Le gaz de couche pas interdit !

Pour d’autres informations sur le gaz de couche :

https://houille-ouille-ouille-5962.com/

Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, annonce vouloir interdire d’ici 2040 la production française d’hydrocarbures. Cela sera présenté en conseil des ministres le 6 septembre.
Il faut rentrer dans le détail pour voir que ce n’est pas aussi clair.
En tout cas, le gaz de couche échappe à l’interdiction de l’exploration des hydrocarbures !

Depuis plusieurs années, les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ne cessent de marteler que pour espérer contenir la hausse de la température moyenne sous la barre de 2 °C par rapport à l’époque préindustrielle,  80 % des réserves fossiles connues (charbon, pétrole et gaz) doivent être laissées dans le sous-sol.

Il y a urgence, le point de bascule du réchauffement planétaire aux conséquences dévastatrices ne cesse de se rapprocher à grand pas ou n’est il déjà pas franchi ?
Le gouvernement doit adopter, le 6 septembre, en conseil de ministres un projet de loi relatif à l’interdiction de l’exploitation des hydrocarbures suite aux annonces faites par le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, lors de la présentation de son «plan climat», le 6 juillet dernier.
Une première lecture rapide du texte laisse à penser une fin prochaine de l’extraction pétrolière et gazière et le bannissement de l’exploration de tous les hydrocarbures liquide ou gazeux mais … les hydrocarbures contenus dans les couches de charbon non exploitées seraient volontairement exclus des nouvelles dispositions de la loi. (1)
Le gaz de couche est un hydrocarbure gazeux comme le précisait le BRGM (bureau de recherches géologiques et minières, établissement public, service géologique national) dans son rapport de 2013. (2)
Le gaz de couche est un méthane contenu dans les couches profondes de charbon non exploitées situées entre 1.000 et 2.000 m de profondeur (voir article précédent). C’est une énergie fossile, qui par sa combustion, participerait au dérèglement climatique. Il est responsable de 32 % du réchauffement climatique : « Sans effort spécifique majeur de réduction des émissions de méthane, l’objectif de l’Accord de Paris n’a aucune chance d’être respecté .(3)
Pourquoi et comment interpréter cette exception inscrite dans le projet de loi alors que le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot s’était engagé à en finir avec les énergies fossiles et à promouvoir la neutralité carbone ?
Le gouvernement a-t il une fois de plus céder aux lobbies et s’est-il laissé séduire par les annonces de la Française de l’Énergie ? Cette société anciennement appelée Europan Gaz Limited s’est rebaptisée La Française de l’énergie (LFDE) et a été introduite en bourse en juin 2016 (pour plus de détails, voir l’article précédent sur le blog « Alerte au gaz de couche, source de pollution dans le Nord et en Lorraine » ).
LFDE joue sur la confusion entre le gaz de couche (exploré en Lorraine) et le gaz de mine (exploité dans le Nord de la France, voir article précédent sur le blog « Le gaz de couche, c’est pas du grisou ») afin d’obtenir les autorisations de forage et, par cette confusion, se targue de contribuer à l’effort de réduction de l’empreinte carbone et de promouvoir ainsi une activité prochaine de production « d’énergie verte », le greenwasching est en marche !
Et la « supercherie » a fonctionné, le Conseil régional Grand Est ayant décidé de verser 1,75 millions d’euros pour soutenir le projet commun « REGALOR-ressources gazières de Lorraine » au bénéfice de l’Université de Lorraine et de l’entreprise Française de l’Énergie, en somme de l’argent public pour de la recherche d’une énergie fossile !. La convention de financement justifie cette subvention comme suit :
« [le projet financé] a pour ambition la valorisation des champs gaziers stratégiques en Lorraine, ouvrant ainsi la voie à la création en Europe d’un nouveau type d’éco-industrie orientée sur la quantification des ressources gazières non-conventionnelles et leur exploitation respectueuse des écosystèmes environnants.”
LFDE pratique très bien les glissements de vocabulaire et les approximations. Elle revendique d’être la première entreprise française de production d’hydrocarbures alors qu’elle n’a jamais produit le moindre baril de pétrole, ni le moindre mètre cube de gaz. Elle prétend détenir le plus grand portefeuille de permis miniers, alors que ses nombreux demandes pour obtenir des permis sont toujours en instruction. Il faut rassurer les investisseurs !
En fait, elle ne détient pas les permis qu’elle prétend détenir à l’exception de quatre PERH (Permis exclusifs de recherches d’hydrocarbures), intitulés Bleue Lorraine , Bleue Lorraine Sud, Sud Midi et le Valenciennois. Le premier a été renouvelé jusqu’au 30 novembre 2018, le second jusqu’au 7 novembre 2016. Ils sont situés sur le territoire est-mosellan.  Elle a déjà procédé à quatre forages exploratoires, un cinquième a eu lieu cet automne- hiver  2016 sur le site de Lachambre près de Saint Avold.
Pour rappel, Samuel Ferey, professeur de sciences économiques, à l’Université de Lorraine, coauteur d’un publication précisait que « Le point crucial est, me semble-t-il, d’être tout à fait conscient que la Française de l’énergie est une entreprise privée, cherchant avant tout son profit pour elle, ses dirigeants et ses actionnaires. » (4). On est très loin de la lutte contre le réchauffement climatique !
LFDE a toujours bénéficié du soutien de l’État, du temps où Emmanuel Macron était Ministre de l’Économie, ce dernier s’était déjà prononcé en faveur de l’exploitation de ce gaz en Lorraine (5), et de l’ancien président de la Commission du développement durable à l’Assemblée nationale, Jean Paul Chanteguet. Lors de l’examen de la proposition de loi réformant le code minier par l’Assemblée nationale, en janvier 2017, celui-ci avait déjà  proposé l’exclusion du gaz de couche de l’interdiction des hydrocarbures non conventionnels, disposition qui avait été votée majoritairement par les députés.(6) Il avait justifié son amendement comme suit :
« Nous avons retiré les hydrocarbures liquides ou gazeux piégés dans les couches de charbon. Je pense que les dispositions votées confortent et sécurisent l’entreprise qui les exploite en Lorraine. Aujourd’hui nous exploitons en France le gaz de mines, et nous avons commencé à exploiter le gaz de houille dans des veines déjà fracturées. »  http://www.usinenouvelle.com/article/une-politique-miniere-au-service-des-energies-renouvelables.N493759 (7).
Dans l’argumentaire utilisé par J.P. Chanteguet, on peut lire « l’entreprise qui les exploite ». C’était déjà une tricherie. LFDE ne dispose que d’un permis de recherche. Mais cette entreprise a réussi à convaincre de nombreux interlocuteurs, y compris les politiques et ses actionnaires, qu’elle « exploite » le gaz de couche. De nombreux articles dans la presse témoigne du glissement du discours de LFDE.
Le texte du projet de loi mentionne le gaz de mine en précisant que les dispositions contenues dans le projet de loi ne s’appliquent pas à ce dernier. Par contre en confortant le gaz de couche, le gouvernement valide le fait qu’un projet consistant à brûler du méthane extrait du sous-sol soit qualifié d’électricité verte.
Cela va à l’encontre de tous les discours tenus par le ministre de la transition écologique, de mettre fin aux énergies fossiles et « d’assécher » leur recherche(8). N’est-on pas dans une posture de la part du gouvernement ou plus tôt une imposture ?
Dans le texte du projet de loi figure cette disposition mentionnant que « L’exploration des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux est interdite sur le territoire national, dans la zone économique exclusive et sur le plateau continental ( Art. L. 712-2. ). Ce seul article suffirait, l’exploration des mines d’hydrocarbures est interdite, il serait le premier acte de l’abandon de cette industrie.
Ce texte de projet de loi doit évoluer, de nombreuses autres questions restent en suspens, à savoir le bien fondé de la distinction des hydrocarbures conventionnels et non conventionnels, le devenir des permis exclusifs de recherche d’hydrocarbures attribués et en cours de validité, leur éventuelle prolongation, le droit de suite qui ne permet pas l’interdiction d’octroi de nouvelles concessions, l’avenir de la loi Jacob qui feront l’objet d’autres articles et analyses.

(1) http://www.arnaudgossement.com/archive/2017/08/24/energie-le-gouvernement-finalise-un-projet-de-loi-relatif-a-5973571.html
(2) http://www.ineris.fr/centredoc/note-brgm-ineris-gaz-de-charbon-finale-29-05-13-fin-unique-1382978611.pdf
(3) https://www.alternatives-economiques.fr/alerte-methane/00076845
(4) « Le projet d’exploitation du gaz de charbon en Lorraine et son intégration dans le territoire »
page 73  http://georessources.univ-lorraine.fr/sites/georessources.univ-lorraine.fr/files/users/documents/livrevertgazhouille.pdf
(5) « Je suis favorable à la poursuite de l’exploration du gaz de houille en Lorraine, dont les réserves sont prometteuses et qui est bien accepté localement, indiquait le ministre le 24 mai lors du colloque Cyclope consacré aux matières premières. »
Le gaz de houille lorrain, le nouveau pari de Macron
https://www.challenges.fr/challenges-soir/apres-le-gaz-de-schiste-le-gaz-de-houille-lorrain-sur-lequel-parie-macron_22176
(6) Proposition de loi portant adaptation du code minier au droit de l’environnement,
http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0890.asp
(7) M. Jean-Paul Chanteguet, rapporteur.

«  J’entends les explications données par Mme Abeille, mais je me suis exprimé en commission sur notre décision de ne pas interdire l’exploitation des gaz de houille ou de couche. Nous avons maintenu la loi de 2011, c’est-à-dire l’interdiction de la fracturation hydraulique. L’amendement qui a été adopté me semble équilibré, compte tenu des enjeux territoriaux et économiques. Demain, si l’exploitation des gaz de houille ou des gaz de couche menaçait d’avoir un impact sur le plan environnemental, le nouveau code minier que nous allons voter permettrait de l’interdire. J’émets, à regret, un avis défavorable. »

http://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2016-2017/20170104.asp

(8)  Le centre de recherche « Oïl Change International »  nous rappelle que : « Les gisements gaziers, pétroliers et mines de charbon actuellement exploités contiennent suffisamment de CO2 pour nous amener au-delà de la barre de 2° de réchauffement ; nous affirmons et prévenons : nous ne pouvons construire aucune nouvelle infrastructure fossile nulle part dans le monde. Tout nouveau projet lié à l’industrie fossile menace l’accord de Paris COP 21 et les millions de vies concernées par le dérèglement climatique ».

blogs.mediapart.fr/claude-taton/blog/280817/le-gaz-de-couche-echappe-linterdiction-de-lexploration-des-hydrocarbures-4

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La fin de l’exploitation des hydrocarbures en France : une mesure hautement (mais uniquement) symbolique
Le « Plan climat » de Nicolas Hulot prévoit la fin, d’ici à 2040, de toute exploration ou exploitation d’hydrocarbures sur le territoire français, à l’exception du gaz de houille. La production française ne couvre actuellement que 1% de notre consommation.

http://www.usinenouvelle.com/article/la-fin-de-l-exploitation-des-hydrocarbures-en-france-une-mesure-hautement-mais-uniquement-symbolique.N579788
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Commentaires à l’article de l’usine nouvelle
Article intéressant, mais …
Il est écrit :
« Les seuls gaz fossiles épargnés – dans le plan climat de Nicolas Hulot comme dans la réforme du code minier – sont les gaz de mines et de houille, exploités en Lorraine par la Française de l’Energie. S’ils s’accumulent dans les anciens tunnels miniers et les couches de charbon, ces gaz présentent un risque sanitaire et sécuritaire (explosion, relâchement subit). »
Tout d’abord, l’article relatif au lien n’existe pas.
Par ailleurs, on mélange gaz de mine (avec un « s ») et gaz de houille.
Il faut rappeler ceci :
– gaz de mine ou grisou : c’est ce qui s’accumule dans les galeries creusées lors de l’exploitation du charbon jusque fin XXème siècle dans la région ; il y a des risques sanitaires et sécuritaires  ; c’est pourquoi, il faut récupérer ce méthane … mais ne pas le transformer en électricité (c’est ce que veut faire la Française de l’Énergie par l’intermédiaire de sa filiale Gazonor). Bien entendu, l’usine nouvelle fait peur en parlant d’explosions et de relâchement subit ; c’est vrai pour le relâchement ; c’est vrai pour les explosions du temps de l’exploitation du charbon, ce n’est plus vrai maintenant !
– gaz de couche : C’est du méthane que l’on veut aller chercher à 1600 ou 2000 m sous terre en fracturant les veines de charbon. Ironie de l’histoire : au XXIème siècle, on veut non pas chercher du charbon mais du gaz. Ce gaz ne sera pas dangereux si on laisse tranquilles les veines de charbon. Il sera dangereux si on veut le chercher.
– gaz de houille : c’est du gaz de mine ET du gaz de couche !
Autre remarque : l’usine nouvelle laisse croire que l’on exploite du « gaz de mines (sic) et de houille » en Lorraine. Une erreur et un oubli :
– pour l’instant, on n’exploite pas en Lorraine, on explore ; bien sûr, si on ne s’oppose pas à l’extraction, il y aura exploitation !
– il n’est pas fait allusion au fait qu’il n’y a pas que la Lorraine qui est concernée par ce projet d’exploitation du GAZ DE COUCHE. Toutes les anciennes régions minières sont concernées : le Nord/Pas-de-Calais (région qui intéresse aussi Française de l’Énergie), le Jura …
Autre supercherie : il n’est pas question d’utiliser le terme « gaz de couche » ; il vaut mieux parler -en mélangeant le tout, pour tromper- gaz de mine, gaz de houille ; classique pour les médias, technique volontairement utilisée par les industriels. C’est évidemment très rassurant car -pour les Lorrains, pour les Nordistes, mais aussi pour chaque français-, ce sont des termes qui parlent : cela veut dire : emploi, travail, fin du chômage ! Très fort pour endormir les citoyens.
Dernière supercherie : on mélange tout (gaz de mine et gaz de couche) pour dire qu’il faut récupérer le méthane car il y a risques « sanitaires et sécuritaires ».

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Gaz de couche : l’APEL 57 écrit à N. Hulot

Le courrier est daté du 29 août ; il demande une entrevue au ministre avant la réunion du Conseil des ministres du 6 septembre, au cours de laquelle sera présenté un projet de loi relatif à l’interdiction de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels en France.

Cette lettre est soutenue par 40 associations et collectifs en France.

Pour lire le document :

Loi hydrocarbures_gaz de couche_lettre à M. Nicolas Hulot 170829