Augmentation du prix du gazole

Pourquoi nous sommes favorables

La grogne monte en France contre l’augmentation du prix du carburant. Respire, association nationale pour l’amélioration de la qualité de l’air, affirme haut et fort qu’elle soutient l’augmentation du prix du gazole et son rattrapage par rapport au prix de l’essence : une mesure qu’elle demande même depuis des années. En effet, en matière de pollution de l’air, et donc de santé publique, gazole et essence ne sont en rien comparables.

Dans ce débat, la voix des automobilistes, très organisée, forte de réseaux étendus et d’amitiés puissantes, se fait entendre largement.

Respire, qui lutte contre la pollution de l’air, porte une autre voix, celle des victimes de la pollution. Les parents qui passent leurs nuits à l’hôpital au chevet de leur enfant malade n’ont ni le temps ni les moyens de manifester leur colère ou leur douleur. Les victimes n’aspirent souvent qu’à sortir de leur condition. Souvent, elles n’accusent personne. Et pas même la pollution de l’air.

Pourtant, la pollution de l’air tue en France 48 000 personnes par an. Et ceux qu’elle ne tue pas, elle les blesse. La France compte 4 millions d’asthmatiques et 2 millions de BPCO (insuffisance respiratoire chronique). Leur état de santé est aggravé par la pollution de l’air. Qui écoute leur souffrance ? Qui tient compte de leurs difficultés ?

Les automobilistes contestent une hausse du prix des carburants. L’augmentation de la TICPE sur le gazole est de 6 centimes. Combien vaut une vie ? Combien valent 48000 vies arrêtées en plein vol chaque année. Combien valent les millions de vies gâchées des malades ?

L’augmentation du prix du gazole (nous ne parlerons que de cela) est présentée comme un abus. Tout d’abord, il ne s’agit pas d’un impôt en plus, mais d’une niche fiscale en moins. Depuis des années, le gazole bénéficie en effet d’un avantage fiscal sur l’essence. Or cet avantage est scandaleux. Il a été mis en place à une époque où on croyait que le diesel émettait moins de gaz à effet de serre (environ 15% de moins) et qu’il fallait donc l’encourager pour lutter contre le réchauffement climatique. On sait aujourd’hui que ces chiffres sont faux. On sait aussi que les moteurs diesel peuvent émettre 4000 % de plus d’oxydes d’azote que les moteurs essence, et que ces oxydes sont toxiques. [1]

Respire, comme de nombreuses autres associations, demande depuis longtemps la fin de cet avantage fiscal. Le gouvernement a mis en place un rattrapage progressif : une augmentation d’environ 6 centimes par an. Tandis que le prix du gazole est passé d’environ 1 euro en 2016 à près de 1,6 euro aujourd’hui, seuls 15% environ sont liés à ce rattrapage fiscal. Le reste est dû à l’augmentation des cours du pétrole. Mais les automobilistes préfèrent critiquer le gouvernement français plutôt que l’Arabie saoudite et les exportateurs pétroliers. Quelle est la logique ?

Dans le débat, les automobilistes ou leurs représentants auto-proclamés invoquent un enjeu de pouvoir d’achat pour les citoyens les plus modestes.

Ceux qui sont sincères devraient réfléchir à 2 séries de chiffres importants. Les premiers portent sur le coût global moyen d’une voiture en France : environ 6000 euros par an. Quelle que soit l’évolution du prix du carburant, le budget voiture est considérable pour les familles les plus modestes. Une vraie alternative est de ne pas acheter de voiture. C’est plus facile à faire en zone urbaine qu’en zone rurale, plus facile pour les célibataires que pour les familles nombreuses… Quoi qu’il en soit, encourager les alternatives comme la location, l’auto-partage, les transports en commun et les mobilités douces et peu onéreuses, c’est aussi une façon de lutter contre la pauvreté.

Ensuite, pour celles et ceux qui continuent à utiliser un véhicule, la véritable solution face à la montée des prix du pétrole, consiste à diminuer leur consommation de carburant. Or, sur ce point, la situation est très insatisfaisante. Entre 1990 et 2017, en presque 30 ans donc, la consommation n’a diminué que de 15 % environ. Pourtant les motorisations se sont améliorées. Mais les voitures sont de plus en plus lourdes. Cette année un tiers des véhicules vendus étaient des SUV, plus lourds et plus consommateurs. Les constructeurs automobiles ont leur part de responsabilité : ils dépensent chaque année près de 600 millions d’euros en publicité pour inciter les consommateurs à les suivre dans une course inutile à la taille; ils favorisent ainsi une évolution qui va à l’encontre des intérêts des citoyens les plus modestes. [2]

Sans même parler des véhicules électriques, encourager les petites cylindrées essence serait un premier pas. Car la meilleure manière de payer moins, c’est bien sûr de consommer moins de carburant ![3]

Il y a un véritable problème de pouvoir d’achat et de justice sociale en France. Malheureusement, la plupart des gens qui utilisent cet argument le font à contre-emploi. Car finalement, lutter contre la pollution de l’air, c’est non seulement protéger la santé de tous les automobilistes et de leur famille. C’est aussi défendre leur niveau de vie.

Olivier Blond ; Président de l’association Respire

Article paru sur carfree

Notes

[1] chiffres ADEME pour un véhicule Euro5

 https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/avis-ademe_e
[2] https://www.caradisiac.com/les-constructeurs-depensent-toujours-plus-en-p
[3] https://www.la-croix.com/Economie/France/En-30-ans-consommation-moyenn

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Autre élément à rajouter à ce qu’écrit

le président de l’association « Respire »

Cela ne veut évidemment pas dire que Macron-Philippe sont dans un bon raisonnement écologique et environnemental. Leur politique va dans la sens de pressurer encore plus les moins riches.

Autre argument qui montre la duplicité de ce pouvoir bien en place. Pendant que l’on fait croire à une politique écologique, on accepte une exploitation encore plus importante des énergies fossiles ; on accepte le projet de « bioraffinerie » de Total à La Mède (Bouches-du-Rhône) qui produit du biodiesel ; laisse faire une méga-industrie minière d’or en Guyane ; …

Il est paradoxal de mener une politique avec une essence chère et une incitation à l’achat de voitures -on ne va quand même pas obliger les concessionnaires à se remettre en cause- ; sans oublier le soutien à de grands projets inutiles tels que le GCO du côté de Strasbourg ; où est l’écologie gouvernementale ?

Il est paradoxal de ne rien faire dans le domaine de l’aviation –le secteur le plus polluant ; il est contradictoire –en théorie- de relever le prix de l’essence et de continuer à favoriser l’extraction des énergies fossiles : où est le discours écologique gouvernemental ?

Il y a incohérence –simulée- entre cette augmentation et la non-incitation à des idées comme le co-voiturage, la vélorution, le transport en commun, le ferroutage.

Ce gouvernement se dit écologique et ne s’attaque pas aux pesticides, aux insecticides, aux perturbateurs endocriniens … Il a comme d’habitude un double langage : c’est le fameux « en même temps » macronien.

Cette politique donne l’impression d’être incohérente ; ce n’est pas le cas. Il faut :

  • Récupérer le plus possible des « pauvres », au profit des riches –surtout des très riches »
  • Extraire le plus possible pour consolider des bénéfices que l’on placera en lieu sûr

Que cela ait une incidence sur la situation sur terre leur importe peu. Que l’humanité soit sur le point d’imploser aussi. Tout est fait pour favoriser cette caste qui pense trouver un endroit, un système … pour survivre en petit comité. Pour cela, il faudra sûrement :

  • Faire baisser drastiquement la population : la faire passer de 9 milliards à … 1 milliard ; donc par exemple, éliminer tous ces humains qui ne veulent pas passer à l’âge du transhumanisme.
  • Créer un petit (ou des petits) endroit(s) protégé(s) des nuisances …

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Deux articles de Jean Gadrey : « je n’irai pas manifester … »

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Chère essence…,

Un article de JM Harribey

J’ai longtemps hésité à m’adresser à toi pour te faire part de mon embarras, de mon inquiétude, et aussi, je te l’avoue, de mon malaise devant l’agitation et la colère qui sourdent dans la société à ton sujet. Si je m’y résous aujourd’hui, c’est parce que la lettre que j’avais écrite à ton père, le pétrole, il y a juste dix ans, et dont je te joins une copie, est restée lettre morte. Il est vrai que je l’avais lancée à la mer dans un baril vide à la dérive, espérant qu’elle finirait bien par échouer aux pieds de quelque gouvernant plus éclairé que la moyenne, par exemple par cette fée nucléaire, ta concurrente mais, nous dit-on, ô combien salutaire.  

La suite :

https://blogs.alternatives-economiques.fr/harribey/2018/11

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Sans projet écologique, la taxe, c’est du bidon

https://www.politis.fr/articles/2018/11/sans-projet-ecologiq

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Un très bon document de la confédération paysanne

ConfPaysanne_mobilisation_1711

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Un document toulousain

Réduisons notre facture et celle de l’environnement avec les transports en commun, le vélo,  le covoiturage ou l’auto-partage, dans l’agglomération toulousaine

 Le gouvernement annonce une hausse de la fiscalité sur le carburant à partir de janvier 2019, qui suscite de fortes réactions de la part des automobilistes. Le fait de « démotiver » les déplacements polluants pour encourager les modes de transport sobres en énergie est un principe salutaire pour l’environnement. En plus d’être énergivore, le mode motorisé individuel créé une congestion routière chronique dans l’agglomération. Il fait perdre un temps considérable à tout le monde : automobilistes,  cyclistes utilisant les voies routières, usagers des transports en commun. Les taxes sur la pollution n’iront qu’en augmentant, c’est un signal que chaque acteur économique ou citoyen doit prendre en compte dans ses choix.
Néanmoins, nous partageons un constat avec les automobilistes qui protestent aujourd’hui : dans l’agglomération toulousaine, l’étalement urbain, l’offre de transports ne permettent pas toujours une alternative à la voiture. Et ces usagers protestataires voient comme nous que le Plan de Déplacements Urbains de la métropole toulousaine ne va pas résoudre leur problème de mobilité à l’avenir.
Nos associations interpellent les pouvoirs publics et les collectivités territoriales. Nous souhaitons qu’ils développent tous les moyens de se passer de la voiture individuelle au lieu de favoriser les voies routières ou de financer individuellement des automobilistes.
Nous revendiquons une panoplie d’actions à mener :
Transports en commun : développer les transports urbains avec des bus et trams en site propre, y compris avec une voie réservée sur rocade et autoroute ; réduire les temps de transport en commun; programmer des investissements sur les dessertes domicile-travail.
Train : moderniser fortement le réseau ferré sur les territoires de proximité, plus de fréquence, plus de places dans les TER y compris pour les vélos, davantage de gares desservies, des parkings de gare prévus pour tous, pas de supplément si le vélo est embarqué (TGV, Intercités).
Vélo : disposer d’un réseau maillé qualitatif de pistes cyclables en agglomération et au-delà, généraliser les zones de circulation apaisée, aménager des passerelles, des espaces sécurisés pour garer le vélo, inciter les entreprises à promouvoir le vélo (garages à vélo, vestiaires, douche, indemnité km vélo…); pouvoir embarquer son vélo dans les transports en commun.
Autopartage et co-voiturage : proposer davantage de places de parking dédiées ; au niveau des collectivités locales, accroître le co-voiturage avec des applications collaboratives efficaces et l’inciter par des avantages spécifiques pour les automobilistes qui transportent effectivement des passagers (par exemple, gratuité du parking, prise en charge partielle des coûts de contrôle anti-pollution…).
Intermodalité : favoriser les combinaisons, plus salutaires que le 100% auto : auto+train, auto+vélo, auto+bus ou encore mieux le train+vélo, bus+vélo.

Marche : la moitié des déplacements de moins d’1 km se fait en voiture,  encourager les déplacements à pied qui sont une alternative ; garantir des trottoirs suffisamment larges dans toute la ville.
Nous sommes nombreux à vouloir dépenser moins d’argent, ne pas être bloqués dans les bouchons, laisser une planète vivable à nos enfants. Nous demandons que les collectivités offrent enfin ces alternatives au 100% voiture solo. Elles peuvent s’appuyer sur les diverses associations pour enclencher la transition écologique des transports « dans la métropole toulousaine,  j’aurai enfin trouvé mieux que prendre ma voiture personnelle pour moi seul-e».
Structures signataires :
– Deux Pieds Deux Roues

– Autate

– Amis de la Terre Midi-Pyrénées

– Toulouse en Transition

– Gaïa Sciences Po Toulouse

– Vélorution Toulouse

– Alternatiba Toulouse