Sept bonnes raisons de s’attaquer à l’ordre électrique

L’ordre électrique gagne du terrain : nous devons l’attaquer !

La transition énergétique en est le nouveau visage peinturluré de vert : ne nous laissons pas berner !
A travers la Chose, nous avons décidé d’agir.
Pourquoi ?

Quelles que soient les sources d’énergie (fossile, nucléaire, renouvelable), leur intégration dans les réseaux énergétiques contribue au désastre écologique en cours. Ce désastre est le résultat d’une guerre contre l’humain et le vivant au service de la production et de l’accumulation capitaliste. Les énergies renouvelables n’échappent pas à ce constat. La seule construction d’une éolienne industrielle nécessite des tonnes de béton et une extraction massive de métaux, et repose donc inévitablement sur le pétrole. Tout ça pour une durée de vie moyenne de… 20 ans! Voilà un développement pour le moins durable…

  1. L’aménagement du territoire est une forme contemporaine de colonisation. Partout sur la planète, les infrastructures énergétiques nécessitent la mise à disposition de terres pour l’extraction de matériaux, l’implantation de data centers, de réseaux de transport ou de centrales de production. Les territoires sont marqués par des installations imposantes dont ne bénéficient que rarement les populations locales. Celles-ci au contraire subissent les ravages écologiques et sociaux d’industries destructrices sans avoir leur mot à dire. Toute opposition est punie, par les armes s’il le faut. N’hésitons pas à parler d’extractivisme, même pour les énergies dites “vertes”!

  1. L’ordre électrique est autoritaire : On voit bien comment se déroulent les consultations des populations directement impactées par les projets d’aménagements liés à l’énergie : “Cause toujours !” Se brancher au réseau, c’est donner les manettes aux gestionnaires du réseau et renoncer à notre autonomie. L’éolien participatif n’échappe pas à ce constat : même s’il est géré par un groupe de citoyens, l’éolien industriel nécessite l’accès à un réseau détenu par des acteurs au pouvoir démesuré.

  1. L’ordre électrique, c’est une société de contrôle. Le mariage entre les technologies numériques et énergétiques annonce l’avènement du smart world: Linky, 5G, data centers, autant de technologies qui intègrent les existants dans les mailles de réseaux de gestion et de surveillance. D’abord présentée comme un progrès qui ouvrirait le champ des possibles, cette option technologique devient une nécessité et une obligation. La numérisation du monde enferme chacun⋅e dans un monde sans contact ultra-branché, les yeux rivés sur les écrans, connecté⋅e⋅s au réseau mais coupé⋅e⋅s les un⋅e⋅s des autres.

  1. L’ordre électrique se perpétue en produisant des illusions renouvelables. On nous bassine avec l’idée de transition énergétique, mais ce terme est mensonger et ne sert qu’à verdir des pratiques mortifères. Orano, Total, EDF, n’ont pas du tout pour intention de  diminuer les consommations d’énergies fossiles ou nucléaire. La transition énergétique est en réalité une addition énergétique. L’éolien, le solaire ou l’hydraulique ne font que s’ajouter aux autres sources sans les remplacer. Les multinationales de l’énergie continueront à extraire tout ce qu’elles pourront tant qu’elles le pourront. Le système des crédits carbone leur offre une superbe opportunité de se donner bonne conscience à moindre frais.

  1. L’ordre électrique c’est le règne de l’homme moderne détaché du monde qu’il met à son service. Une perspective écoféministe et décoloniale nécessite un renversement de ce monde, de ses valeurs et de ses infrastructures. Cette modernité permet aux hommes cis blancs de disposer de toutes les existences comme de biens généreusement mis à disposition par la Nature. L’ homme moderne devient indifférent aux dégâts qu’il génère et prend le maximum de place sans se soucier d’en laisser aux autres. Il veut tout contrôler, voit toute chose non exploitée comme un manque à gagner, comme un terrain vierge à aménager en faisant table rase de l’existant.

  1. L’ordre électrique c’est le désenchantement des mondes au profit d’un espace et d’un temps entièrement mis à disposition de l’énergie. Sur ces territoires constitués de ressources en énergie et maillés de réseaux, tout devient quantifiable en kWh. Si tout est quantifiable, tout est interchangeable et les singularités disparaissent avec notre sensibilité.Tous les os sont rongés, les espaces investis: alors que les déchets se transforment en ressources, les mers sont exploitées en profondeur et en surface, le ciel occupé par des satellites qui nous cacheront bientôt les étoiles. Le monde est mis à plat, homogénéisé, notre lien à lui appauvri.

Il est nécessaire de lutter activement et par tous les moyens contre cette logique destructrice et ses acteurs (EDF, Enedis, RTE et leurs équivalents mondiaux)!

Par la Chose, nous en prenons acte et avons décidé d’agir. Notre groupe agrège des personnes et des collectifs portant les mêmes constats et les mêmes volontés. Nous sommes issu⋅e⋅s de luttes pour le climat, contre l’éolien industriel, contre le nucléaire et les lignes THT : militant⋅e⋅s, bricoleur⋅euse⋅s, ingénieur⋅e⋅s déserteur⋅e⋅s, artistes, artisan⋅e⋅s, chercheur⋅e⋅s, précaires, informaticien⋅ne⋅s, paysannes, nous nous organisons sans hiérarchie pour faire front commun contre l’ordre électrique.

Si nos intentions résonnent avec vos désirs d’en découdre face a ce qui nous nuit, la proposition consiste à nous retrouver parmi les quatre portes d’entrée qui composent les rhizomes de la Chose.

  • des actions pour nuire massivement ou de façon plus diffuse
  • des campagnes pour exposer les prédateurs de la dévastation énergétique et générer des liens pour faire front commun
  • des enquêtes pour connaître précisément les fonctionnements et les fragilités du réseau énergétique
  • des chantiers pour libérer de la marchandisation des espaces où la vie déconnectée se construit avec ses diversités.

Ces quatre axes ouvrent des espaces de lutte contre les logiques destructrices. Ce processus est jalonné de rendez-vous où la Chose se déploie, se renforce, bâtit, enquête, s’organise, montre les dents.

L’agenda des rendez-vous de la chose est accessible sur : lachose.noblogs.org et en nous contactant à : lachose@riseup.net