La ZAD pendant l’orage

JL Godard, G. Coiffard-Grosdoy et M. Astier interviennent

Zad de Notre-Dame-des-Landes : face aux gendarmes, les repères d’une militante

Article paru sur le site reporterre

Alors que la menace d’une nouvelle intervention de gendarmes sur la Zad se précise, une militante de longue date propose dans cette tribune des repères pour faire face et maîtriser, ensemble, collectivement, la peur et la rage.

https://france.attac.org/se-mobiliser/grands-projets-inutiles-et-imposes/article/zad-de-notre-dame-des-landes-face-aux-gendarmes-les-reperes-d-une-militante

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Comment j’ai été blessée sur la ZAD

https://reporterre.net/Comment-j-ai-ete-blessee-sur-la-Zad

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Lettre du collectif de régisseurs enragés à Jean Luc Godard

Pour la zbeulification du festival de Cannes

Cher Jean-Luc,

On t’écrit cette lettre alors que tout se bouscule ces derniers jours.
Vittorio Taviani et Milos Forman viennent de décéder.
Les deux ont eu, comme toi, ce talent et cette volonté de filmer une jeunesse politique et désinvolte dans les années 60/70. Le premier en Italie et le deuxième en Tchécoslovaquie.

Il y a 50 ans Milos Forman présentait à Cannes Au feu, les pompiers. Par solidarité avec le mouvement et l’affaire Langlois, il retirait son film de la compétition. Et toi tu en profitais pour foutre le zbeul dans ce festival pour rappeler au monde que l’art se devait d’être un engagement et pas qu’un spectacle ou une industrie. Tu devenais le fer de lance d’un mouvement de cinéastes alors inédit. Tu disais : Y’a pas un seul film qui montre des problèmes ouvriers ou étudiants tel qu’ils se passent aujourd’hui. Y’en a pas un seul qui soit fait par Forman, par moi, par Polanski, par François (Truffaut), il n’y en a pas. Nous sommes en retard.

Pourtant t’as rarement été en retard. Et on pense même que tu es un des rares à t’être posé toutes les bonnes ou mauvaises questions. T’as pas mal fait voler les codes du cinéma. Tu es un touche à tout, passant de la fiction au documentaire, la vidéo, la télé, l’essai sociologique, politique, philosophique, l’écriture. Tu as su jongler avec les mots, avec la grammaire mais aussi entre l’autonomie et les subventions, le radical et le populaire. Tu as signé des films qui resteront dans l’histoire tant pas leur poésie que par leur engagement. Aujourd’hui il fait snob de te citer.

Mais c’est pourtant amusant de te retrouver dans des soirées militantes avec ici et ailleurs ou dans des soirées romantiques avec À bout de souffle et dans des soirées chiantes Tmtc. Mais c’est aussi ta richesse de savoir alterner, et surtout de savoir à qui parler. Tu nous incites à réfléchir et à analyser dans cette société du prémâché. Et voilà que maintenant, toi, Jean-Luc, 50 ans après, on te retrouve dans ce putain de festival. Ils ont mis un photogramme de Pierrot le fou pour leur affiche. Ils ont sélectionné ton dernier film Le livre d’image dans leur sélection officielle. T’es la reusta gros !

Et si on regarde ce qu’il se passe dans le pays actuellement on pourrait presque penser que les programmateurs aiment jouer avec le feu et les blagues de mauvais goût. Parce que pour un anniversaire il s’en passe des choses. T’avoueras quand même qu’on nage en plein cynisme, so french !

De partout les institutions veulent commémorer mai 68 quand de l’autre côté on envoie des blindés à Notre-Dame des Landes ou des CRS pour déloger des étudiants. Les cheminots se font matraquer, les infirmières mépriser, les vieux délaisser. C’est simple la France est d’une couleur bleue CRS et rouge sang. Marker réveille-toi, ils sont devenus fou !
On sait très bien qu’entre deux matchs de tennis l’actualité ne t’a pas échappé et que tu suis avec grande attention ce qu’il se passe.
Alors cher Jean-Luc, cette fois-ci ça serait con d’être en retard. D’autant que t’es tout seul (on ne va pas compter sur Honoré ou Brizé hein).
T’es le dernier, toi l’immortel. T’as beau avoir 87 piges t’es le dernier des mohicans, le denier des combattant, le punk du cinéma français.
Puis t’as une revanche à prendre. T’as beau avoir fait la nouvelle vague, mai 68, etc., le cinéma français sonne toujours aussi creux. Il est sclérosé, comme si le mot politique était banni des écoles de ciné. Pire, le milieu s’est embourgeoisé encore plus et on ne peut constater qu’il n’est fait que par des nantis et des fils de dans sa grande majorité.
Nous on rêve.
Que tu arrives tête haute, 50 ans après, que tu sois encore là pour les faire chier, pour les faire trembler et nous faire vibrer en mode plus rien à foutre, j’envoie tout péter.

Voilà, on t’écrit juste pour te dire que si dans un élan de ouf t’avais envie de foutre le zbeul pour ce cinquantenaire de merde, d’aller au front, que si t’avais encore envie d’envoyer péter ce petit monde bourgeois et centré sur lui-même, que si Cannes te foutait encore la gerbe, que si la lutte avait encore un sens pour toi, alors sache qu’on sera là, prêt à t’aider, dans une de tes dernières batailles.
Le cinéma français pue la naphtaline et la bourgeoisie malgré toutes tes épopées. Alors rend lui honneur et défonce lui la gueule. Les brèches sont multiples, qu’elles soient devant un écran, devant un front, devant une ligne de CRS, dans un nuage de lacrymo, sur un blocus de fac, ou dans un cortège de tête, on est là prêt à faire vaciller ce vieux monde, ensemble.
Alors vas-y Jean-Luc, comme une dernière bataille, comme le plus beau des tournages, comme un poème que tu sais faire, avec ton langage mais qui ferait écho en nous tous : nique tout. ZAD A CANNES ET BLOCUS DU PALAIS !

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Un court métrage inédit de Jean-Luc Godard prend fait et cause pour la ZAD

ATTENTION : C’est UN PASTICHE

Festival de Cannes : Vent d’ouest

https://lundi.am/Vent-d-ouest-JL-Godard

Autrefois, il n’y avait que des cinéastes. On ne parlait pas de techniciens. Méliès, Thalberg, Grémillon. Les mains des monteuses soviétiques, comme celles des ouvrières de la Rhodia, disaient l’exception partout où l’on aménageait la règle.
Vinci, Darty.
Aujourd’hui, c’est le règne des techniciens. Techniciens de grande surface, de télé mobile, techniciens de l’audiovisuel, de la gendarmerie.
Le cinéma s’est niché dans chaque arcane du capitalisme. La technique a pris le pas sur le geste. Et l’humain a déserté l’œil de celui qui regarde.
Ceux qui croient à la technique la disent objective, là où elle n’est qu’objectif.
Objectif de sécurité, de surveillance, de peur, de mort.
Et la mort, pour ne pas avoir trop peur, a substitué à son propre silence non pas un son d’outre-tombe, mais d’outre-vie.
Le son latent de l’agonie, celui du capitalisme, de la catastrophe permanente.
L’industrie et ses machines ont toujours généré leur propre musique. Des images et des sons émis par la vie, et comme subtilisés, retransmis par une agonie et destinés à la mort, aux structures de la mort.
Et dans ces structures de béton, fleurit toujours dans les interstices, là où l’humidité subsiste encore, cette herbe que l’on dit invasive lorsqu’elle ne fait que nous protéger de l’érosion, et c’est le Gourbi, le Far West, les 100 Noms.
Inverser la trajectoire, revenir à la vie depuis la mort, supprimer l’agonie.
Supprimer l’agonie. »