Les éoliennes INDUSTRIELLES

Pourquoi tant de passion ?

Cédric Philibert a écrit un livre : « Éoliennes, pourquoi tant de haine ? »

Cet auteur –chercheur et expert en énergie- a ensuite été interviewé ; notamment par basta.media –article paru le 27 avril.

https://basta.media/c-est-de-la-folie-de-ralentir-l-eolien-et-le-solaire-maintenant-cela-nous-met-dans-une-situation-difficile-changement-climatique-transition-energetique

Une réponse à ses interventions a été envoyée … Pour l’instant, il n’y a pas de réponse !

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Article paru sur https://escrebieux-environnement.fr ; en date du 30 mai.

Réponse à Cédric Philibert.

Un premier point sur lequel il peut y avoir accord réside dans le fait que le nucléaire n’est pas du tout une solution dans l’immédiat car cela nécessite une infrastructure gigantesque. La preuve en est que le programme prévu dans le nucléaire ne sera en fonction qu’après 2030 … s’il fonctionne : l’exemple de Flamanville montre bien notre incapacité à gérer ces monstres … et ce genre de dysfonctionnement se reproduit dans d’autres pays. Donc, effectivement, « l’arrivée de nouveaux réacteurs nucléaires reste hypothétique ».

Ce n’est pas non plus une solution dans l’avenir pour différentes raisons. Un exemple : les grands dangers de cette technique. On l’a vu à Tchernobyl, on l’a revu à Fukushima. On n’en est pas du tout à l’abri même si notre esprit trop cocardier laisse à penser que l’on sera meilleur que tout le monde.

Autre élément en défaveur du nucléaire : le démantèlement et la durée de la nocivité de l’uranium. On n’a résolu nulle part le stockage de ce matériau dangereux. Pour la France, ce problème est sur la sellette depuis 1960… et on n’a pas trouvé la solution. Ce n’est pas ce qui nous est proposé à Bure qui va faire de nous les super-héros ayant résolu l’enfouissement d’un produit dangereux.

D’où la conclusion de l’article : « Je ne peux pas attendre 15 ans pour avoir de nouveaux réacteurs nucléaires qui seront peut-être, voire pas, délivrés. »

Ce sera le point fondamental sur lequel il y a accord avec l’intervention de Cédric Philibert.

Le deuxième point sur lequel il y a accord concerne la problématique des énergies fossiles. Cela a été évoqué lors de la COP 21 à Paris : il faut tendre à arrêter l’extraction des énergies fossiles. Le seul problème est qu’on n’est pas passé des paroles aux actes. On a fait croire que l’on avait résolu ce problème alors qu’on est actuellement dans un période où l’on extraie encore plus d’énergies fossiles qu’en 2015 ! C’est le grand mensonge, à la fois des politiques et des industriels. Donc sur ce point, il est indispensable de laisser au moins les trois quarts des énergies fossiles là où elle se trouvent. On en est malheureusement loin de cette perspective.

Passons rapidement sur certains arguments étonnants :

– par exemple, assimiler les anti-éoliens INDUSTRIELS à des personnes issues de l’extrême-droite. Tellement caricatural ! Cette antienne, reprise dans une autre interview, s’appuie sur peu d’éléments concrets et a pour but, actuellement, de déconsidérer les arguments des anti-éoliens : qui n’est pas d’accord avec moi est taxé d’extrémiste de droite -et/ou de complotiste ; Il faut aller dans le sens de la pensée dominante !

– par exemple, se moquer des anti-éoliens qui sont perturbés par leur environnement tranquille pour quelque chose qui ne va pas leur bénéficier directement. Il est certain que la pensée NIMBY est très courante mais on peut penser que certaines personnes ont des intentions beaucoup plus cohérentes et intéressantes, notamment soucieuses de l’environnement, de la vie, de la nature …

– par exemple, mentionner que l’industrie française demeure présente sur l’ensemble du secteur éolien ; c’est un leurre : sur place, ce sont des promoteurs étrangers qui viennent ; les travailleurs sont presque tous étrangers. Il y a peu d’utilisation de la main d’œuvre locale, contrairement à ce qui est claironné.

– par exemple la phrase suivante : « il y a une opposition locale plus ou moins importante, des gens qui peuvent être mécontents pour plein d’autres raisons, comme l’absence de services publics. » Quel est le lien entre l’éolien et l’absence de service public ?

– par exemple le paragraphe suivant : « … mais les atteintes locales à la biodiversité entraînées par certains projets d’énergies renouvelables comme les éoliennes ou le solaire ne représentent rien par rapport au fait que c’est un outil majeur pour lutter contre le changement climatique. Or, le changement climatique est lui-même devenu une des grandes causes d’érosion de la biodiversité. » Autrement dit, la fin justifierait les moyens ? C’est ce qu’on appelle du cynisme ; Cédric Philibert en rajoute dans un autre article : il faut « développer l’éolien » pour permettre « de s’attaquer à l’une des causes principales du déclin de la biodiversité : le réchauffement climatique. » … « Développer l’éolien permet de s’attaquer à l’une des causes principales du déclin de la biodiversité : le réchauffement climatique ».

Donc, pour que l’humanité s’en sorte, on peut taper un peu sur la biodiversité ! Il faut se sortir de cette tendance à vouloir toujours plus de production d’électricité, de trouver les modalités pour produire sans se poser la question suivante : pourquoi cette frénésie ?

– Dans un autre article, Cédric Philibert écrit ceci : « … parce que la Chine détient un quasi-monopole sur le traitement des minéraux, je pense qu’il faut ouvrir des mines en Europe. Je comprends que les riverains ne le souhaitent pas, et tous les projets ne sont pas acceptables, mais il nous faut ces mines pour relocaliser l’extraction dans de bonnes conditions. ». C’est tout à fait la position de Guillaume Litron dans son livre « la guerre des métaux rares ». Autrement dit, Cédric Philibert est contre l’extraction de matériaux fossiles et, en même temps, pour la réouverture des mines ! Il serait favorable pour prendre exemple sur la Chine en matière de destruction de l’environnement ? Ceci se ferait, bien entendu, au nom du «  progrès » technologique, en opposition au progrès humain !

Venons-en au plat principal qui va se décomposer en deux parties :

– pourquoi l’argumentaire de Cédric Philibert est biaisé ?

– pourquoi s’opposer aux éoliennes INDUSTRIELLES ?


Pourquoi l’argumentaire de Cédric Philibert est biaisé ?

Deux problèmes primordiaux sont ignorés dans l’intervention de Cédric Philibert

Premier problème : l’absence de transparence et de centres de discussion, le manque de démocratie et le centralisme

Chacun sait que, depuis un certain temps, les maires n’ont plus aucun pouvoir dans le domaine des installations d’éoliennes INDUSTRIELLES -comme aussi dans celui des installations des antennes 5G.. On les consulte pour la forme mais leur avis n’est pas du tout prépondérant. Par ailleurs, les promoteurs laissent très peu de place dans le débat avec les citoyens. On a même l’impression qu’ils ont peur de ces rencontres. Par exemple, dans le projet de la vallée de l’Escrebieux, il n’y a eu aucune rencontre avec les habitants, sous prétexte que le Covid ne permettait pas ce type de réunions ! La démocratie est bafouée, avec l’assentiment des pouvoirs politiques. Bien entendu, il ne faut surtout pas croire que les enquêtes publiques sont un modèle de démocratie quand on sait ce qu’en font généralement les commissaires-enquêteurs.

Tout ce qui est proposé repose sur une vision très jacobine, très franco-française. Il faut se rendre compte que cette politique à la française est dévastatrice et anti-démocratique. On a beau être contre le nucléaire -ce qui est juste-, rien ne change fondamentalement si on enfourche le même style de pratique.

Chacun sait qu’une politique dans le domaine du nucléaire suppose une centralisation importante, avec des décisions prises par une infime partie des personnes concernées et excluant une pratique de démocratie citoyenne. Ce qui se passe avec l’éolien INDUSTRIEL est marqué du même genre de pratique. On ne donne déjà pas les moyens aux élus de s’exprimer -on leur a ôté ce pouvoir ; les personnes concernées directement sont mises sur la touche. Cela permet éventuellement toutes sortes de pratiques pouvant aussi aller jusqu’à la corruption ou la spéculation… En tout cas, on est loin de la démocratie citoyenne.

Aucune technologie n’est intéressante si elle ne favorise pas une plus grande transparence des relations sociales et une plus grande maîtrise de leur existence sociale par les gens eux-mêmes. On est toujours actuellement dans le gigantesque !

Cédric Philibert mentionne à un moment le fait que l’on a payé cher les importations d’électricité. Ceci est dû essentiellement à un manque de prévisions et de perspectives dans le domaine de la production électrique. Il parait que « gouverner, c’est prévoir » : c’est le dernier des soucis de nos dirigeants politiques, obnubilés par d’autres critères.

Deuxième problème : pourquoi produire toujours plus d’électricité ?

Cédric Philibert part du principe qu’il faut produire de l’électricité ; mais il ne dit pas qu’on en a besoin énormément… et pourquoi on en a besoin.

Tout d’abord, deux paradoxes : le premier laisserait à penser qu’on a moins besoin de production électrique puisque, à l’heure actuelle, les particuliers font tout pour restreindre leur consommation d’électricité … victimes de l’augmentation anormale et voulue des tarifs de l’énergie -sous prétexte de guerre en Ukraine !

Deuxième paradoxe : il est assez surprenant de demander à produire plus d’électricité et de mener une campagne pour la sobriété. Il est vrai que, dans le monde macronien du « en même temps », on n’est plus à un paradoxe près.

Pourquoi on ne veut pas dire franchement qu’on a besoin de produire énormément de l’électricité ? Pourquoi parler d’ébriété, d’orgie électrique ? Principalement :

  • Parce qu’il en faut beaucoup pour l’utilisation des portables. Ces « biens » de consommation tellement représentatifs de cette société sont fabriqués ailleurs qu’en France ; l’extraction des métaux rares nécessaires pour ces ordiphones s’effectue principalement en Afrique et en Chine (avec une exploitation éhontée des enfants). On a d’ailleurs exporté cette production à l’extérieur de notre pays, ce qui laisserait à penser qu’on serait plus « écologique » qu’auparavant ! En tout cas, par l’intermédiaire des antennes-relais, on a besoin d’électricité pour ces portables, invention qui pousse à une nouvelle addiction.

  • Parce que les implantations et les utilisations d’antennes 5G obligent à consommer beaucoup d’électricité. Cela ne fait rien si ce monde de la 5G pose d’énormes problèmes de santé, oblige à l’installation de big data centers -eux aussi gros consommateurs d’électricité-, renforce la numérisation -et la bureaucratisation-, met en place à petits pas l’ « intelligence » artificielle et accélère la robotisation de la société -évidemment au détriment de la place de l’humain dans l’univers.

Cela pousse à l’instauration d’une société de plus en plus surveillée -fliquée- qui se caractérise par une augmentation des techniques de surveillance, par une méfiance envers de nombreuses personnes (surtout celles qui ne pensent pas comme vous), par des techniques de plus en plus développées d’enfermement, par le remplacement de l’humain par des robots -ce qui renforce la crétinisation de la société et accélère la perte d’intelligence chez les enfants.

On a besoin de beaucoup de production électrique pour mettre en place cette agriculture 4.0, ce qui mettra de côté toute l’expérience traditionnelle des paysans qui deviendront tributaires de ces techniques mortifères.

Tout ceci se fait parce que des experts ont décidé, sans consultation, ce qui est bien pour le commun des mortels, ce qu’il convient d’acheter … Parce que la finalité est évidemment de consommer. Et il faut consommer toujours plus. Et pourtant, comme chacun le sait -ou devrait le savoir- : « celui qui croit à une croissance exponentielle infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste« .

  • Parce qu’on a beaucoup besoin d’électricité pour vendre la nouvelle voiture électrique. Les Hauts-de-France sont directement concernés, notamment avec un article paru dans « le Monde » et titré ainsi : « Les Hauts-de France se rêvent en hub de la batterie ». La voiture électrique, voiture écologique : le nouveau slogan !

En même temps on veut aussi pousser à la sobriété. D’ailleurs, on peut constater qu’on accepte de fournir beaucoup d’électricité aux industriels pendant qu’on demande aux particuliers de faire attention -par exemple à cause de l’augmentation du prix de l’électricité dans les logements !

On baigne dans cette certitude qu’il faut toujours plus d’électricité. C’est tellement vrai quand on entend un polytechnicien, Yves Bréchet, proclamer : «  cette folie d’imaginer une décroissance de la consommation d’électricité doit cesser et le réel reprendre pied » !

On croit toujours plus à la technologie (c’est le « progrès » !). Cela se fait au détriment de l’humain associé au non-respect de la nature et du monde animal.

On va donc produire des champs d’éoliennes, des champs de panneaux solaires. Ce sera beau ? Cela veut dire que l’on va encore plus artificialiser les sols. Comme cette transformation des sols ne suffira pas, on va continuer -pour libérer des surfaces nécessaires aux nouvelles technologies- à enfermer les animaux en créant des camps de concentration de volailles, de vaches, de cochons … quitte à inventer des immeubles à cet effet -cela se fait déjà !

Ce projet mènera à terme à une société transhumaniste.

Pourquoi s’opposer aux éoliennes INDUSTRIELLES ?

Pour rappel, voici les raisons qui ont été expliquées dans la lutte contre le projet de la Vallée de l’Escrebieux -arguments que l’on retrouve également dans de nombreuses régions-, à savoir l’opposition au massacre des campagnes.

Les arguments principaux sont les suivants :

  • Bétonnage et câblage des sols (socles et abords) ;

  • Nos villages sont et seront encerclés d’éoliennes bruyantes, lumineuses, destructrices d’oiseaux et chauves-souris… le paysage français est déjà bien dénaturé par différents poteaux (5G, THT …) et infrastructures (autoroute, TGV …) ;

  • Pollution visuelle et sonore pour l’humain, la nature et les oiseaux ;

  • Dégradation des terres agricoles ;

  • La distance de 500 m des habitations pouvait être cohérente lorsque les éoliennes mesuraient 70 mètres… Les actuelles vont être de 180 mètres … et les prochaines seront hautes de plus de 200 m !

  • Impact des champs électromagnétiques sur le bétail et l‘être humain ; dans ce domaine, il faut mentionner le rôle des infrasons, l’effet stroboscopique, et les champs électriques parasites dans le sol émis par les câbles électriques des éoliennes qui peuvent nuire aux animaux : un exemple à Nozay où le couple Potiron est obligé d’arrêter son exploitation après la mort de plus de 450 bêtes suite à l’installation des éoliennes ;

  • Énergie subventionnée par l’argent du contribuable ;

  • Dévaluation des maisons ;

  • Régionalement, les Hauts-de France occupent 6% du territoire français, représentent 14 % de la population et … produisent 28% de l’énergie éolienne française ; à noter que la solution que préconise Cédric Philibert dans un autre article est d’« augmenter la puissance de chaque éolienne mais aussi leur facteur de charge. Après vingt ans de développement de la filière, on peut faire des éoliennes plus hautes et plus belles » !!!

  • La production électrique des éoliennes est de plus en plus importante : à quand la sobriété ? Cette production ne sert pas spécialement localement, ce qui va occasionner des pertes en ligne (THT) importantes et permettra, à certains moments, la spéculation.

Un article récent de « toutes nos énergies » (évidemment site « complotiste ») résume bien les grands défauts de cette installation. Pour résumer :

« Les conséquences nocives du développement de l’éolien industriel…

  • Des études d’impacts insuffisantes et contestées ;

  • Des menaces permanentes sur la faune, sur terre et sur mer ;

  • Les dispositifs techniques ont du mal à éviter ces morts d’oiseaux ;

  • Des impacts importants sur les équilibres écosystémiques ».

Il serait beaucoup plus intéressant de changer de paradigme.

Comment ? En travaillant, non pas sur la totalité de la France, mais sur un territoire à taille humaine. Cela voudrait dire que les citoyens de ce territoire (à définir plus concrètement, mais il y a déjà des pistes) pourraient se rencontrer, définir les besoins importants dans le secteur ; puis décider des priorités et des méthodes pour les concrétiser. On devrait se passer des éoliennes INDUSTRIELLES (techniques peu rentables car elles produisent pour transporter l’électricité vers des lignes THT au rendement peu important -pertes en ligne d’environ 33 %). En matière de production énergétique, on pourrait éventuellement utiliser des éoliennes LOCALES… mais pas que ! D’ailleurs, dans les Hauts-de-France, il y des projets éoliens citoyens … comme dans d’autres secteurs de France, qui ont été précurseurs de ce domaine. Pour cela, il faut donc pousser à la décentralisation.

Cela éviterait beaucoup de problèmes, par exemple technocratiques ; globalement, cela responsabiliserait les personnes concernées, cela permettrait une meilleure utilisation des moyens humains et techniques et cela relativiserait l’importance des « experts » qui sont loin d’être infaillibles…

Pour paraphraser André Gorz, on peut penser que des installations décentralisées (éoliennes locales, panneaux solaires …) fournissent une énergie meilleur marché que celle fournie par des systèmes centralisés.

Utopique ? Oui ! Mais tellement plus enthousiasmant. On essaie ? Chiche !

Pour conclure, ce qui vient d’être écrit s’appuie sur une analyse de l’éolien INDUSTRIEL terrestre. Il est évident que cela peut se généraliser également dans le domaine de l’éolien offshore… qui est encore plus INDUSTRIEL et centralisé.