
Un communiqué de la Confédération Paysanne avant les rassemblement de ce week-end
Le projet titanesque qui alimente l’exportation
L’équivalent de la surface de la ville de Beauvais risque d’être artificialisé d’ici 2035. Long de 107 kilomètres, le futur Canal Seine-Nord Europe (CSNE), destiné à permettre la navigation de péniches à grand gabarit entre la France, la Belgique et les Pays-Bas, va engloutir plus de 3000 hectares de terres agricoles et naturelles en Hauts-de-France. Ces terres, préemptées par la Société du Canal Seine-Nord au nom d’une « déclaration d’utilité publique », fragilisent l’activité de nombreux agriculteurs, sans véritable débat démocratique.
Présenté comme le « chantier du siècle », le CSNE représente une véritable menace pour l’agriculture paysanne en Hauts-de-France. Notre surface céréalière constitue près de la moitié de la surface agricole utile, hissant les céréales à la première place du podium, qui rapportent 1 375 millions d’euros en 2020 de chiffres d’affaires, devant la pomme de terre. Au service de l’agro-industrie, le CSNE conduira le trafic de céréales transportées à exploser : d’environ 1 million de tonnes par an, le trafic avoisinera les 5 millions de tonnes en 2035. S’inscrivant pleinement dans un contexte de libre-échange, le CSNE favorisera le commerce mondialisé en contribuant à tirer les prix vers le bas. L’accord UE-Mercosur doit nous alerter : ces logiques de marché placent les paysans français, et en particulier ceux des Hauts-de-France, en première ligne d’une concurrence biaisée. Comment allons-nous rivaliser avec des pays où le salaire minimum avoisine un euro l’heure ? Le CSNE pourrait ainsi devenir un levier au service de cette fuite en avant, sacrifiant les fermes et l’autonomie alimentaire au nom d’une compétitivité illusoire, fondée sur la destruction du vivant et le dumping social.
Dictée par les exigences de compétitivité du marché mondial et en l’absence de prix rémunérateurs, cette orientation pousse les exploitations à s’agrandir et à intensifier leurs pratiques pour répondre à la demande. Ce modèle, promu par des gigantesques infrastructures comme le CSNE, s’accompagne d’une dépendance croissante aux intrants chimiques. Doit-on rappeler que le Pas-de-Calais et la Somme arrivent en tête des départements achetant le plus de produits phytosanitaires ? Alors que les analyses d’eau dans la région montrent des taux élevés de résidus de pesticides, qui dépassent les seuils de précaution dans certaines communes, le CHU d’Amiens est quant à lui le seul hôpital en France à disposer de la consultation Pesticides et pathologiques pédiatrique, destinée à l’accompagnement des enfants ayant des pathologies liées
aux pesticides. Bien que la région affiche une volonté de transition écologique, les pratiques intensives restent largement majoritaires.
Au-delà des pressions économiques qui pèsent sur les mondes agricoles, la Confédération paysanne Hauts-de-France alerte sur les risques d’accaparement de l’eau provoqués par le chantier. Présentant le CSNE comme « économe en eau », la société du Canal Seine-Nord affirme qu’il n’y aura aucun prélèvement dans les nappes phréatiques et que celui-ci sera majoritairement alimenté par la rivière Oise. Ces promesses doivent être passées à l’épreuve du réel : d’une ampleur vertigineuse, le chantier pourrait monopoliser 35 millions de mètres cubes, soit cinquante-cinq fois la méga bassine de Sainte-Soline. Par ailleurs, les propositions d’utiliser les réserves de terre du CSNE comme réserves d’eau pour l’irrigation ne sont pas satisfaisantes : nous nous opposons à un modèle agricole productiviste qui concentre l’accès à l’eau entre les mains d’une poignée d’agro-industriels, au détriment des exploitations et des filières de proximité. Nous appelons donc à repenser sur nos territoires une gestion collective et équitable de l’eau, en orientant ses usages vers la production alimentaire locale.
Dores et déjà, de nombreuses fermes ont été coupées en deux par le tracé du canal, en échange de compensations accordées aux agriculteurs. La Confédération paysanne Hauts-de-France s’oppose fermement au projet du Canal Seine-Nord Europe et appelle à soutenir les alternatives contre ce projet pharaonique, en phase avec les mobilisations initiées par le collectif Méga Canal Non Merci et de nombreuses associations.
À rebours d’un modèle imposé par le complexe agro-industriel, nous revendiquons une protection du marché en échange d’un modèle agricole et alimentaire de qualité. Nous revendiquons la relocalisation de notre système alimentaire, pour permettre aux paysannes et paysans de produire, transformer et vendre localement à un prix rémunérateur, sur des fermes à taille humaine. Nous insistons sur la nécessité d’une véritable transition agroécologique et l’accès de toutes et tous à une alimentation de qualité.
Contre les logiques de marché, luttons pour des campagnes vivantes et solidaires !
Contacts :
– Marie Ortegat, Porte-parole de la Confédération paysanne 60 : 06 49 74 52 69
– Antoine Gomel, Porte-parole de la Confédération Nord Pas-de-Calais : 03 21 30 21 32
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Communiqué synthétique des Soulèvements de la Seine
Pourquoi nous luttons ?
Ce projet inutile vole 10 milliards d’impôts pendant qu’on demande encore et toujours aux citoyennes et citoyens de « faire des efforts » !
Il détruit des terres agricoles, des espèces menacées, gaspille de l’eau et va mettre encore plus de camions et de pollutions sur les routes.
Il promet des emplois et de l’argent ; mais qui seulement va en voir le couleur ? Les milliardaires
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Ces rassemblements de ce week-end ont aussi le soutien de :
Les Soulèvements de la terre ; Extinction Rebellion ; Scientifiques en Rebellion ; Solidaires ; ATTAC France ; Naturalistes des Terres ; Les Amis de la terre ; ATTAC IDF ; FSU Oise ; Confédération Paysanne Hauts-de-France ; Solidaires Etudiantes Compiègne ; Mega Canal Non Merci ; Nord Nature Environnement ; Stop Greendock ; Bassée Vivante ; Collectif pour les terres du triangle de Gonesse ; L’Offensive ; GNSA Compiègne ; Compiègne En Transition ; Stop Canal UTC ; Pic’Nors ; L’AER (alternative étudiante rémoise)