Contre la réforme des retraites les 23 et 24 janvier

Le Conseil d’Etat assassine le projet du gouvernement

Des projections financières « lacunaires », des « différences de traitement » injustifiées, un recours exagéré aux ordonnances, des promesses contraires à la Constitution… Dans son avis rendu le 24 janvier, le Conseil d’État attaque sévèrement la réforme des retraites. Et dénonce l’empressement de l’exécutif à vouloir faire passer un texte dont la « sécurité juridique » n’est pas garantie.

Pour lire l’article complet :

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pour lire des extraits de l’avis du conseil d’Etat :

ConseilEtat_Retraite 200123

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3000 manifestants pour la « retraite aux flambeaux » à Lille le 23

Une ambiance chaleureuse et déterminée.

Le départ de la manifestation, fixé à la Porte de Paris à 18h30, était immédiatement très tendu – et ce pour trois raisons : dans la journée, le préfet a interdit « l’utilisation des artifices de divertissement et les objets enflammés type torche » sans même que les organisateurs de la manifestation nocturne n’en soient avertis ; ensuite, le passage par le centre-ville a été interdit, comme c’est de plus en plus souvent le cas pour les manifestations lilloises ; enfin, le déploiement des forces de répression était impressionnant.

Les policiers, bacqueux et CRS étaient massés en nombre aux abords de la manifestation et tout le long du parcours. Au point de départ, Porte de Paris, Jean-François Papineau, chef de la police lilloise, connu pour ses méthodes très répressives, notamment envers les mouvements sociaux, n’hésitait pas à lui-même imposer l’absence de flambeaux dans la manifestation en menaçant de contraventions ceux qui allumaient leur torches.

Le cortège s’est élancé peu avant 19h en direction du parc J-B Lebas, au son de la musique de Star Wars. Des manifestants avaient pris leurs sabres lasers pour contourner l’interdiction des flambeaux. Mais, dès la manifestation engagée, les flambeaux se sont allumés et ont donné à la manifestation lilloise une ambiance particulière.

Les cortèges syndicaux de la CGT, Sud, FO et FSU étaient mélangés dans une ambiance combattive renforcée par la présence des forces de répression. À plusieurs reprises des « tout le monde déteste la police » et des « révolution ! » se sont élancés des cortèges. Dans la rue des Postes, une manifestation sauvage est sortie du parcours. Les forces de répression ont répliqué à coup de gaz lacrymogènes et n’ont pas hésité à lancer des dizaines de flics au cœur de la manifestation pour réprimer.

Alors que le cortège syndical a terminé la manifestation sur la place de la République autour de 21h, de nombreuses personnes témoignaient être impressionnées de la réussite de cette manifestation aux flambeaux.

Plus de 200 participants à Arras, le même jour.

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Succès de la mobilisation du 24 janvier !

20 000 personnes à Lille (3 000 d’après les forces de répression)

A Paris

Les manifs se succèdent et ne se ressemblent pas. Si celle du 16 janvier était loin d’être un baroud d’honneur, la journée de grève et la manifestation parisienne du 24 confirment que le mouvement n’est pas mort. Loin de là.

Alors, bien sûr, si l’on prend comme élément de comparaison la paralysie quasi-complète des transports franciliens des dernières semaines, on pourrait dire qu’on est passés à une autre phase. Il n’en reste pas moins que la RATP était extrêmement perturbée, aujourd’hui, en raison du taux de grévistes chez les conducteurs et les machinistes, alors que d’autres secteurs sont en train de s’insérer dans la mobilisation. Serait-ce une prise de relais ? Les prochains jours le détermineront, mais à voir la nervosité gouvernementale, il est clair que cette hypothèse n’est pas complètement hors-sol.

L’impact est peut-être moins visible qu’au niveau des transports en commun, mais la grève était bien à l’ordre du jour, en Île-de-France, pour ce 51ème jour de mobilisation depuis le 5 décembre et pour cette 7ème journée nationale de grève interprofessionnelle appelée par l’Intersyndicale depuis le début du mouvement. C’est en ce sens, également, qu’il s’agit d’une séquence historique. Que Macron s’égosille, que ses flics déploient leurs armes avec ostentation, que certains ministres montrent leurs muscles alors que d’autres promettent le dialogue et des amendements dans le débat parlementaire et les négociations avec les partenaires sociaux, rien n’y fait. La rue, elle est à nous !

Le premier élément qui confirme l’enracinement de la mobilisation reste la taille et le dynamisme du vaste cortège de tête de jeunes et de grévistes organisés autour de leurs établissements, universités, dépôts, gares et lieux de travail. En début de manif, donc, devant le carré de tête syndical officiel, soigneusement entouré par un solide SO, un long défilé de grévistes, très remontés contre Macron et son monde. En effet, ce n’est plus seulement la réforme des retraites présentée ce vendredi en Conseil des ministres qui est en ligne de mire : c’est bien le choix de société dont elle est symptomatique qui est contesté par, littéralement, « tout le monde ».

Le président est conspué dans les cortèges, suivi de près, dans le Top 10 de la détestation, par Jean-Michel Blanquer, son ministre de l’Education, pourtant l’un des plus populaires du gouvernement jusqu’à il y a peu. Les profs, en effet, ont constitué une bonne partie de ce début de manif parisienne, arrivée à 15h, Place de la Concorde, alors que la fin du cortège syndicale, que clôturait ce jour la CGT, était encore bien loin derrière, sur les quais. Etablissements en lutte, regroupements par arrondissements ou localités, banderoles départementales, à l’instar de celle des enseignantes et enseignants du 95, très mobilisés, les écoles, collèges et lycées étaient au rendez-vous. Tous les personnels d’ailleurs, revendiquaient sur leurs panneaux et encarts de faire partie de ces « 0,1% » de profs opposés, selon le ministre, à sa nouvelle mouture du bac. Les E3C, d’ailleurs, n’ont pu se tenir, ce jour, que sous escorte policière, à l’instar du lycée de Lisle-Adam, dans le Val-d’Oise, occupé par les flics pour que les épreuves se tiennent. Au final, « 0,1% », ça fait beaucoup de manifestantes et de manifestants.

La Coordination RATP-SNCF a su également drainer derrière elle des grévistes des deux secteurs, mais bien au-delà, compte tenu du dynamisme du cortège, au départ de la Place de la République. Devant et derrière, des milliers de profs et d’étudiants du supérieur, qui avec sa banderole de fac, voire même d’UFR, qui défilant avec les collègues du secondaires. En tout état de cause, la jeunesse et l’enseignement supérieur, rentrés sur le tard dans la mobilisation, étaient au rendez-vous. L’un des éléments nouveaux, par rapport aux mobilisations précédentes, est la présence remarquée des précaires de l’enseignement supérieur, variable d’ajustement de l’université 2.0 qui s’est consolidée à l’ombre des gouvernements sous Chirac, Sarkozy puis Hollande et dont le modèle fait eau de toutes parts.

Interpros, du 20ème, du 92, de Montreuil-Bagnolet, se partageaient le reste du cortège, avec les grévistes des lignes de lignes de métro et de RER qui maintiennent la pression. Partout, la fierté d’accumuler au compteur 7, 15 voire 51 jours de grèves, et la volonté affichée d’aller jusqu’au retrait. Un mouvement historique, en ce sens, également : alors que le texte vient tout juste d’être présenté officiellement en Conseil des ministres, avec son lot de nouveaux coups tordus, comme la retraite à 65 ans, la grève et la contestation sont toujours profondément inscrites dans le paysage.

Parmi les secteurs particulièrement mobilisés et défilant dans le cortège de tête ou entre les ballons syndicaux, on notera, également, « toute la culture dans la rue », avec les bibliothèques et les musées, l’Opéra et la Comédie française, les salariés de la ville de Paris, avec en particulier les conservatoires « en luth », le ministère du Travail, mais également les travailleuses et travailleurs de l’énergie qui ont été à l’origine de très sérieuses opérations coups de poing, des aéroports de Paris et d’Air France, avec un gros cortège de la CGT 94, ainsi que le nettoiement et les égoutiers de Paris. Partout le même slogan : la guillotine de Louis XVI pourrait reprendre du service en 2020, et Macron n’a qu’à bien se tenir.

Autre élément notable, différent de la mobilisation du 16 janvier : la taille des cortèges syndicaux. On sent que les directions ont tenu à mobiliser plus conséquemment, avec des cortèges départementaux fournis de la FSU, mais aussi et surtout de la CGT, en fin de manif, avec quelques départements particulièrement représentés, comme le Val de Marne.

Le chiffrage de la CGT donne 350 000 manifestants. Le cabinet « indépendant » Occurrence, relayé par les médias, en aura dénombré plus de dix fois moins, 38.400. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que tant au niveau national, avec 1,3 millions pour la CGT contre 800.000 il y a huit jours, qu’au niveau parisien, la journée du 24 marque, si ce n’est un rebond, du moins un enracinement de la conflictualité et laisse à voir, dans la rue, le niveau d’opposition que doit affronter le gouvernement dans le pays.

Les actions qui vont se poursuivre, d’ici à mercredi prochain, nouvelle journée de mobilisation, seront un test pour évaluer la capacité de persistance de cette radicalité hors-norme, à Paris comme en région. En attendant, pour en finir avec les tergiversations, les hésitations et les calendriers saute-mouton de l’Intersyndicale, les grévistes et les secteurs en lutte depuis le début tout comme ceux qui sont rentrés depuis moins longtemps dans la mobilisation ont tout à gagner à s’organiser eux-mêmes pour faire valoir leurs revendications contre Macron et son (im)monde. Et le gouvernement est loin d’avoir gagné la partie.

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Allez sur le site de revolutionpermanente.fr ; vous y trouverez des photos.

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Le gouvernement officialise qu’il va falloir travailler plus… jusqu’à 65 ans !

Ce vendredi 24 janvier, le Conseil des ministres a validé la réforme des retraites, alors que, selon la CGT, 1,3 millions de personnes ont manifestés contre ce projet. Avec un âge d’équilibre à 65 ans et un discours très offensif et menaçant pour les grévistes.

Bien sûr, ce n’est pas une surprise : Le Conseil des ministres de ce 24 janvier a validé la réforme des retraites. Le texte, en réalité deux texte séparés, devra passer maintenant devant le parlement. En Février 2020 pour un vote durant l’été. Dans l’intervalle, une conférence des financeurs sera lancée le 30 janvier en vue de présenter au gouvernement des pistes pour « atteindre l’équilibre financier de l’ensemble des régimes de retraite de base en 2027 ». En d’autres termes, le gouvernement entend imposer sa réforme en cherchant de passer outre la mobilisation, qui dure depuis maintenant 51 jours et alors qu’1,3 millions de manifestants se sont mobilisés ce 24 janvier.

Âge d’équilibre, 65 ans ! L’enfumage autour du faux retrait de l’âge pivot

Le très long texte, très technique, masque mal les points qui crispent l’ensemble du mouvement social, largement soutenue par la population. L’âge pivot dit « paramétrique » a été retiré temporairement, certes, affichant qu’il n’y a pas de remise en cause « officielle » du départ à la retraite à 62 ans.

Toutefois, en entrant dans le détail, d’ici à 2037, l’âge d’équilibre est fixé à 65 ans. Or, une décote et une surcote de 5% par an est prévue ! Ainsi donc, pour partir à la retraite à 62 ans, la retraite, nouvelle formule avec donc une prise en compte de l’ensemble de la carrière et non plus des 25 meilleures années ou des 6 derniers mois, sera sabordé de 15% !
Plus encore, pour les travailleurs les plus précaires, la retraite à l’âge d’équilibre, c’est à dire 65 ans, sera synonyme de pensions promettant la précarité jusqu’à la tombe ! Ainsi, la question des bonus (+5% jusqu’à 66 ans, +10% jusqu’à 67 ans etc.) deviendra une obligation pour l’immense majorité de la population.

Voici donc le résultat de la « victoire » si fièrement claironné par Laurent Berger ! Pas d’âge pivot, certes, mais un âge d’équilibre qui revient dans les faits à une augmentation de l’âge de départ à une retraite qui sera toutefois promesse de précarité. Sauf pour celles et ceux qui auront les moyens de « capitaliser » durant leur carrière, bien entendu.

Sibeth Ndiaye relaye la ligne du gouvernement : Feux nourris sur les grévistes !

Avec de pareilles annonces, il est clair que le contexte social ne risque pas de s’apaiser, alors que 61% de la population veut le retrait de la réforme, et que 7 sondés sur 10 se déclare favorable à la poursuite du mouvement, selon un dernier sondage BVA publié ce vendredi.

La volonté est donc bel et bien de passer en force, malgré toutes les gesticulations de Macron pour nous inciter d’aller donc « essayer la dictature », en réponse à ces accusations d’imposer sa réforme. Et pour imposer sa réforme, Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, à donner les grandes lignes de la méthode voulue par Macron.

Ainsi, le président a fustigé les soit disant « actes de violence et la radicalité de certains blocages » et appelant « à la plus grande fermeté à l’égard de leurs auteurs ». Une ligne devenue un grand classique de la macronie, celui de s’imposer par la matraque et la répression judiciaire.

Face aux menaces et à la fermeté du gouvernement, la mobilisation doit se poursuivre !

En soi, la mobilisation en forte hausse ce 24 janvier est une première réponse à la fermeté du gouvernement. Tout comme l’ensemble des actions de blocages ou autres coupures de courant, méthodes légitimes des travailleurs en lutte.

A ce titre, si les taux de grèves sont en baisse – comment pourrait-il en être autrement après plus de 50 jours de lutte ? – la question qui se pose est celle de s’appuyer sur ce rebond de mobilisation dans la rue, pour la transformer en grève active, notamment par l’entrée en grève reconductible, pour prendre le relai des secteurs mobilisés depuis près d’un mois et demi, offrir un nouveau souffle pour reconstruire une dynamique de grève majoritaire. Car c’est bien en généralisant la grève au privé que l’on pourra construire une grève générale nécessaire pour faire plier un Macron.