Surtravail ; 2ème partie

Entre esclavage et gaspillage à grande échelle !

 Sans cesse des surplus encombrants et polluants !

  • Mafia du recyclage qui masque les excès de l’ère industrielle !
  • Surexploitation de la vie humaine par le travail et injustices intolérables !
  • État désastreux de la planète qui n’arrête pas les néolibéraux !
  • Convergence d’alternatives riches vers une nouvelle vision économiste !

 

 Surexploitation de la vie humaine par le travail et injustices intolérables !

Fin de ce paragraphe commencé hier.

En début de chaîne de productivité, sont extraites ou dévastées les richesses naturelles dans les pays « émergents » : (pétrole, or, bauxite pour l’aluminium, uranium, tantale, cobalt, mica, cuivre, zinc, noix de coco, huile de palme…).

Exemples concrets : granites comme matériau de construction pour les plaques de marbres provenant de certaines régions du monde (Afrique du Sud, Nord-Est du Brésil, Nord-Ouest de l’Australie), bauxite contenu dans l’aluminium des barquettes surgelées exploitée en Guinée (Afrique), en Australie (Océanie), Indonésie (Asie du Sud Est), en Inde (Asie) et Jamaïque, Guyane, Guyana, Surinam, Nord du Brésil (Amérique centrale) de façon intensive dans des gisements où l’on dénombre 15 000 décès par an et la dégradation élevée de la santé à travailler dans des tranchées dépourvues de lumière et d’aérage naturels, richesses naturelles des forêts amazoniennes amenant torture et destruction de leurs habitants puis de la faune sauvage, 80 % du Coltan et tantale de la République démocratique du Congo (Afrique) avec exploitation contrôlée par l’armée qui subtilisent les revenus au détriment des populations.

De fait, les pays dits « émergents » depuis une trentaine d’années sont encore habités par des « pauvres », condamnés à le rester, ce fait étant lié au système économique actuel. Les pays des « BRICS » (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), puis de l’ASEAN à cinq (Indonésie, Malaisie, Philippines Vietnam  et Thaïlande),  du Mexique et de la Turquie  conservent une croissance faible. Reste importante celle des pays occidentaux restés dans une conception économique colonialiste qui les enrichit et sème la misère dans les populations des pays « émergents ».

Le Rapport Oxfam du 22 janvier 2018 dédié aux femmes et aux hommes qui luttent contre les inégalités et les injustices indique que « 82 % des richesses créées dans le monde l’année dernière ont bénéficié aux 1 % les plus riches, alors que la situation n’a pas évolué pour les 50 % les plus pauvres. Les travailleuses et travailleurs pauvres s’échinent sur des tâches dangereuses et mal rémunérées pour alimenter l’extrême richesse d’une minorité, richesse qui a augmenté de 762 milliards de dollars en 12 mois, soit  sept fois le montant qui permettrait d’éradiquer la pauvreté».

Mais même dans les pays industrialisés, où les conditions de travail sont relativement meilleures (salaires, conventions), cette surproduction génère le « burn out », l’épuisement lié à la surcharge de travail, pression tant psychique que physique et stress chronique, syndrome non encore inscrit au tableau des maladies professionnelles ! Surproduction dit aussi surcoûts pour les entreprises, voire lourdes pertes lorsque cela aboutit au déficit ou à des licenciements. En 2017, pour soutenir toujours l’industrialisation et la puissance productive, les gouvernements proposent systématiquement la relance de baisses de charges pour la rentabilité financière. Actuellement, c’est l’enfilade sans fin de produits, nouvelles technologies, déchets pour toujours plus de productivité, augmenter profits et PIB puisque les politiques s’appuient constamment sur ce dernier et une croissance forte !

Les pays « émergents » attendent par ailleurs le déficit des entreprises occidentales pour les racheter !

En France, la loi travail 2017 ouvre les vannes d’une flexibilité encore plus grande au détriment des salariés et pourrait amener à faire davantage de victimes du système économique et de la mondialisation.

La surexploitation de la vie humaine, une standardisation et l’abrutissement de celle-ci aboutissent à empêcher la mobilisation des forces sociales et la réflexion pour des activités subversives afin de défendre les salariés.

Les lieux de travail, les sources de revenus, et les intérêts individuels ne permettent pas non plus la remise en cause des formes de la production et d’organisation de la société ! Malgré l’usure au travail, la tension qui peut y régner et la manufacture sous-rémunérée, la quête de gains et d’émancipation ou la recherche de faire partie du système de production priment toujours pour les travailleurs, qu’ils soient dirigeants ou au service des entreprises.

Et la culture de l’entreprise se développe pour solliciter toujours davantage les travailleurs.

Les trois quarts des produits ne seraient pas en rayons des multinationales sans cette énorme force de travail d’Asie, d’Afrique, d’Indonésie, d’Amérique Centrale, et sans celle du quart restant des pays occidentaux ; mais le travail n’est pas rémunéré décemment.

  • État désastreux de la planète qui n’arrête pas les néolibéraux !

 L’insatiabilité et la surabondance de la société de surproduction et surconsommation sont évidentes et les victimes de la mondialisation nombreuses, avec des marchandises considérées de peu de valeur marchande, tout comme la main d’œuvre !

De plus, une surexploitation puis un gaspillage de ressources et d’énergies accélèrent la dégradation de l’écosystème et dérèglement du climat à l’heure où la planète le subit déjà !

Les intérêts économiques, privés et personnels amènent toujours à exploiter et consommer davantage que ce que la nature peut restaurer. «  Le monde utilise 160 % des capacités de renouvellement de la Terre ». En 2004, le rapport du millénaire sur les écosystèmes montre que 60% des écosystèmes sont déjà dégradés ou utilisés de manière non durable.  Seules les zones sans intérêt économique sont préservées.

L’ère industrielle, notre modèle économique et cycle de production nous dirigent vers l’extinction des matières premières mais aussi de l’humanité. On dit déjà que nous sommes dans une nouvelle ère, celle de l’anthropocène, avec la 6ème extinction de masse, conséquence de l’action de l’homme sur la planète, de sa diffusion de matières toxiques dans les sols et les océans, en surfaces et en profondeurs. La biomasse, comprenant les matières organiques d’origine végétale (micro algues incluses), animales, bactériennes ou fongiques (champignons), utile à l’être vivant est détruite ou mute !

L’extinction du monde des vivants ne rompt pas la chaîne infernale et dévastatrice, ni les modalités d’échanges !

Quand aux énergies exploitées, les renouvelables font souvent appel à des conditions inhumaines de travail ! Mais le plus souvent elles sont NON renouvelables (pétrole, uranium, gaz), converties, nécessitant la mise en place de puits et forages propices aux tremblements de terre ainsi que de nombreuses pollutions, la mise en place ou maintien de centrales nucléaires en mauvais état, de centrales hydrauliques ou de barrages provoquant des inondations, sans peser les conséquences sur les populations.

L’épuisement et les restrictions sur l’approvisionnement de pétrole sont provoqués par les pays de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole).

Depuis 1970, réside l’espoir de progresser avec les TIC, de nos jours considérés comme une réponse aux enjeux climatiques, alors qu’en plus de polluer avec des déchets toxiques, ils génèrent l’énergie nucléaire, le stockage de données en une multitude de BIG DATA CENTER ! Des entreprises peuvent parfois disposer de deux centres de stockage, certains sont de la taille d’un entrepôt !

Tout montre que l’usage des ressources, de la productivité, du stockage et du recyclage n’est pas mesuré !  Nombre de domaines de travail le confirment !

Les nombreuses croyances en ce système capitaliste amènent à l’escalade en termes de productions, de besoins et de l’impact de l’homme sur Terre !

Les profits sont réalisés par toutes sortes d’habiles rapaces de la finance et les capitaux remplissent les poches de multinationales et traders cotant les produits en bourse parfois juste 20 secondes grâce aux TIC ! Décidément, qu’importe l’éthique !

Une conception politique de la « sainte » croissance et de la société de consommation est appliquée !

Comme le fait remarquer Fabrice Flipo dans son livre « Décroissance ici et maintenant », « l’inquiétude sur l’état de l’environnement et de la biosphère, officialisée au Sommet de Stockholm (1972), s’est éclipsée avec la montée en puissance de la mondialisation des échanges économiques au moyen des politiques néolibérales et avec l’espoir que les TIC soient le nouveau moteur de croissance et d’augmentation du PIB. Le Sommet de Rio  de 2012 consacré à « l’économie verte » a aussi eu pour but principal de verdir la croissance, non de la remettre en cause ». L’ignorance des causes et implications de plus en plus complexes dans la dégradation de l’écosystème limite aussi les inquiétudes des occidentaux. Aussi, entre 2004 et 2008, différents colloques des décroissants dédiés à un travail avec la société civile autour de l’écologie montrent que les enjeux écologiques et la remise en cause étaient le souci de minoritaires !

  • Convergence d’alternatives riches vers une nouvelle vision économiste !

 Mais on note une évolution depuis 2010, beaucoup ont commencé à s’intéresser au zéro déchet, à prolonger la vie d’un objet, aux technologies propres et vertes et à l’autogestion. Selon Vincent Liégey, dans son livre « Les idées de la décroissance infusent la société en silence », 34 % des  15- 30 ans « mettent en avant un changement de mode de vie » pour répondre aux enjeux climatiques. Puis, un eldorado de solutions locales fleurissent et prouvent que l’on peut faire sans continuer d’épuiser les ressources, ni exploiter l’énergie humaine abusivement. Sont apparues des donneries un peu partout, des gratiférias, des vides-greniers de biens gratuits sans troc, des sites de troc et de dons où rien ne se vend, des SEL (Systèmes d’échanges locaux), des Repair’ Café où la simple contribution à la réparation est souhaitée. En Suède des centres commerciaux commencent à accueillir dans leurs rayons des produits recyclés pour améliorer le tri au niveau local ! D’autres visions économistes et une conception plus multidimensionnelle de la richesse, autour d’une économie non marchande font leur chemin !

Véronique Lucas, Objectrice de Croissance 62

Article paru dans le journal des OC 62 n° 4

Pour lire l’article complet : Surtravail