L’oligarchie, malade de l’Insurrection

A partir d’un texte de La Fontaine

Un mal qui répand la terreur,
Un mal qui répand la terreur
Mal que le Ciel en sa fureur
Mal que le peuple en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
Inventa pour punir les crimes des bourgeois.
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
L’insurrection (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Capable d’emporter en un jour Macron
Faisait aux animaux la guerre.
Mettait les riches aux aboies
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : mais tous étaient menacés
Ils ne mouraient pas, mais tous étaient inquiets.
On n’en voyait point d’occupés
On les voyait très occupés
A chercher le soutien d’une mourante vie ;
A chercher le soutien de médias asservis
Nul mets n’excitait leur envie ;
Nul flash ball ne protégeait leur vie
Ni Loups ni Renards n’épiaient
Ni faux smic ni prime ne calmaient
La douce et l’innocente proie.
Leurs habituelles et consentantes proies.
Les Tourterelles se fuyaient :
Le peuple les haïssait.
Plus d’amour, partant plus de joie.
Plus de soumission, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Le Macron tint conseil, et dit : Mes chers amis
Je crois que le Ciel a permis
Je crois que cette émeute a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Pour nos pêchés cette infortune :
Que le plus coupable de nous
Que le plus corrompus d’entre nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Se sacrifie devant ce dangereux courroux.
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
L’histoire nous apprend qu’en de telles occasions
On fait de pareils dévouements :
On fait de telles concessions
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
Ne nous flattons donc point : voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
L’état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
Pour moi, satisfaisant des appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons.
J’ai défiscalisé les stocks options.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Fallait-il le faire? Nulle urgence
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Même il m’est arrivé une autre fois de supprimer
Le Berger.
Les emplois aidés.
Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Je me dévouerai donc, s’il le faut : mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi 
Car on doit souhaiter selon toute justice
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
Que le plus coupable périsse
– Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
-Sire dit le Trader, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Eh bien maltraiter gens de rien, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
Est-ce un péché ? Non, non, Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d’honneur.
En les exploitant beaucoup d’honneur.
Et quant au Berger l’on peut dire
et quant aux emplois aidés, l’on peut dire
Qu’il était digne de tous maux,
Qu’ils étaient dignes de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Étant de ces gens-là qui, sur nos impôts,
Se font un chimérique empire.
Se font tranquillement nourrir.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
Ainsi dit le Trader, et patrons d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
On n’osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Du banquier, de l’actionnaire, ni des autres puissances
Les moins pardonnables offenses.
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Tous les capitalistes, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Le Gilet Jaune vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un pré de Moines passant,
Que devant un CRS passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
La faim, l’exaspération, l’injustice, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Quelques débat creux aussi me chauffant
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
J’insultais ces laquais de bourgeois dans ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
A ces mots, on cria haro sur le révolté
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Un Castaner faux cul  affirma par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Qu’il fallait enfermer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Ce pelé, ce galeux d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Railler les exploiteurs ! Quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
Rien que la prison n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
D’expier son forfait: on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

 

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