les mangeurs de pâtes de LREM

Solidarité totale avec   elles et eux !

Comme vous je suppose, j’ai été bouleversé en lisant dans L’Opinion le témoignage poignant d’une députée marcheuse qui ne s’en sort pas en raison de la chute drastique de son niveau de vie depuis qu’elle représente le peuple français. C’est profondément choquant. Nous devons faire quelque chose (voir mes propositions d’action à la fin du billet).

Je cite ses propos : « Je vais moins souvent au restaurant, je mange pas mal de pâtes, j’ai ressorti des vêtements de la cave et je vais devoir déménager ! ».

On ignore le nom de cette personne et c’est bien compréhensible : lorsqu’on est pris dans la spirale qui mène à la misère, on préfère garder l’anonymat. On sait qu’on sera stigmatisé et rendu responsable de son dénuement. La « pauvrophobie » est partout. Alors, oui, on se cache pour pleurer. Dignement.

Cette députée anonyme était auparavant une cheffe d’entreprise gagnant 8000 euros mensuels. Aujourd’hui, elle en est réduite à devoir survivre avec 5372 euros nets, une misère.  Elle a accepté de se sacrifier pour nous défendre, pour que notre économie soit plus compétitive, pour nous libérer des contraintes d’un Code du travail d’un autre âge, pour responsabiliser les plus modestes en réduisant leurs APL et bientôt, on l’espère, en mettant fin à la rigidité de l’indexation d’un smic qui ruine nos entreprises. Et voilà comment on récompense son courage réformateur au service de la croissance.

TOUS N’EN MOURAIENT PAS, MAIS TOUS ÉTAIENT FRAPPÉS

Il y a pire : selon L’Opinion, un grand nombre de député.e.s LREM sont victimes de la même pâtologie, cette détresse psychique des mangeurs de pâtes. Il y a péril en la demeure. Imaginez qu’Élise Lucet en fasse un sujet pour Cash Investigation et qu’elle l’intitule « de nombreux députés LREM sont des psycho-pâtes ». L’horreur.

Mettez-vous un instant à la place de ces député.e.s héroïques qui ont tout sacrifié pour se mettre à notre service. Comment ne ressentiraient-ils pas une profonde amertume en votant « comme un seul homme » les avantages fiscaux réservés aux très riches, dont ils faisaient partie, si « dans le même temps » on leur fait quitter cette catégorie par le bas ? C’est d’autant plus inhumain que leur Président avait promis, pendant qu’il battait la campagne, de mieux payer les parlementaires :

http://www.huffingtonpost.fr/2017/03/21/macron-veut-payer-les-

Nul.le ne devrait être contraint.e par des revenus indécents à manger des pâtes et à en pâtir, alors même qu’il ou elle se consacre au bien public. Que des marcheurs/cheuses soient réduits à cet état de dénuement est un scandale éthique. C’est même pâte éthique.

AGIR CONTRE L’INJUSTICE, EN FINIR AVEC LE RÉGIME DES PÂTES

Voici mes propositions.

Dans l’immédiat, en attendant le règlement définitif de cette injustice scandaleuse (point suivant) il faut venir en aide aux victimes en mobilisant les restaus du cœur pour l’urgence alimentaire, la Fondation Abbé Pierre pour le relogement, et Emmaüs pour des vêtements décents ne sortant pas d’une cave humide. Je propose aussi qu’on lance une pétition sur Change.org et qu’on l’adresse en masse aux membres de l’actuelle majorité parlementaire, ce qui confortera leur revendication. Car pour l’instant ils n’osent pas la formuler, victimes qu’ils sont d’une autre stigmatisation odieuse : celle qui cible les riches.

Mais il faut surtout des mesures de forte revalorisation des revenus des parlementaires.

Pour cela, il faut confier à Alain Minc une mission (fortement rémunérée). Il a en effet déclaré en février 2007 que les parlementaires devraient gagner 10.000 euros par mois :

https://www.lexpress.fr/actualite/politique/affaire-fillon-pour-alain-minc

Il est le plus grand des sociologues vivants, chef de file du courant de la sociologie critique, critique des rigidités des normes sociales, de l’État obèse et des carcans réglementaires. Il connaît parfaitement ces questions, lui qui a été qualifié de « consultant le plus cher de France ». Qui plus est, il détient, devant Jacques Attali, le record de longévité dans la fonction de conseil élyséen puisqu’il a commencé sous Giscard. C’est l’homme de la situation.

Quant aux 10.000 euros par mois, cela me semble un minimum pour enfin réconcilier les élus et le peuple.

Je termine par une proposition d’économiste sérieux, ce que je suis. Car si cette revendication arrive sur le bureau de Gérald Darmanin, ou si je l’appelle sur son 06 qu’il a donné en direct à la télévision, sa réaction sera : combien ça va encore coûter aux finances publiques ?

Alors Gérald, pas de panique cher voisin roubaisien ! C’est simple : avec les 5 euros mensuels de moins par APL, tu fais, selon tes propres calculs, environ 140 millions d’économies par an. Supposons que tu verses 50.000 euros nets de plus par an à chaque parlementaire. Soit 577 députés et 348 sénateurs, car je suppose que cette mesure bénéficiera aussi aux sénateurs, qui sont aussi mal payés que les députés et dont certains sont également au régime pâtes.

Tu prends ta calculette et tu trouves 46 millions en net. Je te laisse le soin de calculer toutes cotisations comprises, mais c’est évidemment nettement moins de 100 millions. Problème budgétaire résolu ! Allez Gérald, un beau geste pour la justice sociale !

En attendant ces mesures indispensables, je voudrais mettre un peu de baume au cœur de la députée LREM en détresse. Les pâtes, c’est plein de glucides lents qui sont excellents pour les marcheurs.

Jean Gadrey

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Commentaire reçu

Bien apprécié la pâte au logis prescrite à cette marcheuse à côté de ses pompes. Si elle ne se sent pas bien à mettre la main à la pâte, qu’elle prenne sa pâte –son pied, plutôt- ailleurs. Dans le contexte actuel de déni de justice, elle pourra demander des conseils à G. Tron qui en connait un rayon en matière de pâte -d’ailleurs le tronc est au-dessus de la pâte.

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Texte envoyé par un ami très prolixe en mots bien à propos. Il m’éPÂTEra toujours : lettre à Pat