
Cela s’est passé ce samedi 29 novembre 2025 ; en fin de marche dans certaines rues de Lens
Intervention de clôture
Ce 29 novembre, c’est la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, une journée internationale établie par les Nations unies. Cette année encore, des manifestations ont lieu à travers le monde.
Une manifestation nationale est notamment partie de la place de la République à Paris aujourd’hui à 14 heures.
Cette date du 29 novembre correspond au plan de partage de la Palestine tel qu’il a été élaboré par le Comité spécial des Nations unies sur la Palestine (UNSCOP) créé par l’Assemblée générale de l’ONU le 29 novembre 1947, et approuvé par cette assemblée à New York, par le vote de sa résolution 181.
L’application de cette résolution, sans consultation des Palestiniennes Palestiniens, a mené à la Nakba de 1948, au déplacement forcé et la dépossession de 80 % de la population arabe palestinienne et à la création de l’État d’Israël sur 78 % du territoire.
Cette date du 29 novembre est donc un symbole qui reste ambigu, mais elle permet à l’ensemble de nos organisations de s’en saisir en se mobilisant largement en faveur de la cause palestinienne.
La situation en Palestine
Il ne nous est pas possible aujourd’hui de prononcer cette allocution de clôture sans commencer par évoquer la réalité de ce qui se passe en Palestine, à Gaza et en Cisjordanie. Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre dernier, plus de 310 palestiniennes ou palestiniens ont été assassinés par Israël.
Au moins 67 enfants ont été tués, soit plus de 2 enfants chaque jour. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, l’UNICEF, une fillette a été tuée par le tir d’un drone, au début de la semaine dernière. Toujours selon l’UNICEF, jeudi de la semaine dernière, une petite fille aurait été tuée lors d’une frappe aérienne à Khan Younis, tandis que la veille, sept enfants ont été tués. Sur le terrain, les équipes de l’UNICEF décrivent un quotidien toujours marqué par des enfants dormant à la belle étoile et souffrant d’amputations ; des enfants orphelins tremblants de peur ou des gamins vivant dans des abris de fortune inondés, dépouillés de leur dignité. À Gaza, les besoins restent immenses par rapport à la disponibilité des soins de santé. Seule la moitié des 36 hôpitaux de Gaza sont partiellement opérationnels, 82 des 194 centres de soins de santé primaires, soit 41 %, sont opérationnels, ainsi que 10 hôpitaux de campagne.
Depuis le cessez-le-feu, 26 points de service de santé ont rouvert (4 hôpitaux, 8 points médicaux et 6 centres de soins de santé primaires). Toutefois, il n’y a aucun hôpital opérationnel dans le nord de Gaza, où l’on estime qu’au moins 20.000 personnes se trouvent actuellement, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, l’OMS.
Dans le même temps, l’armée israélienne poursuit ses frappes, et continue également de bloquer l’entrée de l’aide humanitaire et de provoquer la famine dans l’enclave.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que de nombreuses associations dénoncent un cessez-le feu illusoire.
Par ailleurs, en Cisjordanie, la violence coloniale atteint son paroxysme. Depuis le 7 octobre 2023, plus de 20 palestiniens ont été assassinés par des colons israéliens dans les territoires occupés, et plus de 1000 ont été tués par l’armée israélienne. Cette semaine encore, un jeune palestinien de 20 ans est mort d’une balle dans le cœur, au milieu des tirs des colons et de l’armée israélienne, dans le village de Deir Jarrir, à l’est de Ramallah.
D’après le chef du conseil de ce village, “des colons ont attaqué des maisons à la périphérie du village et une unité de l’armée israélienne a investi les lieux pour protéger les colons”. Touché en plein cœur, le jeune palestinien est mort peu après son transfert à l’hôpital. D’après l’ONG israélienne B’Tselem, les colons mis en cause dans des assassinats de palestiniens n’ont jamais été condamnés. Pour
B’Tselem, cela explique l’impunité totale des colons qui sont presque encouragés à exercer la terreur sur la population palestinienne sous le joug de l’occupation. B’Tselem indique par ailleurs : “L’armée israélienne applique une politique de tir de plus en plus permissive et imprudente en Cisjordanie, y compris le recours à
des frappes aériennes dans des zones peuplées. Bien que des dizaines d’attaques de ce type se produisent chaque jour, et que beaucoup soient filmées et bien documentées, les autorités israéliennes chargées de l’application de la loi ouvrent rarement des enquêtes.” Fin de citation.
Par ailleurs, des arrestations sont mises en œuvre dans toute la Cisjordanie, notamment dans le cadre de raids accompagnés de perquisitions de logements, qui finissent parfois saccagés tout comme les commerces alentours. En parallèle de ces raids israéliens, la circulation des Palestiniens sur leurs propres terres est de plus en plus difficile. En cause, la fermeture de nombreux axes routiers dans les territoires occupés. Cette pratique qui est monnaie courante est extrêmement problématique pour la population palestinienne qui dépend totalement du bon vouloir des Israéliens, sans possibilité réelle de pouvoir anticiper ses déplacements. Rappelons que ces restrictions sont totalement illégales.
Signalons enfin la saisie des terres appartenant à des Palestiniens par les autorités israéliennes.
Dans ce contexte à Gaza et en Cisjordanie, après deux ans de génocide et un mois de cessez-le-feu illusoire, notre manifestation aujourd’hui à Lens, comme toutes les autres manifestations qui ont lieu aujourd’hui en France et dans le monde est l’occasion d’appeler à la fin de l’occupation, de la colonisation, et de l’apartheid. Il s’agit aussi d’exiger le respect total du droit à l’autodétermination du peuple palestinien, et de dénoncer l’accord Trump qui place Gaza sous contrôle états-unien et l’isole du reste du territoire palestinien occupé.
En France
Et puis cette journée nous permet également de rappeler que des institutions européennes et notamment françaises continuent à entretenir des relations économiques et financières avec des entreprises israéliennes, et permettent ainsi la poursuite des violations du droit international à Gaza et de l’occupation illégale de la Cisjordanie.
Cette semaine, mardi 25 novembre, le rapport annuel de la coalition « Don’t buy into occupation », qui rassemble 25 organisations européennes, est paru. Il recense plus de 1100 institutions européennes impliquées dans de telles relations économiques et financières avec des entreprises israéliennes.
Entre janvier 2023 et août 2025, plus de 310 milliards de dollars américains leur ont été fournis sous forme de prêts et de souscriptions. Au 31 août 2025, ces institutions européennes détenaient également plus de 1500 milliards de dollars en actions et obligations dans ces entreprises.
BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Agricole, le Groupe BPCE, le Crédit mutuel et AXA figurent dans le top 50 des entités ayant des relations avec des entreprises impliquées dans le maintien de la situation illégale en Palestine.
Ces entreprises étaient déjà la cible de la campagne « Banque complice », portée par la campagne BDS-France, l’AFPS et Attac depuis septembre 2024.
En tout, 12 entités françaises figurent dans le top 100 du rapport « Don’t buy into occupation » : elles ont fourni plus de 90 milliards de dollars sous forme de prêts et souscriptions aux entreprises complices entre janvier 2023 et août 2025, et y détiennent plus de 250 milliards de dollars en actions et obligations.
En conclusion
La situation à Gaza, en Cisjordanie, et la position des États et des institutions européennes et françaises ne peuvent que nous inciter poursuivre notre engagement en faveur de la cause palestinienne.
Notre collectif Urgence Palestine bassin minier 62 est aujourd’hui composé de plusieurs dizaines d’associations, syndicats, mouvements politiques et collectifs militants. Nous entendons intensifier nos initiatives, rassembler toujours davantage d’hommes et de femmes à nos côtés.
Nous prévoyons de nous revoir dès le début de l’année prochaine, le mardi 6 janvier, au Toit Commun, notamment en vue de préparer notre prochaine manifestation. Celle-ci est prévue le samedi 6 janvier.
D’ici là, nous souhaitons une belle fin d’année à toutes et tous, en vue d’une année 2026 de luttes et de combativité.
Merci à toutes et tous !