Erreur système

Les députés n’ont pas confiance en Bayrou

Neuf mois après s’être imposé à Emmanuel Macron en le menaçant de rupture politique et personnelle, François Bayrou a été contraint de présenter sa démission au président de la République, mardi 9 septembre, au lendemain du renversement de son gouvernement par l’Assemblée nationale. L’épilogue d’une rentrée politique marquée par le long crépuscule d’un homme ayant précipité sa chute, dans l’incompréhension et l’indifférence générale.

Pour la première fois sous la Ve République, un gouvernement est tombé sur un vote de confiance. Un épisode présenté comme « historique » par nombre de médias – BFMTV est même allé jusqu’à parler de « déflagration » le temps d’une soirée –, mais dont chacun·e semble en réalité se moquer, l’esprit déjà ailleurs. Vers les mobilisations sociales, vers le choix d’un nouveau premier ministrevers une dissolution, vers Emmanuel Macron…

Surtout vers Emmanuel Macron, d’ailleurs. François Bayrou parti, le chef de l’État cristallise une nouvelle fois – sans doute la 2 725e depuis le début de son premier quinquennat – les colères et les attentions. Certains réclament son départ, d’autres se contentent de dire qu’il leur paraît inéluctable, d’autres encore s’accrochent à des mirages. Et pendant ce temps, le principal intéressé « consulte ». Tout en laissant à son entourage le soin d’alimenter les conjectures.

Septembre 2025 est un copié-collé de septembre 2024. Le président de la République avait phosphoré des semaines durant pour finir par nommer Michel Barnier – renversé trois mois plus tard. Cette fois, il promet d’aller plus vite… mais pour quel résultat ? Quiconque entrera à Matignon rencontrera les mêmes difficultés que ses prédécesseurs. Pour une simple et bonne raison : le problème dépasse largement la seule crise politique.

Crise de régimecrise économique, crise sociale… Les raisons de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons sont aussi nombreuses que protéiformes. Elles sont également anciennes et ont connu, ces dernières années, des éruptions dont Emmanuel Macron n’a jamais tenu compte. Ignorant les urnes comme les mobilisations, il a poursuivi – et poursuit encore – son chemin et ses politiques comme si de rien n’était. Au risque de la catastrophe démocratique.

Mediapart