Ni ici, Ni ailleurs…

NDDL 2017 : Résister, agir, vivre… Le mouvement se projette dans l’avenir…

Les 8 et 9 juillet 2017, le mouvement des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes se sont retrouvés au lieu-dit Le Chêne des Perrières pour deux journées festives et militantes, les regards tournés vers l’avenir. D’Alsace, nous étions plusieurs à avoir fait le déplacement.

« Résister, agir, vivre… »

Comme depuis 2013 et à l’occasion de chaque événement important, nous étions plusieurs d’Alsace venus participer au 17ème rassemblement de la coordination des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Durant deux jours, plus de 20 000 personnes ont foulé les terres du lieu-dit « Le chêne des Perrières ». Des quatre coins de France et au-delà, le rassemblement 2017 a été aussi l’occasion d’échanges entre différents lieux de lutte : des opposants à Europacity, l’invité d’honneur, des mille vaches, de Bure, de la LGV Lyon-Turin, de l’A45, du GCO ou encore ceux contre les gaz de couche en Lorraine.

Parmi les nombreuses animations, celles des camarades de l’Occupation du ciel avec une rétrospective depuis 2013. Comme toujours, un chapeau bas à l’ensemble des bénévoles sans quoi tout ne serait pas possible. Une belle organisation et une foison de forums, notamment celui de l’inter-comité, chapiteau 7, en deux temps : une première partie le samedi et une deuxième, le dimanche.

Retour sur le forum inter-comité…

Le samedi, les discussions sont revenues sur l’année écoulée (2016/2017).
Les mobilisations pour défendre les expropriés et la ZAD (9 janvier – Pont de Cheviré ; 27 février – manif sur les 4 voies entre Nantes et Rennes ; 8 octobre 2016 – la marche des bâtons), la consultation de juin 2016, les différents projets sur la ZAD dont l’ouverture d’une bibliothèque (Le Taslu) à la Rolandière, la construction d’un phare (sur le même lieu), le projet d’un garage autogéré, la poursuite de la remise en culture de terres, etc. Des comités présents ont également abordé les actions sur leur secteur. Il a été aussi évoqué la médiation en cours qui se déroule de manière positive puisque pour la première fois les discussions sont ouvertes et tiennent compte de l’aménagement possible de Nantes Atlantique. Un point d’étapes sera rendu d’ici à la rentrée. Les conclusions de la commission seront données en décembre.

Le dimanche, les discussions sont d’abord revenues sur la médiation en cours puis un bref rappel des discussions du samedi. Ensuite, la question de l’avenir de la ZAD a occupé une grande partie des échanges. Tous les acteurs sont d’accord pour dire qu’il est important d’intégrer la ZAD dans le processus de l’après abandon. L’enjeu est dans la manière pour y parvenir. La ZAD est riche de la diversité qui la compose et selon les lieux de vie, tous n’ont pas la même conception de l’avenir. Trouver un compromis sera le travail le plus délicat à mener. En premier lieu, il faudra que le mouvement puisse avoir la main sur l’avenir du territoire qu’il défend aujourd’hui pour éviter les spéculations liées à l’agriculture intensive et conserver le côté « paysannerie ». Avoir les cartes en main, c’est permettre ensuite de dessiner un avenir qui ira plus loin de ce qui s’est fait au Larzac : comment conserver l’esprit né du mouvement dans le combat qui va au-delà de la question d’une simple opposition à l’aéroport. De rappeler que les premières discussions sur l’avenir de la ZAD après l’abandon du projet datent de 2014. Qu’à la suite des premières discussions un texte en 6 points avait été établi. Il a été rappelé à tous lors des échanges. Que ce travail est une base de réflexion et que chaque comité est invité à réfléchir sur la manière d’aborder l’avenir.

NOTEce compte rendu des rencontres inter comités est sur la base de ce que je me souviens des échanges. Il n’est pas forcément parfait. Peut-être aurait-il un compte-rendu plus officiel. Se reporter sur zad.nadir. En tout cas, ces moments d’échanges ont été riche… comme toujours ! La force du mouvement reste un exemple pour plusieurs d’entre nous ! – Camille

RESSENTI – sans enjeux majeurs, le week-end s’est déroulé dans une bonne ambiance. Parmi les nombreuses discussions celles sur l’avenir de la ZAD après l’abandon du projet ont occupé les esprits : « comment conserver le dynamisme né du mouvement d’opposition, de préserver la paysannerie sur les terres remises en culture, tout en tenant compte des différentes composantes », tel est le défi qui attend les différents acteurs.
La médiation débutée en juin suscite des espoirs tout en gardant une certaine prudence. Pour l’heure, pas d’événement majeur d’ici à la fin de l’année. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas… comme il l’a été rappelé samedi et dimanche.

Les 6 points pour l’avenir de la Zad de NDDL

Texte élaboré en AG par les composantes de la lutte – Il a pour but de poser les bases communes nécessaires pour se projeter sur la ZAD une fois le projet d’aéroport définitivement enterré. Il a été réfléchi au sein d’une assemblée régulière ayant pour objet de penser à l’avenir des terres une fois le projet d’aéroport abandonné. Assemblée qui regroupe des personnes issues des différentes composantes du mouvement de lutte.
Ce texte a été longuement débattu, à plusieurs reprises, dans de multiples composantes et espaces d’organisations du mouvement.

Nous défendons ce territoire et y vivons ensemble de diverses manières dans un riche brassage. Nous comptons y vivre encore longtemps et il nous importe de prendre soin de ce bocage, de ses habitant-e-s, de sa diversité, de sa flore, de sa faune et de tout ce qui s’y partage. Une fois le projet d’aéroport abandonné nous voulons :

  1. Que les habitant-e-s, propriétaires ou locataires faisant l’objet d’une procédure d’expropriation ou d’expulsion puissent rester sur la zone et retrouver leurs droits.
  2. Que les agriculteurs-ices impacté-e-s, en lutte, ayant refusé de plier face à AGOVINCI puissent continuer de cultiver librement les terres dont il-elles ont l’usage, recouvrir leurs droits et poursuivre leurs activités dans de bonnes conditions.
  3. Que les nouveaux habitant-e-s venu-e-s occuper la ZAD puissent rester sur la zone. Que ce qui s’est construit depuis 2007 dans le mouvement d’occupation en terme d’expérimentation agricoles hors cadres, d’habitat auto-construit ou d’habitat léger (cabanes, caravanes, yourtes, etc.), de formes de vie et de lutte puisse se maintenir et se poursuivre.
  4. Que les terres redistribuées chaque année par la chambre d’agriculture pour le compte d’AGO-VINCI sous la forme de baux précaires soient prises en charge par une entité issue de la lutte qui rassemblera toutes ses composantes. que ce soit donc le mouvement anti-aéroport et non les institutions habituelles qui détermine l’usage de ces terres.
  5. Que ces terres aillent à de nouvelles installations agricoles et non agricoles, officielles ou hors cadre, et non à l’agrandissement.
  6. Que ces bases deviennent une réalité par notre détermination collective. Et nous porterons ensemble une attention à résoudre les éventuels conflits liés à leurs mises en œuvre. Nous semons et construisons déjà un avenir sans aéroport dans la diversité et la cohésion.


C’est à nous tout-e-s dès aujourd’hui, de le faire fleurir et le défendre

Retrouvez le texte ici :
http://zad.nadir.org/spip.php?article4629

Un article paru sur :

collectif-alsace-contre-nddl.blogspot.fr/2017/07/ndl2017-le-mouvement-dessine–son-avenir.html

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Le rassemblement de Notre-Dame-des-Landes projette la Zad dans l’avenir

reporterre.net/Le-rassemblement-de-Notre-Dame-des-Landes-projette-la-Zad-dans-l-avenir

extraits

Bonne humeur et chaleur pour le rassemblement qui s’est tenu les 8 et 9 juillet sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Alors que l’abandon du projet d’aéroport devient crédible, le mouvement s’organise pour pérenniser la Zad comme un lieu paysan et solidaire.

Le 17e rendez vous estival des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes s’est tenu sur le site samedi 8 et dimanche 9 juillet, sous la canicule. Principale question courant dans ce rassemblement joyeux et détendu : qu’adviendrait-il de la Zad (zone à défendre) en cas d’abandon du projet — de plus en plus crédible ? Quel rapport de force possible pour que l’évacuation ne suive pas une annonce officielle de renoncement au projet ? La médiation engagée par le gouvernement laisse présager une issue favorable sur le seul dossier de l’aéroport. Mais beaucoup se rappellent que c’est la énième instance de « dialogue » instaurée par un gouvernement, et qu’il convient de ne pas faire une confiance aveugle à cette configuration : Nicolas Hulot au gouvernement, deux des trois médiateurs plutôt opposés au projet, et la nouvelle force politique En marche dont certains élus se sont déclarés contre cet aéroport parachuté en plein bocage.

« Il y a la troisième du trio de médiateurs, la préfète [Anne Boquet] qui ne dit apparemment pas grand-chose et qui, avec le rapporteur, pourrait être les antennes de Macron pour jauger le rapport de forces en cas d’évacuation de la Zad », remarque un zadiste.

« Les deux enjeux du début de mandat de Macron, c’est de réussir à passer sa réforme bulldozer du code du travail et à gérer l’avenir de la Zad. L’aéroport, c’est un enjeu qui ne les intéresse pas au premier plan, mais c’est un gouvernement d’ordre, et cette zone qui expérimente en bafouant le capitalisme, ça n’est pas supportable pour des gens comme eux. Si Macron réussit à passer ces deux obstacles, il aura le champ libre pour tout le reste… » analyse un barbu en s’épongeant le front. « Si la Zad était évacuée, ce serait très mauvais pour nous, syndicalistes, et si les syndicalistes se font écraser, c’est aussi mauvais pour la Zad », résume Francis Lemasson, secrétaire de la CGT Vinci.

Les médiateurs ont reçu une délégation de l’union départementale CGT, de la Confédération paysanne, et du CeDpa (collectif d’élus opposants à l’aéroport). Les cégétistes présents ce week-end lors du rassemblement ne connaissaient pas encore la teneur des échanges avec les dirigeants nantais de leur syndicat. Le syndicat paysan et le collectif d’élus se sont eux déclarés satisfaits quant à la qualité de l’« écoute attentive » des médiateurs dont l’approche « distingue les faits des opinions », tout en menant des « réunions contradictoires » entre partisans et opposants au projet.

Dans un bocage où les paysans bataillent depuis 1972 contre ce projet d’aéroport, le porte parole de la coordination des opposants, Dominique Fresneau, a commenté l’issue possible de la médiation : « Que le résultat soit favorable ou pas, la lutte n’est pas terminée. Si en décembre, ils décident d’abandonner le projet et d’évacuer la Zad, il faudra continuer à lutter ici. »

Tous zadistes, tous résistants

Sur les deux jours, le rendez vous a rassemblé quelques plus de 20.000 personnes, selon les organisateurs. Zadistes et associations plus citoyennistes l’ont donc réaffirmé : la lutte ne s’arrêterait pas avec l’abrogation de la déclaration d’utilité publique. Les liens tissés entre les opposants déjà sur place avant 2009 et celles et ceux qu’on appelait « squatteurs », « jeunes » puis « zadistes » sont forts de ces années de discussions, d’entraide et d’amitiés, même émaillées de prises de bec, d’actions concertées.

Pour avoir un coup d’avance, certains imaginent de reprendre vite d’autres terres en friche dans le périmètre de la Zad, et de les remettre en culture, pour réaffirmer la détermination à rester avec des pratiques agricoles diverses, sur des terres partagées, privilégiant l’usage aux droits ancestraux liés à la propriété foncière. La stratégie zadiste, dont le terme englobe désormais les paysans historiques, expulsables comme les autres depuis janvier 2016, c’est d’occuper le terrain, au sens propre comme au figuré.

Dans ce champ à l’herbe jaunie du lieu dit le Champ-des-Perrières, les débats à l’ombre des dix chapiteaux ont été aussi suivis que les discussions sous les auvents des buvettes, accoudé aux bottes de paille formant comptoir.