Après le 11 novembre

Après ses commémorations

Aujourd’hui la nature nous offre de très belles couleurs mise en valeurs par les rayons du soleil de l’automne nous sommes le 11 novembre 2021 et une fois de plus nous allons commémorer nos guerres.

 Nourri par des croquettes du super marché du coin notre chatte sommeille sur la table du balcon en vielles planches de châtaignier  et laisse en paix les petits oiseaux qui viennent sous son nez, boire le nectar sucré que leur offre notre petite tonnelle de Clinton. Vous vous souvenez de ce vin « qui fait des centenaires à ne plus en savoir qu’en faire » que chantait mon ami Jean?

Dans nos sociétés de consommations, l’homme même repu n’a pas la sagesse des animaux.

Localement dans mon secteur ,  il vient de pousser aux bords de nos routes de campagnes , des arbres en ferraille qui affichent une image péremptoire  qu’a une altitude finement calculée (c’est ca le progrès) et  dans le cas ou notre nature toujours aussi généreuse (pour l’instant) viendrait à nous gratifier de quelques flocons de neige l’Emigré que je suis depuis 50 ans  devrait pour faire 800 mètre pour rejoindre la demeure qui l’abrite , équiper sa voiture sans permis (j’ai refusé de le repasser) de pneus ou autres accessoires afin de participer à l’effort national de consommation pour relancer notre économie .

Il semble pourtant, si on est capable de supporter le brouhaha que font tous les médias autour  de la cop26, qu’il est question de lutter contre le réchauffement climatique.

J’ai toujours la même question assassine que j’ai déjà posée depuis de nombreuses années à toutes nos instances dirigeantes pour les avions, les voitures, les déchets, les éoliennes, les centrales…avons nous encore de la place pour jeter tout ça, si nous voulons après avoir détruit mondialement les arbres de nos forets qui nous font respirer et sauver aussi notre souveraineté alimentaire ? 

On nous annonce même une pénurie de bois pour faire de la pate à papier pour l’impression de manuscrit.  Je n’ai rien constaté de tell devant la profusion d’affiches qui paraissent bien en avance pour la prochaine grande messe électorale et qui viennent dégrader nos structures routières. L’importance étant de nous présenter tous les personnages en liste pour concourir à devenir Calife à la place du Calife.

 

Observatoire des Pratiques de Développement Local et Mondial

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Pourquoi continuer à tenter de construire du COMMUN avec les autres ? Pourquoi ce dernier message insistant sur ce qui engage les jeunes et futures générations à savoir : combien de temps la Terre nous supportera-t-elle encore ? 

Bien évidemment je m’inclus dans la critique qui suit, tout simplement parce que malgré tout je fais partie encore du système ; de plus ma classe d’âge (1950), avec d’autres, portent une lourde responsabilité dans la déliquescence du vivre ensemble et dans la destruction des écosystèmes ; et enfin je ne me permets en aucun cas de donner des leçons à qui que ce soit.

Sans doute parce que l’ESSENTIEL, je le répète, c’est faire à nouveau société pour habiter réellement. Habiter ne se réduit pas à son logement, c’est un état d’esprit qui prend en compte les autres et ce qui nous entoure. Les fondements s’appuient sur le FAIRE et l’auto organisation, l’entraide NON MARCHANDE et NON UTILITARISTE. Ceci n’est pas chiffrable, et ne s’inscrit dans aucun contrat autre que le respect de la parole donnée et la confiance des uns envers les autres. 

C’est aussi prendre conscience de l’état de notre Terre nourricière ; de se nourrir des enseignements et des erreurs de nos passés, sans refaire à l’identique ; et sans oublier les leçons de l’Histoire. Nous ne pouvons pas continuer sur cette voie malgré la propagande de chaque instant et les « beaux » discours nous intimant l’ordre de « nous adapter », « d’aller de l’avant », « de vivre avec son temps », de suivre « la modernité », … Pour aller où ?, Pour faire quoi ?, …

Depuis des dizaines d’années nous refusons de prendre en compte la réalité : la croissance infinie sur une Terre aux ressources finies est une aberration. Le dernier rapport du GIEC met clairement en évidence que le DEREGLEMENT CLIMATIQUE est lié aux activités humaines. Les preuves s’accumulent. Ces deux dernières années ont été particulièrement riches, hélas, en catastrophes à travers le monde pour les populations, notamment pour les plus fragiles, aggravant encore les inégalités ; sans parler des guerres, des migrations contraintes, de la faim, de la mal nutrition, … Cependant « mal nommer les choses aggrave les malheurs du monde » écrivait A. Camus, ainsi il faut préciser que ce dérèglement climatique, l’est dans le cadre d’un système industriel productiviste, qu’il soit fondé sur le libre marché ou sur la bureaucratie d’Etat, les deux versions représentant les deux « faces » de la même « pièce », elles ont pour UNIQUE crédo la CROISSANCE matérielle.

Dans ce système à cliquet devenu hégémonique à travers le monde, règne la concurrence, la compétition, la précarité, la violence et la démesure. Quelques personnes (une poignée) se sont octroyées le « droit » de tout régenter, y compris le minéral, le végétal, l’animal, considérés comme de simples marchandises. Ici, pour le plus grand nombre, l’argent-roi, la distinction sociale, l’attrait du pouvoir font le reste. La publicité et le crédit « aidant », nous accumulons du futile pour paraître, au détriment de l’essentiel, et alimentons ainsi la machine infernale. Nous assistons au fil des années à la mise en place accélérée de la « toile », dont les installations et le fonctionnement engendrent un gouffre énergétique et sont responsables de pillages de métaux rares, faits cachés sous le nom de dématérialisation. Elle nous emprisonne et paradoxalement, nous nous « pensons » libres et autonomes ! L’emprise numérique sur TOUT conduit à l’uniformisation de la « pensée ». Elle est aujourd’hui l’instrument de pouvoir, de surveillance et de contrôle sur cette A-société d’individus isolés. Nous alimentons les algorithmes qui éliminent systématiquement le sensible pour ne garder que la froideur des chiffres, jusqu’à ce que l’être humain lui-même, soit devenu une marchandise et une donnée statistique. La démocratie dite représentative est une pure illusion.

En réalité la « puissance » de ce système marchand repose sur notre « adhésion », volontaire ou contrainte, et notre docilité à servir. Nous sommes obnubilés par la part de « gâteau » qui doit sans cesse croitre !, nous oublions la recette. Ce « met » est pourtant toxique, tant pour l’être humain que pour ce qui nous entoure. Ce n’est pas qu’une question de répartition (par qui ?, pour qui ?, …).

Il s’agit d’ETRE (et non d’accumuler) et de se nourrir autrement. « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres » écrivait La Boétie en 1548. Contrairement à ce que l’on nous assène, nous ne résoudrons pas nos problèmes en suivant LA logique qui les a créés. Ce n’est pas parce que la problématique est complexe que nous devons continuer à regarder ailleurs ou mettre la tête dans le sable en espérant que ça change, en implorant la Providence ?, en suivant le leader ?

A mon sens ce ne sont pas les nouvelles technologies, ni le développement durable, fût-il vert autre oxymore, qui nous sauveront. Bien au contraire, tout cela assèche notre réflexion, altère notre cognition et notre mémoire, nous perdons notre esprit critique et l’envie de discuter collectivement pour construire nos désaccords. Nous CROYONS aux mythes du Progrès, du sens de l’histoire, de l’innovation. L’Intelligence Artificielle comme ils disent et le techno scientisme, dans l’entre soi puisque toutes les voix/voies discordantes sont éliminées, recrachent des modélisations globalisantes, nous perdons le contact avec la réalité et le vécu.

N’est-il pas temps de prendre conscience REELLEMENT que nous n’avons QU’UNE SEULE TERRE NOURRICIERE, que nous nous devons de la partager et d’en prendre soin ? La planète continuera à tourner même avec un vivant appauvri, l’être humain n’étant qu’une partie de celui-ci.

N’est-il pas temps de changer radicalement (à la racine) notre mode de vie pour retrouver les LIMITES, la DECENCE et LE PRINCIPE d’EGALITE, où chacun a sa place pour faire à nouveau société. Ainsi détachés des biens, riches de nos liens que nous tissons entre humains, et de nos spiritualités, nous pourrions alors faire face aux incertitudes et aux inattendus de la vie. Revisiter les chemins de l’AUTONOMIE, s’organiser, conscients de nos fragilités, pour traduire en pratique au quotidien cette façon de faire.

Mes remerciements à Francine et à M’hamed pour leur relecture et leurs apports.     

Claude Ramin