Des activistes climat dénoncent les fantasmes d’E. Macron

Il est question de nucléaire ; ces activistes perturbent un sommet pro-nucléaire à Bruxelles

Alors que le Sommet sur l’énergie nucléaire réunissant chefs d’État et industriels du secteur se tient aujourd’hui à Bruxelles, des activistes représentant une quarantaine d’organisations du monde entier dénoncent une réunion déconnectée de la réalité, perpétuant le vieux mythe d’une énergie omnipotente qui pourrait sauver le climat. Emmanuel Macron, leader de l’Alliance nucléaire qui sabote depuis des mois les textes sur les énergies renouvelables au niveau européen, y est présent pour tenter de financer son « nouveau nucléaire », dont la facture est déjà hors de prix.

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Plusieurs dizaines d’activistes présents aux abords du Sommet sur l’énergie nucléaire en provenance de France, d’Allemagne, de Belgique mais aussi du Japon ou des États-Unis se sont réunis pour rappeler que l’énergie nucléaire n’est pas une solution au dérèglement climatique. Dangereux, trop lent et trop coûteux à déployer, générateur de déchets radioactifs, « le nouveau nucléaire », qu’il s’agisse de grands réacteurs ou de petits réacteurs modulaires SMR, est le plus mauvais choix possible pour notre avenir décarboné.

Le nucléaire : un conte de fée illusoire

C’est le message que sont venus porter ces activistes, brandissant des pancartes, banderoles et autres accessoires mettant en scène un « conte de fée ». Des militant·es portaient ainsi des bannières indiquant « Nuclear Fairy Tales = climate crisis » et « Stop illusion ». En parallèle, des activistes ont bloqué l’ouverture du Sommet en bloquant plusieurs accès au bâtiment. D’autres ont grimpé sur une galerie avec une bannière indiquant  « nuclear fairy tale ». 

« Il est impossible de prendre au sérieux les décideurs politiques quand ils parlent de tripler la capacité nucléaire mondiale d’ici à 2050 », rappelle Loreleï Limousin, chargée de campagne à Greenpeace UE. « Dans les contes pour enfants, il existe peut-être des créatures capables de se transformer en licorne, mais prétendre que l’industrie nucléaire peut parvenir à enrayer le réchauffement climatique ne fera que retarder l’ensemble de la transition énergétique. Pourquoi perdre autant de temps et d’argent dans un nucléaire fantasmé alors que les gouvernements peuvent atteindre leurs objectifs climatiques et énergétiques grâce aux économies d’énergie et aux renouvelables ? »

Pour Greenpeace, cette réunion entre gouvernements et industriels, coorganisée par l’omniprésent directeur général de l’AIEA, est une manœuvre des lobbies nucléaires qui détourne l’attention d’une action climatique rapide et efficace. L’Alliance nucléaire freine la transition énergétique européenne depuis des mois, et ce sommet s’inscrit dans une tentative de sauvetage d’une industrie beaucoup trop lente et onéreuse.

Pour rappel, Greenpeace France a publié mardi 19 mars un rapport, intitulé Coût du nouveau nucléaire : l’insoutenable légèreté d’EDF, pour dénoncer la sous-estimation des coûts et des délais du « nouveau nucléaire » à la française.

« Alors qu’Emmanuel Macron se présente sur la scène internationale comme un champion du climat grâce au nucléaire, son programme de « nouveau nucléaire » français dépeint une tout autre réalité », souligne Pauline Boyer. « Décidé en dépit de toute considération économique et industrielle, ce programme ne fait déjà plus vraiment illusion. À ce jour, ni le coût, ni le calendrier de construction des six nouveaux réacteurs EPR2 annoncés par EDF ne peuvent être considérés comme crédibles au vu des capacités de l’industrie nucléaire française et du retour d’expérience de la filière EPR. Les derniers réacteurs construits par EDF accusent des surcoûts et des retards systématiques. Avec un programme de construction de 6 réacteurs EPR qui pourrait dépasser allégrement la facture de 100 milliards d’euros, la France prend le chemin d’un nouveau fiasco industriel et financier. L’opération séduction d’Emmanuel Macron au sommet de l’Alliance nucléaire ne peut que contribuer au sabotage de la transition énergétique et des objectifs climatiques français et européens. »

E. Macron et la bande à Picsou

« Nous assistons à un véritable hold-up climatique », déclare Jan Vande Putte, chargé de campagne pour Greenpeace Belgique. « Ces investissements devraient servir à mettre en place des mesures concrètes pour endiguer le dérèglement climatique de toute urgence. Les chefs d’État présents soutiennent au contraire une filière en déperdition, inadaptée à l’urgence climatique, dangereuse et productrice de déchets éternels alors que le GIEC nous répète que chaque dixième de degré compte pour réduire nos émissions de gaz à effets de serre. Nous ne sommes pas dupes, Emmanuel Macron est là pour demander de l’argent à l’Europe et financer une industrie contre-productive, coûteuse et dangereuse. » /

L’illusion nucléaire ne résiste cependant pas à la réalité des chiffres : pour tripler les capacités nucléaires mondiales, il faudrait mettre en service plus de 70 grands réacteurs par an, année après année, entre 2040 et 2050. Or, 21 réacteurs ont été mis en service dans le monde au cours des trois dernières années.« C’est tout simplement irréaliste, sauf dans un conte de fée », conclut Pauline Boyer.

Pour dénoncer ces fantasmes pro-nucléaires, plus de 600 organisations à travers le monde ont signé une déclaration commune, publiée aujourd’hui, demandant à investir ces milliards d’euros dans des énergies sûres, respectueuses de l’environnement et abordables pour toutes et tous.

https://www.greenpeace.fr/