Nous les Soulèvements de la Terre

Faisons encore grimper l’appel 

39 202 : c’est à l’heure actuelle le chiffre de signataires de la tribune « Nous sommes les Soulèvements de la terre » parue hier et qui continue de grimper d’heure en heure !
Parmi les signataires, des centaines d’artistes, responsables politiques, syndicaux ou associatifs, des chercheurs, des collectifs et des assos dont Mathieu Amalric, Oliver Besancenot, Benoit Biteau, Dominique Bourg, Cyril Dion, Elsa Dorlin, Annie Ernaux, Camille Etienne, Amitav Ghosh, Clémence Guetté, Adèle Haenel, Eva Joly, Yannick Jadot, Frédéric Lordon, Emilie Loizeau, Inès Léraud, Guillaume Meurice, Corinne Masiero, Nastasjia Martin, Jean-Luc Mélenchon, Corinne Morel Darleux, Luisa Neubauer, Fatima Ouassak, Alessandro Pignochi, Eric Piolle, Philippe Poutou, Marine Tondelier, Yannis Youlountas, Vincent Verzat et tant d’autres!

Mais aussi les Amis de la terre, Attac France, la Cimade, EELV, la Fédération nationale des arts de la rue, Framasoft, la FSU, le NPA, La France Insoumise, la Quadrature du Net, le Réseau Pour la Grève Générale, le Syndicat des Avocats de France, les Scientifiques en Rébellion, l’Union Syndicale Solidaires, les Youth for Climate, … et plus de 80 organisations !

L’appel tourne même à l’international, vous pouvez le retrouver sur le site des Soulèvements de la terre en anglais 🇬🇧, allemand 🇩🇪, italien 🇮🇹, espagnol 🇪🇸, portugais 🇵🇹, bientôt en russe et en arabe !

Déjà, un grand MERCI de votre soutien sans faille. Ensemble nous formons ce mouvement multiple et vivant, cette révolte qui fait si peur à Darmanin & consorts, cette colère qui ne peut être dissoute !

Pour la suite on aimerait vous demander 3 choses :
1️⃣
Continuons de le faire tourner autour de nous pour être toujours plus nombreuses et nombreux !

2️⃣  Pour éviter la dissolution nous prévoyons un recours juridique en référé liberté… auquel tout le monde peut s’associer ! Alors on vous propose de le faire toutes et tous ensemble. Si vous voulez vous joindre à la plainte merci de remplir ce formulaire. 

3️⃣ Enfin, alors que Serge est encore entre la vie et la mort et que de nombreuses personnes vont être marquées à vie, occupons nous de nos blessé-e-s et prenons soin de nous. Des brochures et conseils pour débriefer et dépasser le choc sont disponibles juste ici.
Et malheureusement ce soin aux personnes est couteux, si vous pouvez vous le permettre, tout soutien ou petit don nous aidera
sur la cagnotte mise spécialement en place pour.

Encore un grand merci, à bientôt pour la suite et les prochaines actions,

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Le rapport complet des renseignements français qui fait l’éloge des Soulèvements de la Terre

« Ce que M. Darmanin veut dissoudre, c’est l’essor d’une écologie conséquente. »

Si l’on s’en tient aux déclarations de M. Gérald Darmanin, la dissolution des Soulèvements de la Terre serait justifiée par les « événements inqualifiables » survenus à Sainte-Soline et « l’extrême violence de groupuscules fichés par les services de renseignement parfois depuis de très nombreuses années. »

. Pourtant, un rapport de son propre Service Central du Renseignement Territorial sur les Soulèvements de la Terre éclaire d’une toute autre lumière cette annonce. En effet, à la lecture de cette note confidentielle étonnamment élogieuse, on comprend qu’au-delà du prétexte affiché de la violence si le ministre cherche à dissoudre le mouvement, c’est parce qu’il réussit !

« Les Soulèvements de la Terre par leur inventivité, leur niveau d’organisation, leur force d’influence, leur capacité à mobiliser et à donner un retentissement national et médiatique aux luttes locales auxquelles ils s’associent, apparaissent aujourd’hui comme un acteur majeur de la contestation écologique radicale. » 

Réussir à quoi ? Le fond de l’histoire est là : à travers une somme d’analyses élogieuses qui renvoie à une capacité à fédérer, à sortir de la léthargie politique et à impacter réellement des projets destructeurs de l’environnement, on nous explique en 8 pages que le problème fondamental avec ce mouvement c’est que plutôt que de contester bien dans les clous, il parvient à peser sur le champ politique.
Ce que ce gouvernement indique ensuite en faisant suivre cette note des renseignements par une tentative de dissolution, c’est que pour lui désormais toute opposition effective qui se met en travers de sa route – et de celles des lobbys financiers et industriels que sa politique soutient – doit disparaître. Dissoudre toute opposition, quitte à le faire dans un bain de sang avant les méandres des tribunaux.

Au-delà de cet éclairage transparent sur les mobiles du gouvernement, ce devoir appliqué de sociologue policier interpellé par la vivacité de son sujet n’en est pas moins biaisé par son incapacité manifeste à percevoir le mouvement tel qu’il est. Invariablement, tout ce qui est effervescence, réseau, coalition est ramené – pour mieux pouvoir incriminer ensuite – à l’encadrement par un groupe dirigeant. Il faut surtout donner le sentiment que les personnes et groupes ici agissant, ne sont guidés que par des motifs instrumentaux et froids, s’accaparant opportunément la cause écologique ou paysanne au profit d’une pure recherche abstraite de terrains de conflits et de violence. Mais comment s’étonner que des fonctionnaires du renseignement qui écrivent depuis leur bureau au service d’un gouvernement qui s’obstine à détruire terres arables, forêts, fermes, cours d’eau… ne parviennent pas à comprendre et saisir ce qui est défendu et ce qui se construit, les liens les solidarités et les joies qui vont avec. Il n’est pas davantage surprenant que les rédacteurs du rapport réduisent tout le bouillonnement politique, local et décentralisé, dont les Soulèvements de la Terre sont l’écho et le catalyseur, au type d’agencement pyramidal rigide dont ils sont les agents.

Par-delà la pauvreté de leurs analyses, force est de constater que si depuis deux ans des foules grandissantes ne se contentent plus de défiler et recherchent des gestes ad hoc pour freiner concrètement certains chantiers, pour empêcher le pillage de l’eau ou des prairies, c’est bien parce qu’une urgence vitale à agir se fait ressentir. Et tentative de dissolution ou pas, répression brutale ou pas, ce sentiment d’urgence ne devrait qu’augmenter tant que les décideurs continueront à promouvoir dans ce pays des infrastructures incarnant une violence écologique et sociale face à laquelle de très nombreuses personnes ont désormais choisit de faire front.

Le 30 mars, le journal Le Monde publiait une tribune intitulée Nous sommes les Soulèvements de la Terre dans laquelle des dizaines d’acteurs, artistes, députés, écrivains revendiquent leur appartenance au mouvement. Elle compte désormais plus de 20 000 signatures.

Les soulèvements de la terre, vecteur de radicalité des luttes écologistes

Résumé :
Créé début 2021 par des membres de l’ultra-gauche issus de l’ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes, les Soulèvements de la Terre (SLT) a insufflé une nouvelle dynamique aux luttes écologistes et imposé des modes d’action plus offensifs.

  • S’agrégeant à des luttes locales, sélectionnées par un comité centralisé, SLT s’est engagé depuis sa création dans une vingtaine d’actions dans le cadre d’un programme axé autour de la défense « des terres nourricières, de la lutte contre la « bétonisation » et de la protection de l’eau, décliné en différentes « Saisons » et « Actes » (la 4e saison a débuté à la rentrée 2022).
  • Affichant la volonté de fédérer au-delà des sphères contestataire d’ultra-gauche, ce mouvement a su incarner le concept de transversalité des luttes, en rassemblant associations, syndicats et mouvements écologistes autour de combats communs.
  • Le noyau dur des SLT, composé initialement de stratèges d’ultra-gauche, s’est progressivement élargi à des militants issus de collectifs environnementaux comme Extinction Rébellion.
  • Le mouvement des SLT a joué un rôle majeur dans la diffusion et l’acceptation de modes opératoires plus offensifs. Il est notamment à l’origine du concept de « désarmement » qui, en inscrivant les actions de sabotage dans une logique défensive des biens communs menacés, a ingénieusement convaincu des militants habituellement adeptes d’actions de désobéissance civile à basculer vers la « résistance civile ».
  • Les SLT sont également à l’origine de l’adoption d’un nouveau type d’actions collectives violentes, inspirées de celles propres à l’ultra-gauche : activistes masqués, porteurs de combinaisons blanches ou bleues, formant un « White bloc » ou « Blue bloc » n’hésitant pas à affronter les forces de l’ordre pour commettre leurs exactions (dégradations, intrusions, sabotages… )
  • Les SLT, par leur inventivité, leur niveau d’organisation, leur force d’influence, leur capacité à mobiliser et à donner un retentissement national et médiatique aux luttes locales auxquelles ils s’associent, apparaissent aujourd’hui comme un acteur majeur de la contestation écologiste radicale, transmettant notamment à de nouvelles générations, plus adepte de la désobéissance civile, des modes opératoires offensifs, développés pour certains dans la clandestinité.

1. Le fonctionnement des Soulèvements de la Terre, mouvement fédérateur engagé dans les luttes écologistes locales

Un noyau dur de militants d’ultra-gauche issus de l’ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes : la campagne les Soulèvements de la Terre, construite sur le rejet du système néo-libéral et capitaliste (tenu pour responsable de la crise sociale écologique et sanitaire), s’est créée et structurée en janvier 2021 autour d’un noyau dur de militants, tous issus de l’ex-ZAD de Notre Dame des Landes : Prénom NOM, Prénom NOM, Prénom NOM, Prénom NOM, Prénom NOM, Prénom NOM, Prénom NOM, Prénom NOM, désireux d’exporter leurs expériences et les stratégies déployés localement durant la lutte contre ce projet aéroportuaire, à l’ensemble du territoire.
Le manifeste détaillant les objectifs de ce mouvement a été signé par une centaine de collectifs, associations et personnalités, actant la volonté de constituer un front commun (ultra-gauche, syndicats agricoles, collectifs écologistes, riverains… ) transcendant les appartenances d’origine et les divergences de stratégies (juridiques, citoyennes, occupations et actions plus offensives) dans une logique de transversalité des luttes afin de fédérer le plus grand nombre possible de militants et groupes issus d’horizons idéologiques différents.

2. L’élargissement à un premier cercle de militants issus de collectifs environnementaux

Autour de ce noyau dur de militants d’ultra-gauche, aguerris et forts de leur expérience zadiste, ce mouvement a rapidement su attirer à lui des activistes écologistes aguerris, dès la fin de la saison 1, après l’action Grand Péril Express. Le travail en renseignement du service a ainsi permis d’identifier de nombreux militants traditionnels. Prénom NOM incarne parfaitement le profil type de militants écologistes que les SLT ont su déduire. Militante d’Extinction Rebellion (XR), elle a participé à plusieurs actions de désobéissance civile non violente de ce collectif à Paris, avant de rejoindre les SLT, souhaitant dépasser le seul cadre des actions ponctuelles menées par XR, jugées insuffisantes et sans effets. Désormais domiciliée sur l’ex-ZAD de NDDL, elle fait partie intégrante de l’équipe dirigeante de ce mouvement, dont elle assure la promotion en France et à l’étranger. Dans le sillge de Prénom NOM, de nombreux militants écologistes, progressivement désabusés par les manifestations et actions de désobéissance civile, jugées « stériles », sont enclins à basculer dans la radicalité et à rejoindre les SLT. Ainsi Prénom NOM, autre militante originaire du groupe XR Paris/Ile de France, a progressivement pris ses distances avec le groupe écologiste pour s’investir pleinement dans les actions plus offensives et engagées, proposées par le mouvement des SLT et s’afficher aux côtés de Prénom NOM lors de l’action Grand Péril Express (prises de parole lors de débriefings). Le profil de Prénom NOM illustre également ce type de parcours. Après un passage sur l’ex-ZAD de NDDL durant l’été 2018, elle a fondé le collectif inter-faculté Désobéissance écoloParis, avant de rejoindre le groupe Extinction rébellion la Rochelle, puis d’occuper les fonctions de porte-parole national du mouvement Youth for Climate (YFC) en France. S’investissant d’abord dans le mouvement des SLT au nom du collectif YFC, signataire de la campagne, elle n’a pas tardé à s’impliquer plus personnellement, devenant chargée de la communication des SLT.

3. Le syncrétisme militant : un modèle de synergie entre massification et radicalité

Ce panel très large de militants, séduits par la rhétorique et les combats portés par les SLT s’est parfaitement illustré lors de la manifestation des 29 et 30 septembre 2022 contre le démarrage du chantier d’une retenue de substitution à Sainte-Soline, où trois cortèges (blanc, vert, rouge) ont cohabité, chacun acceptant, respectant et tirant profit de la diversité des profils présents et des modes d’action. Le cortège blanc (au rôle protecteur et pacificateur) était composé essentiellement d’un public familial, de représentants politiques et de journalistes. Le cortège vert (référence symbolique à l’écologie était constitué de militants déterminés issus principalement des collectifs XR, Greenpeace et Bassines Non Merci) le rouge (en référence à la symbolique antifasciste) à quant à lui intégré les individus les plus violents issus de la mouvance d’ultra-gauche (vêtus en noir selon les codes des black-blocs) et des militants SLT (porteurs de combinaisons bleues). Pour les structures écologistes, qui constituent numériquement le plus important contingent de cette alliance informelle, cette transversalité des luttes s’est imposée comme une nécessité, même si elle implique le rapprochement avec des groupes plus radicaux. La nécessité de se focaliser sur les points communs et les buts à atteindre a primé sur les divergences. Certains activistes écologistes, lassés des démonstrations de sensibilisation, ont pu assouvir, en intégrant cette campagne, leur recherche d’actions plus virulentes. Par ailleurs, la pratique de la pluralité des tactiques par le mouvement, induite notamment par sa composition, a offert un large panel de modes opératoires aux militants et groupes issus d’horizons idéologiques différents.

Les SLT sont ainsi parvenus à séduire largement et à rassembler, sur des mêmes actions, des individus aux profils et aux méthodes très éloignées, en procédant à l’articulation de pratiques militantes, pour qu’elles soient complémentaires : – des membres de la Confédération Paysanne (CP), dont le porte-parole Prénom NOM, soutiennent le mouvement depuis sa création, ce qui confère une légitimité et une expertise technique, notamment dans la dénonciation des « méfaits » du modèle agro-industriel défendu par la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA). La présence de la CP a permis au mouvement de déconstruire le « récit dominant qui voulait faire de cette lutte une bataille entre écologistes et agriculteurs », – des antifas, pourtant peu investis jusqu’alors dans la lutte contre les projets jugés « inutiles », ont été présents aux côtés des SLT dès l’action intitulée « Bye Bye Bayer, Ciao Monsanto », en date du 5 Mars 2022. Ils ont apporté leur savoir faire, notamment dans des situations d’affrontements avec les forces de l’ordre, – des représentants politiques, certains élus ayant notamment participé, porteurs de leurs écharpes tricolores, à la manifestation de Sainte-Soline, pourtant interdite, qui donnent une légitimité au combat mené et contribuent à le transposer dans le débat public. La lutte contre les méga-bassines a ainsi pu être considérée par Nicolas Haeringer du mouvement climat comme une forme de syncrétisme, car elle « puise dans les gestes et les imaginaires qui ont ponctué les batailles de ces dernières années : « le côté éruptif des Gilets Jaunes, la résistance des ZADs, la désobéissance de la Confédération paysanne, les grandes convergences du forum social ou encore les convois d’Ende Gelände ».

L’engagement des SLT en faveur des luttes écologistes locales

Un comité des SLT organise régulièrement sur l’ex-ZAD de NDDL et au quartier libre des Lentillères à Dijon des rencontres avec les collectifs locaux désireux de s’agréger à la campagne des SLR. Les dossiers sélectionnés bénéficient de l’appui logistique, humain, financier et organisationnel du mouvement. Le soutien des SLT à un combat local lui confère généralement une visibilité nouvelle et apparaît comme un accélérateur de luttes. Le retentissement médiatique du combat contre les retenues de substitution dans le marais poitevin depuis que les SLT se sont engagés dans cette lutte, pourtant portée localement par le collectif Bassines Non Merci depuis 2017, en est la parfaite illustration.

Selon un principe de réciprocité, chaque organisation et collectif bénéficiant d’un appui des SLT s’engage à soutenir les autres luttes pour lesquelles les SLT sont engagés, amplifiant ainsi le nombre de manifestants et conduisant à une grande mobilité des militants sur l’ensemble du territoire national. Le mouvement est soutenu financièrement par l’association Pour la Défense des Terres, créée par Prénom NOM et Prénom NOM (tous deux co-présidents jusqu’en août 2022) et domiciliée sur l’ex-zad de Notre-Dame-des-Landes.
La trésorerie générée par l’association permet au mouvement de bénéficier de rentrées d’argent régulières et substantielles, nécessaires au soutien de la lutte, à l’organisation des évènements festifs et à la mise en place d’un important volet de communication. Les SLT peuvent recevoir plusieurs milliers d’euros chaque mois, provenant essentiellement de dons via la plateforme HelloAsso. Les associations locales impliquées dans les luttes dans lesquelles les SLT se sont engagés bénéficient directement de ce soutien financier.

Un séquencement thématique rythmé par des « saisons »


La totalité de l’article :

https://lundi.am/Le-rapport-complet-des-renseignements-francais-qui-fait-l-eloge-des

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Un article de « l’âge de faire »

https://lagedefaire-lejournal.fr/sainte-soline-leau-est-la-vie-pas-une-ressource/?utm_source=sendinblue&utm_camp