Le nucléaire et Bure

Où en est-on avec ces « malfaiteurs » ? Et avec les mesures liberticides ?

CONTRÔLES JUDICIAIRES À BURE : LA COUR DE CASSATION AVALISE DES MESURES LIBERTICIDES

Communiqué commun Coordination StopCigéo (CEDRA, EODRA, Bure Zone Libre, Bure Stop 55)

Aujourd’hui, la Cour de Cassation a rendu sa décision suite à l’audience du 14 novembre 2018 sur le pourvoi déposé par cinq militant-e-s antinucléaires de Bure mis-e-s en examen dans « l’association de malfaiteurs » dont le recours en appel sur leur contrôle judiciaire avait été rejeté par la Cour d’Appel de Nancy le 22 août.

Sans grande surprise la Cour a rejeté ce pourvoi et suivi l’avis de l’avocat général jugeant que ces contrôles judiciaires, qui interdisent pourtant à 10 personnes membres d’associations et de collectifs communs de rentrer en contact et les privent de certaines parties du territoire où ils vivent, « ne constituent pas une interdiction de mener une activité sociale et militante ».

Alors que l’Etat français a rejoint l’initiative, proposée par Reporters Sans Frontières, d’un « Pacte international sur l’information et la démocratie

http://www.rfi.fr/afrique/20181112-forum-paix-initiative-rsf-inf

cette décision fait tâche pour la liberté d’opinion et d’expression.

 D’autant plus que des révélations médiatiques ont récemment montrées que, en dépit de moyens d’enquêtes extravagants; légalisés par la loi contre le terrorisme du 3 juin 2016, ce dossier d’instruction de près de 10 000 pages reste substantiellement bien vide

https://www.liberation.fr/france/2018/11/14/bure-le-zele-

Le Procureur de la République Olivier Glady a déclaré lui-même : « si ça se trouve, à la fin, il n’y aura pas assez d’éléments« .

Face à ce qui prend l’allure d’une opération politique pour asphyxier un mouvement de lutte tout entier, ces mesures liberticides constituent une peine avant même le procès. Une quinzaine d’organisations nationales ont demandé à ce qu’il y soit mis fin dans une tribune commune

https://cedra52.jimdo.com/2018/11/23/contr%C3%B4les-judiciaire

Un appel de plus de 100 personnalités paru dans cinq médias l’exige à nouveau, dénonçant un « scandale d’État ».

https://reporterre.net/A-Bure-scandale-d-Etat-il-faut-

Ce revers judiciaire ne nous arrêtera pas : le combat que nous menons contre la criminalisation de la lutte de Bure se poursuivra en tout état de cause. D’autres recours seront déposés contre ces contrôles judiciaires et bien d’autres aspects révoltants de cette enquête d’instruction pour « association de malfaiteurs ». Face au contexte français de forte répression politique et de judiciarisation de la contestation

https://www.frontsocialuni.fr/repression-en-france/

Nous engagerons toutes les procédures nécessaires et les mèneront jusqu’à la Cour européenne des Droits de l’Homme s’il le faut, afin de faire jurisprudence et dissuader tout usage de ces dispositifs liberticides à l’avenir.

Le 10 janvier ainsi que le 5 février nous nous retrouverons pour de nouveaux moments de mobilisation devant la Cour d’Appel de Nancy et au Tribunal de Grande Instance de Bar-le-Duc pour dénoncer la criminalisation d’une lutte qui a déjà occasionné une cinquantaine de procès en un an.

Les contrôles judiciaires et mises en examen ne constituent en effet que la partie la plus visible du « laboratoire répressif »

https://blogs.mediapart.fr/sauvonslaforet/blog/251018/bure-

mis en place à Bure, avec une inquiétante situation d’atteinte aux droits humains.

La Ligue des Droits de l’Homme a ainsi annoncé officiellement aujourd’hui la mise en place d’une « commission d’enquête sur le traitement judiciaire et les opérations de maintien de l’ordre à Bure »

https://twitter.com/LDH_Fr/status/1067718572934352896

 Enfin, alarmé-es par ce qui nous semble être une grave dérive sécuritaire à l’encontre des militant-e-s et plus largement de toute la société civile, nous comptons nous inscrire dans la construction d’un large front commun d’organisations, de collectifs et de luttes contre la criminalisation de la contestation politique en France dans les prochains mois.

Contacts presse :

    – Juliette Geoffroy (CEDRA) : 06 50 69 72 61

    – Angélique Huguin (militante anti-nucléaire mise en examen sous CJ) : 06 88 27 16 06

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L’observatoire du nucléaire s’exprime

http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.

Extraits (sans les liens)

Cigéo / Bure : laboratoire du totalitarisme d’Etat
La France n’est peut-être pas encore une dictature, certes, mais elle en prend clairement le chemin et expérimente le totalitarisme d’État dans certaines zones, comme par exemple autour du site Cigeo d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure (Meuse).
Il faut déjà se rappeler que, profitant cyniquement des récentes campagnes d’attentats qui ont eu lieu en France, le pouvoir a intégré dans la loi « ordinaire » des mesures gravement liberticides relevant de l’État d’urgence.
S’il était déjà légitime de contester la pertinence de ces mesures en situation d’État d’urgence, que dire maintenant qu’elles sont devenues « normales » ? L’État français mène autour de Bure une ignoble chasse aux opposants (qui n’ont pourtant rien à voir avec des terroristes), usant de gardes à vue prolongés, de perquisitions sans passer par la décision d’un juge, de multiples mesures administratives aussi liberticides qu’injustifiées.
C’est dans ce contexte nauséabond qu’un homme droit a tiré sa révérence : Jean-Pierre Remmele, longtemps maire de Bonnet (près de Bure), un des rares maires du coin à ne pas s’être laissé acheter par l’argent sale déversé par l’Andra (Agence pour la gestion des déchets radioactifs).

La pirouette est facile, certes, mais difficilement contestable : le site du Bure est avant tout un laboratoire d’enfouissement de la démocratie. Cela se passe en 2018, en France.

Le déclin irréversible du nucléaire sur Terre
Pendant que les « élites » françaises croient encore pouvoir perpétuer la politique atomique lancée il y a 70 ans par De Gaulle, le nucléaire s’effondre partout où il est présent sur Terre : annulation de la quasi-totalité des projets de construction, fermetures de plus en plus nombreuses des réacteurs
Les fidèles lecteurs de cette revue de presse pourront en témoigner : cela fait des années que nous signalons que, malgré les innombrables effets d’annonce des industriels de l’atome, l’énergie nucléaire n’a plus aucun avenir (hormis par ses contaminations et ses déchets !)
Eh bien aujourd’hui, c’est sous la plume de l’AIEA (Agence internationale pour l’énergie atomique) que l’on peut lire : « L’énergie nucléaire fait face à une baisse de compétitivité qui pourrait se traduire par une chute de plus de 10% du parc mondial de réacteurs d’ici à 2030 ».
Alors certes, l’organe principale du lobby de l’atome tente encore de donner le change en utilisant le conditionnel et en limitant la chute à environ 10 % (ce sera en réalité bien plus). Mais, il y a encore peu, ces gens s’amusaient à publier des prévisions sidérantes de développement du nucléaire un peu partout sur Terre.
Mais désormais, même avec la pire des mauvaises fois, il n’est plus possible de cacher la vérité, elle-même martelée année après année par le World Nuclear Industry Status Report dirigé par l’excellent Mycle Schneider, ou par l’Observatoire du nucléaire par exemple dans une nouvelle tribune publiée par Le Monde.

 

PPE : Les dirigeants français contre le sens de l’Histoire !
Macron, employé (de luxe) d’EDF

Déjà confronté au mouvement des « gilets jaunes », lequel a démarré à propos du prix des carburants avant d’évoluer vers une véritable révolte sociale, le banquier (déguisé en président de la République) Macron avait à son agenda l’annonce des grandes lignes de la PPE : Programmation annuelle de l’énergie.
Il s’agit de feuille de route censée piloter la politique énergétique de la France sur les périodes 2019-2023 et 2024-2028 et, dans un contexte de bouleversements économiques et géopolitiques un peu partout sur Terre, il est plus que jamais souhaitable de prendre des décisions courageuses, sensées, voire visionnaires.
Rien de tout cela avec Macron dont la mission, faut-il le rappeler, est de détruire tout ce qui repose sur la solidarité afin de permettre aux classes sociales « supérieures » de s’en mettre plein les poches au détriment de la population. Et une des meilleures façons d’y arriver est de ne rien décider sur le plan de l’énergie afin que la situation ne puisse que devenir inextricable et justifier des mesures en catastrophe comme le renflouement par l’argent public, la privatisation par le bradage, etc.
C’est ainsi que ce cher (ruineux) Macron a pris concernant le nucléaire des décisions fracassantes… qu’il ne sera jamais en situation de mettre en œuvre ! En effet, comme le signale l’excellent site Reporterre, « Macron renvoie la baisse du nucléaire à ses successeurs ».
Ceci dit, comme expliqué plus haut, les fermetures de réacteurs ont toutes les chances d’être bien plus rapides et nombreuses qu’envisagées, non pas du fait du moindre courage politique mais imposées par la réalité industrielle et financière. En espérant que ce processus ne s’accompagne pas d’un ou plusieurs Fukushima français…

 

Réacteur EPR : la farce du siècle
L’atome hexagonal n’en fini plus de se ridiculiser, multipliant les démonstrations de la plus totale incompétence, comme par exemple avec l’affaire des milliers de pièces défectueuses produites pendant des décennies dans les usines Areva du Creusot.
Mais bien sûr, la vaisseau amiral de la nullité du nucléaire français n’est autre que le fameux réacteur EPR, véritable dinosaure conçu au siècle dernier, et quasiment impossible à construire même par ses concepteurs !
Alors qu’il devait entrer en service en 2009, l’EPR en chantier en Finlande voir désormais sa date de lancement repoussée à 2020 (en attendant de nouveaux reports) : 11 ans de retard, 15 ans de chantier, près de 20 ans depuis la décision de le construire. Entre temps, tout a changé sur la marché de l’énergie, et même les industriels de l’atome promeuvent des réacteurs plus petits que ce pauvre EPR.
En France, à Flamanville, EDF poursuit son chemin de croix avec son propre EPR : déjà 7 ans de retard, de gravissimes malfaçons dont bien sûr la cuve défectueuse mais aussi une flopée de soudures mal réalisées.
Et pourtant, des zozos n’hésitent pas à se ridiculiser en préconisant la construction en France de 6 EPR, alors qu’EDF est incapable d’en faire un seul (sans parler de l’impossibilité de financer de tels dinosaures) !

Un pantin et deux héros : Paulette et Didier Anger
Le parcours de Didier et Paulette Anger salué par un prix international

Certaine comparaisons sont pratiquement indécentes. Les hasards de l’actualité nous amènent pourtant à évoquer deux parcours parfaitement emblématiques… et totalement différents.
D’une part, le pantin François de Rugy : faux écolo, d’abord député EELV (dans une circonscription offerte par le très productiviste PS), puis adepte du regrettable Valls lorsque ce dernier avait la main, avant de changer illico de crèmerie lorsqu’il est apparu que Macron allait rafler la mise.
C’est ainsi que ce véritable prostitué politique a carrément pu s’asseoir plus d’un an dans le fauteuil de président de l’Assemblée nationale, où il a été si nul que Macron l’a finalement exfiltré pour en faire un ministre de l’écologie parfaitement servile.
Aucune comparaison possible avec le parcours d’un couple admirable, Paulette et Didier Anger, dont la vie d’engagement a été est justement récompensée mercredi 24 octobre à Salzbourg avec le prix « Lifetime achievement » remis par la fondation Nuclear-Free Future Award. Courage, droiture, désintéressement financier, etc : à l’époque où triomphent les cyniques, opportunistes, menteurs, tricheurs, voilà bien une trajectoire exemplaire.

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VIDÉO – Les « malfaiteurs » de Bure disent leur vérité

https://reporterre.net/VIDEO-Les-malfaiteurs-de

Voyant leurs libertés durement restreintes par un contrôle judiciaire, les militants anti-nucléaires poursuivis par la justice ont décidé de s’exprimer. En vidéo, ils et elles racontent ce qu’ils subissent et pourquoi ils luttent contre le projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires.

En juin dernier, des dizaines de policiers et gendarmes ont opéré des perquisitions brutales chez une dizaine de personnes opposées au projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires. Sept d’entre elles sont restées en garde à vue pendant plusieurs dizaines d’heures, subissant plusieurs interrogatoires des policiers. Fait exceptionnel, un avocat, Maître Étienne Ambroselli, a été lui aussi perquisitionné et retenu près de 48 heures en garde à vue. Depuis, cinq personnes restent sous contrôle judiciaire, et deux autres ont, en septembre et octobre, été aussi placées par l’appareil judiciaire dans cette situation.

Les militants sous contrôle judiciaire se voient reprocher de participer à une « association de malfaiteurs ». Ils ne sont pas visés pour des faits précis et ne sont pas condamnés, mais subissent du fait du contrôle judiciaire des restrictions fortes de leurs libertés. Le 28 novembre, la Cour de cassation doit décider si ce contrôle judiciaire est levé.

Plusieurs d’entre eux ont choisi de s’exprimer ouvertement, de dire pourquoi ils luttent et ce qu’ils subissent. Voici leurs témoignages.

Angèle : « Ne pas baisser les bras, même si l’on sacrifie beaucoup de sa vie personnelle »

Joël : « La mise en commun, c’est une façon de répondre à une industrie nucléaire qui joue sur l’isolement des gens »

Pivoine : « Le contrôle judiciaire que je subis, c’est déjà une peine. Mais je ne vais pas m’arrêter »

Chloé : « Je me sens bloquée dans ma vie. Mais ils ne détruiront jamais mes idées »