toujours plus abouties. Mais on peut être rassuré : les gens sérieux vous confirmeront que Terminator n’est que pur fantasme !

Utilisation des métaux rares ; un exemple avec les voitures électriques

On en aura besoin d’encore plus de production électrique. Il faudra « électrifier l’économie », comme le disait le président de RTE, Xavier Piechaczyk.

L’Académie des sciences note que « le programme de véhicules français fait appel à des quantités de lithium et de cobalt très élevées qui excèdent en fait et à technologie inchangée les productions mondiales d’aujourd’hui et ce, pour le seul besoin français ».

Par ailleurs, non content d’exploiter – dans tous les sens du terme – les métaux rares – en Afrique surtout – , on voudrait bien remettre en route les mines pour récupérer le lithium en Bretagne, dans le Massif central et en Alsace … pour être indépendant des Chinois . Bien entendu, ce seront des exploitations écologiques, propres !

On assiste à la fin des médecins : un exemple à Lens où le futur centre hospitalier ne comprendra pas autant de personnels hospitaliers.

On assiste à la fin des enseignants, à la fin des juristes … et donc à un chômage massif … qui sera masqué. Le secteur culturel ne sera évidemment pas épargné.

Qu’en est-il de la nouvelle agriculture dite 4.0 ?

Comme dans beaucoup d’autres domaines, on laisse le paysan se faire dicter sa conduite par une machine ou des satellites.

Par ailleurs la machine enregistre tout, récupère les données et s’en sert comme elle veut… à l’insu du paysan.

La numérisation accroît la dépendance du monde agricole à l’industrie : c’est ce que dénoncent les partisans d’outils simples, libres et reproductibles, regroupés dans une coopération d’auto-écoconstruction qui s’appelle l’Atelier paysan.

L’exemple de Stmicroelectronics

Cette entreprise grenobloise confectionne des puces. Quel bilan peut-on en faire ?

Une consommation d’eau potable délirante : 16500 m³ d’eau par jour ; pour l’avenir ce sera 29 000 !

Le numérique pollue nos rivières

Démocratie : le compte n’y est pas

Une fabrique de gadgets : thermomètre rectal intelligent ; sucette sans fil ; Bluetooth tampon ; couche sans fil …

La « souveraineté industrielle » est un mensonge

Le numérique est anti-écologique

Nous n’avons pas besoin du monde connecté

En quelques dizaines d’années, nous semblons avoir oublié que d’autres manières de se rapporter au monde sont possibles, et sans doute plus désirables que le mode de vie du tout-écran, de la connexion permanente et de la surconsommation de ressources (eau, électricité, métaux rares).

La course à l’innovation : une aberration historique

À l’heure du dérèglement climatique et d’une extinction de masse des espèces, nous prônons la désertion de cette course qui nous fait perpétuer le désastre écologique et humain. Sortons de la course mondiale à l’innovation et finissons-en avec la recherche du profit à tout prix !

Mentionnons aussi les trois gigafactory – bientôt quatre avec celle d’Amiens – qui vont s’implanter dans notre région. Les Hauts-de France continuent d’être martyrisés : on le voit aussi avec le canal Seine-nord, les implantations d’Amazon …

La parole à des personnalités connues

« la civilisation des machines exige de vous une discipline chaque jour plus stricte » ; Georges Bernanos, écrivain.

« Toute main-d’œuvre, dès lors qu’elle est mise en concurrence avec un esclave, que celui-ci soit humain ou mécanique, est condamnée à subir les conditions de travail de l’esclave » ; Norbert Wiener, mathématicien américain, l’un des pères de la cybernétique.

« En gros, ceux qui travaillent avec l’ACE (automatic computing engine ; moteur de calcul automatique) seront divisés en deux, ses maîtres et ses serviteurs » ; Alan Turing, mathématicien anglais.

Ce qui produit « l’enthousiasme pour l’ordinateur, ce n’est pas son utilité, effective, mais le fait qu’il donne à n’importe qui l‘illusion d’être intelligent » ; Jacques Ellul, historien, théologien.

« Mon analyse de la société technicienne montre que celle-ci, par la rigueur de son agencement, de son fonctionnement, marginalise les gens de plus en plus. Tous ceux qui ne sont pas au niveau d’efficacité qu’elle exige sont marginalisés » ; Jacques Ellul

Quelques extraits du livre : « le totalitarisme informatique » de Christopher Pollmann . Son premier chapitre s’intitule « l’homme superflu » :

L’être humain est à la fois sommé et tenté d’être et d’agir comme une machine, tout en voulant garder l’ambition de maîtrise qui l’en distingue.

La société dans son ensemble est vue, traitée et fonctionne de plus en plus comme une machinerie où la vie humaine serait un facteur de désordre.

La robotisation va de pair avec la division du travail, la spécialisation des tâches et l’interdépendance croissantes des êtres humains entre eux et débouche sur une massification de la vie sociale.

Le cerveau fait preuve d’une capacité adaptation sélective alors que l’ordinateur ne fait qu’exécuter un programme, même quand il fait preuve d’apprentissage statistique.

Si la machine pilotée par l’IA ne possède pas de pouvoir à l’instar d’un sujet, elle crée bien la dépendance de l’humain . L’avènement de l’IA est aussi indissociable d’une artificialisation des intelligences.

L’informatique remplace la vie politique d’une communauté en tant que socle de la gouvernance.

L’idée qu’il puisse y avoir intelligence et apprentissage des machines traduit l’illusion que l’IA soit un acteur autonome, un sujet.

Quelques livres récents (liste non exhaustive)

Lettre aux ingénieurs qui doutent ; Olivier Lefebvre

L’homme diminué par l’IA ; Marius Bertolucci

Numérique, on arrête tout et on réfléchit ; Yves Marry

La rué minière au XXIème siècle ; Célia Izoard

Bienvenue dans la machine ; Éric Martin

Le totalitarisme informatique ; Christopher Pollmann

Quelques articles

https://blogs.mediapart.fr/bertrand-rouzies/blog/051223/les-limites-de-l-ia-travaux-pratiques

https://www.laquadrature.net/2022/02/18/ia-et-reforme-de-letat-vers-des-bureaucraties-sans-humains/

https://collectif-accad.fr/site/comment-le-numerique-eloigne-les-administres-de-letat-social/

https://www.laquadrature.net/2023/03/30/le-numerique-nous-insere-dans-une-trame-toujours-plus-resserree/

https://www.laquadrature.net/2021/06/11/le-mythe-participatif-de-la-smart-city-et-de-sa-surveillance/

https://www.20minutes.fr/paris/4020839-20230130-jo-paris-2024-algorithme-controle-ia-nouveau-messie-apotres-videoprotection

https://www.laquadrature.net/2022/03/23/quest-ce-que-la-videosurveillance-algorithmique/