Nouvelle censure

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« La liberté seulement pour les partisans  du gouvernement, pour les membres d’un parti, aussi nombreux soient-ils, ce n’est pas la liberté. La liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement. » Rosa Luxembourg

« Les gens qui sont prêts à perdre leur liberté d’expression au nom de leur sécurité vont perdre les deux. » Waleed al husseini

« Je suis si touchée de vos paroles que je ne saurais croire qu’elles soient menteuses. » Molière – L’école des femmes

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Le vendredi 7 février 2020, le Centre Ascaso Durruti ( CAD ) invitait le groupe Pièces et Main d’œuvre ( abrégé en PMO ) de Grenoble, bien connu pour ses positions anti industrielles, à tenir une conférence sur la Reproduction Artificielle, les manipulations génétiques et contre l’eugénisme technologique… et à débattre avec les participants. L’information ayant circulé, un retour n’ayant malheureusement rien de surprenant, est parvenu au CAD. Il était demandé à celui-ci par un groupe politique constitué de ‘ne pas donner de tribune’ à PMO ! Au prétexte qu’ils étaient homophobes et transphobes. Antiféministes et masculinistes. Évidemment, cela a donné lieu à quelques réflexions sur le sujet.

En préambule et pour éviter toute confusion, commençons par dire que nous sommes partisans de la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes. Que cette lutte est incontournable et qu’il y a encore des choses à faire dans ce domaine. De la même façon, nous pensons que PMO n’a rien à voir avec la façon dont ces groupes de pression les décrivent. Qu’ils ne sont en rien homophobes ni transphobes. Ni sexistes ni masculinistes.

Revenons à nos contestataires. La méthode d’abord. Sachant qu’on peut comprendre un refus de discuter avec des gens avec lesquels on est en opposition frontale sur tous les sujets, avec lesquels on n’a rien de commun, on pouvait donc se poser la question de savoir en quoi les dires de PMO étaient si mal vus par certains.

Clairement, il faut, pour pouvoir trancher, lire les analyses du groupe grenoblois et connaître leurs positionnements (1). Afin de se faire un avis éclairé. Le moins qu’on puisse dire, c’est que beaucoup de ceux qui les repoussent avec véhémence n’ont souvent pas pris le temps de savoir de quoi il retournait. Ce qui pose déjà un fameux problème. « S[i ce milieu qui conteste PMO] se prétend ‘radical’, c’est pour son verbe haut, son esthétique et ses postures ‘déterminées’, son goût du coup de poing. Rarement pour ses idées. » En d’autres termes, ce qui a de la valeur aux yeux des « nouveaux censeurs », ce n’est pas le discours tenu, ils chercheraient plutôt à adopter une posture. Exprimant qu’on est un opposant déterminé. Opposant mais sans bien savoir à quoi… du moins au départ. D’une certaine manière, c’est le symptôme d’une dépolitisation que l’on a vu s’opérer depuis quelques décennies. La critique du capitalisme s’est peu à peu effondrée et a été remplacée par un discours et des postures d’opposition qui, pour être parfois assez extrémistes avec violences verbales, violences physiques parfois, manquent singulièrement de substance. Comme si les carences dans le fond devaient être compensées, pour ceux-là, par la fermeté et l’inflexibilité dans la forme.

La marque de cette dépolitisation se constate au regard de l’adhésion au progressisme. Pour lequel il y a la gauche, la voie du progrès et donc de l’émancipation (l’avenir ne peut pas …ne pas être plus souriant et le passé ne peut être qu’infâme et ‘obscur’ ; l’avenir a ceci de préférable qu’il n’est pas encore là et l’humanité ne pourra que le construire à l’image de ses aspirations les plus nobles, …croient-ils) et la droite, la voie de la stagnation, de la défense du statu quo ou du retour aux valeurs du passé (forcément obscurantistes et/ou nauséabondes).

L’ignorance est bien la source de cette dépolitisation et de ce progressisme diffus mais bien ancré dans les rangs de ceux qui ‘devraient’ avoir l’œil un peu plus aiguisé envers le capitalisme [ qui n’est en aucun cas – faut-il le rappeler ? – un système immobile mais bien un mouvement vers l’avant, vers l’inconnu, il doit découvrir des marchés, innover dans les techniques, abandonner de vieilles idéologies pour s’en fabriquer de neuves, …en d’autres termes : changer le monde ! Ceci est même pour lui une nécessité vitale ]. Ces pseudo révolutionnaires modernes s’alignent sur les présupposés progressistes, à la façon des féministes et antiracistes de nouvelle génération et autres intersectionnalistes, qui le voient comme un ‘système figé’, ne changeant que sous la contrainte des élites éclairées (woke, c’est à dire ‘éveillé’, dit-on chez leurs maîtres à penser américains) dont ils sont la partie la plus consciente. Bien entendu. Il semble que la possibilité que leur positionnement soit un avatar du ‘vieux monde’ qu’il dénonce ne leur vienne pas à l’esprit.

Comment se fait-il, par exemple, que l’on entende dire qu’il est bon d’assister à un mouvement comme « metoo » parce que …ça va dans le bon sens ! – même si, s’empressent-ils d’ajouter, il y a aussi là dedans des aberrations. Le problème est bien que ceux-là seraient dans une acceptation béate si d’autres – plus enclins à voir la réalité en face – ne leur signalaient pas les dites aberrations. Et n’y verraient pas grand-chose à redire. Le réflexe d’accepter tout ce qui va …’dans le bon sens’ est l’axe autour duquel tournent toutes les prises de position. En fait, il s’agit bien d’un affaissement de la politisation. Les questions politiques sont abordées sous l’angle le plus « simplet » de la lutte entre la gauche progressiste et de la droite conservatrice ou réactionnaire. Ils auront à cœur de débattre pour savoir qui est dans l’un ou l’autre camp mais la conviction qu’il n’existe que ces deux camps, et surtout ces deux seuls, est bien ancrée. Il y a, certes, des différences entre ceux qui veulent aller vite vers …une « émancipation » qui devient de plus en plus étrange (2) (les plus ardents, qui se diront révolutionnaires) d’autres qui seraient plus prudents (plus réalistes devant le poids de l’Histoire, diraient-ils, et donc plus modérés). Entre eux, il n’y a, dans beaucoup de domaines, qu’un curseur …quantitatif !

De leur point de vue, metoo va dans le bon sens puisqu’il se construit contre le vieux monde de la suprématie masculine. Mais promeut-il l’émancipation ? Il est pour les progressistes interdit d’en douter. Il faudra obligatoirement passer par ce stade comme il a fallu, pour Lénine et ses amis, passer par le stade de l’élimination de la paysannerie (3). Sans parler de la dictature.  De l’industrialisation à marche forcée. On a vu les catastrophes produites par cette Marche En (En Marche) avant   …après !

L’ennui, c’est que les progressistes ne peuvent pas supporter que nous puissions analyser leur façon de se positionner politiquement comme cela vient d’être énoncé. N’ayant guère de repères pour juger de la validité d’une critique, canalisés par l’idée progressiste, ils n’y voient qu’un sectarisme de plus – on voit les autres à son image ! – qu’ils situent forcément … « à droite » !

Bien évidemment, il faut répéter que nous sommes pour la lutte contre les inégalités entre les sexes. Reste encore à penser la situation correctement. Pour agir dans le sens de l’émancipation.

Ceci étant, pour revenir à leur demande de ne pas inviter PMO, les « nouveaux censeurs » admettent que ces derniers suscitent des échos dans le milieu libertaire. On n’est donc pas dans le cas où des gens n’ont rien en commun avec les organisateurs ! Et c’est là un élément important. Il eût été judicieux qu’ils se demandent pourquoi PMO a ces échos dans le milieu libertaire ! Mais ce ‘milieu’ gauchiste opposé à PMO (entre autres) possède des ‘défenses immunitaires’ à l’égal de beaucoup de ‘partis’ dans lesquels certaines questions ne se posent pas, ne doivent pas être posées. Contrairement à ce qu’écrivait le groupe de Perpignan de la Coordination des Groupes Anarchistes ( CGA ) avant de quitter la dite coordination : « Une organisation libertaire digne de ce nom accepte le débat sans rechigner. » On ne peut pas s’étonner que ces derniers aient quitté une organisation qui avait du mal à accepter le débat sur certaines questions paraissant pourtant le mériter. Tout le problème est bien que, faute de débat, les ‘réponses’ aux questions que les gens se posent sont …toutes faites, déjà là. Et …on ne doit pas douter des réponses toutes faites !

Qu’y a-t-il donc d’ennuyeux à ce que certains libertaires (…ou pas) qui ont trouvé dans la lecture des textes de PMO des idées intéressantes et cohérentes en discutent ? Pourquoi faut-il qu’une ‘norme’ soit imposée (par qui ? avec quelle légitimité ?) sans discussion pour établir avec qui on peut discuter ? Pourquoi les croire sur paroles quand ils nous disent que ces gens sont homophobes, transphobes, etc ?

Ce qu’on peut dire d’emblée, c’est que l’attitude des censeurs tient plutôt du stalinisme que de l’anarchisme dont ils se réclament, surtout quand ces interventions se répètent et ressemblent – à s’y méprendre – au harcèlement qu’ils dénoncent, par ailleurs, bien souvent. Et ce n’est pas seulement un petit problème car le constat que font beaucoup de gens est là : ils voient dans ce type de comportement une des raisons (…une déraison ?) pour lesquelles l’audience du discours ‘révolutionnaire’ est si faible malgré toutes les révoltes en cours.

Le dogmatisme qui règne dans le milieu gauchiste dit « radical » est déjà en soi malsain, nous l’avons dit, mais, en plus – et c’est encore un autre gros problème – le discours qu’ils tiennent défiant le bon sens du commun des mortels ne permet pas d’être entendus, encore moins acceptés.

Pour en venir maintenant au fond du problème tel qu’ils l’ont posé, il faudrait faire remarquer quelque chose qui ne semble pas effleurer certains esprits, à savoir que … « Il est très diffèrent de s’attaquer à des personnes à cause de leur orientation sexuelle particulière et de s’attaquer à des théories comme le queer, transgenre, etc à cause de leur prétendu potentiel émancipateur ; le premier est inacceptable, le deuxième fait parti du débat, un débat ouvert à tout le monde, par ailleurs. » La critique des idées est une chose, le dénigrement des personnes en est une autre. Il n’est pas inutile de le rappeler ici. Ça permet d’éviter des procès en sorcellerie et des textes de condamnation péremptoires. Il faut dire qu’aujourd’hui l’idée se répand à vive allure dans ce milieu gauchiste qu’il n’y a aucune différence entre les deux. Dénoncer les idées de quelqu’un équivaudrait à dénigrer la personne. Encore une preuve de l’effondrement de la critique sociale.

En demandant de renoncer à accueillir PMO, ils ont tout de même fourni quelques textes censés dissuader de produire cette conférence. C’est encore là que le bât blesse le plus. Car ces gens qui accusent le groupe grenoblois d’être confusionniste (terme extrêmement à la mode dans le ‘milieu radical’) ne se rendent pas compte à quel point les discours tenus par leurs théoriciens sont fumeux et indigestes. On y fait dix mille détours avant d’attaquer son sujet, on s’abrite derrière le jargon jargonnant pour évoquer des choses parfois simples. Difficile de voir dans ces théorisations un exemple de clarté ! (4) Comme Molière le dit si joliment, « C’est un parleur étrange, et qui trouve toujours, l’art de ne vous rien dire, avec de grands discours. »

On s’attarde maintenant sur les méthodes dont ils usent pour discréditer (dans ce cas) PMO (mais qui valent pour tout ce qui ne rentre pas dans leur moule). Ceux-ci sont qualifiés d’homophobes, transphobes, par exemple. « Parlons, pourrait dire PMO, d’eugénisme technologique ? – Non, nous ne pouvons pas car vous êtes homophobes, transphobes, masculinistes. – Parlons donc de la reproduction artificielle de l’humain ? – Non, nous ne pouvons pas car vous êtes homophobes, etc… » Et ainsi de suite. La réaction et le rejet sont obsessionnels et ritualisés. On voit bien que, selon ces gens, si l’on veut « éviter de leur donner une tribune » il ne s’agit pas de les empêcher de parler de ceci ou cela mais de les empêcher de parler …tout court !

Dans cette démarche d’exclusion, le premier pas consiste à préalablement construire des ‘péchés capitaux’ : homophobie, transphobie, etc, objets de toutes les détestations. Véritables lignes rouges. Le matériau est déjà là. N’a pas été construit par le milieu ‘radical’ mais bien ailleurs : dans des universités. Américaines le plus souvent. Quoique les universités françaises depuis quelques années s’y mettent aussi avec ardeur. « Il est des idées d’une telle absurdité que seuls les intellectuels peuvent y croire. » faisait remarquer Orwell. Constat toujours actuel. Il faut des énoncés ‘choc’ et simples, évidents. Devant lesquels personne ne pense …à amorcer de débat !

Postulat : il existe une « haine » des homosexuels, des trans. Voire des femmes. Un fait qui parle à beaucoup de gens, bien évidemment. Ces faits existent, bien entendu. À partir de ces faits reconnus, il suffit de glisser « PMO » dans le moule de ces ‘haines’ qui servent d’épouvantails. Comme dans toute inquisition qui se respecte : quand on est accusé, c’est qu’on est déjà peu ou prou coupable ! (5) On ne peut pas dire que ces gens soient des inquisiteurs. Nous n’en sommes pas (encore) là. Ils n’en ont pas (toujours) les moyens. Mais le climat qu’ils font régner par leurs sempiternelles dénonciations rend nécessaire, pour de nombreuses personnes, de se conformer au discours dominant si l’on ne veut pas subir leurs hargneuses et constantes diatribes. Cela s’appelle de l’intimidation. Bien au-delà du milieu dit ‘radical’ (ce qui d’ailleurs devrait les inquiéter, mais non… qu’ils soient sur la même ligne que les macronistes et autre ‘gauche en cravate’ ne leur pose apparemment pas trop de problèmes). Cette nécessaire conformité est telle que la dénonciation vaut – dépolitisation aidant – comme une condamnation ! Répétons-le …l’objectif est de marginaliser, rendre inaudible. Rendre son propre auditoire captif, tel est le but recherché. Plus personne ne doit s’aviser à réfléchir à ce que PMO dit ou écrit.

Et quand les gens abreuvés auprès de ces sources gauchistes osent poser les yeux sur les textes interdits, ils s’arrêtent bien vite car le manque de bienveillance dans la lecture suscité par les interventions des ‘censeurs’ est tel que rapidement on trouve de quoi les condamner. S’attachant à un mot qui peut paraître excessif ou déplacé. Et délaissant tout le reste qui est l’essentiel (6). Littéralement, ‘on ne cherche pas à comprendre’, comme on dit dans la langue courante. On condamne ! Ceux qui parlent haut et fort et qui, de plus, en faisant meute, dénoncent d’une façon véhémente, ne peuvent qu’avoir raison sur ceux qui réfléchissent, c’est un credo souvent inconscient dans un milieu ultra gauchiste. Et très partagé. Résultat : dès que vient en tête l’idée de « PMO », suivent immédiatement les qualificatifs d’homophobes, transphobes, … et ce réflexe conditionné [ …donc acquis ! ] provoque ainsi – avant la moindre réflexion – un profond dégoût.

Comme dans les universités américaines, pour ces censeurs, il est admis de ‘discuter’ (les guillemets sont ici indispensables) mais à condition de ne pas mettre en cause des positions intouchables. Surtout ne pas ‘juger’, ne pas critiquer certaines idées – la transgression a des limites ! – ce serait là faire preuve d’hostilité, de dénigrement et enfin – stade suprême ! – de discrimination envers ceux qui les exposent. Notez bien qu’il ne s’agit pas de mettre en cause – comme on l’a déjà dit – des gens pour ce qu’ils sont …mais les positions qu’ils ont ! Ce qui signifie tout simplement qu’il est exclu de discuter… sauf si on est d’accord ! Cela conduit à une très singulière conception de la discussion ! Le corollaire étant, évidemment, que si quelqu’un s’avise à transgresser ces frontières de ce qu’on est autorisé (…par qui ?) à dire alors il doit être dénoncé, harcelé et poursuivi. Parfois pire ! Un peu comme dans les plenum du PCUS aux temps de Staline, on peut discuter à condition d’être dans l’étroit sillage indiqué par la direction du parti. Sinon …gare !

Cette posture relève de l’art de l’exclusion et de la manipulation plutôt que de l’étude critique.

On peut se demander si ‘Censurer et interdire’ ne devient pas un principe fondamental du gauchisme contemporain. Car c’est une chose de dire : « nous pensons qu’ils sont homophobes et nous discuterons afin de convaincre le plus grand nombre avec nos arguments » (attitude qui est bien sûr tout à fait permise ! Quand on pense qu’il y a nécessité de débat, il faut débattre) et c’en est une autre de dire : « ces gens-là sont homophobes, etc… et nous ferons les pressions nécessaires afin qu’ils n’aient pas de tribune pour s’exprimer. » Dans ce second cas, on refuse tout débat. Nous répétons qu’il est licite d’éviter de débattre avec des gens envers qui on a de l’hostilité, c’est entendu. Mais pourquoi ne pas laisser les autres débattre puisqu’on admet qu’ils ont « un écho dans le milieu libertaire » ?

Ce qui commence à devenir dramatique avec les comportements ‘exclusifs’ (= d’exclusion) du ‘milieu radical’, c’est précisément que le principe du débat, de la discussion contradictoire a maintenant du mal à être admis. Cela ne va plus de soi. (7) L’horizon politique devient …la foule des ‘monades’, individus isolés tous persuadés d’être dans la juste voie et convaincus que les autres ne peuvent que se tromper lamentablement !

On comprend bien qu’on laisse alors sur le carreau beaucoup de gens – révoltés par le monde tel qu’il va – qui seraient tout disposés à entendre des arguments mais pas à s’en laisser imposer. « Tout homme veut comprendre ; personne qui n’ait ce désir. Mais nous ne voulons pas tous croire. » écrivait Saint Augustin qui s’y connaissait dans ce domaine. L’exemple des Gilets Jaunes est à cet égard exemplaire. Le sectarisme des groupuscules gauchistes joue un rôle inhibiteur sur le mouvement social. Et ce n’est pas son moindre défaut !

Pour beaucoup de détracteurs de PMO, être ‘recevable’ signifie être d’une pureté idéologique exemplaire, immaculée. (Doit-on préciser qu’il s’agit de leur idéologie ?) Pureté acquise comment ?… Spontanément ? Telle la Grâce divine tombant du Ciel ! De cette façon, ils peuvent penser qu’il n’est plus utile de débattre ni de convaincre, il suffit d’interdire à ceux qui ne sont pas d’accord de s’exprimer et (éventuellement) de les expulser manu militari. (7) Jusqu’à avoir place nette. Qu’importe s’ils ne restent au bout du compte …qu’eux-mêmes, une poignée de purs !

(1) http://www.piecesetmaindoeuvre.com/

(2) On lira par exemple dans a revue de la Coordination des Groupes Anarchistes que « l’abolition du genre est une perspective anarchiste ». En marche ! En avant !

(3) … C’est une autre histoire, tout aussi pénible, pas sans lien avec la nôtre, à laquelle on pourrait consacrer un article ou même un livre entier. D’ailleurs, on peut lire sur ce thème : Lénine face aux moujiks [1], par Chantal de Crisenoy, édition de la lenteur.

(4) « On constate que, dans les centres occidentaux de la gestion globale, des discours critiquant le dit « système », se développent, au fil du processus capitaliste de crise. Un discours écologiste dit « radical », ou « intégral », ou même « décroissant », pourra développer cette critique. Mais précisément, le développement et l’aggravation de la dissociation-valeur, comme on l’a vu, produit aussi progressivement le refoulement de cette dissociation. Dans le même temps où ses structures assignantes et réifiantes radicalisent la scission, cette scission devient toujours moins consciente pour les individus. C’est ainsi qu’une certaine pseudo-critique du système, totalement hébétée, insérée pleinement dans la religion fétichiste-marchande du quotidien, pourra prétendre « remettre en cause » la modernité, dans le même temps où elle s’appropriera pleinement et absolument ses catégories les plus explicitement destructives et morbides. » ou encore « C’est seulement par l’abolition du droit formel capitaliste, incluant l’abolition de la dissociation sexuelle-patriarcale de la valeur, que cette égalité réelle se laisse envisager. » Que voilà des clartés bien obscures ! Ceci est un extrait d’un texte dont la lecture tendrait à prouver (entre autres) l’homophobie de PMO !

http://benoitbohybunel.over-blog.com/2016/11/une-ecologie-naturaliste-tendanciellement-patriarcale-homophobe-et-transphobe-pierre-rabhi-pieces-et-main-d-oeuvre-thierry-jacaud.ht

(5) Il est des crimes si énormes qu’il est hors de question de prendre le temps de prouver la culpabilité de ceux qui en sont accusés. Telle semble être la logique implacable qui anime la gauche contemporaine. Entre l’extrême gauche ‘anarchiste’ et les plus ‘modérés’ il n’y a que des différences de degrés. Et même au-delà de la gauche, on pratique cet art de l’accusation et de la persécution puisqu’on voit bien des gens animés par ce genre de mouvement délirant. Parmi les macronistes notamment. Haro sur le baudet !

(6) Dans un texte de PMO intitulé « Ceci n’est pas une femme » certains commentateurs se sont horrifiés de lire à maintes reprises l’expression : « les tordus queer », et y trouvent une insulte ‘ personnelle ’ adressée à ceux-là. Une lecture plus attentive leur aurait permis de se rendre compte qu’il ne s’agissait pas de ça. L’inversion du stigmate (comme utiliser le mot ‘nègre’ dans la lutte antiraciste, par exemple par les écrivains de la négritude : Senghor, Césaire,…) est une réalité chez les ‘queer’ car ‘queer’ signifie bien ‘bizarre’, ‘étrange’ ; et ‘tordu’ est en fait de la même racine étymologique que ‘queer’. C’est ce qui est expliqué dans le texte. Dans la même veine, qui clamerait que ‘punk’ est une insulte si l’on sait que cela signifie ‘voyou’, ‘ minable’ !

(7) On rappelle la destruction de l’étal de la revue ‘la Décroissance’ à Bure lors d’un rassemblement anti nucléaire par des gens qui les qualifiaient – toujours même son de cloche ! – d’homophobes, transphobes, etc. Il y eut aussi d’autres hauts faits de ces contempteurs du débat : entre autres, à Lyon où une troupe de fiers à bras a empêché Alexis Escudéro de présenter son livre sur la Reproduction Artificielle de l’Humain.

    « Ce qu’il y a de plus difficile à apprécier et à comprendre, c’est ce qui se passe sous nos yeux. »  Tocqueville