Il y a urgence à Lille !

Ce n’est évidemment pas mieux à Orléans !

Une crise « jamais vue » aux urgences du CHU de Lille 

Les délais d’attente oscillent aujourd’hui entre 8 et 10 heures avant que passe un urgentiste. À l’issue, seuls 17 % des patients sont hospitalisés. Photos Pib

Ce n’est plus un cri d’alerte mais le constat « d’une crise profonde, intense et jamais vue » que dressent les responsables des urgences. Le service, au bord de l’asphyxie, est devenu l’entonnoir d’une médecine de ville en pleine mutation. « Nous payons la déliquescence de notre système de santé », résume Patrick Goldstein, chef de pôle.

De jeunes praticiens en pleurs dans les couloirs, rageant de ne pouvoir exercer leur métier dans de bonnes conditions, qui menacent de partir. Des infirmières sous pression, des aides-soignantes rincées, des brancardiers dont les bras leur en tombent… Le tout représentant la « traduction visible d’un système de santé qui ne va pas bien », selon Patrick Goldstein, chef de pôle des urgences du CHU de Lille.

« Deux cents patients en moyenne par jour. Quatre cents mardi dernier (toutes urgences confondues)… Et pas à cause du Covid-19 (moins de dix patients/jour et la moitié d’hospitalisés), ni à cause de la grippe », poursuit ce lundi Vincent Pegoraro, chef de service des urgences adultes. La principale raison d’un tel chaos ? « Nous sommes submergés par les consultations de médecine générale. » Les urgences deviennent un véritable entonnoir dans lequel se déversent tous les travers d’une médecine de ville en pleine mutation.

Départs à la retraite de généralistes non remplacés, nouveaux modes de consommation de soins… « Doctolib est devenu un piège. Les soins ambulatoires non programmés n’ont plus de place. » Alors, tous se précipitent ici et « seuls 17 % des patients sont au final hospitalisés après leur passage aux urgences (22 % dans la région). Nous sommes revenus à des taux de fréquentation supérieurs à ceux de 2019, soit avant la crise Covid ».

La situation est telle que les délais d’attente oscillent aujourd’hui en moyenne « entre huit et dix heures » avant que passe un urgentiste. « Je vois plus de trente patients par jour. Ma première consultation dure cinq minutes », lâche Alexandre, 30 ans et trois ans d’ancienneté. Une attente folle pour une prise en charge qualitative mais au pas de… charge. Ce qui engendre « des agressions verbales, rarement physiques, même si dans l’ensemble les patients restent étonnamment calmes », signale Vincent Pegoraro. « Ils se disent que cela vaut mieux d’attendre ici que d’avoir un rendez-vous dans les deux jours chez leur généraliste. »

L’équipe a failli exploser

Si on se bouscule à l’entrée, la sortie ne se fait pas plus fluide. « Nous manquons cruellement de lits en aval. » Personnel fatigué ou absent, restrictions liées au Covid, abandon partiel des chambres doubles… Les ouvertures de lits en post-urgences se font à partir d’un plan blanc misant sur de la déprogrammation… « Cette situation vous prend à la gorge », lâche Vincent Pegoraro qui ne cache plus son inquiétude. « L’équipe a failli exploser. » Le problème est profond, à la fois structurel et culturel et répond à une nouvelle façon de consommer le soin. « Je n’ai jamais vu une crise aussi profonde et intense. » Le système semble à bout de souffle.

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« Elle est restée plus de 24 h sur son brancard »  

Charlotte Bavière, infirmière : «Donnez-nous des lits supplémentaires.»

 « C’est vrai que l’on est en difficulté, qu’il y a une grosse affluence (1) . Souvent des personnes qui n’ont pas consulté leur médecin traitant avant, c’est lourd. » Interrogée sur ses conditions de travail, Charlotte Bavière, 36 ans, infirmière urgentiste, treize années d’ancienneté, poursuit : « Nous sommes en sous-effectif avec trois arrêts maladie ce matin… On fait des heures en plus. Les conditions de travail ne sont pas évidentes. » Un euphémisme. Plus de patients qui restent plus longtemps, cela signifie également non seulement une surveillance médicale mais également une administration de soins plus longue. En clair, une charge qui s’accroît au détriment de tous… « Une personne très âgée vient de rester plus de 24 heures sur son brancard avant de pouvoir être hospitalisée. Tous les matins, on se demande si on aura de la place. Il nous faut des lits supplémentaires… » Un cri du cœur qui traduit un investissement sans faille. Malgré les difficultés rencontrées, Charlotte Bavière n’éprouve aucun désir de quitter ce service. Passe un brancardier qui confirme que des patients restent parfois de « 24 à 48 heures dans les couloirs avant de trouver un lit », souvent en gériatrie.

  1. Du 28 novembre au 9 décembre, les urgences adultes ont vu 1 393 passages contre 1 344 en 2019 (hors odontologie), soit + 3,6 % : 651 passages pédiatriques contre 602 en 2019, soit + 8,1 %. Avec 9 patients Covid/jour.

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Commentaire

La politique de Véran et de ses prédécesseurs aboutit à cette carence dans le domaine hospitalier.  On ne donne pas les moyens aux médecins d’exercer librement ; ce qui fait qu’il y a pénurie de médecins, accentuée par le fait que des médecins démissionnent parce que non-vaccinés.

Résultat : l’urgence est en première ligne et ne peut pas satisfaire car on a supprimé du personnel, on a supprimé des lits ; on a priorisé le « virus » au détriment des autres maladies. Ajouté à cela le fait que des personnels hospitaliers ont aussi donné leur démission pour cause de non-vaccination … ou ont été exclus !

Comme cela ne suffit pas, Castex en rajoute un peu plus alors que la 4ème vague commence à s’essouffler : il faut montrer du doigt les ennemis intérieurs : les NON-VACCINES. C’est de leur faut s’il y a encore ce virus. C’est pourquoi, il faudra encore les empêcher de s’exprimer en les CONFINANT : pas de restau, pas de ciné, pas de courses ! La prochaine étape dans ce cirque qui va durer jusqu’au moins avril 2022 : obliger les non-vaccinés à porter une étoile ROUGE ou VERTE.

On ne peut pas utiliser n’importe quelle couleur car les nazis en ont déjà utilisé certaines :

  • Etoile jaune pour les juifs
  • Etoile noire pour les prisonniers « asociaux », tels que les vagabonds, les alcooliques, les prostituées, les lesbiennes, les handicapés, les malades mentaux
  • Etoile marron pour les tsiganes
  • Etoile rose pour les homosexuels

Il suffit d’anticiper et de penser que la cinquième vague, puis la sixième, puis la … arriveront. On peut aussi penser à la quatrième piqûre, puis la sixième … en sachant qu’il est déjà prévu que la dixième sera gratuite.,

En tout cas, si Micron gagne en mai 2022, il faudra s’attendre à ce que l’hôpital public soit privatisé. On assistera à une accentuation de la tendance actuelle : une médecine normale pour les riches –avec d’éventuels dépassements d’honoraires- et une médecine pour les pauvres qui auront encore les moyens de venir à l’hôpital –puisque la sécurité sociale jouera de moins en moins son rôle de social.

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Cri d’alerte

« Quand je prends ma garde, je me dis que je pars pour 24 heures en enfer » : la glaçante réalité des urgences de l’hôpital d’Orléans

Faute de lits dans les urgences et en aval, des patients passent plusieurs heures, voire jours, sur des brancards.

L’afflux croissant de patients couplé à un manque de personnel, déjà épuisé, et une absence de lits d’hospitalisation rend la situation infernale. Les malades attendent des heures et leur santé se dégrade parfois dramatiquement. Les soignants, eux, se démènent pour mener à bien leur mission, au prix de sacrifices importants. Plongée dans un service vital, au bord de l’implosion.

Neuf heures d’attente pour voir un médecin, parfois.

Jusqu’à cinq jours passés sur un brancard.

Des patients qui meurent dans les couloirs faute d’avoir été pris en charge ou correctement surveillés.

Des annonces de cancer faites entre deux portes.

Des soignants dépassés, épuisés, arrêtés en pagaille, parfois pour burn-out ou parce que le corps lâche.

C’est la réalité quotidienne des urgences adultes du CHR d’Orléans.

Olivier Boyer, directeur du CHRO répond aux très fortes inquiétudes, voire à la colère, de l’équipe des urgences de l’hôpital, qui traversent une crise inédite. Il estime que la solution réside dans un accroissement des lits d’aval.

Dégradation ces dernières semaines

La situation, déjà très tendue depuis des mois et des années, s’est notablement dégradée ces dernières semaines.

« Elle est devenue inacceptable, tant sur le plan humain que moral », écrit, solidaire, toute l’équipe des urgences, qui a adressé un courrier à la direction du CHRO le 15 novembre, ainsi qu’au maire d’Orléans.

Afflux massif de patients, souvent en piteux état ; manque cruel de personnel ; pathologies hivernales ; Covid en recrudescence et surtout pas de lits d’aval (pour les patients devant être hospitalisés à la sortie des urgences)…

Nous avons recueilli les témoignages très forts de plusieurs soignants qui y travaillent.

« Avant, je n’avais jamais vu de diagnostic de cancer aux urgences. Mais depuis cinq ans, on annonce deux ou trois fois par jour des cancers à des stades avancés, déjà métastasés, à des jeunes de 30 ou 40 ans. Ça veut dire que les gens ne sont plus suivis par un médecin. Tout a dégringolé. Ils attendent d’être très mal pour venir ici et arrivent trop tard », se désole le Dr Victoria Carré, alors chef des urgences par intérim et urgentiste depuis trente ans.

Pire, des patients décèdent au moins une fois par semaine, sous les yeux des autres patients.

« C’est inhumain », concède Charlotte (*), médecin urgentiste de 31 ans.

Mais comment surveiller attentivement chaque malade alors qu’il manque un tiers des effectifs infirmiers et que les binômes infirmière/aide-soignante doivent s’occuper de dix-huit à vingt patients contre huit, normalement ?

« Quand je prends ma garde, je me dis que je pars pour vingt-quatre heures en enfer. Mon objectif, c’est de ne pas avoir de mort évitable« , confie Luisa (*), médecin, qui a la sensation de trahir « son serment et sa vocation. »

« Vers la fin, j’y allais la boule au ventre », renchérit une aide-soignante arrêtée depuis des mois pour burn-out.

« On est maltraitants »

L’intimité des patients et la confidentialité des informations médicales sont également mises à mal quand il y a seulement 25 box pour 96 malades. Les paravents ne suffisent pas.

Les gens sont parqués dans des couloirs, constamment éclairés, pendant des heures et des jours (jusqu’à cinq jours). Il est même arrivé, comme ce jeudi 2 décembre, qu’il n’y ait carrément plus de brancards disponibles, à 16 h 30. Les patients ont donc été assis. « On est maltraitants », reconnaît Charlotte. Elle n’est pas la seule à employer cet adjectif.

« On est la porte d’entrée de l’hôpital pour beaucoup de patients et on a l’impression de porter sur nos épaules tout son dysfonctionnement« , analyse Charlotte.

Un médecin positif au Covid a continué sa garde

Souffrance intolérable des patients mais aussi des équipes, qui subissent et font de leur mieux pour soigner. Et pour ne pas craquer.

Ces conditions de travail insupportables « entachent grandement notre santé au travail, comme l’attestent les arrêts maladie et les départs croissants », souligne, alarmiste, l’équipe des urgences.

Les soignants passent leur temps à s’auto-remplacer puisqu’il manque 8,2 ETP (équivalents temps plein) rien que chez les médecins : le temps de travail additionnel a bondi de 28 % en cette fin 2021 et représentait déjà 3,6 ETP en 2020. Il n’est pas rare qu’ils prolongent leur garde ou reviennent sur un jour de repos.

« On s’excuse presque d’être malade car on sait qu’on ne sera pas remplacé », raconte Luisa, médecin de 33 ans (*).

Et que le collègue posté se retrouvera donc en sous-effectif.

C’est tellement vrai qu’un médecin positif au Covid a dû continuer sa garde ! La direction ferme les yeux, ne pouvant proposer d’alternative. Mis à part des médecins intérimaires « payés trois fois plus que nous » et pas habitués au service.

Dix propositions « simples et concrètes »

La lettre commune formulait dix propositions « simples, rapides, concrètes, réalistes et pérennes », selon leurs auteurs, qui appellent à une « révolution de nos pratiques, de concert avec la direction ».

Parmi elles, une campagne de communication auprès du grand public, promise depuis deux ans, sur les conditions de recours aux urgences, un troisième interne, la création d’une cellule dédiée à trouver des lits d’aval et libérant ainsi du temps médical…

Mais pour l’heure, aucune n’a été mise en œuvre. Les soignants ont le sentiment d’être écoutés mais pas entendus. Pire, ils se sentent « déconsidérés, abandonnés et méprisés », estime Arthur (*), un jeune médecin. Pourtant le temps presse.Le Plan blanc déclenché mardi suffira-t-il à soulager un peu les urgences ? Rien de moins sûr car un tel dispositif n’a pas vocation à être pérenne. « C’est de la survie. On se demande tous les jours combien de temps on tiendra », résume Luisa. Et un tableau similaire se dresse aux urgences pédiatriques et gynécologiques.

(*) Le prénom a été modifié.

rep.fr