Projet d’extension de la scierie de Farges Bois

200 opposants mobilisés à Egletons (Corrèze)


L’agrandissement porté par la scierie Farges Bois à Egletons, soutenu par la communauté de communes et la Région, n’a pas que des défenseurs. Près de 200 opposants ont manifesté ce jeudi à Egletons contre les expropriations et les impacts environnementaux qu’engendrerait une telle extension.

« Non au projet d’extension de la scierie Farges Bois et aux expropriations qui en découlent ». Voici ce que sont venus dire ce jeudi 1er décembre après midi à Egletons environ 200 personnes. Dans un froid glacial et sous bonne garde des forces de l’ordre, ils ont emboité le pas à Asso Citra, une association de riverains (environ 60 adhérents) qui s’est constituée en mars 2022 à l’issue d’une déclaration d’utilité publique menée fin 2021 avec avis favorable et arrêté préfectoral dans la foulée, en février 2022.

Les motifs d’opposition à cette extension de 12 ha qui ferait de la scierie egletonnaise du groupe Piveteau la première de France sont nombreux. Expropriation d’une octogénaire, coupes rases, suppression d’une zone humide, de terres agricoles, de forêt mixte, augmentation des nuisances sonores, des camions sur les routes… bref, le combat a de quoi se nourrir. 

« Déclaration d’utilité privée »

Frédérique Vergne, présidente d’Asso Citra et riveraine, a fustigé cette DUP « qui n’a pas fait l’objet de réunion » et qui « pour le bon plaisir du prince Piveteau » est une « déclaration d’utilité privée ».

Quant aux expropriations portées par l’intercommunalité Ventadour Egletons Monédières « aucune offre de compensation n’ont été faites à ce jour », a indiqué Frédérique Vergne précisant que le juge de l’expropriation visitait les lieux ce jour (*). Pour Igor Rivière, sympathisant du syndicat de la Montagne limousine, il s’agit d’une lutte emblématique et d’un projet démesuré à revoir et à discuter avec les locaux. Il a dénoncé les « brutalités » contre les riverains et les terres agricoles.

« Quelle fierté d’avoir la plus grosse scierie de France ! Et demain d’Europe puis du monde, a-t-il ironisé. La foret limousine nous tient à cœur, on ne supporte plus  les coupes rases. Nous la voulons belle, vivante, résistante aux incendies, aux tempêtes, aux sécheresses. Elle doit être diversifiée. On veut une vraie filière bois« , poursuit-il.

Arnaud Belot de l’association Faîte et racine ne dit pas autre chose. « Piveteau, c’est le gigantisme, l’uniformisation de la forêt, l’industrialisation de la campagne », a t-il regretté. Tout le contraire de son association qui agit en forêt en la rachetant pour éviter les coupes rases et leur départ essentiellement dans la filière énergie.

Défense des intérêts des agriculteurs

Modef et Confédération paysanne étaient également présents pour défendre les intérêts des agriculteurs, deux étant menacés d’expropriation dans ce dossier. Fabien Marcilloux (Modef) veut protéger les terres, « les expulsions mettant un peu plus à mal l’autonomie alimentaire ». Pour lui, l’agrandissement de la scierie est possible mais ailleurs. « Il existe en Corrèze d’autres espaces en friche comme à côté de chez moi à la gare bois de Bugeat par exemple ». « On nous raconte une fable, peste Christian. Comme quoi  le progrès serait lié à l’agrandissement sans fin. Mais la multiplication de petites unités créerait aussi beaucoup d’emplois ».

« Pas contre le développement industriel »

Pascal Poiret, lui, est Egletonnais. Il n’habite pas très loin de la scierie, chemin du vieux bouchard à Egletons : « Qu’ils s’étendent, ça ne me gêne pas mais pas avec des expropriations. Et tant qu’à faire, qu’ils aillent jusqu’au bout de la démarche et fassent une rocade avec tous ces camions pour contourner le centre-ville, c’est extrêmement dangereux ».

Michel Julien, secrétaire du PCF, est plus mesuré et arrive à comprendre que la communauté de communes fasse des réserves foncières : « On envoie le bois en Chine et il revient chez Ikea. On ne peut pas être contre le développement industriel d’une région dont la forêt est le trésor mais à condition que l’on se donne les moyens d’industrialiser la foret et de la valoriser ».

Des soutiens politiques

Si Asso Citra se veut apolitique, elle a tout de même reçu le soutien d’élus parmi lesquels les élus du groupe Ecologiste solidaire et citoyen de la région Nouvelle Aquitaine qui dénonce « une aberration totale » mais aussi la députée LFI-Nupes de la Creuse, Catherine Couturier, qui était sur place. Les opposants au projet ont déposé la pétition en mairie dans l’espoir de voir stopper cette « catastrophe écologique ».

En attendant, des recours sont en cours notamment contre la DUP. La route semble encore longue.

(*) Il a été proposé par la communauté de communes à Mme Monjanel, la solution de l’usufruit, mais aussi, si elle le souhaite, de rester propriétaire de sa maison

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