NDDL et Bure

C’est loin d’être fini à NDDL ; la situation à Bure

Toutes et tous au rassemblement à NDDL le 10 février (un bus part de Lille le vendredi soir)

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Le point sur ce qui se passe à Bure

http://burestop.free.fr/spip/spip.php?article878

Extraits

COMMUNIQUE COMMUN du 23 janvier 2018

Burestop55, Bure Zone Libre, Habitants vigilants de Gondrecourt-le-Château, MNE, Mirabel LNE, Asodedra, Cedra52, Eodra et des Hiboux de Bure

A Bure, pas de « transfert de la ZAD » mais une lutte toujours plus intense et légitime contre… un projet de poubelle nucléaire qui bat de l’aile

L’annonce de l’abandon du site de Notre-Dame-des-Landes, avec lequel nous avons noué des liens étroits et une belle solidarité, nous réjouit énormément. Des années de lutte multiforme et déterminée contre un méga-projet de développement aérien ont payé. Non seulement des hectares de terres agricoles et maraîchères et des zones humides seront préservés mais des lieux d’expérimentation sociale déjà en construction pourraient s’y renforcer. L’heure n’est donc plus à l’entêtement pour le gouvernement : nous condamnons d’avance toute tentative d’expulsion de la zone au printemps, même partielle.

Concernant la lutte à Bure, le récent emballement médiatique qui a suivi cette décision nous semble mériter quelques précisions.

A Bure nous n’avons jamais revendiqué l’étiquette « ZAD », qui cache les spécificités propres à chaque lutte. Nous ne croyons pas non plus à un « transfert de ZAD », comme si les raisons de lutter étaient interchangeables et que des gens circulaient sans raison profonde, au gré de l’actualité, de Notre-Dame-des-Landes à Bure et ailleurs. Agiter l’épouvantail de cette migration zadiste, comme le font certains élus locaux actuellement, n’est qu’un moyen de légitimer à peu de frais la répression qui sévit ici. La réalité est en fait beaucoup plus simple : si de nouvelles personnes doivent nous rejoindre, venues de l’ouest ou d’ailleurs, ce sera parce que le nucléaire est mortifère et que, plus que jamais, cela fait sens de venir en 2018 dans la Meuse pour s’y opposer.

… L’abandon de Notre-Dame-des-Landes doit ouvrir la voie à une remise en cause profonde de Cigéo.

A NDDL, il vient d’être reconnu officiellement que « les conditions n’étaient pas réunies » pour faire aboutir le projet d’aéroport international. A Bure aussi, tous les signaux sont au rouge.

Les « gendarmes » du nucléaire (IRSN et ASN) confirment d’un côté les craintes portées par l’opposition depuis toujours, sans pour autant aller jusqu’à alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de stopper le projet. Cigéo serait bien une usine à hydrogène explosive, un monstrueux et fragile « métro » radioactif souterrain potentiellement inflammable, un legs infinançable, un cadeau empoisonné et irréversible pour des millions d’années. L’abandon du projet de NDDL doit servir de leçon : « rien ne sert de courir, il faut réfléchir à point ! »


Nous réfutons en bloc la campagne de désinformation qui fait de Cigéo une fatalité et une nécessité incontournable, à l’instar du sénateur de la Meuse. Gérard Longuet, en minimisant les risques et faisant tout récemment de Cigéo « l’expression forte du sens des responsabilités de notre génération à l’endroit des celles, nombreuses qui nous succéderont et qui grâce à nous pourront bénéficier sans risque du nucléaire…. » (1), est le porte-parole d’une politique énergétique dépassée, au service de schémas sociétaux dont nous ne voulons plus.

C’est pourquoi, face à l’énormité de cet enjeu à Bure, ne résumons pas un engagement vital à une lutte codifiée et attendue.

La mobilisation contre Cigéo ne relève ni d’effet de mode, ni d’un courant de pensée isolé mais révèle les dangers d’un projet insensé autant que le désir d’une société en devenir, d’une belle diversité. Et elle concerne bien chaque membre de la société française, responsable chacun-e à son niveau de l’intégrité d’une planète, la nôtre, à transmettre aux générations futures.

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Comme vous le savez, près de Nantes, le projet d’aéroport privatif de VINCI est abandonné !
Ça, c’est fait !
Voici un super récit de Nicolas de la Casinière sur cette incroyable journée :

https://reporterre.net/Sur-la-Zad-recit-d-une-journee-de-victoire-historique

Vous trouverez ici le communiqué du Mouvement :

https://zad.nadir.org/spip.php?article5034

Ce communiqué comporte une partie peu compréhensible vu de loin, il concerne la route D281. Les lignes qui vont suivre sont un peu complexes, mais, je crois, nécessaires. C’est une analyse personnelle donc subjective de ce qui est en train de se jouer, mais je suis loin d’être la seule à avoir cette vision. N’hésitez pas à me questionner si des trucs ne sont pas clairs. Mon intention est juste de faire éviter que la lutte soit recyclée et ré-appropriée non par les camarades anticapitalistes du monde entier, mais par « l’Hydre Capitaliste » si rusée !

Certes VINCI a perdu mais ce n’est pas pour autant les « zadistes » qui ont gagné : c’est « en même temps » le capitalisme vert qui tente de faire une percée.

La zad, zone à défendre où se sont installé.e.s des dizaines et des dizaines de personnes pour la protéger au fil des années, est désormais sous double pression :

– Une pression externe : pour évacuer, voire expulser. Aujourd’hui prend place une présence policière autour de la zone qui commence à contrôler

https://twitter.com/Kschka/status/953919418844745729

et http://m.presseocean.fr/actualite/nddl-reouverture-des-routes-sur-la-zad,

qui va harceler les gens et tout faire pour « nettoyer » la zone des « squatteurs » afin qu’elle ne soit plus « une zone de non-droit » aux yeux du citoyen. Ces contrôles vont s’abattre en priorité sur les plus précaires dont les véhicules et les papiers sont loin d’être en règle. A force d’amendes et de retraits de permis (certain.e.s pourraient même passer en justice) l’ensemble sera incité à aller migrer ailleurs sous peine de matraquage général au printemps, chose que personne ne veut évidemment. La campagne de stigmatisation des « zadistes-parasites-de-la-société » continue en parallèle, hyper virulente aujourd’hui par esprit de revanche. Il est à craindre que des arrestations aient lieu dans le coin, peut-être même une intervention express sur un/des lieux ciblés de la zad  afin de livrer un.e ou des coupables idéaux à la vindicte populaire qui se déchaine, furieuse d’avoir loupé une guerre et la mise à mort de l’ennemi intérieur (du pain, du vin et des jeux 2.0…)
Une fois ce nettoyage terminé, ce qui semble se dessiner est la « promotion » d’une zone agricole « pacifiée » servant le mythe de l’élève turbulent devenu professeur rentré dans les rangs pour former à une permaculture intensive, productive et rentable. La petite étoile verte nécessaire pour donner du galon à Macron face à Trump, Poutine et autres « super vilains » qu’il pourrait combattre en super-héro…
Pardon, je m’égare dans un cauchemar « dystopique » comme dirait Damasio !

– Une pression interne : une partie du mouvement veut absolument « nettoyer » en « urgence » la D281 comme s’il y avait un contrat à validité temporaire à respecter avec l’Etat. Une sorte d’auto-gestion de du territoire et de la justice, ça pourrait être chouette, mais là c’est pas exactement ce qui se profile à cause de l’insistance, l’intransigeance et le chantage de certain.e.s, parasitant une nouvelle réflexion et de nouvelles pistes à l’aulne d’un abandon enfin concret et même pas encore digéré par tou.te.s !
Réhabiliter la route départementale (et non pas la libérer ou la ré-ouvrir) ça implique la réparation évidemment nécessaire des trous et bosses, les multiples nids-de-poule et dos-d’ânes, le retrait des chicanes (demi-barricades) désormais inutiles et le nettoyage des déchets entassés « en cas de besoin de projectiles »… tout en laissant de quoi limiter à une vitesse très lente puisque c’est désormais une zone d’habitations, et ce point est systématiquement minoré dans la balance. Mais cela veut aussi dire pour certain.e.s la destruction d’anciens ou actuels lieux de vie, de cabanes surréalistes d’anarchitecture (l’une a été incendiée il y a peu) et la disparition des vestiges les plus visibles du visage de la lutte le moins contrôlable.
Peut-être que ces cabanes seront volontairement laissées par leurs occupant.e.s, peut-être qu’il y a moyen de les déplacer (les cabanes!) … voire de déplacer un peu la route, après tout, qu’est-ce qui limite nos possibilités ? Mais celle-ci est devenue un véritable enjeu stratégique, telle une plaie qu’un chirurgien voudrait recoudre sans avoir compris que sa profondeur implique de la traiter avec l’ensemble du corps afin que le soin fonctionne. Il y a d’énormes pressions de la part de certaines personnes, toutes tendances confondues, pour que la route redevienne « normale ». Parmi ces personnes il y a des paysan.e.s fatigué.e.s de galérer à manœuvrer quotidiennement pour passer.  Et cela se comprend. Il y a des habitant.e.s, historiques ou non, sincèrement épuisé.e.s par la lutte et qui pensent qu’après ça, tout sera enfin terminé, qu’iels pourront reprendre le cours de leur vie et/ou qui aimeraient passer à un autre combat. Et cela se comprend. Il y a des personnes, d’ici ou d’ailleurs, qui se sont fait agresser sur cette route et ont besoin d’une justice à la hauteur de leur peur. Ces personnes sont rares, mais cela se comprend, tout autant.
Et puis il y a des stratégies, surement, mais là, aucun moyen de savoir si elles sont justes ou non.
Mais il y a des personnes qui veulent commencer par nettoyer la route, puis les cabanes aux abords, puis les cabanes au milieu des champs, puis « nettoyer » toute la zone des vestiges de l’occupation, pas seulement des pneus et poubelles-pas-belles qui maculent tristement la campagne. L’ayant entendu de mes oreilles par un porte-parole d’une des composantes en qui j’avais plutôt confiance, ce n’est pas de la paranoïa, c’est concret et même une vision à plutôt court terme. Leur but est que chaque habitant.e paye loyer, factures, charges, dans des maisons, que les cabanes soient détruites… bref de faire cesser le squat et de légaliser la zone. Puis, sans doute, devenir une zone pilote d’agriculture éco-responsable, etc… la boucle est bouclée.
Et ce qui est le plus triste est que ces personnes n’arrivent pas à voir en quoi elles se conforment au besoin exact du capitalisme vert…

Je ne dis pas que cette route ne doit pas se transformer, je juste dis que le calendrier, la modalité et le langage utilisés ouvrent une brèche.
Comme j’habite à Nantes, ville phare de la gentrification dans le but de devenir la capitale des smart-cities après avoir été le modèle de Ville Culturelle (artwashing) puis Capitale Verte (greenwashing) , lorsque de chouettes personnes du mouvement me demandent le lâcher prise, de faire confiance et de calmer mon esprit critique, j’ai des années de trahisons dans mes cartons à leur montrer…

Je vous invite à faire circuler aussi ce texte :

« Lettre aux comités locaux, aux soutiens du mouvement, et à toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans le mouvement contre l’aéroport et son monde

 https://zad.nadir.org/spip.php?article5028
lecture audio : https://archive.org/details/zad-NDDL_Lettre_a_celles_et_

L’appel à rejoindre la zad le 10 fevrier 2018 n’a rien perdu de son importance, le nombre d’humains venant protéger la zad de l’appétit vorace de « l’hydre capitaliste » sera un indice sur notre capacité à résister à la suite.
https://zad.nadir.org/spip.php?article4992

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La différence entre un bon et un mauvais zadiste :

https://www.youtube.com/watch?v=4TUljYgmBAI