Pourquoi le projet éolien a été retoqué par la préfecture ?

Un article paru dans la Voix du Nord du 17 juin ; édition Lens-Liévin-Hénin ; avec quelques rajouts

Un autre article dans Voix du Nord en date du 19 juin ; édition Arras

Le préfet a opposé un refus à la demande d’autorisation environnementale du projet de trois éoliennes sur des parcelles d’Izel-les-Equerchin et Quiéry-la-Motte, au sud de l’agglo d’Hénin-Beaumont. Ses promoteurs disposent d’un délai de deux mois pour saisir la justice.

Le projet de parc éolien de la vallée de l’Escrebieux prévoit l’implantation sur des parcelles agricole de trois mâts éoliens (deux à Izel, un à Quiéry), d’une puissance de 15 MWh, à l’extrémité des territoires de ces deux communes, au sud de l’agglo d’Hénin-Beaumont. Une demande d’autorisation environnementale était sollicitée par les promoteurs (les société Intervent et Valeco). L’enquête publique a eu lieu du 7 novembre au 7 décembre 2022, gratifiée d’un avis favorable de la commissaire-enquêtrice. Ce n’est pas le cas du préfet du Pas-de-Calais.

« EFFET D’ÉCRASEMENT »

A la vue des éléments fournis, celui-ci a estimé, dans un arrêté redu le 6 juin, que les mâts s’intègreraient mal dans le paysage. On n’est pas ici au milieu des vastes plaines de l’Artois où les champs éoliens pullulent mais en bordure du bassin minier, densément peuplé. Le projet aurait des « effets de surplomb et d’écrasement sur les villages de la vallée », est-il noté. Il viendrait parasiter la vue sur les terrils classés patrimoine mondial de l’UNESCO. « Il convient, à ce titre, de veiller à la protection de leur place dans le paysage environnant ». Le préfet relève la proximité de l’église Saint-Martin d’Hénin-Beaumont, classée monument historique, à cinq kilomètres de distance, qui entrerait « en covisibilité » avec le par éolien. Autre grief, en lien avec la protection des oiseaux, la proximité d’une éolienne avec une zone re reproduction du busard des roseaux.

UNE LEVÉE DE BOUCLIERS

A noter qu’à l’issue de l’enquête les promoteurs ont amendé leur copie pour ramener la hauteur totale des éoliennes à 180 mètres en bout de pâle, au lieu de 200. Cela n’a pas suffi à convaincre.

Le projet a, dès le départ, suscité une levée de boucliers. Plusieurs communes :

  • Quiéry, Oppy, Neuvireuil, Ecourt-Saint-Quentin, Fresnes, Vitry et Biache

ont rendu des avis défavorables, ainsi que certains services de l’État :

  • Direction départementale des territoires et de la mer du Pas-de-Calais, Unité départementale de l’architecture et du patrimoine du Pas-de-Calais.

Sur le terrain, des voix hostiles se sont fait entendre, via l’association Escrebieux-Environnement. Les élus et habitants des communes au sud d’Hénin-Beaumont se sont mobilisés très tôt sur le sujet. Le refus préfectoral ne signe pas la fin de la procédure. Intervent et Valeco ont deux mois pour saisir la justice administrative.

DES CHIFFRES

6, 14, 28 / 6 représente le pourcentage des Hauts-deFrance par rapport à la France ; 14, le pourcentage de la population ; 28 le pourcentage de la production éolienne !

3 : le nombre d’éoliennes possiblement installées. Deux à Izel, Une à Quiéry

180 : en mètres, la hauteur en bout d epâle des éoliennes

950 : en mètres à vol d’oiseau, la distance qui sépare l’éolienne la plus proche de Bois-Bernard de la première habitation.

40 000 € : ce que devrait toucher le département pas an et sur 25 ans pour ces trois éoliennes.

11 000 € : ce que devraient toucher par éolienne et par an (sur 25 ans) les communes d’Izel et de Quiéry.

125 000 € : ce que doit budgeter Intervent et Valeco pour le démantèlement des deux éoliennes de 5MWh ; sans compter 100 000 e pour celle de 4 MWh

CE QU’ILS EN PENSENT

Pierre Rose, président de l’associaiton Escrebieux-Environnement : « Cest une première bataille de gagné ; ça ne veut pas dire qu’on a gagné la guerre. Sur le projet de la vallée de lé Sensée, le préfet a retoqué mais le promoteur a saisi la cour administrative d’appel. Dans ces cas-là, c’est le promoteur qui gagne. On a un petit espoir, c’est que sur Osartis-Marquion, il y a trois projets (Escrebieux, Sensée, Brebières) qui sont contestés. Cela fera peut-être réfléchir les pormoteurs. Ils finiront pas se dire que c’est dur de travailler dans ce secteur ».

Frédéric Humez, marie de Quiéry-la-Motte, commune défavorable au projet : « C’est une décision conforme à la volonté du conseil municipal. Je pense que c’est par rapport aux nombreux avis défavorables que le préfet a rendu son avis. Ce n’est pas facile de s’opposer à l’avis d’une commune ».

Corinne Dubois, maire d’Izel-les-Equerchin, commune favorable : « C’est un peu désagréable d’autant que le dossier avait reçu un avis favorable de la commissaire-enquêtrice. Il y aavait eu une réunion en préfecture juste après avec toutes les instances où tous les points avaient été débattus. J’avais l’espoir d’une décision favorable. Je pense qu’il y aura un recours car les éléments de refus sont facilement opposables. Un point que je ne comprends pas du tout est la présence des terrils car cela n’a pas empêché de construire des éoliennes à proximité (à Esquerchin-Lauwin-Planque) ».

Jean-Marie Monchy, maire de Bois-bernard, commune défavorable au projet : « Je ne peux pas cacher que je ne trouvais pas cela esthétique. C’est très bien que le projet soit retoqué car le territoire a déjà suffisamment donné (Les Hauts-de-Fance sont la région qui compte le plus d’éoliennes en frnce). Cela ouvrait aussi la porte à davantage d’éoliennes car un deuxième projet était dans les tuyaux dans le secteur. Ce refus va sûrement le faire annuler ».

Des habitants de Bois-Bernard « rassurés » … pour l’instant

Les habitants de la rue du Petit-Bois à Bois-Bernard ne cachent pas leur joie. Le refus de la préfecture est vécu comme un soulagement.Les habitants s’étaient immédiatement mobilisés pour exprimer leur opposition à ce projet éolien. Un collectif avait ainsi été formé, une pétition rédigée et un rendez vous avec Xavier bertrand sollicité. « Tout n’a pas été vain »,se félicite Ghislaine qui habite dans la rue depuis 1984 et dont le jardin donne sur les champs devant accuillier les engins de 180 mètres de heut. Didier, son voisin, est tout aussi heureux. « Je ne suis pas contre, mais pas ici. On en a assez dans la région ou bien il faut les installer en bord d’autoroute, où cela ne gêne personne »… Si les habitants de la rue du Petit-Bois soufflent un peu après plusieurs mois de mobilisation, ils restent toutefois sur leurs gardes. « Pour l’instant, c’est une première étape. Attendons de voir si un recours est déposé contre la décision de la préfecture », temporise Ghislaine, déjà prête à renfiler son costume de Don Quichotte des temps modernes.

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COMMENTAIRE

A propos du projet Valeco-Intervent sur la commune de Brebières

Vous avez jusqu’au 12 juillet inclus pour aller en mairie de Brebières pour indiquer votre opposition au nouveau projet.

Le secteur est déjà bien impacté aux alentours d’Haucourt avec ces éoliennes INDUSTRIELLES. Il faut rappeler que la vallée de la Sensée est concernée ; le préfet a d’ailleurs émis un avis défavorable (ce qui fait que, comme prévu, les promoteurs -qui ne sont pas Valeco et Intervent- ont attaqué en justice).

Valeco et Intervent veulent aussi occuper le terrain à Brebières : La commune a déjà voté contre ce projet au début de ce mois.

Le conseil municipal de Quiéry va se prononcer en début de semaine prochaine.

Il commence à y avoir une forte opposition dans la CC Osartis-Marquion (pour rappel, Vitry est contre). Cela devrait faire réfléchir nos promoteurs quant à la poursuite en justice de la décision du préfet pour ce qui concerne Quiéry et quant au projet de Brebières. Cela sent mauvais pour eux dans notre communauté de communes, d’autant qu’ils ont déjà bien défiguré le paysage avec le parc éolien des Quintefeuilles.