Un agriculteur lance un appel au Département

Ruiné à cause des éoliennes

Cela se passe près de Crécy-en-Ponthieu

Producteur de lait, Yann Joly a dû se résoudre à cesser son activité. La faute, selon lui, au parc éolien installé près de chez lui. Il en appelle aujourd’hui au Département.

Yann Joly est exploitant agricole au Boisle, près de Crécy-en-Ponthieu (Somme). C’est en 1995 qu’il s’installe. Au plus fort de son activité, il comptait 120 vaches laitières sur les 300 bêtes de son troupeau. Chacune de ses vaches produisait 10 000 litres de lait par an.

Malheureusement, il faut désormais parler au passé. Et notamment depuis 2011 et l’arrivée d’un premier parc éolien avec 11 mâts à quelques encablures de sa ferme, Au gré des Roses. Anodine pour certaines personnes, cette installation va pourtant provoquer le déclin de son activité jusqu’à l’obliger à la cesser en 2015 avec des dettes s’élevant à 60 000 €. Depuis il mène un combat pour tenter de se faire entendre. En vain. Après une première plainte déposée en août 2015, jugée recevable par le tribunal, il vient d’être débouté. Il compte faire appel.

Chute de la production

« Rapidement après l’installation des onze premières éoliennes, la quantité de lait produite par mes animaux a chuté à 7 000 litres par an, détaille l’agriculteur. Les animaux ont commencé à avoir des problèmes de santé. On a fait beaucoup de recherches pour essayer de comprendre. On n’a rien trouvé mais cela a surtout commencé à peser sur nos finances ».

Alors que l’état de santé de ses bêtes s’aggrave, Yann Joly voit, en 2013, le parc éolien s’agrandir avec 24 mâts.

Et là, c’est la descente aux enfers. La production de lait par vache est tombée à moins de 5 000 litres par an. On a perdu des centaines de bêtes.

L’incompréhension est totale pour l’agriculteur et sa famille. Sans parler de ses finances qui deviennent catastrophiques avec des dizaines de milliers d’euros de dettes.

Mais au-delà d’une baisse significative de la production de lait, Yann Joly constate que la consommation d’eau de ses bêtes chute également.

« Habituellement, elles consommaient entre 12 et 15 m3 par jour, explique-t-il. Quand on s’en est rendu compte, on a fait des relevés quotidiennement. On s’est aperçu qu’elles ne buvaient plus que 8 m3 par jour. Certains jours, selon le fonctionnement du parc éolien, ce chiffre tombait à 3 m3. Cela veut dire qu’elle ne buvait plus que 10 litres d’eau par jour contre 100 habituellement ».

Avec des conséquences gravissimes sur son troupeau. Ne consommant quasi plus d’eau, ses vaches ont eu des problèmes pour uriner, entraînant des maladies du foie avec des incidences sur la fécondité et le vêlage, sans parler bien évidemment d’une mortalité très forte.

Yann Joly ne se fait guère d’illusion. Il estime que les éoliennes sont la base de ces problèmes. Il tente de nouer le dialogue avec le promoteur du parc. Un ingénieur géologue est appelé pour tenter de comprendre ce qui se passe. Et le résultat est sans appel : une réserve d’eau souterraine qui se trouve sous sa ferme est découverte. Une réserve que l’on retrouve également sous les mâts et le poste de raccordement.

Avec à la clé des ondes électromagnétiques qui seraient émises par les installations et se propageraient dans la terre et l’eau, provoquant d’importants troubles. D’ailleurs plusieurs études confirment les effets néfastes de ces ondes. Depuis plus de vingt ans, des éleveurs de la France entière font face à des pertes massives et des comportements anormaux au sein de leurs troupeaux. Tous en sont aujourd’hui convaincus : leurs problèmes sont liés aux rayonnements des champs et ondes électromagnétiques.

« Il se passe des choses dans les sols et les sous-sols, plus ou moins conducteurs, qu’on ne maîtrise pas », témoignait Serge Provost, président de l’association Animaux sous tension, pour Actu.fr, en 2019.

Le pot de terre contre le pot de fer

« On n’a pas pu résoudre ce problème, raconte-t-il. Il n’y avait que deux solutions. Soit je stoppais mon exploitation, soit il fallait démonter le parc éolien ».

L’histoire du pot de terre contre le pot de fer. On connaît la suite.
Réduit à une activité de céréalier et toujours aussi endetté, il a reçu le soutien de Marie-
Sophie Lesne, 7e vice-présidente en charge de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la pêche. Mais aujourd’hui, c’est vers le Département qu’il se tourne.

« Je veux leur proposer d’investir en y installant 20 vaches, résume le fermier. On procéderait à des expertises avec le suivi d’un expert neutre pour une étude de fiabilité. Le but est de démontrer ce qui se passe à cause des éoliennes et de trouver une solution pour voir comment canaliser ces champs magnétiques qui abîment l’eau. On l’a proposé avec l’Association nationale des animaux sous tension que j’ai rejoints ».

Il ne lui reste plus qu’à croiser les doigts. C’est pour le moment l’unique solution.

Actu.fr