Le cheval et l’âne

Une fable de La Fontaine transformée : l’usager et le cheminot

En ce monde il se faut l’un l’autre secourir.
En ce monde il se faut l’un l’autre soutenir.
Si ton voisin vient à mourir,
Si un service public vient à mourir,
C’est sur toi que le fardeau tombe.
C’est sur toi que le fardeau tombe.

Un Âne accompagnait un Cheval peu courtois,
Un Cheminot cherchait d’un Usager le soutien.
Celui-ci ne portant que son simple harnois,
Celui-ci ne voyant que ses maux quotidiens
Et le pauvre Baudet si chargé qu’il succombe.
Et le pauvre Cheminot si attaqué qu’il succombe.
Il pria le Cheval de l’aider quelque peu :
Il pria l’Usager de le soutenir quelque peu :
Autrement il mourrait devant qu’être à la ville.
Autrement il mourrait le premier dans la file.
La prière, dit-il, n’en est pas incivile :
Le combat, dit-il, n’en est pas incivil :
Moitié de ce fardeau ne vous sera que jeu.
Elargir cette lutte est le vrai enjeu.
Le Cheval refusa, fit une pétarade;
L’Usager refusa, et repris sa tirade.
Tant qu’il vit sous le faix mourir son camarade,
Tant qu’il vit les médias tuer son camarade.
Et reconnut qu’il avait tort.
Et comprit bien tard qu’il avait tort.
Du Baudet, en cette aventure,
Du statut d’exploité, né de l’aventure,
On lui fit porter la voiture,
On lui fit porter l’armure,
Et la peau par-dessus encor.
Et la hausse du billet par-dessus encor.

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