L’ombre d’octobre

Un livre de Pierre DARDOT et Christian LAVAL

EDITION Lux ; Montréal

Le mythe bolchevik est épuisé. Seuls de sinistres régimes et quelques sectes, accrochés aux emblèmes, rituels et formules desséchées, continuent aujourd’hui d’en faire une référence identitaire. À quoi bon alors en parler encore ?

Le refoulement de cette histoire risquerait de nous aveugler sur la persistance de pratiques directement héritées du bolchevisme : verticalisme ouvert ou occulte au profit d’un leader, culte de l’État-nation, obsession de la prise du pouvoir par l’insurrection, refus de la démocratie et de l’autonomie des formes d’auto-organisation, autant d’éléments qui forment ce qu’il faut appeler « l’ombre d’Octobre ».

La prise du pouvoir par les bolcheviks a été une catastrophe pour le mouvement ouvrier et pour l’histoire même de l’émancipation. Elle doit être mieux comprise dans sa logique profonde. Du Parti souverain à l’État national, il y a en effet continuité : le bolchevisme a été la culmination fanatique et délirante de la doctrine occidentale de la souveraineté de l’État.

Tournant le dos à ce communisme d’État, une politique du commun s’invente aujourd’hui qui renoue avec d’autres expériences révolutionnaires et met en œuvre le principe démocratique de l’autogouvernement.

Table des matières

Introduction : Lumières des soviets, ombre d’Octobre

 

1 De la révolution de Février à l’insurrection d’Octobre

La révolution de Février

L’attitude des bolcheviks à l’égard des soviets

Le tournant de mi-septembre et la préparation de l’insurrection

L’insurrection d’Octobre et le coup d’État de Lénine

2 Le Parti Souverain

Une décision unilatérale du Comité central

Une fausse dualité du pouvoir entre Parti et soviets

Vers le monopole du parti

Le fétichisme du parti

La souveraineté du Parti comme essence du bolchevisme

Marx et Lénine

 

3 L’ État contre les soviets

La « dictature du prolétariat »

Le plus démocratique des État ?

L’impératif du « plus d’État »

L’Etat terroriste en guerre contre la société

Une souveraineté d’État antisoviétique

4 L’ombre d’Octobre et les révolutions occultées

La Révolution mexicaine, une révolution sociale oubliée

Du libéralisme radical au communisme anarchiste

Une révolution ouvrière et agraire

La Casa del Obrero Mundial, une institution ouvrière unique

La Révolution mexicaine vue par les bolcheviks

La Révolution espagnole, une révolution sociale dissimulée

Le mouvement de collectivisation et les expériences d’autogestion

Le Parti, fer de lance de la reconstruction de l’État

5 Quel communisme ?

Un communisme d’État

Historicité et pluralité des communismes

Le communisme de la communauté des producteurs

Le poids de l’héritage Saint-Simonien

Le communisme des communs : un communisme politique et institutionnel