Johnny et l’argent

Quel matraquage médiatique. La décadence !

Libé a consacré 20 pages sur 40 le 7 décembre.

3 bus sont partis d’Hénin-Beaumont ; 90 € pour aller au spectacle parisien du 9 décembre !

Un commentaire reçu : « je bossais à côté de l’étoile le jour de la cérémonie. J’étais scandalisé par ce que je voyais. Des centaines de crs, des hélicoptères, toute la journée des flics en moto qui précédaient des voitures aux vitres teintés, et toutes les rues proches des champs bloquées etc… »

On n’en a pas fait autant avec Ferré, Brassens, Brel, Gainsbar, Ferrat, Rochefort (il est vrai qu’ils n’auraient pas voulu ; il est vrai aussi que, pour la plupart d’entre eux, ce n’était pas la même époque).

On est en pleine décadence ; et surtout dans la société du spectacle décrite par Guy Debord.

On est dans le discours idéologique, avec une volonté de rassembler tout le monde (gauche, droite, extrêmes …) pour la grand-messe autour d’une caricature de rassembleur qui a fraudé le fisc, qui a dépensé sans se préoccuper de la planète, qui a -à ma connaissance- une maison dans la région parisienne, une autre en Suisse, et 9 à saint Bart : en somme, un « travailleur pauvre »… comme Balkany, comme de nombreux élus, comme des patrons de multinationales …

Bien entendu, on a entendu, à la télé, que ce rassemblement ressemblait à celui du 10 janvier 2015 !

Johnny est Charlie ! Johnny est Victor Hugo ! Il faudrait le mettre au Panthéon !

MACron, Hollande, Sarko, même combat ! Il manquait tout de même Chirac et Giscard –il est vrai qu’ils ont l’« excuse » d’être vieux !

Lundi 11 décembre, à 5 h 20, on a échappé à un reportage sur France inter  à propos de l’arrivée de notre altermondialiste -« le travailleurs pauvre »- à Saint Bart. FI a même présenté ses excuses toutes plates ! OUF !

Il parait que notre « altermondialiste » était un « travailleur pauvre » !

Pourquoi altermondialiste ? Parce que né en Belgique, ayant la nationalité française, ayant vécu ensuite en Belgique puis en Suisse –pour obtenir la nationalité dans l’un de ses deux pays- et aux Etats-Unis. Un vrai globe-trotter désintéressé !

L’imitation ratée de l’enterrement de Victor Hugo

Un article dans https://www.legrandsoir.info/

Aurore Berger, la Nadine Morano de LREM, affirmait que les obsèques de Johnny Halliday provoqueraient une émotion comparable à celles de Victor Hugo et elle prévoyait qu’il y aurait : «  autant de monde si ce n’est plus dans la rue pour l’accompagner ».

Informés sans BFM-TV, venus de toutes les régions de France sans bus Macron, 2 millions de personnes ont donné le 1er juin 1885 une journée de travail (non récupérable en RTT) pour accompagner la dépouille de l’immense poète qui ne s’exila pas à cause des impôts, lui. Son testament disait qu’il donnait 50 000 francs aux pauvres et que son cercueil devait être transporté dans le corbillard des pauvres.

Cependant, la cérémonie pour Johnny était impeccable, comme ordonnée par une entreprise d’événementiel. Des centaines de milliers de contribuables étaient là : les fans de toujours et d’autres que le matraquage médiatique avait conjurés de ne pas rater un « événement historique ».

Je défie quiconque de ne pas avoir été ému à l’écoute de quelques discours ou lectures de texte ou par le visage de la veuve, si digne et si belle avec ses cheveux tirés en arrière, ses lunettes de soleil et, en sautoir, la croix que son homme portait. Et puis, patatras ! La voici qui se jette pour une longue, longue, longue étreinte dans les bras d’Emmanuel Macron, puis dans ceux de Bri-bri d’amour.

La cérémonie pour Johnny fut soudain macronisée

L’exceptionnelle « bête de scène » était rapetissée à la taille de l’ancien banquier de chez Rothschild, du président des riches. L’incomparable rocker Johnny fit place à l’oncle Picsou-Halliday avec ses quarante années de démêles avec le fisc, sa condamnation pour fraude à 10 mois de prison avec sursis, son exil fiscal, ses négociations (fructueuses) au plus haut niveau pour des remises sur les sommes dues, des dégrèvements et des effacements de pénalités.

En se blottissant dans les bras du président que la foule conspua dès les premiers mots de son discours (1), Laeticia Halliday a dit aux fans qu’ils étaient les invités d’un dîner de cons, que l’irrationnelle réunion des torchons et des serviettes serait terminée dès que Johnny serait arrivé Saint-Barth.

Le poignant concert de guitares devant l’église de la Madeleine fut couvert par cette grosse fausse note.

Théophraste R. (Directeur de la thèse : « Récupération, phagocytage et perversion d’un fils du peuple par son entourage et le pouvoir »).

(1) Toujours truqueur et tronqueur, le JT de France 2 a gommé les sifflets et les cris de la foule pour couvrir sa voix (« John-ny, John-ny ! ») en ne passant que l’épilogue du discours (à 5mn 52). Apprécions aussi la prudence de Macron qui, craignant de nouveaux sifflets, termina en invitant à « applaudir monsieur Johnny Halliday ».

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Poches percées et démêlés fiscaux, les rapports tumultueux de Johnny Hallyday à l’argent

Un article du monde

Panier percé

 « Marre de payer ce qu’on nous impose »

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Johnny Halliday, symbole de l’absence d’un commun qui rassemble ?

Cela aura été, comme lors de la manifestation du 11 janvier 2015 après l’attaque terroriste de la rédaction de Charlie Hebdo, le moment de grande « communion nationale ». Il en faut, de telles homélies collectives, où l’on rappelle au peuple français qu’il ne fait qu’un, où l’on crée un peuple français dans lequel smicards, exilés fiscaux, classes moyennes, cadres supérieurs, étudiants, chômeurs, roturiers et notables communient dans une même tristesse et donnent cette illusion d’appartenir au même groupe, unis dans une même identité française, qui a l’avantage de gommer les aspérités et inégalités criantes de nos sociétés.

Johnny, l’homme qui « ne faisait pas de politique », mais soutenait officiellement les politiciens qui tenaient une politique de droite, comme en 1988, quand il nous disait pendant les élections présidentielles « qu’on a tous quelque chose en nous de Jacques Chirac ». Son aura sur le peuple, particulièrement visible aujourd’hui, nous laisse penser que son soutien à ceux qui pouvaient le soutenir, n’aura pas été inutile.

Mais ce que marque surtout l’ultime sacre médiatico-politique du rocker, soutenu par une partie de la population, c’est le triomphe de la richesse scandaleuse, l’idéologie du pov’gars qui a réussi, « à la force des poignets », à s’en sortir. Johnny aura été cette icône médiatique, cette star qui brille et illumine tous ses sujets, ces autres qui vivent par procuration une forme de reconnaissance symbolique dont il manque dans leur véritable vie.

Le succès de Johnny Halliday, c’est donc celui de l’individu, de l’idéologie de la réussite, de la richesse sans aucun lien avec la pauvreté, de l’ambition personnelle comme unique cause de la fortune, où d’un côté on joue à « qui veut gagner des millions » pour la bonne cause(1), pendant que de l’autre on pratique l’exode fiscal pour en soutirer encore plus à la société, et donc à ceux qui en ont le plus besoin… C’est le triomphe de l’indécent, de l’amoralité. C’est, si l’on s’en tient à la foule présente, aux rediffusions médiatiques des obsèques – car l’on ne sait rien de ceux qui refusent cette messe et ne sont ni à Paris ni derrière leur écran –, le triomphe de la résignation. Car ce deuil par procuration participe d’une mobilisation des affects qui sert seule la cause individuelle, adoubant le pouvoir en place et signant la soumission du peuple.

Comme le disait pourtant Jean-Claude Michéa, « la prise de conscience par ceux qui produisent la richesse collective de la nécessité d’abolir un système qui monopolise leur temps de vivre et sacrifie leur humanité sur l’autel du profit privé et de la « compétitivité » à tout prix, ne procède presque jamais – à l’inverse de ce que croyait Lénine – d’une compréhension strictement intellectuelle des « lois scientifiques de l’histoire » (…). Cette prise de conscience naît presque toujours, au contraire, d’un profond sentiment de colère et d’injustice – c’est-à-dire d’une révolte morale – devant la façon dont la recherche effrénée du profit (…) et la concurrence impitoyable qui en résulte conduisent non seulement à transformer les travailleurs, selon le mot de Marx, en simple « machines à produire de la plus-value » (avec tout ce que cela implique en terme de management), mais également à soumettre progressivement l’ensemble de la société aux seuls impératifs du calcul égoïste et de la guerre de tous contre tous. »(2)

Souhaitons donc que tous ceux qui refusent le spectacle – ils sont sans doute des millions, même parmi ceux qui pouvaient apprécier l’artiste –, n’iront pas au travail aujourd’hui, ou pointer au chômage, la tristesse au cœur en fredonnant Johnny, qui ne leur donnait plus l’envie d’avoir envie d’abattre ce monde injuste et inégal.

Kairospresse.info

1- https://www.youtube.com/watch?v=J62ovlR4DVU

2- La gauche et le peuple, Flammarion, p.228-229.

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Extrait d’un commentaire reçu …

Ensuite on laisse notre Johnny dans sa petite tombe  -qui doit évidemment comporter un compartiment coffre-fort

Dégoutée à l’avance, je n’ai suivi que 5 min du JT du soir.

J’ajouterai seulement cette petite réflexion : quelle aubaine que les enterrements de nos « icones » tombent juste la même semaine que le docu sur l’insécurité du nucléaire …

Ce docu très clair et bien construit aurait pu, aurait dû, provoquer une polémique …

Mais y avait plus important : … l’enterrement de Johnny et les funérailles de D’Ormesson.

Comme ça EDF, AREVA et tous ces ingénieurs archi-payés pour la boucler peuvent encore dormir tranquille !!!

Honte a tous ces politiciens et personnalités du show-biz qui se sont prêtés à cette mascarade.