Dix premiers conseils pour rentrer en résistance par la décroissance

Français, française, pour la patrie …

Arrête de consommer

Mes chers compatriotes, l’heure est grave, très grave. C’est aujourd’hui l’existence même de la nation qui est en péril. Vous le savez, la croissance économique mène notre monde au suicide écologique. En effet, plus de croissance, c’est inéluctablement plus de pollutions et moins de ressources naturelles. Aujourd’hui, la pollution a atteint un seuil critique pour notre planète. Évidemment, la planète détruite, ce serait la fin de la France ! Il faut donc sauver le monde pour sauver la France. Le niveau moyen de consommation des

Français est devenu insupportable pour la Terre et seule la décroissance économique permettra de réduire la pression que nous exerçons sur la nature. Ainsi, fidèle à sa vocation universelle et humaniste, la France, qui a éclairé le monde avec les Lumières, sera de nouveau exemplaire : elle montrera aux pays riches le chemin de la justice en réduisant de manière drastique sa consommation, ceci afin de partager avec les bientôt 7 milliards de Terriens des ressources planétaires qui ne sont pas extensibles. Aussi, je vous engage dès aujourd’hui, solennellement, à réduire, et ceci de la façon la plus radicale qui soit, votre consommation. Chers compatriotes, gageons que nous serons plus épanouis, dans une France et sur une planète qui ne verra plus jamais l’Humain seulement dans sa dimension marchande, c’est‐à‐dire de consommateur.

Vive la République, Vive la France, vive la Terre et vive la décroissance !

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10 premiers conseils pour rentrer en résistance par la décroissance

 

1 Se libérer de la télévision

Pour rentrer dans la décroissance, la première étape est de prendre conscience de son conditionnement. Le vecteur majeur de ce conditionnement est la télévision. Notre premier choix sera de s’en libérer. Comme la société de consommation réduit l’humain à sa dimension économique — consommateur—, la télévision réduit l’information à sa surface, l’image.

Média de la passivité, donc de la soumission, elle ne cesse de régresser l’individu. Par nature, la télévision exige la rapidité, elle ne supporte pas les discours de fond. La télévision est polluante dans sa production, dans son usage puis comme déchet.

Nous lui préférerons notre vie intérieure, la création, apprendre à jouer de la musique, faire et regarder des spectacles vivants… Pour nous informer nous avons le choix : la radio (sans pub), la lecture (sans pub), le théâtre, le cinéma (sans pub), les rencontres, etc.

 

2 Se libérer de l’automobile

Plus qu’un objet, l’automobile est le symbole de la société de consommation. Réservée aux 20 % les plus riches des habitants de la Terre ; elle conduit inexorablement au suicide écologique par épuisement des ressources naturelles (nécessaires à sa production) ou par ses pollutions multiples qui, entre autres, engendre la montée de l’effet de serre.

L’automobile provoque des guerres pour le pétrole dont la dernière en date est le conflit irakien. L’automobile a aussi pour conséquence une guerre sociale qui conduit à un mort toutes les heures rien qu’en France. L’automobile est un des fléaux écologique et social de notre temps.

Nous lui préférerons : le refus de l’hypermobilité. La volonté d’habiter près de son lieu de travail. La marche à pied, la bicyclette, le train, les transports en commun.

3 Refuser de prendre l’avion

Refuser de prendre l’avion, c’est d’abord rompre avec l’idéologie dominante qui considère comme un droit inaliénable l’utilisation ce mode de transport. Pourtant, moins de 10 % des humains ont déjà pris l’avion. Moins de 1% l’emprunte tous les ans. Ces 1 %, la classe dominante, sont les riches des pays riches. Ce sont eux qui détiennent les médias et fixent les normes sociales. L’avion est le mode de transport le plus polluant par personne transportée. Du fait de sa grande vitesse, il artificialise notre rapport à la distance.

Nous préférerons aller moins loin, mais mieux, à pied, en roulotte à cheval, à bicyclette ou en train, en bateau à voile, avec tous les véhicules sans moteur.

4 Se libérer du téléphone portable

Le système engendre des besoins qui deviennent des dépendances. Ce qui est artificiel devient naturel. Comme nombre d’objets de la société de consommation, le téléphone est un faux besoin créé artificiellement par la pub. “ Avec le mobile, vous êtes mobilisable à tout instant ”. Avec le portable nous jetterons donc les fours micro-onde, les tondeuses à gazon, et tous les objets inutiles de la société de consommation.

Nous préférerons au portable le téléphone, le courrier, la parole, mais surtout, nous tâcherons d’exister par nous-mêmes au lieu de chercher à combler un vide existentiel avec des objets.

5 Boycotter la grande distribution

La grande distribution est indissociable de l’automobile. Elle déshumanise le travail, elle pollue et défigure les pourtours des villes, elle tue les centres-villes, elle favorise l’agriculture intensive, elle centralise le capital, etc. La liste des fléaux qu’elle représente est ici trop longue pour être énumérée ici.

Nous lui préférerons : avant tout moins consommer, l’autoproduction alimentaire (potager) puis les commerces de proximité, les marchés, les coopératives, l’artisanat. Cela nous conduira aussi à consommer moins ou à refuser les produits manufacturés.

6 Manger peu de viande(1)

Ou mieux, manger végétarien. La condition réservée aux animaux d’élevage révèle la barbarie technoscientifique de notre civilisation. L’alimentation carnée est aussi une grave problématique écologique. Mieux vaut manger directement des céréales plutôt que d’utiliser des terres agricoles pour nourrir des animaux destinés à l’abattoir. Manger végétarien ou manger moins de viande doit aussi déboucher sur une meilleure hygiène alimentaire, moins riche en calories.

7 Consommer local

Quand on achète une banane antillaise, on consomme aussi le pétrole nécessaire à son acheminement vers nos pays riches. Produire et consommer local est une des conditions majeures pour rentrer dans la décroissance, non dans un sens égoïste, bien sûr, mais au contraire pour que chaque peuple retrouve sa capacité à s’autosuffire. Par exemple, quand un paysan africain cultive des fèves de cacao pour enrichir quelques dirigeants corrompus, il ne cultive pas de quoi se nourrir et nourrir sa communauté – voir le texte Dix objections majeures au commerce équitable(2).

8 Se politiser

La société de consommation nous laisse le choix : entre Pepsi-Cola et Coca-Cola ou entre le café Carte noire et la café “ équitable ” Max Havelaar. Elle nous laisse le choix de consommateurs. Le marché n’est ni de droite, ni du centre, ni gauche : il impose sa dictature financière en ayant pour objectif de refuser tout débat contradictoire et tout conflit d’idée. La réalité serait l’économie : aux humains de s’y soumettre. Ce totalitarisme est paradoxalement imposé au nom de la liberté, de consommer. Le statut de consommateur est considéré comme supérieur à celui d’humain.

Nous préférerons nous politiser, comme personne, dans les associations, les partis, pour combattre la dictature des firmes. La démocratie exige une conquête permanente. Elle se meurt quand est elle abandonnée par ses citoyens. Il est aujourd’hui temps de lui insuffler les idées de la décroissance.

9 Développement personnel

La société de consommation a besoin de consommateurs serviles et soumis qui ne désirent plus être des humains à part entière. Ceux-ci ne peuvent alors tenir que grâce à l’abrutissement, par exemple, devant la télévision, les “ loisirs ” ou la consommation de neuroleptiques (Proxac…).

Au contraire, la décroissance économique a pour condition un épanouissement social et humain. S’enrichir en développant sa vie intérieure. Privilégier la qualité de la relation à soi et aux autres au détriment de la volonté de posséder des objets qui vous posséderont à leur tour. Chercher à vivre en paix, en harmonie avec la nature, à ne pas céder à sa propre violence, voilà la vraie force.

10 Cohérence

Les idées sont faites pour être vécues. Si nous ne sommes pas capables de les mettre en pratique, elles n’auront pour seules fonctions que de faire vibrer nos ego. Nous sommes tous dans le compromis, mais nous cherchons à tendre à plus de cohérence. C’est le gage de la crédibilité de nos discours.

Changeons et le monde changera.

Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive. A vous de la compléter. Mais si nous ne cherchons pas à tendre vers cette recherche de cohérence, nous serons réduits à nous apitoyer très hypocritement sur les conséquences de nos propres modes de vie. Évidemment, il n’est pas de mode de vie “ pur ” sur la Terre. Nous sommes tous dans le compromis et c’est bien ainsi.

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Notes du mpOC-Liège

(1) Manger peu de viande et de poisson

Tous les océans sont aujourd’hui touchés par la surpêche ; celle-ci a provoqué un effondrement des populations de nombreuses espèces, une situation dès maintenant irréversible pour une part d’entre elles. Lire par exemple, Ravages de la pêche industrielle en Afrique, par Jean-Sébastien Mora sur le site du monde-diplomatique.fr. Extrait :

Premier importateur de poisson de la planète, l’Union européenne a mis en place une politique commune de la pêche destinée à satisfaire les immenses besoins de ses consommateurs : 22,3 kilos par an et par personne, contre 16 kilos en moyenne dans le monde. Tout en affichant l’objectif de « préservation des ressources naturelles », ce programme encourage des pratiques industrielles destructrices jusqu’en Afrique.

On aurait tort de réduire l’épuisement des ressources marines à un fantasme d’écologistes. La disparition brutale de la morue des Grands Bancs de Terre-Neuve à la fin du XXe siècle, que personne n’avait prévue, a fait l’effet d’un

électro-choc planétaire. Lancées par les Basques au XVe siècle, la pêche puis la surpêche de ce grand poisson d’eau froide ont conduit à l’impensable. Au Canada, en dépit du moratoire de 1992, la morue n’est jamais revenue […]

D’autre part, au plan sanitaire, au fil du temps la chair de poisson est devenue un aliment toxique, l’océan étant l’exutoire final de la société thermo-industrielle.

 

(2) www.decroissance.org/index.php?chemin=textes/commerce_equitable

1 – Le commerce équitable est inéquitable. En effet, pour qu’un échange soit réellement équitable, les conditions de protection sociale et de rémunération des individus qui produisent devraient être identiques à celles des personnes qui consomment[…]

2 – Le commerce équitable favorise la concurrence déloyale […]

3 – Le commerce équitable ne tient pas compte des coûts écologiques […]

4 – Le commerce équitable favorise l’appauvrissement de la biodiversité […]

5 – Le commerce équitable accompagne la déculturation de la production […]

6 – Le commerce équitable nous éloigne de l’essentiel : relocaliser l’économie […]

7 – Max Havelaar cautionne la grande distribution […]

8 – Le commerce équitable cautionne la mondialisation […]

9 – Le commerce équitable est une forme du néocolonialisme […]

10 – Le commerce équitable participe à l’idéologie de la soumission […]

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