Pinocchio

Lorsque l’enfant paraît, …

bien qu’il soit fait de bois,

Le théâtre applaudit, d’ores et déjà conquis.

Il apparaît glacial, insensible et terni,

Mais il est acclamé comme s’il était roi.

Qu’importent ses faux airs, son texte en cliquetis,

Le voilà qui parade en masquant sa raideur,

Nous promettant déjà qu’il sera grand seigneur.

Plus le texte est clamé, plus son nez s’agrandit.

Le public faisant fi du défaut d’apparat,

De tirade en tirade, il gagne en éloquence,

Et l’on mesure au pif toute son assurance.

Il se joue de l’audience et prend goût à cela.

Aussi continue-t-il, à flâner et mentir,

Tellement qu’à ses pieds, la foule est aveuglée,

Visée par le canon qu’est devenu son nez.

On sait depuis le fond, qu’il est temps de partir…

Le gamin comédien, jouet ou marionnette,

Est un poisson dans l’eau quand le décor est faux.

Son pif en baromètre dit la météo,

Mais nul ne s’inquiète des orages et tempêtes.

Jusqu’à ce que l’acteur se heurte nez à nez,

Au plus lointain de tous les sages spectateurs.

Ce dernier ayant vu le mensonge avant l’heure,

Fait taire la menace en giflant le benêt.

En prenant du recul, on voit mieux arriver,

Celui qui se contente de se pavaner.

Une fois retenue, cette leçon permet,

Non pas de s’éloigner, mais de bien s’entourer.

Axel Messaire